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DICTIONNAIRE
PATOIS-FRANÇAIS
DU
DËPIRTEHËNT DE L'iTEïRON
RODEZ
TYPOGRAPHIE DE V« E. CARRÈRE, LIBRAIRE
PLACE DE. LA CITÉ .
L
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DICTIONNAIRE
PATOIS-FRANCAIS
DU
DËPiRTËMËNT DE L'imRON
PAR
feu l'abbé VAYSSIER , licencié ès-lettres
Mlié par la Soeiété des Lettres, Sciences et Arts de l'ÂTe^ron.
u Un bon dictionnaire , ce serait le chartier de la langue avec tous ses actes d'origine et d'alliances. »
Ch. Nodier.
« Ceux qui voudraient prendre la peine de former des glossaires complets du langage de leur province ne rendraient pas an mauvais service à la littéra- ture C'est dans l'étude sérieuse des patois qu'on
peut découvrir les vraies origines du français. »
Les Eléments primitifs des langues, S* dissertation» par l'abbé Bbrgibr.
RODEZ
IMPRIMERIE DE V» E. CARRÈRE , LIBRAIRE
PLACE DE LA CITÉ
1879
NOTICE
SUR M. L'ABBÉ AIMÉ VAYSSIER
AUTEUR DU DICTIONNAIRE PATOIS
Aimé VAYSSIER naquit à Ganet-d'Olt, canton de Gampagnac, d*une bonne et pieuse famille de cultivateurs, le 14 avril 1821, Son oncle maternel , M. Vacquier-Labaume , mort curé d'Anglars-de-Laissac , remarquant en lui d'heureuses dispositions pour l'étude et la piété , prit soin de son éducation. Le jeune Vayssier fut placé de bonne heure au petit-séminaire de Saint-Pierre; l'année même de la fondation de la maison, 1835-36, on trouve son nom parmi lès élèves de la classe de septième, et il remporte tous les prix. Ces beaux commencements donnaient des espérances qui ne se démentirent jamais. Il fit toutes ses études avec une application forte et soutenue et des succès cons- tants , et se distingua toujours par une conduite pieuse , grave et régulière. Ses condisciples, moins dans une intention de raillerie que par un vrai sentiment d'estime et une sorte d'admiration enfantine, le désignaient souvent par le nom d'un des plus grands écrivains du XVIP siècle; ils l'appelaient Bossuet. Assurément il était fort loin d'en avoir le génie, mais il en rappelait l'ardeur pour le travail et l'esprit d'une nature si sérieuse et si ferme. Il se montrait dès lors ce qu'il devait être dans toute la suite et donnait des preuves de qualités qu'on vit paraître en lui dans tous le cours de sa vie. Elles étaient un indice de vocation et une solide préparation à l'état ecclésiastique. Au terme de ses études classiques, il passa au grand-séminaire de Rodez , et apporta à Tétude de la théologie et à ses nouveaux devoirs les qualités qui lui avaient attiré déjà l'estime de ses condisciples et de ses maî- tres : l'amour du travail, l'esprit de piété, la fidélité à la règle. Son cours de théologie terminé, n'étant encore que diacre, il entra sans hésiter dans la carrière de l'enseignement, et professa trois ans la quatrième au petit-séminaire de Saint-Pierre , de 1847 à 1850. Ses goûts et ses aptitudes l'attiraient vivement à ce genre de vie; mais il voulut y paraître avec honneur, et allier aux vertus sacerdotales des conmai^saxices littéraires fortes, étendues et variées, qui ne s'acquiè- rent d'ordinaire que par de longues et patientes études sous la
t
VI
direction de maîtres habiles et expérimentés. De lui-même il songea h compléter sa première éducation et sans reculer devant la perspective du plus rude labeur, ni devant des frais considérables , il entriji , eu octobre 1850, à l'école des Carmes, à Paris, ouverte aux jeunes pretreè pour s'y préparer aux. grades académiques, s'assujettit à une austère discipline et se mit en mesure de subir honorablement les épreuves de l'examen. Ses efforts furent couronnés de succès. Il fut reçu bache- lier, puis licencié ès-lettres, et rentra à Saint-Pierre en 1852, pour y professer les hautes classes et plus particulièrement la rhétorique. ITa laissé dans cette Maison les meilleurs souvenirs. Son enseignement était grave, exact, dirigé par un goût sûr et constamment réglé par le bon sens, visant à l'utile et ne donnant rien à un faux éclat et à une vaine curiosité. Los progrès de ses élèves lui étaient très chers et étaient l'objet de ses soins assidus. En même temps qu'il initiait les enfants aux connaissances littéraires, il n'oubliait pas de profiter de toutes les occasions pour tourner leurs cœurs vers la vertu, à l'exem- ple de tous les maîtres chrétiens qui savent comprendre leur taclie. Mais son zèle ne se renfermait pas dans les bornes étroites de. sa classe : au sein de la communauté il n'avait en vue que le bien et sp prêtait de bonne grâce à tout ce qui pouvait le procurer. Ne plaignant jamais ni son temps, ni la peine, il prenait la part la plus active à la direction du lutrin et à la préparation laborieuse des drames sc^^ laires. Attaché à la règle qui est l'âme et la vie des maisons chrq7 tiennes, il s'y conformait avec la plus louable exactitude et il était pour tous un modèle de régularité dans l'emploi de son temps, dans l'accomplissement de ses fonctions et dans son ardente application à l'étude. Plein d'une sincère affection pour ses confrères, il vivait avec eux avec simplicité et une sorte d'abandon, et leur parlait avec un toii de bon sens et un esprit de charité qui désarmait les plus prévenus'. Ses dehors graves, austères même, se transformaient dans rinlimité., et quelquefois il. laissait échapper le plus joyeux contentement tît la plus vive gaîté.
Son incontestable mérite, sa vertu et ses connaissances acquises le désignaient naturellement au choix de Mgr Delalle pour diriger le petit-séminaire de Belmont. Il fut nommé supérieur en 1864. Dans cette situation plus élevée, il continua les traditions de M. l'abbé Plégat, son estimable et vénéré prédécesseur, déploya les heureuses qualités de son esprit et de son cœur et il s'efforça- de faire le plus grand bien à ses nouveaux élèves.
Montrer l'abbé Vayssier dans l'enceinte des maisons d'éducation^; c'est ne faire qu'en partie son portrait. Il avait, trop l'amour du bien pour ne pas étendre son action au dehors.
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De concert avec quelques confrères zélés il avait établi dans son pays natal une pieuse association, destinée à favoriser les vocations ecclésiastiques, et s'employait à cette excellente œuvre avec la plus grande ardeur. Dans les premières années, après son ordination plus spécialement, il se livra à la prédication, et se fit souvent entendre dans les églises de Rodez. Il possédait réellement quelques-unes des qualités de l'orateur; ses sermons offraient un riche fonds d'idées, un langage pur, noble, correct, soutenu par une. voix puissante et sonore. Quoiqu'il manquât un peu de variété et de mouvement, il intéressait son auditoire et était justement estimé par les hommes de savoir et de goût.
Il faisait paraître de temps à autre suivant les circonstances dans les journaux de la localité de bons articles qui décelaient l'habitude d'écrire et présentaient le môme caractère que ses sermons : correction, noblesse, sagesse de diction et sobriété d'ornements. C'était d'ordinaire des études littéraires et des biographies.
Mais qu'était-ce pour son infatigable ardeur? Ne perdant jamais de vue ses chers élèves, et voulant mettre dans leur esprit des idées nettes et précises, il composait pour eux dés traites classiques, des- tinés à leur faciliter la connaissance des principes littéraires. Le pre- mier ouvrage sorti de sa plume est un Cours élémentaire de style et de composition, bientôt suivi d'une Poétique qui devait le compléter. Que faut-il pour réussir dans ces sortes d'ouvrages? Il ne s'agit pas d'inventer et de créer; on n'a qu'à recueillir ce qui a été écrit par des auteurs estimés, en le revêtant d'une forme nouvelle très simple et appropriée aux besoins des élèves ; qu'à le disposer avec ordre et méthode, et à faire un bon choix d'exemples pour montrer l'application des règles. L'abbé Vayssier atteignit heureusement le but qu'il devait se proposer ; mais on ne peut se dissimuler que son œuvre ne présente des imperfections presque inévitables, et que la partie relative au style épistolaire, par exemple, n'offre des préceptes qui n'ont pas assez de précision et de netteté pour de jeunes intelligences. Le Nouvel essai de rhétorique j écrit dans le môme esprit et formé sur le même plan que l'ouvrage précédent, est un peu meilleur et a reçu l'approbation de tous les hommes compétents. L'auteur expose clairement les prin- cipes, n'oublie aucune des questions exigées aux examens du bacca- lauréat et insiste, comme il le devait, sur l'éloquence de la chaire. La dernière année de sa vie, pour répondre au vœu d'une société dont il était membre et qui est connue sous le nom d'Alliance des maisons chrétiennes, il préparait une édition nouvelle, revue et expurgée, d'un livre classique latin, le Conciones. Il l'avait enrichi de notes et de bons commentaires. Mais il était peu rassuré sur l'existence de
V Alliance et ne comptait pas sur sa durée. C'était son œuvre qui allait demeurer interrompue et qui ne semble pas destinée à paraître.
Pendant plus de dix ans , l'abbé Vayssier a travaillé au présent Dictionnaire patois— français publié sous le patronage de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron. Pour former un bon glos- saire de notre dialecte rouergat, il Tétudia avec cette ardeur, cette application que rien ne rebutait et qui était le trait distinctif de son caractère. Durant son long séjour au petit-séminaire de Saint-Pierre et au petit-séminaire de Belmont, en contact habituel avec des maîtres et des élèves, venus de tous les points de notre province du Rouergue, il interrogeait et consultait sans relâche, afin de donner à son travail toute l'étendue et toute la perfection désirables. Il ne négligeait aucune occasion de s'instruire et poursuivait ses éludes et ses laborieuses recherches avec cette constance que le succès doit nécessairement couronner. Il recueillait les mots actuels et anciens de notre idiome patois,, indiquait les étymologies, les rapports avec des mots d'autres dialectes ; montrait la fâcheuse influence du patois sur la langue fran- çaise dont il altère souvent la correction et la pureté, citait les pro- verbes, etc. On peut voir dans la Préface le dessein qu'il se proposait et la manière dont il l'a rempli. Nous osons dire que son œuvre est bonne^ qu'elle répond bien aux vues de la Société qui lui avait confié cette tâche et qu'elle servira puissamment à conserver et à perpétuer la connaissance d'un idiome qui se rattache étroitement à l'histoire de notre pays, et qu'on aurait grand tort de dédaigner ; s'il n'a pas la dignité et l'élégance de la langue française, il ne manque ni d'énergie, ni de grâce, ni d'harmonie.
L'abbé Vayssier mourut emporté par une maladie rapide, le 27 août 1875, au presbytère de Recoules, auprès d'un de ses amis. Il prévit sa fin et fit à Dieu avec une admirable résignation le sacrifice do sa vie. Sa mort excita d'unapimes regrets ; il en était digne à tous égards : on perdait en lui un homme intelligent, instruit, studieux et qui jeune encore pouvait rendre de nombreux services, un prêtre tout dévoué au bien et profondément pénétré de l'esprit de son saint état.
Rodez, 20 octobre 1875.
L'abbé H. TRUEL, supérieur du petit-séminaire de Si-Pierre, membre de la Société des lettres^ scientces et arts de l'Aveyron.
ABREVIATIONS
abs
adj
adv
Af
alb
ail
An. esp. angl. ...
An r
arch. .. . arch.. ..
Ârv
Aspr. . . .
Aub
aagm. . . b. lat. . . .
Bald
Barr
Belm. ...
Boz
bret
C'
c.-à-d... Cam.. .'.. : Camp... .
cant
Cass
Cat
Cari
celt
Cér
Coc
coU
CODJ
Conq. . . .
Corn
Couz
Dec
deR
dim
Duv
Entr
esp
Espl
Est
ex
excl
absolu, employé sans régime. |
f |
féminin. |
adjectif. |
fam |
familièrement. |
adverbe. |
Fabv |
l'abbé Fabvior. |
M. Afîre, archiviste du département. |
fîg |
figure, figuré. |
albigeois, du Tarn. |
fr |
français. |
allemand. |
fréq. .... |
fréquentatif. |
anonyme espalionnais. |
From. . . . |
Froment, poète patois. |
anglais. |
g |
genre. |
anonyme ruthénois. |
gall |
gallois. |
archaïsme, vieux mot. |
gaul |
gaulois. |
archives. |
gr |
grec. |
Arvieu, canton de Cassagnes-Bég. |
Guir |
M. Giiirondel. |
Asprières, canton. |
imp |
impersonnel. |
Aubin, canton. |
inter |
interjection. |
augmentatif. |
inv |
invariable. |
bas latin, basse latinité. |
it |
italien. |
Raldous, poète patois. |
Joinv. . . . |
Joinville, historien de saint Louis. |
M. Barrai, agronome. |
Jonq |
l'abbé Jonquet. |
Belmont, canton. |
L |
Linnée, grand naturaliste. |
Bozouls, canton. |
Lag |
Laguiole, canton. |
breton. |
i^aiss .... |
Laissac, canton. |
Causse, pays calcaires. |
Lang. . . . |
Languedoc, languedocien. |
c'est-à-dire. |
JLarz . » . . . |
Larzac. |
Camarès, canton. |
lat |
latin. |
Campagnac, canton. |
lat. b |
latin barbare. |
cantiques. |
Lesc |
M. Lesr.ure, agriculteur. |
Cassagnes-Bégonhès, canton. |
Lev |
Levezx)u. |
Catéchisme. — catalan. |
Lun |
l'abbé Lunet (Félix). |
Carladès (Mur-de-Barrez). |
M |
midi du département. |
celtique. |
m |
masculin. |
l'abbé Cérès. |
m. à m... |
mot à mot. |
Cocural, poète patois. |
Marc |
Marcillac, canton. |
collectif. |
Mill |
Millau, villç. |
conjonction. |
Mont |
Montagne (Laguiole, S'^-Geneviève.) |
Conques, canton. |
Montb.. .. |
Montbazens, canton. |
Cornus, canton. |
Ui . s .... • |
même signification. |
Couzinié, auteur d'un dict. patois |
N |
notez. |
du Tarn. |
Naj |
Najac, canton. |
Decazeviile, ville. |
Nauc. .. . |
Naucelle, canton. |
de Rudello, poète pat. |
néol |
néologisme, mot nouveau. |
diminutif. |
onom. . . . |
onomatopée , formation d'un mot |
M. Duval, écrivain. |
par imitation du son. |
|
Entraygues, canton. |
ord |
ordinairement. |
espagnol. |
P |
pour. |
Espalion, ville. |
part |
particule. — participe. |
Estaing, canton. |
pat |
patois. |
exemple. |
P.-de-S . . |
Pont-de-Salars. |
exclamation. |
Péj |
péjoratif. |
X
Pejr Pejrot, poète patois.
Peyrl. . . . Pejreleau, canton.
pi pluriel.
pop populaire.
port portugais.
pr pronom. — prononcez.— pronominal
prép préposition.
priv privatif.
prov proverbe. — provençal.
qqc quelque chose.
qqf quelquefois.
qqn quelqu'un.
R Rodez. — racine ; radical.
Réq Réquista, canton.
Rîgn Rignac, canton.
roum.... roumain ou valaque, langue de
Bucharest (ancienne Galatie).
Rp Rieupeyroux, canton.
S. saint.
s substantif.
S.-A Saint-Àffrique, ville.
Sall-C. . Salles-Curan, canton.
S.-Âm. . Saint-Amans, canton.
Sauv Sauveterre, canton. — Tabbé de
Sauvages , auteur d'un diction- naire languedocien.
sax saxon.
S.-Bauz.. Saint-Bauzély, canton.
S.-Ch. .. Saînt-Chôly, canton.
Ség Ségala, pays chisteux.
Sév Sévérac-le-Château, canton.
s. f substantif féminin.
s. m substantif masculin.
S.-Gen. . . Saint-Geniez-d'Olt, ville.
S.-J.-Br. . Saint-Jean-du-Bruel, ville.
S.-R Saint-Rome-de-Tarn, canton.
S.-Sern . . Saint-Semin, canton.
syn synonyme.
V... V... . voir.
V. a verbe actif.
Val M. Valadier (de Pauline).
Vez Vezins, canton.
V. fr vieux français.
Viad Viadène (Mur-de-Barrez).
Vill Villefrauche, ville.
Vile Villecomtal, canton d'Estaing.
Villn Villeneuve, canton.
V. m vieux mot.
V. n verbe neutre.
V. pr verbe pronominal.
vulg vulgairement, vulgaire.
SIGNES.
— sert à reproduire le mot précédent ordij nairement en entier.
I indique que les synonymes suivants ap| partiennent au même canton ou au même arroi dissement.
. * signale les mots dont les synonymes exact manquent en français.
ALPHABET PATOIS.
Notre alphabet patois ne se compose que de vingt-trois lettres qui sont A, 8, C, D, E, F, G. H, I, J, L, M, N, 0, P. Q, R, S, T, U, X, Y. Z.
Ces lettres ont le même son qu'en français, excepté :
1® CH qui a le son de teh ou tz selon les lieux : chobil, cheval, se prononce tchobilf ou tzobdl; rouch, rouge, routch, routz.
2* E n'a que deux sons, l'un ouvert et que nous marquons pour cela d'un accent grave excepté dans la conjonction et, et: copèl^ chapeau, èslre, être; l'autre plus fréquent et particulier au patois et que nous appelons e patois, est un son intermédiaire entre Ve et Vi français, comme dans éstre, chose, entende^ j'entends , dont les trois e ont exactement le même son. L'accent aigu que nous employons distingue la syllabe qui porte l'accent tonique, c'est-à-dire la syllabe sur laquelle appuie la voix. V. le chapitre des accents. En patois, Ve n'a jamais le son de a devant un m ou un n.
3» G a le son dur devant les voyelles a, o, a, comme en français ; mais devant e, i, il a, selon les lieux, ou le son français ou le son de tg, tch ou le son do tz.
i* H est presque partout muet, il sert à mouiller le l quand celui-ci ne peut pas être précédé de i.
§• I garde toujours ?on son naturel t devant un m ou un n : simple, simple.
6° J se prononce selon les lieux ou comme / français ou comme tj\ tg, ou comme U, Jimét, Jean, Tjonét^ Tzonél.
7« LH a le son mouillé de deux U françaises : boudrlhe, borgne.
IX sont toujours mouillées quand elles sont précédées d'un i, excepté dans les adjec tifs en ille et leurs dérivés, et deux ou trois autres mots.
8° M, N n'ont jamais le son nasal et ne donnent jamais le son de a à Ve qui précède.
9« U se prononce comme en français, excepté quand il est surmonté d'un trait -, alors il a le son de ou. Voir au chapitre IX les raisons de cette pratique.
40^ X a un son particulier semblable à celui des deux ce devant une voyelle et qui approche de tz : exemple, exemple, etzémple.
DIPHTONGUES AURICULAIRES.
AO égale aou : paûre, pâoiire, pauvre.
AY égale ai du français dans le mot paille si on noie les II, pai e : bâyle, huissier.
EOU où r^ a le son patois : beôtire, boire.
ÉOU : nèou, neige ; borbèou, barbeau.
EY oîi Ve a le son patois : rey, roi ; réyno, reine.
EY égale ei du français dans peilles si on supprime les U : pèyle, pêne ; Pèyre, Pierre.
lA comme en français : bidssos, besaces.
lE oh Ve a le son patois : guèfie, embèfie, qui a une lèvre plus longue que l'autre.
lE comme en français : hièrc, hier.
10 comme en français : piot, dindon.
lOU : liôute, folâtre. Presque partout cette diphtongue devient triphtongue. V. ibû.
OUA a è peu près le son de la diphtongue française oi : touat, aqueduc.
QUE oh Ve a le son patois : fouet, fouet; couéto, queue.
OUÈ comme en français : couèto, couette ; boues, bois , voix.
OUI comme en français : couito, queue.
OU égale oom ; poû, peur ; oûrén, nous aurons.
OUO : pouôrto, porte ; houôme, homme.
OUY égale oui du français dans houille si on noie les // : ôuyre, outre ; làuyro, loutre.
À ; poysân, paysan.
lemble de dents, de poiales.
français dans muet : uèl, œil. ulet. jtousser.
TBIPHTOKOUES AUIICULÀIXBS.
[phtongues les sjUabes ofa l'oreilLn distingue trois sons dans une seuls il. Plusieurs langues, sinon le françus , en effrent des exemples. Tfotn nie onze qui sont :
il miaule, adresse.
Dieu ; iett, je ; lintro, livre, f. foire, lœuf; toO, œuf.
emplacement pour foira. •' ouais ! t/re, mouïoir. re, piocher, ijourd'hui. bœuf ; uow, œuf.
DIPHTOSOUBS OCnLÀlIBS.
es oculaires sont ou, ai, ei, ii. oi , oui. Dbbs ces diphtongues lï r mouiller les deux U qui suivent. Ua, ue, ui, ui, uo, uu, qui se tronvsn 16 présentent que le son simple de la seconde voyelle : quai, prononcez mJ iD, h moins qu'elle ne fut chaînée d'nn tréma, comme dans gutt, sort!
PRÉFACE.
Plusieurs départements ont leur dictionnaire patois , tels que les Basses-Alpes , le Gard, le Tarn, la Corrèze. L'un des plus savants est celui des Basses-Alpes par M. Honnorat, avocat. L'un des plus intéressants et le plus ancien à ma connaissance est celui de M. l'abbé Boissié de La Croix-de-Sauvage$ , né à Alais en 1710 et mort en 1795 dans sa ville natale. Pourquoi le département de l'Aveyron n'aurait-il pas le sien ?
Encouragé par la Société des lettres , sciences et arts de l'Aveyron , j'ai entrepris cette tâche pleine de difllcultés , et pour laquelle je demande l'indulgence du public.
Une première source de difficultés c'est l'orthographe qui n'a jamais été fixée et qua chacun a traitée à sa fantaisie comme on faisait pour la langue française avant le XVIP siècle. C'est pour me fixer plus aisément et plus sûrement dans cette matière qu'en 1863 je priai la Société de nommer une commission à laquelle je pusso soumettre avec le plan de mon œuvre le système orthographique que j'adopte. Beaucoup de difficultés fu- rent soumises à cette commission et résolues par elle. J'ai pris aussi l'avis de plusieurs autres personnes compétentes dans cette matière , et ce n'a été qu'après de longues et mûres réflexions que j'ai arrêté le plan définitif de cet ouvrage et que je me suis fixé sur le système orthographique du patois. J'en donnerai l'exposé motivé dans un chapitre de l'Introduction.
Une seconde source do difficultés est le défaut d'uniformité dans le patois do l'Aveyron, surtout pour ce qui regarde la prononciation. Par sa position topographique, notre dépar- tement, qui ea a sept autres pour ceinture , tient d'un côté des plateaux de la Lozère et des montagnes du Cantal un langage inconnu à Rodez, et de l'autre dos plaines du Lot, du Tarn et de l'Hérault ou du Qard des mots et des sons plus ou moins méridionaux', incooQus au centre. Mes compatriotes n'ignorent pas que leur patois varie d'un canton à l'autre , souvent de commune k commune et quelquefois môme d'un quartier de ville ou de bourg à l'autre. On comprendra donc aisément que malgré les recherches les plus actives poursuivies pendant' plus de dix ans , malgré les nombreuses sollicitations de concours plus d'une fois infructueuses que j'ai adressées à beaucoup do personnes, bien des mots, bien des locutions ou des variantes dignes d'être recueillies manqueront encore à ce recueil. Néanmoins je crois pouvoir assurer qu'il y en a beaucoup plus que qui- conque n'en peut savoir.
Je dois avertir le lecteur qu'il est des mots patois qui changent de signification et plus souvent encore de prononciation selon les lieux, afin qu'il ne m'accuse pas trop vite d'erreur, si tel ou tel mot a un sens ou une physionomie autres que ceux qu'il lui connaît.
.Avant de clore cotte préface je dois remercier les personnes qui m'ont fourni des notes et des renseignements, qui m'ont fixé sur le sens ou l'authenticité de bien des mots. Plusieurs de mes confrères, de, mes collègues dans l'enseignement ou dans la Société, beaucoup de mes anciens élèves se sont fait un plaisir de me procurer des documents ou de me renseigner sur le patois de leur pays natal. Je dois des remerciements tout particuliers à M. Valadier, de Paulhac, à M. l'abbé Cérès, à M. Pons, Léopold, d'Hauterives (Estaing), à M. Clémens, ancien professeur au lycée de Rodez, à M. Affre, archiviste du département, à M. l'abbé Fabvier, curé de Sévérac l'Église, à M. l'abbé Jonquet, curé de Farret , à M. l'abbé Caussignac, Victor, etc., etc. Je les prie de recevoir ici l'expression de ma reconnaissance. Grâce k tous ees concours mon œuvre sera moins incomplète , et la critique plus bienveillante.
BUT BT PLAN DB CB DICTIONNAIRB.
Mon but n*est pas de faire un dictionnaire français-patois, mais une sorte de glossaire patois-français qui sera comme le trésor de Tidiome patois du Rouergue et de ses dia«-
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lectes ou variétés. Pour rendre cet ouvrage plus intéressant et plus utile à consulter je donne :
4^ Les étymologies certaines ou probables des mots patois, à moins que je n'aie pu
les découvrir ou que ces mots no soient très semblables aux mots français correspondante.
2*> Beaucoup de formes semblables du breton, du bas latin, de Titalien, de Tespagnol,
du roumain ou valaque, etc., pour mettre en évidence la parenté de toutes ces langues
avec nos patois méridionaux.
3° La signification de beaucoup d'archaïsmes ou vieux mots et Texplication de certains termes que Ton répète encore aujourd'hui sans les comprendre. V. bosdcle, carmantnk, copitéu, courrôubio, choumârrou, missârro, sâUre, etc.
4*> Les termes des métiers et des arts , qui, quoique miles à connaître, sont souvent plus inconnus en français qu'en patois même des faiseurs d'inventaires.
5<> Les noms des oiseaux, des insectes, des végétaux nommés en patois, et les pror priétés de quelques-uns de ces derniers.
6® Les gasconismes infligés au français par le patois et leurs correclions. Voir aux mots : Toumbây sourti, jountà, tieùlo, birôu, trouôto, trempe, ûfle, etc.
7° Comme exemples, les proverbes les plus intéressants, et des citations d'auteurs patois. Nous ne citerons que ceux du Rouergue tout en respectant, non l'accentuation, mais l'orthographe des imprimés. Les citations de Pcyrot représentent le patois de la partie sud-est de l'arrondissement de Millau ; celles de M. Froment et de M. Cocural l'arrondis- sement d'Espalion surtout la Montagne ; celles de M. Baldous le causse noir ou le can- ton de Peyreleau ; celles de M. de Rudelle l'arrondissement de Rodez.
Nous signalons souvent l'arrondissement, la région ou le canton oîi tel mot est usité arec telle ou telle signillcation. Cela ne veut pas dire qu'il ne soit usité ailleurs, ni dans tout le canton ou dans le chef-lieu, mais qu'il l'est au moins dans quelque loca- lité que son peu d'importance ne permet pas de signaler.
Le mot placé en tête de chaque article et à côté duquel sont ordinairement groupés les synonymes, s'il en existe, appartient généralement au patois du centre (Rodez), à moins que ce mot ne soit ou trop altéré ou très peu répandu. La mise en pratique de celte méthode peu connue offre le précieux avantage de présenter réunis en un court tableau les termes ou les variantes qui, sur les différents points de notre province, expriment la môme idée ou désignent le même objet. Ces rapprochements mettent aussi les divers dialectes sous les yeux et en facilitent la comparaison. Du reste , les synonymes sont cités dans leur ordre d'initiales, excepté le» variantes caratérisées par a ou par les alté- rations de chf g, j. Si on me demandait pourquoi je n'ai pas donné la préférence au dialecte du midi du département où Va domine et qui est plus gracieux , je répondrais que la commission du dictionnaire , pour diverses raisons , en a décidé autrement. Qu'il suffise de faire remarquer que le patois du centre et de la plus grande partie du dépar- tement est le patois propre au 'Rouergue.
INTRODUCTION.
Etude sur les patois en général et sur celui du Rouergue en particulier.
CHAPITRE I.
BXISTBrfCB DBS PATOIS BN FEANCB.
On serait dans une grande erreur , si Ton croyait que la nation française possède Tunité de langage. Plusieurs langues, autres que le français, sont parlées sur notre terri- toire, et ceux qui parlent breton, basque ou patois , ne connaissent pas tous la langue nationale. Sans doute Tunitô est d»3sirable ; mais rexporienco des siècles nous autorise à dire qu'elle est d'une réalisation difficile pour ne pas dire impossible. Il n'est presque aucune province, il est très pou de départements qui n'aient leur idiome vulgaire parti- culier. Je cite pour le prouver un fragment d'une étude sur cette matière, faite il y a peu d'années, par M. Prodhomme, secrétaire do la Société grammaticale et rédacteur de la Bévue grammaticale oîi il a reproduit une partie de son travail.
« La France, dit-il, se divisait autrefois, sous le rapport du langage , en deux parties : les pays oU l'on parlait la langue d'oc, et ceux où l'on parlait la langue d'oU; ces deux parties étaient séparées par le cours de la Loire. La langue d'oc (langue dans laquelle oc signiûait oui) était parlée dans le midi de la France , et la langue d'oU (langue dans laquelle oïl signifiait oui) était parlée dans le nord. C'est cotte derniôro qui est devenue la langue française.
» A chacun de ces langages principaux se rattachaient des dialectes particuliers, devenus aujourd'hui des patois.
> Les principaux patois de la langue d'oïl sont : le wallon ou rouchU parlé sur les limites de la Belgique, dans le voisinage de quelques cantons où Ton parle le flamand, dialecte germanique ; le lorrain, messin ou austrasien dont le triple titre indique suffisam- ment le domaine plus ou moins étendu selon le terme qu'on emploie... ; le champenois, le franc-comtoû et le bourguignon, qui se rapprochent beaucoup l'un de l'autre, mais desquels on détache, sous le nom de jurassien ou bressan, celui qui est en usage dans le département de l'Ain, ainsi que dans une partie de ceux de Saône-et-Loire et du Jura ; le picard qui n'est guère que le français du moyen âge ; le normand remarquable surtout par son accent traînant ; le gallot, patois de la Haute-Bretagne, dans lequel se perpétuent les expressions du quinzième siècle tt du seizième ; le poiUvin, dont le sain- tongeois peut être regardé comme une variété ; le berrichon, Vangevin et le manceau, qui n'ont qu'un petit nombre d'expressions particulières.
> A la langue d'oc se rattachent Vauvergnat, avec sa prononciation rude et ses lourdes terminaisons ; le dauphinois et le lyonnais, qui ont quelque chose de lourd et de mono- tone ; le provençal, qui, il y a cinq siècles, fut une langue riche et gracieuse ; le lan- guedocien, si brillant autrefois à Toulouse, et parlé encore avec tant de douceur dans l'Aude et l'Hérault et avec tant de pureté dans les Cévonnes ; le limousin, aux formes
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un peu lourdes ; le périgourdin, à la franche allure ; le gascon, à l'accent vif et saccadé, qui, pour les Français du Nord est le type de tous les patois du Midi, et dont le béar- nais est la variété principale.
» Il y a, ainsi qu'on vient de le voir, non seulement des patois, mais des sous-patois, ou variétés du patois principal.
» Dans quelques parties de la France, telles que l'Orléanais, la Touraine, TRe-de- France (Aisne, Oise, Seine, Seine et-Marne , Seine-et-Oise) (1), il n'y a pas de patois proprement dit ; mais cependant le peuple s'y sert souvent d'expressions qui n'appartien- nent pas à la langue actuelle , ou de mots plus ou moins altérés par la prononciation.
» Il ne faut compter au rang des patois français, ni le bas breton, qui est un débris fort imparfait du celtique, ni le basque, qui appartient à une famille de langues tout à fait différentes du français, ni Vallemand de l'Alsace et de la Lorraine, ni le flamand, parlé dans quelques cantons voisins de la Belgique... » (V. livraison de la Retuc grammaticale, janvier 4867.)
Dans sa Grammaire comparée des langues de la France (1860), M. Louis de Baecker assure que sur une population de 35,781,62.^ personnes, recensement de 1851, il n'y a que 18 à 19 millions de Français qui parlent le français proprement dit, tandis qu'il y en a 1,160,000 qui parlent l'allemand, 1,070,000 qui parlent le breton, etc., et 14,000,000 qui parlent le romano-provençal , c'est-à-dire les patois de la langue d'oc. « N'est-ce pas, ajoute-t-il, un phénomène curieux et digne d'observation, que la persistance de ces divers idiomes sous un gouvernement centralisateur, aussi puissant que celui de la France? On n'a pourtant pas manqué ni d'édits ni de lois qui les ont proscrits. » En effet Louis XIII, Louis XIV et plus tard la Convention de 1794 défendirent de rédiger aucun acte public, aucune procédure en une langue autre que la langue française. Mais ces édits ne purent être exécutés dans certaines provinces, et là oîi ils l'ont été ils n'ont pas empêché le peuple de parler la langue de ses pères. Une langue est l'expression des sentiments, des mœurs , des traditions , de la religion , de la vie d'un peuple : cela ne se supprime pas par un arrêt royal. Si quatorze millions de français parlent encore le romano- provençal, cet idiome peut se promettre longue vie malgré les progrès de la langue nationale et l'activité des ministres de l'Instruction publique. Du reste , je ne sais s'il y a de grandes nations qui aient une langue unique à l'exclusion de toute autre. L'anglais, l'italien, l'espagnol, l'allemand ont des dialectes plus ou moins distincts comme jadis la langue de la Grèce.
CHAPITRE IL
LES PATOIS MÉRITENT-ILS LE MÉPRIS DONT ILS SONT l'oBJET ?
« Les patois, dit M. Prodhomme, ont été dédaignés pendant longtemps; on les consi- dérait comme des langues tout à fait indignes d'attirer l'attention des hommes éclairés; ce n'est que de nos jours qu'on en a fait une étude sérieuse, et l'on s'est aperçu alors qu'ils ne méritent pas le mépris que l'on avait pour eux. Quelquefois ils sont plus réguliers , plus énergiques que la langue littéraire. Joseph de Maistre les considérait comme des raines presque intactes, et dont il est possible de tirer de grandes richesses historiques et philosophiques. Nodier se demande si le dictionnaire concordant des patois d'une langue ne serait pas un des plus beaux monuments qu'on put élever à la lexicologie. € Je connais, ajoute-t-il, tel de ces singuliers langages qui offrirait à l'explorateur habile » plus de curiosités et de richesses que cinquante do nos glossaires. » Ëniin, dans son respect pour ces vivantes reliques de l'esprit de nos pères , cet auteur va jusqu'à dire que « si les patois n'existaient pas , il faudrait créer des académies pour les retrouver. »
(1> Cette assertion de l'auteur est contredite par M. Louis de Baecker, qui , dans sa Grammaire comparée de» langues de la France, dit : « Le bourguignon qui comprend les sous-dialectes parlés dans le Nivernais, le Berry, l'Orléanais, la Tou- raine, le Bas-Bourbonnais, nie-do-France, etc. » La conciliation de cette conti>adiction apparente se trouve dans cette affir- mation des historiens de la langue fifançaise que c'est le patois de rile-de-France qui es^t devenu la langve na^ioii^le.
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On peut dire d'un grand nombre ce que Montaigne a dit d'un seul : < OU le français ne » peut arriver, le gascon y arrive sans .peine. » Beaucoup de mots autrefois d'un usage général et dont l'abandon est fort regrettable, ne se trouvent plus que dans les patois. »
Tout en faisant, malgré ces éloges, le procès aux- patois, l'auteur ajoute que des écrivains modernes n'ont pas dédaigné d'exprimer leurs pensées dans ces idiomes vulgaires ; que Despourrins, Goudouli, Jasmin ont tiré un grand parti des patois béarnais, bourguignon lisez moandî ou toulousain), gascon ; que leurs ouvrages offrent des beautés qui peuvent être mises en parallèle avec celles de nos meilleurs poètes ; que l'étude des patois a révélé plusieurs faits curieux au point de vue historique et géographique ; que les ha])i- tants de certains cantons très éloignés parlent un patois identique, et que d'autres fois des cantons limitrophes parlent un langage différent.
Cette dernière observation nous rappelle la découverte qui vient d'être signalée comme un des faits les plus curieux et les plus intéressants au point de vue de la linguistique et de l'elhnogénie. Le talaque ou roumain , langue de la Valachie , de la Moldavie et d'une grande partie de la Transylvanie, renferme un grand nombre de mots qui se retrou- vent plus ou moins intacts au midi de notre département et dans les départements méri- dionaux voisins. En voici des exemples
HOUMAIV. PATOIS* FRANÇAIS.
kost eost, couost coût.
paket paquet, poquét. . . . paquet.
sari sari , soîi sortir.
ger gèr, gèl glace.
par par, pal pieu.
kosar cosdr, cosàl masure délabrée.
kresta crésta , crésto crôte .
seou seou, sieû suif.
spital espitil hôpital .
krapa, fendre, crapé, dopé frapper, bûcher.
agatsa agatza, ogocha.... regarder.
deskaltsa .... descaltzd, descalsa. déchausser.
espia espia épier.
dekoifa descoyfà décoiffer.
eskusa escusa excuser.
unfla ufla, auflà enfler.
despouiat.. . . despouillat dépouillé ; etc. (4)
A Rodez môme on noie souvent les II et on dit despouiâ p. despouillâ; toioduro, p. toillodure, taillade, coupure.
Eutrope , historien latin du IV® siècle, rapporte que Trajan, l'an 407 de notre ère, ayant vaincu la Dacie qui a formé depuis la Valachie, la Moldavie, etc., la réduisit en province romaine et y transporta d'innombrables colonies qu'il tira de l'univers romain. € Trajanus , xictâ Daciâ , ex loto orbe romano infinitas ed copias homimim transtulerat ad agros et iirbes colendas. » (Eutrope, VIII, 3.)
Il y eut donc à cette époque des colonies parties de nos provinces qui allèrent en Dacie et y portèrent notre patois qu'on y retrouve aujourd'h'ii , dix-sept siècles après la translation de nos compatriotes , et sans qu'il y ait eu depuis aucune relation entre des peuples si éloignés.
€ Ces patois si méprisés, dit Bergier, sont cependant des langages humains ; ceux qui les parlent sont des êtres raisonnables, comme les Grecs et les Latins, ils ont du bon sens, souvent de l'esprit et de rélt)quence, comme les citoyens d'Athènes ou de Rome; il ne manque à ces jargons pour acquérir de la considération et devenir à la mode
<1) C^eat à l'obligeance de M. l'abbé Fabvler que je duis la communication d'un grand nombre de ternes roumains qu'il «a extraits du dictionnaire de Bucharest.
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que d'avoir servi à faire des ouvrages utiles ou amusants. L'indifférence que nous affec- tons pour eux est une des raisons principales du peu de connaissance que nous avons des origines de notre langue... Le glossaire de Ducange est un livre savant, utile, pré- cieux; que renferme-t-il autre chose que des patois et des langages barbares latinisés?» (Eléments primitifs des langues.)
Ce mépris dont parle l'auteur n'est plus de mise dans les régions de la science. Depuis plus de cinquante ans beaucoup de savants, môme étrangers, se sont occupés activement de Tancienne langue romane et de nos patois méridionaux.
M. Raynouard, secrétaire perpétuel de TAcadémia française, a fait des travaux considé- rables sur la langue romano-provençale dont il a restitué la grammaire et le dictionnaire avec une rare sagacité. Par sa grande collection des Poésies originales des Troubadoun (huit volumes dont le premier parut en 1816) il a montré à la postérité dédaigneuse que le midi de la France avait eu une langue formée et une littérature remarquable avant le xlébrouiliement et la formation de notre langue nationale.
M. Fauriel, dans son Histoire de la poésie provençale, a fait ressortir le mérite des trésors littéraires qui depuis des siècles demeuraient ignoré» dans la poussière des biblio- thèques.
M. Frédéric Diez, professeur à l'université de Bonn, en Allemagne, a publié de 1826 à 1852 une foule de travaux remarquables sur la littérature provençale.
Un autre allemand, Auguste Faehs, a publié en 1849, à Halle, un ouvrage plein de recherches curieuses , intitulé : L&s langues romanes dans leurs rapports avec le latin.
D'autres philologues , comme M. Mary-Lafon , vont jusqu'à demander qu'on fasse des patois romans la base de renseignement linguistique.
M. Granier do Cassagnac vient de publier en 1872 sur les patois un ouvrage très in- téressant et plein d'érudition , intitulé Histoire des origines de la langue française. Dans ce savant écrit il combat l'opinion de Scaliger et de presque tous les philologues qw Tont suivi, jusqu'à M. Littré, et qui soutiennent que les langues romanes ou néo-latines , ritalien, Tespagnol , le valaque , le français et le romano-provençal avec tous nos patois viennent de la corruption du latin. L'auteur, s'appuyant sur les découvertes de la philo- logie et de Tarehéologie , sur les témoignages des vieux historiens et des anciens géo- graphes aussi bien que sur des preuves de raison et de bon sens démontre la fausseté et Tabsurdité de l'opinion généralement admise depuis Scaliger. Il prouve : 1° Que les langues romanes ou néo-latines ne se sont pas formées du latin parce qu'elles ont un génie tout différent ; ce sont des langues à construction directe , sans inversion et sans flexions ; le latin au contraire est une langue à déclinaisons , à conjugaisons et par conséquent à inversions commt le grec. 2" Que le latin classique n'était que la langue ofRcielle , la langue du gouvernement et de la société lettrée des Romains. 3® Que le peuple sur le territoire romain et môme dans Rome parlait un patois latin ou un fatin vulgaire tout différent de la langue officielle et littéraire. 4° Que nos langages vulgaires appelés aujourd'hui patois existaient avant la conquête des Gaules par les ' Romains et qu'ils n'étaient que les divers dialectes de la langue gauloise ou celtique. 5*» Que 1* ressemblance des langues néo-latines et de nos patois avec le latin , le grec et le bre- ton ne prouve pas que ces langues tirent leur origine de l'une d'entre elles, mais qu'el- les prouvent la communauté d'origine de la plupart des peuples qui les ont parlées. 6*> Que les Romains n'ont imposé leur langue à aucun peuple conquis , que ce ne sont pas les peuples conquérants qui imposent leur langue aux vaincus , mais plutôt ceux-ci qui imposent la leur aux nouveaux venus , comme il arriva aux Burgondes et aux Francs qui oublièrent bientôt leur langue teutonne et apprirent la langue des Gaulois avec les* quels ils se confondirent. Dans les premiers temps de l'ère chrétienne les empereurs ro- mains eux-mêmes reconnurent officiellement et admirent civilement la langue gauloise.
Si certains historiens rapportent qu'à Lyon, dès le second siècle de notre ère, ï^ peuple parlait latin, qu'au quatrième le latin et le grec coexistaient à Arles avec l» gaulois , qu'au cinquième Sidoine Apollinaire harangua en latin le peuple de Bourges qn^ l'avait prié de lui indiquer un évoque , ces faits et autres semblables ne prouvent
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nullement que las Gaulois eussent oublié ou cessé de parler leur langue pour apprend^'o celle de Rome. Les personnes instruites pouvaient savoir le latin parce qu'elles Tavaient appris dans les écoles ; le peuple de telle ou telle ville pouvait comprendre un peu le latin vulgaire soit à cause de la ressemblance des langues soit à cause des rapports plus fréquents amenés par la colonisation ou par le commerce. On sait d'ailleurs que peu après la conquête des Gaules il y eut dans les grands centres des écoles ouvertes où Ton enseignait la grammaire et Téloquence latine aux Gaulois, amis de ces nobles arts , comme il y avait à Rome des écoles ouvertes pour l'enseignement du grec. Mais le peuple des campagnes et le petit peuple des villes, c'est-à-dire la masse de la nation, n'eut jamais le loisir ni l'occasion d'apprendre une .langue étrangère, et surtout une lan- gue savante et au-dessus de sa, portée telle que la langue latine. Donc il conserva ses dialectes ou patois.
€ La nation gauloise, dit M. de Cassagnac, lorsque César la soumit au gouvernement romain, avait-elle une langue uniforme, également parlée dans toutes les parties de son territoire, également entendue do toutes les tribus qui la composaient? — Non. — Après avoir tracé la grande division de la Gaule en trois partiels distinct'is, occupée par les Aquitains, les Celtes et les Belges (tous Gaulois), César ajoute immédiatement : « Tous » ces peuples diffèrent entre eux par la langue, les mœurs et les lois. »
» Les Gaulois parlaient donc au moins trois grands dialectes , tous différents ; en sup- posant.. . que la Procince, non comprise dans la division de César, n'en parlât pas un quatrième , ou môme plusieurs.
» Le peuple gaulois se trouvait ainsi dans la situation de toute nation couvrant nn territoire étendu, et comprenant un nombre plus ou moins considérable de tribus sépa- rées, ajant leur existence et leur administration distinctes : toutes ces fractions nationa- les parlaient sans doute la môme langue , mais chacune d'elles avait sa manière propre de la parler, c'est-à-dire son dialecte.
* Ce qui constitue, entre tribus, la communauté de la langue, c'est de posséder d'abord la même grammaire, c'est-à-dire une manière de décliner le substantif, une manière de conjuguer le verbe, et un même ordre de syntaxe, pour construire la phrase; c'est ensuite de posséder un vocabulaire à peu près identique, ou au moins dans lequel le plus grand nombre de mots soient, sous des formes plus ou moins altérées, mani- festement les mêmes.
» Ce qui constitue un dialecte, c'est de joindre à tout ce qui précède la possession d'un certain nombre de termes exclusivement propres à la tribu ou au territoire , et sur- tout une prosodie et une prononciation spéciales.
> En résumé, les Gaulois étaient au point de vue de la langue dans la môme situation que les anciens Grecs.
> Sous la dénomination générale de langue grecque, les Grecs parlaient en réalité jBinq grands dialectes, très différents entre eux, sans parler des sous-dialectes presqu'in- nombrables des îles, du continent, de l'Asie mineure, de la Syrie et de l'Egypte.
! » Ainsi , de môme que la langue grecque n'avait pas d'existence propre en dehors de ifis dialectes , de môme il serait impossible de concevoir et d'étudier la langue gauloise |6n dehors des siens.
* Les Gaulois avaient, comme les Grecs, un mot qui leur était propre pour désigner tes idiomos particuliers des tribus ; mais au lieu de les appeler des dialectes ils les appelaient des patois. »
iLe mot paXois n'est pas un terme de mépris, comme Ip pensent beaucoup de gens, omme plusieurs l'ont écrit; il signifie dialecte et désigne un langage populaire et local. V. le mot Potouès.) Ce mot, comme le mot roman ^ désignait la langue vulgaire par pposition au mot elerkois qui désignait la langue latine enseignée par le clergé dans les écoles pendant tout le moyen âge.
« Les patois sont, en tout pays, la langue primitive et naturelle d'une nation. C'est la langue du berceau , de la nourrice et du foyer. De très grandes nations n'en ont jamais (u d'autre, »
Comment un jlatois devient-il langue officielle et nationale? L'auteur l'explique en (Hsant:
« Il arrive quelquefois qu'il se produit dans une province des poètes , des écrivains qui en perfectionnent, qui en illustrent le patois ou dialecte, et qui font que cet idiome ac:iuiert dans les provinces environnantes une réputation qui le fait rechercher. C'est ce qui est arrivé*, en Italie , au dialecte de Florence » , devenu la langue italienne ; € ea Allemagne, au dialecte de la Souabe », devenu la langue allemande; « en Ëspagae, aa dialecte de la Vieille-Castille », devenu la langue espagnole; « en Angleterre, au dialecte des comtés de Kent et de Middlesex », devenu la langue anglaise; « parmi nous, au dialecte de TIle-de-France et de Paris », qui nous a doané la langue nationale.
» Ces patois d'élection, ainsi amélioï*és, polis, perfectionnés, sont devenus des langaes littéraires, servant à la société lettrée et aux rapports fies populations avec le gouve^ nement; mais ces langues littéraires, si renommées et si répandues qu'elles soient, n'es sont pas moins d'anciens patois, parvenus aux honneurs. On les enseigne dans les écoles publiques, Ihs populations urbaines et rurales les apprennent; mais de même qu'es apprenant le latin nous n'oublions pas le français, de môme en apprenant le français le paysan n'oublie pas son patois, qui est sa langue naturelle.
» Aujourd'hui , on ne citerait pas en France une seule commune oh le français ne soit compris et môme parlé; mais on n'en citerait pas non plus une seule oh l'enseignemeot du français ait détruit l'usage du patois local. »
En supposant que ces dernières affirmations ne soient qu'une hyperbole , la véritt reste, à savoir que chaque province, en France, a un patois quelconque. Il en étd ainsi , il y a deux mille ans. La Gaule était alors divisée en soixante-quatre cités ou agglo* mérations politiques , comprenant chacune un grand nombre de tribus ou de villages , ei chaque cité ou môme chaque tribu avait son dialecte ou patois. Il en était de mémi dans les autres pays. Au moyen âge quatorze dialectes se partageaient l'Italie, et StraboJ assure qu'anciennement dans le petit village de l'Albanie on en parlait vingt. Si nos patois ont une antiquité aussi vénérable , s'ils étaient le langage de nos vieux ancêtres » les Celtes ou Gaulois , si par eux on prouve la communauté d'origine des peuples qdj ont tour à tour conquis et occupé l'Europe méridionale et occidentale , ne devons-nom pas quelque respect et quelque attention à ces vieux témoins des âges druidiques?
Sans doute leur vocabulaire actuel n'est pas entièrement le même que celui du temps de l'intrépide Vercingétorix , le plus illustre champion de la liberté de nos pères, il plus sérieux adversaire de César, et qui aurait arrêté la marche triomphante des légions, si toutes les tribus gauloises avaient eu autant de courage et de patriotisme que nos voisins les Arvernes et nos ancêtres et compatriotes les Ruthènes. Comme il arrive i toute langue vivante, des mots ont vieilli et sont disparus ; d'autres ont pris leur pla«< ou se sont ajoutés au trésor existant ; ils sont venus les uns des dialectes voi&ins , l autres du latin ou du français, soit par importation soit par la nécessité d'exprimer objet nouveau. Mais le fonds est resté le même , comme le prouve la présence d mômes termes dans les langues des peuples voisins.
Un phénomène digne d'être noté c'est que les archaïsmes de notre patois sont povl la plupart plus près du latin que les termes vivants étrangers au français. Ne serait pas parce que ces mots introduits dans les patois par l'usage de la langue latin demeurée langue officielle et civile jusqu'au seizième siècle, n'ont pas pu tous s'aecli ter et acquérir un droit de cité inaliénable?
Quoique nous regardions comme vraies dans leur ensemble les opinions de M. Graa de Cassagnac, sur les origines de la langue française, à savoir qu'elle ne s'est p formée du latin, qu'elle n'est pas née de la corruption du latin du moins pour la lan usuelle, il est évident par l'inspection des vocabulaires que, outre la langue scientifiqa religieuse et littéraire, tirée certainement, ce qu'il ne nie pas, du grec et du latin, partie môme de la langue usuelle a aussi son origine dans le latin, et il a dû en è ainsi par la force des choses, puisque les Gaulois acceptèrent la législation romaine, la langue romaine comme langue religieuse, officielle et civile. De plus, il n'est p nécessaire qu'une lanj^io ait le môme génie et la même grammaire qu'une autre po^
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faire des emprunts à cette dernière. Les Romains eux-mêmes empruntèrent aux Gaulois plasi,îurs termes dont leurs écrivains indiquent Torigine.
Il ne faut point confondre le patois avec lo jarp:oîi. Le jar;j:on ost le pire d 3., langages ; c'est une espèce do baragouin suis règle, pirticulier à une personne, h une famille, à un groupe de population qui dénature la langue dont il se sert et la rend plus ou moins inintelligible môme pour ceux qui parlent cette langue. Celui qui dénature s.uisiblement le français jargonne. Tandis que le patois, et j'entends parler ici plus spécialement des patois de nos provinces, est une vraie lan^jjue, ayant pour elle l'ancienneté, parlée sur un vaste territoire, dans des provin^*es entièr.îs, ayant avec d'autres langues niéme natio- nales une communauté d'origine incontestable, ayant ses règles et .sa graiiimaire , ses beautés et sa prosodie, pouvait servir aux esprits cultivés, aux imaginations poétiques, mais simple et familière, h la portée du p3uple, faite [)ar lui- et j)our lui, accommodée à ses mœurs, à ses besoins, h son degré d'instruction, (IdMe interprète de ses pensées et de ses sentiments. La langue française, pendant plusieurs sio'les, n'a été q le le patois d'un petit nombre de djparleme.its formant la province appelée Ile-de-France, et jusqu'à la fin du seizième siècle rien n'égale la confusion et le chaos de son orthographe et probablement aussi de sa prononciation. C'est à cette époque que Malherbe, rude travail- leur littéraire, se faisait gloire de dégaaconner la cour. Supposez la cour avec ses pléia- des de poètes et des académies, savantes à Montpellier, à Toulouse ou à Bordeaux, et la langue d'oc ou plutôt le divalecte des Aquitains mentionné par César, fixé, épuré, ennobli, tout en conservant son caractère pittoresque et so.iore, deviendra la langue de la nation, rivalisant de douceur et d'élégance avec l'italien, de noblesse et de grandeur avec l'espagnol, et continuant sous le souille de l'inspiration la brillante littérature de ses anciens troubadours. Ainsi notre vieille langue patoise pouvait élr.i reine, elle n'est que paysanne, mais elle n'a pas à rougir de son origine, ni de sa parenté. L'italien, l'espagnol, le valaque lui tendent la main comme à une sœur et les peuples (\\\\ parlent ces langues s'entendent encore sans se connaître. Nos pèlerins de Lourdes qui rencon- trent là nos frères d'Espagne peuvent échanger avec eux leurs sentiments et leurs impres- sions non par l'intermédiaire de la langue française, in.ùs en parlant l'idiome du vieux Uouergue.
CHAPITRE IIL
DU PATOIS DU ROUERGUE.
En Rouergue le peuple parle sa langue, môme dans les villes. A Rodez comme à Albi, on entend parler dans les rues beaucoup plus patois que français. Dans les campagnes tout le monde parle patois, très peu parlent français; beaucoup l'entendent, grâce aux écoles primaires; un grand nombre cependant, surtout parmi la génération qui s'en va, l'entendent peu ou point. Aussi la plupart des pasteurs des villages font en patois les instructions familières. Les hommes de loi et les magistrats sont obligés de parler patois à la plupart de leurs clients ; c'est en patois que les juges interrogent et que les pay- sans déposent.
Le patois du Rouergue est un dialecte ou plutôt une variété du grand dialecte aqui- tain. 11 renferme lui-même trois sous-dialectes principaux que nous distinguons par Tune des trois voyelles a, c, 0 qui reviennent dans beaucoup de mots oîi elles se remplacent selon la région.
i® Le patois en a occupe la région méridionale dijpuis Nant, près des limites du Gard^ jusqu'à Villefranche du Rouergue à l'ouest, en passant par Cornus et Saint-AlTrique, Bel- mont, Saint-Sernin , Réquisla et Xajac, cantons frontières avoisinant successivement les déparlements du Tarn, de Tarn-et-Garonne et du Lot.
Le patois de cette région est caractérisé : 1° par la fréquence de la voyelle a, comme dans campâno, cloche, castigno, châtaigne, capjlo, chapelle, afrabâ^ briser, ravager; 8® par les diphtongues ay , au non accentuées : aymâ^ aimer, payri, parrain,
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mayHno, marraine, paûrâu, petit pauvre, paûrûr, peurcnx ; » par la terminaison ii : bilanU, ordare, plastHè, plUrier; 4* pir 1- soa tz de ch, de g doux, de j et de x : tfobâl, ch3ral, Uûrgo , limace, izutzam^n p. jiuhomén , Juçement. Au sud-oaest les ter- minaisons ayre, ouyre, ouyro, deviennent aijde, onjde, ouydo, comme pàyde, père, oûydi, outre, cortôuydo, civière; ch final devient t : escrit p. escrUh, écrit; /ai p. fach, fait; if<
p. «^^A, lit. ui - 1 •
î» Le patois en e occupe la ré:;ion nord du département et semble suivre la me droite du Lot; il comprend la plas grande pirlie de l'arrondissement d'Espalion, ce que nous appelons la Montaigne, r^'jrion élevé?, voisine da la Lozère et du Cantal. Là les diphlhonçues ay, au deviennent souvent ^y, ey, tou, eou : eymi, aimer, pe^/rî, parrain, mey- rino, marraine; eèoucle, cercle, beoiire. boire. Ai el, ol deviennent souvent au. eou, où: houitaû p. hoxuitdl, maison ; pèou pour pH, poil; peyroû p. pajrél. poyrôl , potjrouôl^ chaudron ; oûis p. olas, grande aile. Vu prend souvent la place de ou : juntd p. jountâ, joindre ; LuU p. Louis, Louis. Les consonnes g doux et j sont très chaintantes : bijto^. biso, la bise, eomijio p. eomlso, chemise. L't prend souvent la place de Ve : t% biju p.
tê bé$e, je le vois.
30 Le patois en o occupe le centre et la plus grande partie du département, presque tout rarrondissemî^nt de Rodez, h plus grande partie de celui de Millau et uns parde des trois autres, Espalion, St-Affriquc, Villefranche. Il constitue le dialecte proprement dit du Roucrgue. Il est caractérisé par la fréiuence de la voyelle o soit seule soit en diphthongue. Ainsi Ton dit eompôno, coslôfjno, copèlo, oymd, poyri, moyrino, poUréu, pou- rue, biloniô, ploniriâ ; frone p. franc, mo p. ma, man, main ; po, pouo p. pa, pain : plo p. pla, bien. plat. La diphlhoagne ouo revient aussi fréquemment soit pour on soil pour 0 long : douoao p. dJano . il donne; louong p. loung, long; pouérto p. pàrU^, porte; houôme p. Mme, homme. Dans ce dialecte on considère Fa comme plus long que l'o, au et ay comme plus lon^s qie où et oy, et lorsque ces voyelles perdent l'accont tonique elles deviennent souvent o , où oy : câbro, chèvre, cobrit, chevreau ; pdyn, père, poyrl, parrain; paUre, pauvre, poûrou, petit pauvre; d'jme, j'aime, oymd, aiQier, oym4n, nous aimons, tandis que dans le dialecte en a on dira aymln, nous aimons, et
dans le dialecte eh e eymvn.
Notons que pour avoir le patois rouergat, il ne faut pas le chorcber près des frontiè- res du département; car près des frontières on a souvent des mots et des sons qui appartiennent à nos voisins, comme dans le canton de Nant ûno fes p. un couop, une fois, ehdsco, chascân p. cddo, cadâa, chaïue, chacun, bien préférables d'ailleurs; dans le canton de Belmont ba p. ou, ba farày p. ou fordy , je le ferai; iol p. uèl, œil, delembrd p. ouplidà, oublier ; agantà, pour dire saisir ; dounas-iè sans liaison {donnas- hiè) p. dounas'li, donnez-lui, expressions du Tarn ou du Languedoc ; au sud-ouest èl p. uèl, œil, IH p. lièch, lit, gat p. cat, chat; crdmbo p. cXmbro, combro, chambre.
Cependant le ch, si fréquent dans une partie de la Lozère, dans- TArdèche, TAuvergne et le Limousin et qui a attiré aux patois dj C3S provinces de la part des Parisiens le nom méprisant de charabia, n'a pas. franchi nos frontières du nord et n'est pas plus usité sur nos montagnes septentrionales que dans le reste du département et chez nos voisins du miJi Le ch est plus fréquent dans le domiine do la langue d'oïl et dans le nord du territoire de la langue d'oc que dans les autres provinces de la vieille Aqui- taine, et le Parisien ne sa doute pas qu'il a bien plus de charabia dans sa langue que nous n'en avons dans nos patois méridionaux. Nous disons bâco, cdbro, cômbro, cira cdnao, coinp, contd, consôu, comi, et non bicho, vache, chdbro, chèvre, chdmbro, chambre, chïrri, char, chUso , chasse, champ, clia.np , chrintd, chanter, clianaôii , chanson, chomi, chemin.
Quoique le patois languedocien, caractérisé par la fréquence de l'a, soit réputé le plus doux et le plus gracieux, nous préférons do beaucoup nos syllabes sonores al, èl, ol i 89S diphthongues finales au, èou. Il nous paraît que gai, coq, pascdl, poscdl, pascal, royndl, renard, cal, il faut, fiol, fiai, fil, pH, cheveu, cals, chaux, descâlSf dàchaux, sonnent plus agréablement à l'oreille que gaU, pascaû, raynaû, eaû ou faû, il faut, 1^^* pèou, caûs, descaUs.
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IXIII
Le dialocto en tf a sas variétés. L'une d'elles, parlée dans le Languedoc, en particulier à Lune 1, se retrouve chez nous dans un quartier du caaton de Cornus ; elle est caractérisée par la fré" quence de Va final, ce qui donne à beaucoup do mois une physionomie tout à fait latine, comme on peut Id voir par les citations et les textes suivants.
ROUBRGAT. LAN6UBD0CIBN. LATIN. français.
fèsto fèsta fcsta fête
tèsto testa (tète). . . testa crâne
rose, rou6so. rosa rosa rose
hôuro hôura hora heure
embecfllo.. . . embeciUa.. . . imbecilla . . . . imbécile, f. . .
comfso camfsa camisia chemise
estréno estrona strena étrennes
uno una una une
fîUo fiUa filia fille
bèlo bêla bella belle
goillérdo .... gaillàrda gaillarde
pàpo pépa papa pape, père...
Ontouèno .... Antouèna Antoine
demôndo .... demanda il demande . .
monddbo.... mandàva mandabat il mandaijt. . . .
c6umo côuma comme
encaro encàra encore
Voici comme échantillon une épigramme qui a servi de modèle à un célèbre bout-rimé de notre poète Peyrot.
L'abbé Mas, de rima n'es pas jamày sadoul ; S'en vay, tout on rampén coum'ùna cagardoula Aou temple d'Apoulloun per ooussd lacaddonla, Mais la p6rta per el es fermdda aou baroul.
Voici encore un extrait d'un fragment de l'Odyssée d'Homère, travestie en vers patois parl'abbé Favre, prieur-curé de Celleneuve, vivant au XVflP siècle et contemporain de notre prieur de Pradiaas. C'est la description d'un repas. Télémaque chez Calypso reçoit Minerve sous la forme de Mentor, la salue,
£ sans ye dire âna par&oula,
La pren e la fay mètre à tdoula.
Lou repds soguèt fin e bèou :
Avièn fach la sôupa émbe un lèou (mou de veau),
Assezoundt d'ùna coudéna
Qu'aouriè bercdt ûna lezéna ;
Pioy presentèrou très missôus (saucisson on andouille),
Un sanquét e qudtre garrôus,
Aqui lou gras. E per lou mdgre
Força merlùça en de vindgre,
Caous harens (quelques harengs) d'ungous esquis,
Un bèou plat de courdls couHs,
Una gr6ssa cscdrpa saldda (une carpe),
Una aoumeléta un paou bruldda.
Perde fruit, s'ajèssou pougût,
Sans doute n'aourièn be agût,
Mais couma èren vers Pantac6usta
Lou dessert seguèt ûna crôusta.
tttr
C'est géniralement dans ce dialecte que sont môme chez nous les manuscrits patois, antérieurs au milieu du XVI* siocle. Ainsi Ton trouve la sancta cvos^ la sainte croix; a donâda ^.07i arma a Dieu, soi p-'ijre elcrnal, il a doniK* son ame à Dieu, son père éternel ; gl-'usa, église, capeli, prêtre, dalha, faux, feda, brebis, truèja, truie, bodosca, marc de miv^l, advenir, arriver, dinar, dîner, cjjre, cuivre, color, couleur, lo jorn.k jour, motô, mouton. {Pièces éditées, par M Aiîre. archiviste, sur la ville d'Espalion.)
Cependant, dans dos manuscrits du commencement du XIV* siècle {Archives de Millau)^ Vo se trouve assez souvent à la place de Ta, comme dans péros p. péras, poires ; pèsm p. pèssas, pièces ; téstos p. testas, tartines ; moustârdo bôno p. moustârda bôna, moutarde bonne. Mais ce qu'il y a de singulier et ce qui prouve que l'orthographe n'était pas toujours d'accord avec la prononciation, c'est que dans la même pièce et souvent sur h môme page, on trouve les mêmes mots difléremment écrits : testas, tôstos ; pèssas, pcssos; munges, muunges, moines ; eôma, comme, comme ; rostit, roustit, rôti.
Dans l'introduction du Catéchisme rouergas, imprimé en patois à Rodez, en 1656, on trouve sur la prononciation des voyelles di'^s détails précieux qui nous expliquent le phénomène que nous venons do signaler. Sous ce titre : Très moûts d'avist al leclotr, l'auteur dit en parlant de l'a « a se prenonço de dos faysous, claromen coumo en laty, ou vn pauc obscur gayrebe coumo ïo. » Il est évident que ce son obscur de l'a qui se prononce presque comme Vo est le son faible de o final qui donne les rimes féminines, comme dans rôso, rose, porto, porte, tèsto, tête, bôuno, bonne, demôndo, il demande, etc.
« Vo se prenonço obscuromen coumo en laty. » Voilà le son de Vo qui tire vers Von, de telle sorte que mônge se prononçait môunge, mélo, moutôa, mouton, prenonçd, prenounçi, doctrino, douclrino. L'auteur ajoute « et vn pauc plus claromen approchant de l'a, et per aco trouuarez que lou même moût es vn cop escrich an l'a, et l'autre an l'o, coumo sacramen , sacromen, et toujour la prenonciaciu es de même. »
« L'# se prenoncio en très faysous.... 3. Comme l'o en las terminasous féminines de même qu'en frances dame damo, nostre nostro. » Et , en effet , dans le cours de son catéchisme, écrit en vers, l'auteur fait rimer dagues avtc plâgos, etc. « Les diphtongues au, eu, iu, se prenonciu coume fau en aquestes mouls latis, autem, audi, leuca, Eum. N'y a pas d'exemple de Viu : mas la permieyro lettre attire l'autre et aquelle diphtongue es fort ordinario à la fi, et por aco dauegados la trouuares escriche per ieu, principa- lomen lou mot de Dieu ques de quatre lettres en vno sillabe. »
De ces citations, il résulte 1® Qu'au dix-septième siècle la voyelle ou plutôt le son o avait la prépondérance dans notre patois, puisque les voyelles a et #, surtout à la fin des mots, se prononçaient o et que les mômes mots différemment écrits comme lettre, lettro, dame, damo se prononçaient de la même manière, « et toujour la prenonciaeiu es de même. > 2« Que l'o se prononçait souvent ou, mot, moût, et que nos ancêtres trans- portaient cette prononciation au latin : consona était pour eux counsouna. Ce son obscur donné à l'o avait encore des partisans dans le XIX^ siècle ; nous avons connu de vieux confrères qui disaient nous acoim* p. nous avons. 3® Que les diphthongues tu, ieu se prononçaient iou, ieou: prenonciu est p. pronounciou , Dieu p, Dieou ; que les diphthongues latines au, eu se prononçaient aou, èou : aoudi , lèouca, comme prononcent encore les Italiens, les Espagnols et autres peuples. En France nous avons eu tort d'abandonner cette ancienne manière. En francisant la prononciation du latin on le défigure : d'audi noi on fait odi nos qui signifie hàïssez-nous au lieu de écoulez-nous I et l'on dépouille trop souvent les vers des poètes de l'harmonie imitative.
En comparant les rares monuments de notre vieux patois avec l'idiome actuel, on trouve que le langage est presque entièrement le môme au point do vue du vocabulaire; mais le son de o est devenu plus dominant. La plupart de nos compatriotes ont da telles préférences pour ce son que la voyelle o non seulement remplace Ve final accentué comme dans mestiô, biloniô, et très fréquemment l'a, comme dans compônOy mais encore elle s'ajoute souvent aux mots comme prosthèse : Orrouynâ p. rouynd, ruiner, otori p. tari, tarir, odôuse p. doûse, source, etc.
Quelle peut être la cause de cette prédilection? D'abord l'o est plus facile à pronon- cer que l'a; mais la cause principale nous paraît être le climat. Le Rouergue, sauf
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<]uelqaes vallées au midi, est un pays de montagnes et de plateaux calcaires très éleyés, où l'air plus rif et le froid plus prolonjçé f^ônent naturellemont le libre jeu de la langue et des lèvres, et obligent à émettre les sons avec la moindre ouverture de bouche pos- sible. Par conséquent les sons palataux ou autres qui s'émettent, en desserrant peu les deats et les lèvres, doivent dominer sur les sons labiaux plus amplos et plus clairs des climats chauds. Va ayant un son plus labial et demandant plus d'ouverture que Vo a fait place à ce dernier dans une foule de cas. Par suite les diphthongues au, ay sont devenues, excepté quand elles portent Tacceut tonique, où, oy ou ey : au lieu de pro- noncer paûrûc, payrôl, on a dit poûruc, poyrôl, poyrouôly peyroû, peureux, chaudron.
Un fait bien frappant et qui vient à l'appui de notre assertion, c'est que plus on avance vers le Cantal, plus les sons ey, i, ti, deviennent fréquents et prennent la place de ay, e, ou, plus les sons chuintants et étranglés ou dentaux abondent. On dira èyme p. àymey j'aime, ùi biji p. te bsse^ je to vois, timpli p. temple, temple, juntd p. joxmtâ, joindre, bijio p. biso^ bise. Or, il est à remarquer que tous ces sons s'émettent en ouvrant très peu la bouche, et en appliquant la langue en avant comme pour apposer une barrière à l'introduction de l'air froid.
CHAPITRE IV.
RAPPORTS DE NOTRE PATOIS AVEC LE LATIN, l'iTALIEN, l'eSPAGNOL ET l'aNGLAIS.
^^ Notra patois est plus près du latin que la langue française usuelle, soit par son ▼ocabulaire, soit par l'ellipse des pronoms personnels, soit par la prosodie. Et d'abord par le vocabulaire c'est-à-dire par un plus grand nombre de mots communs aux deux langues ou pos.sédant mieux en patois la physionomie latine. Voici comme preuve une liste de mois que l'on pourrait faire bien longue.
PATOIS. LATIN. FRANÇAIS.
gai gallus coq.
goUno, galino gallina poule.
gourgdul gurgulio, curculio . charançon .
cime cimex punaise.
dentdl d3ntale sep.
estébo r stira mancheron.
jùlhos jugalia longes du joug.
oràyre, aràyre aratrum charrue.
cébo cepa ognon .
hort, houort hortus jardin.
nôro, nouoro nurus bru.
bosc viscum glu.
orét, arét aries bélier.
proudàl protelum renfort.
oulo oUa marmite.
eompdno, campàno.. campana cloche.
postonàgo, pastanàgo. pastinaca panais .
aygo aqua eau.
ego equa jument.
eostèl, castèl castellum château.
modùr, madur maturus mûr .
porét, parét paries paroi, muraille.
•sténdre extendere étendre.
oQsi, aQsi audire ouir, entendre.
càbro capra chèvre .
pl£[re. . r piger paressseux.
xxn
On voit qu'à la plupart de ces mots il ne manque que la terminaison latine et la permutation de quelques consonnes douces b, g, rf, en leurs fortes p, c, g, t.
Un aatre rapport frappant entre le patois et le latin, c'est que ses verbes s'emploient et se conjuguent sans le secours des pronoms personnels.
i? Pour montrer les rapports de fraternité entre le patois, l'italien et l'espagnol, il n'j a qu'à comparer les articles, les pronoms personnels, possessifs, indicatifs et les adjectifs possessifs.
ARTICLES.
Singulier,
PATOIS.
ESPAGNOL.
ITALIEN.
FRANÇAIS.
Masculin, Féminin ,
lo, lou lo, el
la, lo la. ...
lo, il le.
la la.
Pluriel.
Masculin, lous los
Féminin, las, los las
i, gli le....
les. les.
ieû
me, mi
naûtres, natltros. .
PRONOMS PERSONNELS.
Première personne,
yo io je.
me, mi me, mi me .
nosotros noi nous .
tu, tus
te, ti
batitres, béltres...
Seconde personne,
tu tu...
te, ti te, ti
vosotros voi..
tu. te. vous.
Troisième personne.
el, élo
lou, li
éles, élos
el, ella egli, ella il, elle.
el, le lui, li le, lui.
elles, ellas eglino, elleno ils, elles, etc.
PRONOMS INDICATIFS.
aquéste, o aqueste, a questo, a celui-ci, celle-ci.^
aquél, 0 aquel,-la quelle, a celui-là, celle-là.j
PRONOMS POSSESSIFS.
loumieii el mio il mio le mien.
lou tieû el tuyo il tuo le tien.
lou sieû el suyo il suo le sien.
lou ndstre el nuestro il nostro le nôtre.
lou b6stre el vuestro il vostro le vôtre.
lou leur, lur el suyo il loro le leur, etc.
Les pators du Midi ont souvent le l etlen mouillés comme en espagnol. Dans rancienj orthographe du patois ces deux consonnes sont mouillées par l'/i : Milhau^ Cadilhac, Lhax Begonhès, Flanhac, Lioinhac, etc., noms propres d'hommes et de lieux. Dan_s l'espapol deux II sont toujours mouillés et le n l'est quand il est surmonté du tilde : senora , proiioD( êegnora^ dame, nino^ prononcez nigno, enfant.
A mesure qu'on approche des Pyrénées l'élément espagnol devient plus sensible ; le
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est remplacé, comme il arrive ftouvent dans la langue de nos voisins, par Vh fortement aspirô : la hénno p. la fénno, et la conjonction et par Vy conjonction espagnole.
3*» Compara à la langue anglaise la patois a avoc elle, soit dans son vocabulaire, soit dans la formation de t?ertains pluriels, soit dans sa prononciation, de singuliers rapports de frateroiti qii mirilent d'ôtro sii^nilos. Ces rapports ont dd avoir pour causes, d'abord rinvasion normande ou la conquête de l'Angleterre par les Normands au XP siècle , et un peu plus tard la domination anglaise dans la Guyenne et dans plusieurs autres provinces du littoral français. A ces époques il dut y avoir des emprunts réciproques faits par ces idiomes ; mais ce fut l'anglais surtout qui emprunta à la langue d'oc et à la langue d'oïl ce grand nombre de mots qu'on trouve avec étonnement dans la langue do nos voi- sins d'outre-Manche, et dout l'orthographe de plusieurs, scrupuleusement conservée par nn peuple moins changeant que nous, indique l'époque d'emprunt. Tels sont basrard , paste, haste, strange, debte, escap, que le français a dégrossis et habillés à la légcre on en faisant billard, pâte, hâte, étrange, dette, échapper. Notre patois a conservé de son côté hastard, pâsto, eslrângcy escapâ. Dans les deux langues on trouve un grand nombre d'adjectifs terminés en ous, générons, dangerou.% joyous.
De plus les substantifs terminés par s ou ch dans les deux idiomes forment leur pluriel par l'addition do es ou ses : anglais ass, âne, plur. asses ; glass, verre, glasses ; patois bras, bras, pi. brdsscs, bortâs, buissons, bortdsses , puèch, colline, pucches.
Quant à la prononciation, plusieurs voyelles, diphthongues et consonnes ont des sons semblables et inconnus au français.
Le son do Ve le plus fréquent en pitois, tel que dans les mots pa^w^^ paquet, eMf^m^ne, j'entame, est assez souvent donné à Ve anglais et quelquefois à l't. Daus pocket, poche, Ve sonno exactomont comme dans le mot patois avec la différence que dans le mot anglais l'accent est sur la première syllabe , tandis qu'il est sur la seconde dans le patois. La troisième personne du verbe be, être, en anglais est is et sonne exactement comme r«, est, du patois. Deux diphthongues sont identiques pour le son, oi ou oy, comme dans paysan, paysan ; ou, oo, en patois a^-:^, aou : anglais brow, prononcez braU, sourcil, lequel mot braû, en patois signifie taureau, comme cow, vache, se prononce caU, qui en patois veut dire chou.
Eafin les consonnes ch, g, et j de l'anglais se prononcent comme en patois tch, tg, tj. Anglais ehildren^ prononcez tchildren, enfants ; patois chi, chien, prononcez tchi ; anglais gin^ genièvre, prononcez tgin\ patois ginèbre, môme signification, prononcez tginUbre; anglais M», Jean, prononcez Tjon; patois Jon, Jouon, môme signification, prononcez Tjon, Tjouon.
CHAPITRE V.
EXAMEN DBS REPROCHES QUE l'oN FAIT AU PATOIS.
Pour procéder avec impartialité je ne tairai point les reproches qie l'on fait au patois; mais la justice exigs que l'on repousse ceux qui ne sont point fondés. On reproche au palois d'être grossier, de n'avoir pas do règles fixes, do varior à l'infini et de nous gâter le français.
r Si par grossièreté on entend la manière lourde dont certaines mlchoires pesantes
prononcent telle ou telle diphthongue, le reproche est mal fondé par la raison que ce
défaut est particulier h certaines personnes ou est restreint à quelques localités. Ainsi
dans la diphthongue ouo , si au lieu de glisser légèrement sur la première partie , on
appuie à pleine bouche sur ou et o on rend la prononciation grossière. Mais la faute en
est plutôt à cel'ui qui parle qu'aux mots eux-mêmes. Du reste il faut remarquer que
Vhahitant de tel canton rira du langage de tel autre, non parce qu'il est grossier, mais
à cause de la nouveauté ou de la singularité d.i certains sons ou de certaines locutions ;
lui-même à son tour prêtera à rire ou à s6 récrier. Peut-on dire que ces impressions
lient une preuve de la grossièreté d'un langage? Assurément non puisqu'on rit de la nou-
l^eautè ou d'un air d'étrangeté, toujours ciuse do surprise. Peut-on dire d'ailleurs qu'un
|«on est grossier parce qu'il le paraît à quelques-uns ? Dans ce cas il faudrait regarder
coramo grossière la diphthongue aou, si commune dans les patois de l'Hérault et de
Vancluse, et mise pour al môme dans les mots ou chez nous al persiste toujours,
KXVMI
comme dans.^^^ co^, cal, il faut, et cependant, malgré gaou, eaou on faou^ paseaou, eic.^ le patois do l'Hirault est regardé comiie Tun des plus gracieux.
Si par grossièreté on entend le grand nombre et Tusago fréquent dos mots qui expri- ment des objets bas et des idées abjactes ou incongrues, et un certain laisser aller de langage qui choquerait en français, en sorte qu'on puisse dire du patois ce que Boileau a dit du latin :
Le patois dans les mots brave Thonnêteté,
ou la politesse du langage, je ferai remarquer d'abord que cela vient moins de sa na- ture que d3 la condition sorvile oh il est réduit d'ôtre le langage du bas peuple et des gens sans éducation. Toute langue parlée par la populace et par des personnes qui n'ont pis reçu le bionfait de l'éducation a des termes bas et grossiers en circulation, et on n'ignore pas que la langue française elle-même, malgré la dignité et la politesse que lui maintiennent l'éducation et la bonne société, n'a pu se soustraire à la dégradation et aux outrages qu'elle reçoit dans les tavernes et les halles où la dame de ces lieux appelle son enfant mon petit cochon. L'homme du peyplo, quoiqu'il n'ait souvent qu'an peu d'éducation reçue au sein de la famille, n'emploiera pas un terme bas, s'il parle à une personne honorable, sans le faire précéder d'nne formule d'excuse (1). Il n'est pas assez instruit pour employer les périphrases et les euphémismes du langage, mais du moins il a du sentiment, dd la religion, et ces qualités rendent souvent sa parole touchante et affectueuse, ce qui vaut mieux que la plus spirituelle raillerie. Veut-il exprimer la com- passion ou la bienveillance, il ne manquera pas d'employer le mot pecayre ! qui dans sa bouche rend si bien ces sentiments et n'a pas d'équivalent en français. Parle-t-il d'un bienfai- teur, d'un maître respectable qu'il a servi et qui lui était dévoué, il ne le nommera point sans répéter ce pieux souhait des vieux chevaliers chrétiens : Devant Dieu soit son âme.
2. Reprocher au patois de n'avoir pas de règles fixes, c'est faire preuve d'ignorance et montrer qu'on ne le connaît pas. Ce sont les jargons qui n'ont pas de règle fixes et qui sont livrés aux caprices des gueux et des fripons ou des gens complètements igno- rants. Tout homme instruit qui porte son attention sur le patois est au contraire frappi de la régularité avec laquelle il procède, soit dans la formation du pluriel des noms, soit dans la conjugaison de ses verbes, soit dans sa syntaxe, soit enfin dans le jeu de l'accent tonique et le soin de l'harmonie mécanique, comme on le verra au chapitre suivant. Dire que le patois n'a pas des verbes actifs et dos verbes neutres distincts, c'est afïimier le contraire de la vérité. Il a ses diverses classes de verbes comme toutes les langues qui sont ses congénères, il a des verbes actifs qui ne sont jamais neutres et vice Tersâ.
3. Quant à la diversité des patois, c'est un phénomène naturel et inévitable, et on pourrait demander à celui qui s'en étonnerait pourquoi il y avait en Grèce, chez une petite nation et au grand 'siècle littéraire de Périclès, plusieurs dialectes de la plus illustre des langues anciennes et classiques, dont les formes diverses remplissent d'énor- mes glossaires ; pourquoi en Italie, en Espagne et dans la Grande-Bretagne, sans parler d'autres Etats, il y a diversité de langage et des dialectes très dilTérents.
4. On reproche encore au patois de nous gâter le français en nous donnant un accent gascon, une prononciation vicieuse et en nous faisant commettre des incorrections de langage. Ce reproche me paraît le mieux fondé, et c'est le seul qui me ferait désirer l'extinction du patois et son remplacement par le français si la chose était possible.
Mais remarquons d'abord que ce reproche ne saurait être particulier aux patois ; il s'adresse aussi à toute autre langue parlée sur le territoire français, au basque, au breton, à l'allemand, à l'italien. On donne naturellement à la langue que l'on sait le moins ou que l'on apprend en second lieu, l'accent, les sons et les idiotismes de la langue maternelle. Le seul remède à ce mal, c'est d'envoyer de bonne heure les enfants dans do bonnes écoles, de les confier à des personnes qui parlent bien le français, afin qu'ils fassent de bonne heure l'éducation de l'oreille et des organes v.ocaux toujours plus flexibles et plus souples dans le jeune âge.
(1) La formule ordinaire est celle-ci : En porlén per respèe, ce qui équivaut à la locution française : Sauf ootrc respect.
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Dtt reste, on ne doit pas juger du mérite d'un idiome par ceux qui le parlent mal oa qui l'avilissent, mais par le langage dos personnes qui ont une éducation acquise ou naturelle et par le style des bons auteurs qui s'en sont servis pour l'expression de leurs pensées et de leurs sentiments.
CHAPITRE VI.
MfiRITXS DU PATOIS ROCERGIT.
A ce point de vue, le patois rouergat. comme beaucoup d'autres, est une vraie langue ; malgré ses variantes qui sont le résultat de sa position topographique, il en a la régularité et certainement il ne le cède i^ aucune pour la sonorité , l'harmonie, la souplesse, la force et le pittoresque , comme il est facile de le prouver.
\. l\ ne connaît point V(t muet du français qui a l'inconvénient d'affaiblir et d'effacer si souvent les Onales des mots et certaines syllabes intermédiaires ; il le remplace par les sons o, c, t, ou qui sont plus sensibles : ôico, vache, pourlddo, portée, pdyre^ père, remèdi, remède, toumbèrou, ils tombèrent.
Il n'a point les sons aspirés et gutturaux de l'anglais, de l'allemand et de l'espagnol. Il croit avec raison que les procédés les plus simples de la parole sont les meilleurs, que le jeu de la langue et des lèvres peut suffire au langage de l'homme , et que parler n'est ni gazouiller, ni sifller.
Il n'efface point les lettres dans la prononciation, surtout les lettres finales qui marquent le pluriel comme fait le fran^^ais qui a adopté en ce point un système déplorable, plein d'amphibologies et contraire à celui des autres langues anciennes et modernes.
Il aime que les syllabes initiales et celles qui portent l'accent tonique soient fortes et pleines, et, pour les fortifier et donner de l'appui à la voix, il conserve les lettres des radicaux , les remplace ou mémo en ajoute , comme on peut le voir dans le tableau suivant :
PRANÇAIS. PATOIS. LATIN.
pêcher pesquà piscari.
étoile estèlo Stella.
étendre esténdre extendere
oreille oQréillo auricula.
dorer doûr deaurare.
épée espéso spatha, spada.
papillon ....... porpoillou6l . . . papllio.
âme Ârmo anima.
valet boylét, borlét. .
baquet borquét
entrer dintré intrare.
6ter dousté
pétard espetérd
On voit combien ces procédés donnent de fermeté et de sonorité au patois.
2. Le patois préfère les consonnes douces d, </, &, aux consonnes fortes i, c, 9, p, comme on peut le voir par la comparaison des mots latins et patois : salxir^ ttodôul; i<«icore, cogà ; aqua^ aygo ; capra, cdbro .
Il n'aime pas les réunions des consonnes fortes qui offrent des durctjs de prononciation et qui demandent, pour être bien articulées, un effort des organes vocaux, comme dais les mots français : dix-sept septembre, octobre, docteur, adjectif, substantif, exception, accepter, psaume , asthme, schiste, capsule, défroqué, isthme, etc. Dans ces cas , ou il laisse tomber une consonne, ou il la remplace par une plus douce ou plus facile à pro- kHoncer, ou il met une voyelle à la place d'une consonne, ou il déplace la consonne, ou
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il introduit une voyelle euphonique entre deux consonnes, comme dans les exemples sui- vants : dosO'sèt de setémbre , outôabre, odjetif, suHon^tif, ex>eptieû, occelâ , saRme^ arme, sistre, copessûlo, defourcdt, isme, etc.
Pour éviter les hiatus ou rencontre désagréable des voyelles, il a des lettres euphoniques telles que s, n qui se joignent à la préposition o ou a devant une voyelle : os el, on el pour 0 el, à lui ; an aquél, on oquél, à celui-là ; ou bien il élide une voyelle et le plus souvent la voyelle initiale du mot suivant : èro*stât p. èro estât, il avait été ; océ's, oeouô's p. oeé es, ocouô es, on dit aussi ocouôs es, ou bien tout court ocouoy^ c*est. Dans bien des lieux le s final do Tarticle pluriel loiis, los, les, des, pes est remplacé par la voyelle y surtout devant les consonnes douces : Loy hénos dey bioûs, les cornes des bœufs ; pey dets, entre les doigts. L'adjectif possessif pluriel mous, mos, mes, tous, tos, tes, sous , SOS, ses est soumis aux mêmes lois euphoniques : Mouy dets, mes doigts.
Les prépositions de, de, per, par, entre, dans, sus, sur, jous, dessous, se contractent comme en italien avec Tarticle en del, pel, suh, joui, et Ton dit del soulél, du soleil, ptl comi, dans le chemin, sut cap, sur la tête, joui lièch, sous le lit.
Certes un idiome, qui se modifie avec tant de souplesse et se plie si aisément aux lois de l'euphonie, n'est pas indigne de quelque attention. Ajoutons à cet exposé des procédés euphoniques ce qui regarde l'accent qu'on peut appeler l'harmonie du ton.
3. Tous les polysyllabes ont l'accent toniqae , c'est-à-dire une syllabe sur laquelle la voix appuie davantage comme dans presque tbutss les langues (I). Dans le patois l'accent tonique est sur Jes finales masculines et sur les pénultièmes quand la finale est faible. Cet accent y est si bien marqué que , comme en grec , sa place change le sens d'un certain nombre de mots : estrissé , serré, estrisso, il émolto ; bourrôu, bourgeon, bôuri'ou, ils gourment ; costôgno^ châtaigne, costognô, châtaignier ; béni, venir, bcni, viens ; bëses, tu vois , besès, vous voyez ; copelô, prêtre, copèlo, chapelle.
Le patois du Rouergue regardant l'a comme plus long que l'o et par suite les diph- thongues au, ay comne plus lentes que eu, oy, les em[)loie fréquemment dans les syl- labes accentuées, mais dès que l'accent se déplace a devient o, au et ay deviennent oU, oy : nâdo, il nage, nodâ, nager ; pdlo, pello, polejâ, remuer avec la pelle ; paûso, il pose, poûsâ, poser; pâyre, père, poyri, parrain. C'est aussi pour fortifier la syllabe ac- centuée qu'il transforme ou et o en ouo : croutà, voûter, crouôto, voûte ; home, houàme, homme ; esclôp, esclouôp, sabot ; escloupâs, gros sabot.
4. Ce qui prouve la souplesse et ce qui donne tour à tour de la grâce ou de l'ex- pression à une langue, ce sont les diminutifs, les augmentatifs et les fréquentatifs. Or le patois forme les premiers avec autant de grâce et de facilité que l'italien, et quant aux derniers, il en a plus, je crois, qu'aucune langue européenne.
On sait que la langue française , par une sévérité maj entendue, a été dépouillée au XVII° siècle de cette partie de sa richesse première, et qu'on regrette depuis longtemps les mots d'enfantelet, d'agnelet, de rossignolet, d'herbette, de potrette, et autres qui donnent tant de douceur et de grâce aux pièces de nos vieux poètes. Au XVI® siècle en effet nos poètes faisaient un fréquent usage des diminutifs qui expriment davantage la tendresse des sentiments. Qu'on on juge par ce passage de Ronsard , oîi il traduit et imite l'épitaphe faite par un empereur romain,
Animula vagula, blandula, Pallidula, nudula, etc.
Amelette Ronsardeletto, Mignonelette, doucelette. Tu descends là-bas faiblette. Pâle, maigrelette, seulette. Dans le froid royaumô des morts.
Le franr-ais a bien encore un certain nombre de diminutifs, mais ce sont presque tous des termes familiers ou scientifiques, comme : lapereau, levraut, souriceau, cochet,
(1) Le français est Ja kingiie parlée 01*1 l'accent tonique est le moins marqué. La plupart ignorent où il est. Les étrangers remarquent que nous le mettons généx'alcment sur les llnoles masculine* et surics pénultièmes suivies d'un e muet peu sensible.
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barbelet, dindonneau, Monticule, principicule, animalcule , ovule, globule, particule, radicule, oison, oisillon, etc. Le patois a conservé intact l'héritage de nos aïeux. Ainsi, veut-on désigner un gros chien, on dira un cognis, un jeune chien, un codèl , un petit chien, un cognôii, un jeune et petit chien, un codelôu, un tout petit chien, itn cognôutou, tous mots dérivés de co, chien. Pareillement pour désigner un homme qui a une grosse tôte au physique, on dira copis, si Ton veut faire entendre qu'il a mauvaise tôte, on formera le péjoratif coporrâs : oeouâ *s un coporrâs, c'est une mauvaise tôte , un homme tôtu qui ne veut pas entendre raison Les diminutifs copdu» copounèl signifient petite tôte, tôte d'enfant, ou bien tôte légère, tôte de linotte.
Les verbes fréquentatifs qui expriment la répétition ou la continuité d'un acte se termi- nent en ja à l'infinitif et forment une classe nombreuse. Rondoulejâ, rôder ^h et là , trebosst^d, hanter souvent un lieu, orpolejd, chercher à saisir avec les griffes, avec les mains, poutounejd, baisotter, baiser souvent, olotejd ^ \o\i\gcr , voleter, eombejd, gambiller, pintounejd, gobelotter, etc.
On voit, d'après ce qui procède, avec quelle facilité le patois forme ses dérivés. En voici encore des exemples plus frappants. D'une racine, d'un primitif il tire une nom- breuse famille de mots. Cap, tôto, donne naissance non-seulement à des diminutifs et à des augmentatifs, maïs encore à une foule do dérivés et de composés : copAt, tôtu, copèl, chapeau, copelâdo, salut en tirant le chapeau, copelûdo et cobesséno, coussinet rond qu'on met sur la tête, cobessdl, tortillon, et coussin do manœuvres, copc;(i, remuer la tôte, cobonot, chevanne ou meunier, poisson à grosse tôte, cobussdj plonger la tôto la première, cobusséi, cobussôu, cobussddo, provin, copussdt, huppé, copoyssowit , aissette qui a une tôte de mar- teau, capmortèl, caboche, capgrouôs, tôtard, etc.
Il en est de môme du mot pèijro,' pierre, d'où dérivent pegrôu, perron, piédestal, ptyrdl et peyrièyro, carrière, peyriè, maçon, peyrût, pierreux, peyrélo , petite pierre, peyrigdl, pierraille, espeyrâ, épierrer, peyrejd^ chasser à coups de pierres, lapider, pèyro- lebddo^ menhir, peulvan, etc.
Le patois n'a pas moins de facilité pour s'approprier les termes des autres langues que pour en tirer de son sein quand les circonstances l'exigent, quand il faut désigner des objets nouveaux. Si les plus ignorants font subir aux nouveaux venus des altérations ridicules et disent bragamouôrto au lieu de bergomouôto, bergamotte, espèce de poire, fiêbre eotedrâlo p. fièbre cotorrdlOy trespouôrts ol cerbèl p. trospoudrt ol cerbèl, transport au cerveau {trespouôrts voudrait dire trois pourceaux), il n'en est pas moins vrai de dire que notre idiome vulgaire s'annexe aisément les richesses des autres, qu'il n'altère les mots étrangers que conformément à des règles fixes pour leur imprimer son cachet propre et qu'il est facile de les reconnaître sous leur rustique déguisemont. Qui ne reconnaîtrait en effet sous les noms de chorruô , bogôun , locomoutibo , telegrdfo ces créations de l'industrie moderne ? Souvent môme les plus jolis mots il les tire de son sein comme lous erons p, le télégraphe, eronldyre, le surveillant ou le visiteur du télégraphe, derromdyro, la faneuse, lo$ côuflos, la crinoline.
5. Le patois se fait encore remarquer par le pittoresque des images et l'énergie de l'expression. Beaucoup de mots sont pleins de ce qu'on appelle harmonie imitative et s»nt de vraies onomatopées ; beaucoup ont une force singulière pour peindre vivement les choses sans parler des diminutifs, des augmentatifs , des péjoratifs et des fréquentatifs. En voici quelques exemples : Estrigoussd, porter ou traîner avec peine, traîner quelqu'un qui résiste, reluetantem trahere^ me disait un jour le P. Guzzi. S'espotorrd, écarter lés membres pour se mettre bien à l'aise soit devant un bon feu, soit quand on est couché sur le gazon :
De tout moun loung iou m'espotorrdbo. (Peyr.)
Eseolopetd signifie éclater avec bruit et à coups répétés, comme fait quelquefois le ton- nerre. Torrobostdl, sorrobostdl, bruit de choses ou de gens qui tombent avec fracas, roulent ou se traînent.
Dans le ^nre gracieux le patois rivalise arec les langues les mieux cultivées. Qu'on ea juge par ce passage do Peyrot sur la pêche à la ligue :
Quond lou teins sera sdumbre, ossctâts sur l'herbéto, Oi bord d'un pich6l gourp jelorés lo lignélo ; Pcr to paouc que tremâusso, haussoiés rhomec<iu, £t beyrés ol crouquét pindoulâ lou peyssâu.
Comme dans la langue de Virgito les mots penjd, piadauld font dans le patois dos imagos gracieuses. C'est à l'aido de cotio imago qu'un traducteur de quelques fables de La Fontaiiio a pu surpasser son modèle dans la varsion do ce vers :
Je lèle encor ma mère ,
En disant :
Encéro sou penjdt os tctiîus do mo màyro.
Je ne puis terminer cette étude sans faire remarquer quo le patois a beamcoup moias d'homonymes et do paronymes que le français, ce qui conlribuo beaucoup à la clarté d'une langue. Ainsi cliicho no désigne que l'ustensile de cuisine , et eompàno la cloctie d'église. Il en est de même des mots : paie, pàgo, paix, pas, put, pet ; do poids, pet, pois, pfye, poix, pégo ; de sain, so, sortis, saint, sent, sein, se, ceint, cenchdt, cinq, cinq.
Nous croyons avoir suHisammenI répondu aui détracteurs de notre idiome vulgaire. Si on le méprise c'est qu'on ne le connaît pas. Continuons à le venger des attaques do l'ignorance.
CHAPITRE VII.
QUELS SONT LES ItTBUBS KOUERfllTS QUI ONT ËCBIT BX LANGUE VULGAIRE?
La littérature romano a eu ses représentants dans notre Bouergue. On compte parmi OUI, aux Xn° et XIIP siècles, Bertrand de Paris ; Azémar to Nier ou lo Nègre, d'Aubin ; Raymond V, comte do Rodez ; Raymond Jourdain, vicomto do Saint-Antonin, que l'on croit élre le m^me que Raymond Jordan de Cofolen , qui mflurut en 1220; Ilugues Rrunet, natif de Rodez et Dcusdet, de Prades de Levezou, chanoine de Maguelonne, morts tous deux en 12Ï3. Une partie des poésies de ces deux derniers a été publiée par M. Raynouard.
A parlir de cette époque jusqu'au XVIII" siècle, nous ne connaissons pas d'œuvro litté- raire. Mais il est intéressant de noter que le cardinal Geoi^o d'Armagnac, qui fut évéque de Rodez de 1330 h 1560, fit imprimer on patois rouei^nt lo Prône, recueil d'instructions, et Lou Douctrinal de mpienço (1). Dans le XVI' et le XVil" siècles, plusieurs catéchismes furent composés el imprimés en patois. Lo plus intéressant est Lon Catéchisme roii^rgat en versen, dont l'impression fut autorisée à Rodez, le It novembre 16o6, par M. de Patris, ' vicaire général. Ce petit livre, de 187 pages, d'une bonne exécution typographique, el dont lo seul exemplaire à ma connaissance est la propriété de la liibliolhèque du Musée de Rodez, est dédié à Mgr Ilardouin de Péréliie, évéque de Rodez de 16t9 à 166Î, et précepteur de Louis XIV. Les vers sont de huit syllabes et souvent partagés en qua- trains ; mais, comme au temps de Marot, toutes les régies de la prosodie n'y sont point observées, surtout colles qui regardent l'hiatus et la disposition des rimes, d'ailleurs fort exactes. Il s'ouvre par une délicieuse éprtre dédicatoirc, qui mérite, ce nous semble, d'être connue, et qui uous donnera une idée de notre patois ou XVII' siècle.
'sons exactement l'orthographe de l'original, et jusqu'à ce que nous croyoni d'impression. Que le lecteur se rappelle qu'à cette époque l'u était souvent tout après une voyelle, et que l'u et le c s'employaient l'un pour l'autre,
xuiii
« ËPITRE DËDICAIORIO
» A Monseignotr .Vlllvstrissime et Reuerendis, Payre en Dieu, Messire Hadotin (\) de Pere/txe Auesqiie et Seignour de Roudex ^ Précepteur del Rey et son Conseliè d'Estat.
€ MpNSBlGNOVR ,
I Aqueste lîuret es vn efan del Pays de Roiierguo, nascut sous lo costellaciu de voslros armos (%) que nou pod pas sorti del Bres, ny veyre lou jour que per lou regard fauorable d'aquel bel Astre, qu'a Présidât à sa naycenso, et per aquo, Moseignour, son Payre lou porto as pez de vostro grandeur , por ly demanda sa Benedicciu : se vous ly fasez la gracie de lou veyre de bon-vel, el nou crenhero pas laul visto (3) de toutsez lous autrez. El a be paur, Monseigneur, estan habillât à la Roûergasso, et parlan vn patois que vous n'entendez pas, d'éstre rebutât, et cassât hontousomen de vostro salo comme lou Gus de TEuangéli, que sére mes à la taulo del Rey, sans la raubo de las nopços : Mas ace que ly douno couratgé. Monseigneur, ez que la pluspart de las Fedos et dels Aniéls de vestre troupél beleu de la sorte, et que Tamour que vous leur pourtas, et lou zélé qu'auéz p«r lour salut , et per la glorio de Dieu ve* dounara lou désir et Toui^jo de l'entîîndre : car comme las Fedos se rejouyssou d'ausi la veux et Testifle de lour Pastro, atabe lou Pastre pren plaze d'ausi lou bel de sas Fedos, per las counoyso : A quelle espérance. Monseigneur, ly donne Tardiesso de se présenta d*auan vous, ot do vous demanda la Benedicciu et la permissiu d'ana per las Parroquios de vostro Dioceze trouua vostres tramajourals, et lous ajuda à enseigna lous efaus , et lou poble innocent, et ignorent las Crezenços et la Doctrine Crestiano, necessarie per lou salut, et lour apenre qualque Canseu spîritualie, al luec de las prophanes et deshonéstos que lou monde lour enseigne, sans laquallo permissiu, el nou vol pas entrepenre de dubry la bouquo, et son Payre restoufarie, sel éro ton ausard que d'ana pel païs sans vostro licence. Lou deuer et lou respect, Monseigneur, quel a veudatà sous Prélats, l'y commande aquelle soubmissiu quel désire de vous randre en aque&te rencontre, en attenden qu'en de milhoures occasius el vous puésco fa \QyrQ per son obeyssenço, qu'él ez de tout son cor et an toute sinceritat.
» Monseignevr, > Vestre très humble, tres-obeyssen et tres-fidel seruidou,
» F. C. P. R. D. S. F. »
Telle est la signature du modeste catéchiste populaire. Il cache son nom sous dos initiales dent les quatre dernières semblent indiquer un religieux do Saint-François.
Dans l'avertissement qui suit Tépître dédicatoire et qui est intitulé : Très moûts d'auist al leetovr , le bon religieux, après nous avoir dit que les apôtres prêchaient le langage du pays et du peuple qu'ils instruisaient, que le cardinal d'Armagnac fit imprimer en patois les ouvrages que nous avons mentionnés plus haut, nous donne la raison pourquoi il a mis son petit livre en vers.
« Lou liuret ez fach en verses, à couplets de diuersez ers, et mesures, portai que lous efans, et lou poble des Yilatgcz, lous aprengou pus faciiomen, et retengou milhour ; à xnay que d'auegades en trauailhan, ne cantou qualque verset, que lour mate dins l'esprit la pensade del Gel... >
II fait connaître ensuite son système d'orthographe et de prononciation. Voir plus haut le chapitre IIP. Voir une élude plus étendue dans la livraison du mois de janvier 4878 de la Revue des langues romanes.
Le nombre des auteurs récents de nojtre pays qui ont écrit en patois est très restreint. Le plus célèbre est Claude Poyret plus connu sous le nom de prieur de Pradinas, né à Milhau en 1709 et décédé à Pailhas en 4795. Ses œuvres, dent la principale est un poème, intitulé les Quatre saisons eu Géorgiques patoises, sont dans les mains de tous les amateurs
<1> Il doit y avoir là une faate d'impression, il faut Hardooin,
(Q Les anues de Mgr de PéréRxe étaient : d'axur à neuf étoiles d'or, (rois, trois, doux, une.
(9; Ce mot doit être pour \at>ol visto, la mauvaise vue, le mauvais regard. V. Aoou dans le Dictionnaire,
Xtllt
et de beaueoap de paysans de Tarrondissenient de Millau. C'est dans le dialecte du sud-est du département qu'il a écrit ; aussi nulle part on ne le comprend mieux qu'à Nant, berceau de sa famille, parce qu'il emploie assez souvent des termes venus du Languedoc, connus dans son pays et inconnus dans 1^ reste du département, comme caro, arometiôu, rdso, poutountounejâ. Les Géorgiques patoises parurent en 1781. Le Mercure de France en lit un grand éloge et ne reprocha à l'auteur que de s'appesantir un peu trop sur les petits objets. Les connaisseurs lui reprochent d'avoir parfois des constructions et des termes plus français que patois. Malgré ces légères imperfections les Géorgiques patoises ont eu les honneurs de plusieurs traductions, l'une en vers patois du Tara, une autre en vers latins, et une plus récente on vers français faite par M. Peyramalo, frère de M. le curé de Lourdes, et résidant à Bordeaux.
Le bon prieur n'a pas eu seulement des admirateurs et des traducteurs ; il a fait aussi des imitateurs. Les principaux sont : \^ M. Froment, ancien instituteur, qui a fait un petit poème fort intéressant, intitulé Julito et Pierrou, ou Lou comi mal espeyrat del moriaXge ; le sujet est bien conduit et bien développé . 2^ M. Baldous, ancien instituteur aussi, dont les pièces nombreuses sur des sujets divers ont récréé longtemps les amateurs de Millau. Ses vers en général sont d'une excellente facture ; l'esprit et le rhythme poétique bien observé en relèvent le mérite ; il rivalise souvent avec Peyrot qui lui a servi de modèle, comme il est facile de s'en apercevoir. 3** M. de Rudelle, professeur d'anglais, qui a traduit en vers patois plusieurs chants du Paradis perdu de Milton. 4<> M. Cocu- ral, juge de paix à St-Chély.
CHAPITRE Vm.
BBS SYLLABES ET TERMINAISONS PARTICCLIÈBBS AUX NOMS PROPRES DES PATOIS MÉRIDIONAUX.
Quand on compare les noms propres de la région du Midi à ceux de la région du Nord, on trouve souvent une grande différence dans leur physionomie. Beaucoup sont en tout ou partie patois, et souvent la seule inspection d'un nom suffit pour déterminer à quelle région appartient le lieu ou la famille qu'il désigne. Les noms propres de la région de la vieille langue d'oc sont caractérisés par les syllabes del, al, bel, calj gai, «y» ^1 oy, ouy et par les terminaisons y, el, al, ac, etc. Tels sont Delmas, Delpont, Galtier, Belloc, Belmont, Calment, Fraysse , Peyre, Serieys, Boyne , Bouyssou, Mouly, Marty, Gély, Despradels, Maurel, Roussel, Delpal, Rigal, Arnal, dont les homonymes du Nord sont Dumas, Dupont, Gauthier, Beaulieu , Beaumont, Chaumont, Dufrosne, Pierre, Cerisier, Buisson, Moulin, Martin, Gilles, Despréaux, Moreau, Rousseau, Dupieu, Rigaut, Arnauld, etc.
1. Terminaison ac, ag. Cette terminaison revient fréquemment dans les noms propres de la région du Midi. Dans les textes latins du moyen âge elle est allongée des termi- naisons latines us ou wm, -acus, agus, acum, agum. Les étymologistes se sont exercés pour la plupart à lui trouver une origine latine telle que ager, champ, ou aqua, eau. C'était peine perdue puisque cette terminaison était antérieure à l'arrivée des Romains dans les Gaules. Avant la conquête romaine le Rouergue avait des villes aujourd'hui détruites qui s'appelaient Condalemag et Carentomag. Ac ou aq doit être celtique et avoir le sens de lieu habité, habitation, hameau, village. Ce qu'il y a de certain c'est que mach en gallois signifie ville, en irlandais plaine, campagne, que mag en gallois et en irlandais signifie champ, campagne, en celtique ville, habitation. Par cela môme la ter- minaison ac devait être fréquente dans le celtique et s'imposer ainsi à beaucoup de noms propres, comme burq en allemand et en anglais
2. Terminaison ens. La terminaison ens, commune dans la môme région à plusieurs noms propres, comme Rabaslens, Saiut-Gaudens, Montbazens, Goutrens, répond à la terminaison ensis, si commune dans les adjectifs latins^ formés des noms propres de lieu, comme ruthenensis, de Rodez, massilUnsis, de Marseille, parisiensis, de Paris.
3. Terminaison an. Cette terminaison est évidemment d'une formation analogue à la précédente et répond à la terminaison latine anus, comme dans Montauban, Alban, en latin, jV(?n« albamts, Alhmw^ du latin alim^ blanc.
IXXV
4. JoU^ jouls^ jaiix. Les deux premières do ces terminaisons qu^on trouve dans Javols, Marvéjols, Maruéjouls, paraissent être Tabréviation du nom propre latin Julim, Jules, que les latins prononçaient Joulious, en appuyant fortement sur la première syllabe, ce qui explique la chute de la dernière. Quant à la terminaison jaux, variante joux, do Montjaux et autres noms semblables, elle est l'abréviation du latin Jotis, de Jupiter.
CHAPITRE IX.
OBSERVATIONS SUR l'oRTHOGRAPHB DU PATOIS DU R0UBR6UB.
L'orthographe dos patois est encore à fixer. On ne peut guère en cette matière s'ap- puyer sur Tautorité et la pratique des auteurs, parce qu'ils n'ont point de pratique constante ; chacun a écrit le patois à sa fantaisie ; souvent le môme auteur écrit diversement les mêmes mots et les plus autorisés se trompent évidemment dans certains cas, comme quand ils écrivent Vy dièl p. H diH, il lui dit ; ou foràij pas que n'oun béngo au lieu de ou forây pas que noun* béngo, je ne le ferai pas à moins qu'il ne vienne ; li*n dounèt p. lin' dounèt, il lui en donna. Il est évident que dans cette expression lin est pour li ne, puisque en français se dit toujours ne et jamais en, comme ne béne , j'en viens, ne préne, j'en prends ; donc Ve est élidé après n et pas avant, comme dans les locu- tions men\ ten', boun' , noun\ loun\ qui sont pour me ne, te ne, bous ne, nous ne, lour ne, par conséquent l'apostrophe doit suivre le n et non le précéder.
Règle générale. Puisque les lettres n'ont pas toujours le même son dans les divers dialectes ou sous-dialectes patois, il est njcîssiirii d'ôcriro les mots comme ils sonnent à l'oreille dans chaque dialecte afin de conserver à chacun son identité. Ainsi dans notre patois toutes les terminaisons françaises en able, eble, ible, oble, ouble, uble se prononcent apte, eple, iple, ople, ouple, uple, 'tandis que dans d'autres dialectes patois on a conservé le son de ôe; donc il est naturel d'écrire chez nous \i^T p : coupâple, coupable, tr épie, iroublo, etc. Cependant pour ne pas trop défigurer les mots ou ne pas les charger de consonnes à la façon des Allemands nous avons averti que ch a toujours le son de tch ou de tz ; g doux presque les mêmes sons tch , tz selon les lieux , ou un son voisin du français, voilà pourquoi nous laissons le g seul pour que chacun le prononce selon l'usage de son pays.
Comme le patois est un idiome populaire, nous ne croyons pas devoir conserver cer- taines lettres qui indiquent l'origine grecque de certains mots, telles" que Vy entre con- sonnes, ïh après le p, le c, le t, rejetées d'ailleurs par l'italien et l'espagnol. Cependant nous conservons Vh des mots latins ou français comme houôme, homme, hèrbo , herbe , et cela pour plusieurs raisons que l'on peut voir plus loin, et dans le Dictionnaire à l'article H.
C'est au latin que nous avons recours pour fixer l'orthographe de certains mots qu'on trouve écrits de diverses manières : par exemple, ccrieys, cerisier, eibâdo, avoine, oûcel, oiseau , doivent s'écrire par c et non par s à raison de leur provenance ou de leur parenté latine : cerasus, cerisier, cibus, nourriture, avicellus, petit oiseau.
OBSERVATIONS SUR CERTAINES LETTRES.
C, Q. Les verbes qui se terminent à l'infinitif en qua nous les écrivons ainsi, au lieu de ca, soit qu'ils semblent venir du français comme monqud, manquer, soit qu'ils dérivent du latin, comme presiquâ do prœdicare, pour avoir un radical constant. En effet il serait irrégulier d'écrire à certains temps avec c et à d'autres avec q, comme presica, prêcher, presiquèt, il prêcha ; la régulariti du radical exige qu'on écrive partout avec les mêmes lettres, pequâ, pécher, pequèt, il pjcha. Quant aux autres mots de la même famille pecâl, péché, pecodôu, pécheur, il est naturel d'écrire par c. Remarquons que le français suit un pareil procédé, puisqu'il écrit fabriquer et fabricant,
E. La voyelle e n'a en patois que deux sons. L'un, qui est le plus commun, est étranger au français, il est entre Vé fermé du français et l'i; mais il existe dans le breton, dans l'anglais pocket, poche, dans l'alleinaud pocke, pustule, dans l'espagnol lo$
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hombres » les hommes. Le second son de Ve en patois est celui de 1'^ ouvert français : copèly chapeau, foguèt, il fit, esprès, exprès, mesliè, mitier, cosèlo, pile.
G. J. Ddas les terminaisons en ga, com:n3 nejl, noyer, nous ne faisons pas suivre le ^ de u puisque cet u n'a pas là de raison d'être, non plus que dans léngo, langue, lengdge, langage, mais toutes les fois que g doit conserver le son dur devant e et i Yu intervient dans ce but : ainsi Ton écrira se neguèt, il se noya, se longui, s'ennuyer.
Il arrive souvent en français qu'on met un e euphonique après le g devant a, o, «, pour lui donner le son de j comme dans il mangea, geôlier, gageure, qu'on prononce il manja, jolier, gajeure. En patois, cet e euphonique prêterait trop à l'équivoque, et nous croyons mieux faire d'employer le ; en pareil cas et d'écrire jolâdo, gelée, se joynd, se gêner, à l'imitation des Latins qui perji itaieat facilamant cjs doux consonnes et écrivaient magis et majus.
H. Cetttî lettre est très ancienne dais \?. patois et y était autrefois d'un usage très fréquent. On s'en servait pour mouiller le / et le n ; senhor, seigneur , maître ; senhâda, signe; tenh, teinture ; mealka, maille, monnaie ; pelha, chiffon ; s'ajenulhar, s'agenouil- ler ; vielh, vieux (Archives de Montpellier). Elle remplit encore aujourd'hui lo même rôle dans beaucoup de nos noms propres : Cadilhic, Ginolhac, GoUahac, Bigonhh, de Saunhae, etc. Il est donc utile et même nécessaire de le conserver 4° pour ne pas défigurer les mots, comme houéme, homme, hèrbo, herbe ; pour mouiller le l quand il ne peut pas être précédé d'un t, comme dans bouôrlhe, borgne, ou quand Vi tromperait le lecteur pour la prononciation : ainsi on no peut pas écrire guillo p. gâlho, aiguille, puisqu'on prononce gûlho, et que guillo signifie autre choso ; on écrira pareillement ogulhou, aiguil- lon, gulhddo, aiguillade, et aiguillée.
Cependant l'usage de Vh étant devenu moins fréquent pour mouiller le Z et le n nous la remplaçons gônéralement devant l par i et devant n par g, comme dans péillo, chiffon, gognâ, gagner.
L. Les deux II se prononcent toujours ou ils sont mouillés. Or ils sont mouillés après un i, excepté dans les adjectifs en ille et leurs dérivés, comme focille, facile, focillomén, facilement , et dans }xn petit nombre de mots comme brlllos , riz de veau, coromillo, calville, et chanterelle. Cillât a, selon les pays, les II mouillés ou non mouillés.
Q. Cette consonne est toujours suivie d'un u avec lequel elle fait corps, comme en français, en sorte que qua, que, qui, quo, quu, sonnent comme ka, ke, ki, ko, ku : quénque, oncle.
T. Cette lettre a les mêmes sons qu'en français et se prononce tantôt dur et tantôt avec le son de c doux comme dans situotieû, situation, golontiè, prononcez golonttiè, églantier.
Le t doit-il terminer les adverbes, les substantifs, les participes présents en en qui ont cette consonne en français ? Non, car la liaison se fait invariablement par n, ce qui accuse l'absence d'une consonne qui ne sonne jamais, pas même dans le cas de liaison ; si elle reparaît dans quelques dérivés comme dans bentâsy grand vent, c'est par euphonie, mais cela ne prouve pas son existence au radical : ainsi nous écrivons ben, vent, tolén, faim, en benguén, en venant, soubén, souvent. Il n'y a d'exception que pour quelques adverbes monosyllabes tels que tont, tant, tant, ount^ oh, dount, d'oh ; encore dans ces mots on fait la liaison tantôt par n tantôt par t^ ce qui assure une double orthographei ainsi l'on dira tont oymdt, tont hoït, ou bien ton oijmit, ton ho'lt, tant aimé, tant haï.
Cependant le t doit être maintenu dans les adjectifs en ent soit parce qu'il sonne ordinairement, soit parce que la forme féminine en accuse la présence au radical, commô sobént, sobénto^ savant, sa\ULnte» countént, counténto^ content, contente.
Le t doit-il terminer le masculin dos participes et des adjectifs en at, it, ut, comme ponât, volé, roustlt, rôti, mut, muet, ou bien doit-on écrire par le d qui paraît au féffli' nin p'onddo, roustido, mûdo î Nous écrivons le masculin par t \^ parce que l'oreille en accuse la présence ; 2° parce que la pratique des auteurs CvSt constante ; S® parce que les radicaux latins l'indiquent, amatus, aymdt, aimé, punitus , punit, puni, mutus, mu/, muet ; 4^ parce que le patois aime les consonnes fortes à la fin des mots : ac, oc, ap, op, at, ot, etc. Mais au féminin de ces mots et dans leurs dérivés la consonne forte est le plus souvent remplacée par une douce, comme en français vif, vive, croix, eroi^^^
mgHf, moUvâr, accroc, accrocher. C*©st ainsi quo prai, pré, donne prâdo, prairie, oprodi, mettre en pré ; porét, muraille, poreddyre, faiseur de murailles ; cap, tête, cobussi, plonger la tète la première ; omlc, ami, omigo, amie. Par conséquent et par analogie il est naturel d'écrire pouot, pot, il peut, de poudé, pouvoir ; sap, il sait, de aabé, sobé, savoir.
Dans certaines expressions le t final , comme le p prennent par attraction euphonique le son de la lettre suivante : blatnégre, blannégre, blé noir, capmortèl, cammortèl, caboche.
U. Cette lettre ne peut être employée pour ou qu'avec un signe particulier, afin d'éviter la confusion ; nous préférons pour signe le - à un accent, parce que l'accent aigu est le plus propre à marquer l'accent tonique ou appui de la voix, et que l'accent grave est nécessaire pour distinguer 1'^ ouvert de Ve patois qui n'a besoin d'aucun accent. Le tréma, employé en allemand sur l'u pour lui maintenir le son français et le distinguer de Vu qui sonne ou, ne pouvait pas nous servir utilement , puisqu'il jouo en patois le même rôle qu'en français et en grec, c'est-à-dire qu'il empêche la voyelle qu'il surmonte de faire dîphthongue avec la précédente : hol, haïr, p&is, pays. Les mots lur. Luis, juntd, etc., ont pour variantes lour, Louis, jountd; donc il faut les écrire différemment selon le dialecte auquel ils appartiennent et en laissant à l'u son son naturel.
Si nous employons û dans le sens de ou, c'est i^ parce que ce son de ou lui a été donné longtemps dans le patois ancien quand il suivait d'autres voyelles ; 29 parce que dans bien des mots il diminue pour les diphthongues et les triphthongues une accumu- lation de voyelles qui produit à l'œil le plus mauvais effet et déroute le lecteur. Quoi de plus disgracieux que cet entassement de voyelles uoou, ioou, œuf, et comment croire qu'il faut les prononcer toutes par une seule émission de voixf N'est-il pas évident que Forthographe que nous proposons est de beaucoup préférable : uoû, ioû. La triphthongue teû a un triple son, t-e-ou , comme Dieûs, Dieu ; mais quoi de plus désagréable que l'accumulation de quatre voyelles Dieous ? Et si on écrit Dious on ne rend pas le son patois de cette syllabe.
T. Cette voyelle, qui représente l't faible et final en anglais, qui en français jusqu'au XVnP siècle terminait les noms communs roy, moy, eutoy, aussi bien qu'elle termine encore les noms propres dont l'orthographe est plus constante, comme Marty, Mouly, de Montéty^ Gauchy, Gély^ nous paratt la plus propre à composer les diphthongues patoises ^y^ ^t o^t ouy, uy inconnues ou à peu près au français et représentées en italien par ni, et, ot, en espagnol tant6t par ai, ci, oi, tantôt par ay, cy, oy. C'est d'ailleurs l'or- thographe la plus ancienne et la plus constante parmi les patois méridionaux , comme on peut le voir par les archives du moyen âge : caysette , cassette , caysson , caisson » eayrd, carreau de fer, peyrada, jetée, chaussée, porquieyra porcherie. (Archives de Mont- pellier.) Une autre raison qui nous l'a fait adopter, c'est que cette orthographe persiste dans les noms propres surtout des régions méridionales : Rayonne , Bayard , Biscaye , Boyne, Fraysse, Vaysse, Peyrot, Bouyssou, etc. Aussi nous ne comprenons pas que le Comité de Montpellier, formé pour l'étude des Langues romanes, ait rejeté cette ortho- graphe, si ancienne dans le pays, .et propre au pays, pour en adopter une qui est étran- gère puisqu'elle est italienne, et qui ne peut contribuer qu'à l'équivoque des sons dans un pays oh l'on parle français et oh les diphthongues ai, ei, oi ont un son tout diffé- rent. Le français a aujourd'hui une tendance regrettable à remplacer dans les noms pro- pres l'y par l't. Or en changeant l'orthographe on change les sons et on défigure les mots. La langue française d'ailleurs n'a aucune autre ressource orthographique pour figurer les diphthongues en question. Ai, par exemple, figurera toujours un é, ou un è, et non notre diphthongue ay. Si dans le nom propre Vaysse, on remplace Vy, par t, on aura dans la prononciation tout autre chose que ce que Ton voulait ; si l'on met un ï , au lieu d'un dissyllabe Vays-se, on a un mot tout différent composé de trois syllabes Va-is-se, Qu'on nous laisse donc notre y, et qu'on ne dénature pas nos noms propres : Entraygues, Chaudes-Aygues, etc. Entraigues des raffinés devient ridicule pour nous. Pourquoi dé- pouiller les noms de notre région de leur physionomie propre, de l'air de famille qu'ils possèdent depuis des siècles? Ne sont-ils pas notre propriété ? N'avons-nous pas le droit de les écrire et de les proaoneeir coname nos pères ? Ce n'est pas qu'il faille urger ce dr9it, et reculer jusqu'aux défaut» de» vieux gascon» ; mais un cas particulier, un son
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du pays n'empêohe pds d'être de la grande famille française et môme des français polis, comme on disait au XVII® siècle.
DU REDOUBLEMENT DBS CONSONNES.
Le français redouble ordinairement la consonne dans les terminaisons en alte, elle, elle, omme, onne, oite^ etc., comme homme, nouvelle, trompette, patte, personne, hotte, etc. Le patois dans les mots correspondants et dans les analogues n*a aucune raison de les redoubler puisque jamais on ne prononce qu'une consonne , et que rien n'accuse la présence de deux : ainsi il est naturel d'écrire prffo , noubèlo, home, houôme, troiimptto, perséuno, etc.
Quant aux redoublements qui viennent au français du latin, ils sont de deux sortes et résultent ou de la constitution intime des mots ou de l'adjonction d'une préposition. Tels sont dans le premier cas mettre, du latin mittere , horrible, du latin horribilis, et dans le second cas appeler, du latin appellare, formé de ad pellere, attendre, du latin attendere, formé de ad tendere, accourir, du latin accurrere, fait de ad currere. Le français étant une langue savante fait bien de conserver généralement l'orthographe latine ; mais le patois ne peut pas avoir de pareilles prétentions ; c'est un idiome simple et fait pour le peuple, et il est naturel do rapprocher le plus possible l'orthographe de la pronon- ciation ; c'est ce qu'a fait l'espagnol : il dit vaca, vache, malgré la double consonne du latin vacca, ofender, oficio, apetito, quoique l'orthographe latine soit offendere, offlcium, appetitus. Si l'italien en pareils cas conserve les doubles lettres, c'est qu'il les prononce avec scrupule. Concluons donc qu'en patois il n'y a lieu de doubler les consonnes que lorsque la prononciation en révèle la présence, comme dans emmolinâ envenimer, emmosquâ, ensorceler, pellebâ, enlever, soulever, ennoyrâ, élever, orronquâ, arracher, occidén , accident. Nous écrirons donc oloungd , alonger ou allonger, ocibodâ, donner l'avoine, omonâ, cueillir avec la main, d'autant plus que dans bien des cas l'o est une simple prostèse ; il est ajouté par une sorte d'habitude comme dans opord, défendre, otorl, tarir, qui sont pour pord^ torL
DES ACCENTS.
Nous avons déjà dit que le patois a un accent tonique très marqué sur chaque polysyl- labe, c'est à dire un appui de la voix ou môme souvent une élévation du ton, comme dans presque toutes les langues, et maintes fois la place de l'accent change le sens des mots, comme dans béndres^ vendredi, bendrés, vous viendrez, sera, il sera, séro^ soir. Il est donc nécessaire de marquer cet accent au moins dans un glossaire comme on Ta fait pour d'autres langues. Et puisque le patois n'a pas d'^ fermé à la façon du français et que par suite l'accent aigu n'a pas à remplir la môme fonction que dans notre langue nationale , nous l'emploierons comme dans les livres liturgiques pour marquer l'accent tonique. Porél, paire, soulél, soleil, beséngue, mésange, estrissô, serré, estrisso, il émette, copelô, prêtre. Quand une diphthongue porte l'accent nous le marquons sur la première voyelle dy, éy, 6y, ôuy, éou, excepté oud, oué, oui, oûô ^ iâ , iéy iô , iôu, parce que la voyelle accentuée est beaucoup plus saillante que les autres , excepté encore Vu eupho- nique ou appartenant au q ou au g, comme dans guido, guide.
Si un polysyllabe est suivi d'un enclitique , c'est-à-dire d'un monosyllabe qui lui soit uni par le sens , le polysyllabe perd son accent qui passe sur l'enclitique : prenès-lô, prenez-la ; fosès-âu, faites-le ; benès-y, venez-y ; biras-bôus, tournez-vous.
Vè ouvert ayant besoin d'être distingué de Ve patois , nous le marquons toujours de l'accent grave : copèlo, chapelle ; béni, viens ; guèrlhe, tordu ; entendèn, nous entendons ; pèyro, pierre ; tous pès, les pieds ; esprès, exprès ; lou boues, le bois ; hitmèn, humain. Cet è ouvert était marqué anciennement par l'accent aigu, plus tard par l'accent grave ; il est évident que c'est le rôle naturel de ce dernier. Si le polysyllabe marqué d'un accent grave n'a pas d'accent aigu, cela prouve que Ve porte l'accent tonique, qui, en ce cas, n'a pas besoin d'un autre signe pour accuser sa présence, comme dans les mots précé- dents. Mais si l'accent tonique ne coïncide pas avec Vè ouvert d'un mot, l'accent aigu
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intervient poar Tindiquer, comme dans biiillûnt vieillesse, fièyrdlf emplacement pour foire, /ièrét, un peu fler.
La présence de Taccent aigu sur un i ou sur un u suivis d'une autre voyelle indique que ces voyelles no forment pas diphthongue et dispense de remploi du tréma. Ainsi dio8, dis, se prononce en deux syllabes di-os, do môme cuo, queue, pûo, pointe, tandis que puotf dindon est monosyllabe. Pobio, pavio, se prononce diffjremment selon les pays, ou en trois syllabes avec Taccent sur la pénultième pobio, ou en deux avec l'accent sur la première pôbio.
Lorsqu'un polysyllabe renferme une diphtongue avec ti, s'il n'y a pas d'autre accent, l'accent tonique est sur cette même syllabe comme aûbre^ arbre, bieUre, boire, notieû^ nation, lensoû, drap de lit. Si l'accent tonique est sur une autre syllabe, il est marqué par l'accent aigu et par l'accent grave, comme dans oûtom^ automne, paûrôu, petit pau- vre, oûcèl^ oiseau.
CHAPITRE X.
RÈGLES 6RÀMMATIGALB8 PARTICULIÈRES AU PATOIS.
Le patois suit la construction directe du français , et a peu d'inversions. Cependant lorsque la phrase est interrogative et que le sujet du verbe est un substantif, celui-ci se met après le verbe comme en anglais. Ainsi, pour traduire : votre père est-il venu ? on dira : es bengût bouéstre pâyre ? tournure préférable à celle du français qui est obligé d'avoir recours à un pléonasme. Si le sujet est un pronom , le ton seul marque l'interrogation : ploû ? pleut-il ?
De l'article.
L'article, qui est lou, le, lo, la, la, lotiSy los, las, les, tient souvent lieu du pronom indicatif celui : lou que béses, celui que tu vois ; lou qxCes toumbdl, celui qui est tombé , quoiqu'on puisse dire oquél que béses, oquél qu'es toumbât.
Dans certaines localités l'article se met devant les prénoms féminins , et môme , mais plus rarement, devant les prénoms masculins : lo Cotln^ Catherine ; lo Morgôt, Marguerite, Lou Pierres, Pierre.
Il se met aussi et constamment devant le nom propre d'un homme avec terminaison féminine pour désigner sa femme ; lo Bigourôuso^ la femme Vigoureux , lo Bounéto , la femme Bonnet.
Des noms.
Le pluriel des noms se forme comme en français par l'addition de s, excepté dans les cas suivants :
4® Lorsqu'un substantif se termine par s au singulier, on forme le pluriel en ajoutant ses : nas , nez, nasses, des nez, debds, bas, debisses, des bas; colcidis , gros chardon, colcidàsses, de gros chardons.
2<» Lorsque le nom substantif ou adjectif se termine au singulier en ous, le pluriol prend es : pous, pauses, puits, nous, nœud, nôuses, des nœuds, jolôus, jaloux, jolôuses,
3° Lorsque le nom se termine au singulier par ch on peut ajouter au pluriel es ou simplement s ; mais dans ce dernier cas chs sonne comme ts : puèck, colline, puèchs, puèches ; odréch, adroit, odréchs, odréches,
4** Lorsque le singulier se termine par se, st, le pluriel se forme en ajoutant es : bouosc, bois, forêt, bouôsces ; goust, goût, gôustes.
Des diminutifs et des augmentatifs.
Les diminutifs se forment le plus souvent en ajoutant au singulier la terminaison ou si le mot se termine par une consonne : copèt, chapeau, copelôu ; desquet, petite corbeille, desquetéu. S'il se termine par une voyelle faible, celte voyelle disparaît ou est suivie d'une consonne euphonique : aUbre, arbre, oûbréu, arbrisseau ; dse, âne, osenôu , ânon. Si le mot se termine par iè, io, on ajoute yrou : popiè, papier, popièyrdu, popioyràu,
petit papier. S'il se termine par un n, on ajoute tou : efén enfant, êfonUtu, enfantelel. Si le mot so termine par «, on ajoute sou : nan, nez, nossôu, petit nex ; debds^ bas, debosséu.
li est à remarquer que si la voyelle accentuée est longue et formée d'une diphthongae ou d'un a, elle s'abrège par le déplacement de l'accent tonique sur ou : ouo derient ou, au devient oU, a devient o : esclouôp, sabot, escloupdu, petit sabot ; paûre, pauvre, poûréu, petit pauvre ; cdto, chatte, cotôu, chaton ; rat, rat, rotéu, souriceau. Les termi- naisons al, el, èl se mouillent souvent : gai, coq, goilléa, cochet ; soulél , soleil , sour leillôu, petit soleil; uèl, œil, wiAdw, petit œil. Cependant pal, pieu. Mi polséu ; destrdl, hache, destrolou, hachereau, etc.
Les terminaisons èl, il, Ulo, et, éto, ot^ ôto, sont souvent diminutives : oboucdt, avocat, oboucodèl, jeune avocat ; eômbro, chambre, combril, cabinet ; rdmo, ramée, romillo, petite ramée ; pôumpo, espèce de pain, poumpét^ petit pain ; soûl, seul, soulét, seulet ; grond, grand, grondét, grandelet ; mo, main, monéto^ petite main ; fédo, brebis, fedéto, fedàto, petite brebis ; fénno, femme, fennéto, fennôto , femmelette ; hou^til , maison, houstolét, honstalét, maisonnette.
On peut redoubler et môme tripler un diminutif en ajoutant nèl, neléu à la terminaison ou, et lou à la terminaison U : houmenoiinèt, petit homme, efontounèl, mioche, poupon, jeune enfant, houmenouneléu, nain, pygmée, soupçon d'homme ; pountil, ponceau, poun- tilléu, petit ponceau.
Les augmentatifs et les péjoratifs se forment en as, et âsso pour le féminin, quelquefois en, orrrfs, gnas : cap, tête, copds, grosse tête, coporrds, mauvaise tête, fénno, femme, fenndsso, grosse femme, dondon, eo, chien, cognds, gros chien , pouore, porc, pourcognds, gros cochon. Les noms féminins peuvent prendre aussi la terminaison as, et alors ils sont masculins et franchements péjoratifs : oquél fennds, cette grosse et vilaine femme.
Pronoms personnels.
Les pronoms personnels qui sont ieU, je, me, mi, me, moi ; tu, tus, tu, te, ti, te, toi ; el, il, élo, elle. H, lui, à lui ; lou, le, lo, la, la, et à\i pluriel naUlres, ndltres, ndntres, — os, nous (mot à mot nous autres), pour le régime nous, nous; baûtres, bdltres, — os, vous, pour le régime bous, vous ; éles, élses, ils, élos, elles, pour le régime lous, los, las, les, ne s'expri- ment pas comme sujets, exepté pour marquer opposition ou pour insister, comme en latin : ie^ et tu nous pourtôn pla, ego et tu valemus.
Verbes,
Les verbes se conjuguent comme en français, mais sans les pronoms sujets. Les verbes pronominaux seuls se conjuguent avec un pronom, comme se penjd, se pendre.
Le verbe auxiliaire èstre, èsse, être, se sert à lui-môme d'auxiliaire : loy sou estât, j*y ai été. Il en est de môme de l'auxiliaire avoir, obure, obère, obi : ou ay obût, je l'ai
eu. Il n'y a en patois que trois conjugaisons pour les verbes réguliers , caractérisées par
la voyelle finale de l'infinitif.
La première conjugaison se termine en a et répond à la première conjugaison latine are et à- la première du français en er : oymd, amare, aimer, pourtd, portare, porter.
La deuxième conjugaison se termine en c à l'infinitif, et répond à la troisième conjugaison latine en ère et à la 3* et à la i* du français en oir et en re : béndre, tendere, vendre; reçaûpre, recipere, recevoir.
La troisième finit en i et répond à la 4* du latin en ire et à la seconde du français en ir : nouyri, nourri, nutrire, nourrir; oûsif audire, ouïr, entendre.
Du participe passé.
Le participe passé s'accorde toujours avec son régime quand ce régime le précède , et quand ce régime le suit la plupart du temps on fait aussi l'accord : los péumos qu'ay omonddos, les pommes que j'ai cueillies avec la main ; ay fdcho lo pregdrio, j'ai fait la prière ; lo eolôu qu'o fdcho, la chaleur qu'il a fait ; Dieûs o be quitddo so glôrio (Canl. 1770),
Diètt a bien qàiiié sa gloire ; o loumbdt ou o êoufhbido lo porét, il a démoli, ou renversé la muraille.
Il est bon de remarquer que dans le vieux français on faisait aussi accorder souvent le participe passé avec son régime placé après lui, comme on le voit dans les vieux auteurs, et même dans les premières pièces du «:rand Corneille. C'est rAcadémie française qui a fixé les règles qu'on a suivies depuis touchant Taccord des participes.
Il va sans dire que le participe passé des verbes neutres et pronominaux s'accorde avec tenr dujet exprimé ou sous^ntendu : es toumbddo^ elle est tombée ; 8$ $ou tudts , ils se sont tués.
Rapport de propriété.
Le rapport de propriété se marque en patois par la préposition de et non par à comme en français : de qutû es oquél comp ? à qui est ce champ ? de quai sios^tu ? (dira-t-on à un enfant) quel est ton père f quelle est ta famille ? On dit pareillement pour un enfant : Touinô de Jouôrdy, Antoine, fils de George. Cette tournure est grecque.
Emploi de que.
Que est & la fois pronom relatif, sujet , régime et conjonction. Ces fonctions multiples peuvent quelquefois donner lieu à une équivoque, comme dans cette phrase : lou àuoû que tuèt Pèyre, qui signifie, à la fois, le bœuf qui tua Pierre, et le bœuf que Pierre tua. Le contexte lève l'équivoque.
Que conjonctif est d'un très fréquent usage :put qu'empouysôuno, il sent si mauvais qu'il empeste ; n'djos pas poU qu'es pas missent , n'aie pas peur, il n'est pas méchant ; daysso-iôu que te goforié, laisse-le tranquille, car il te mordrait.
Que signifie comme, ce que : moussu que l'ouon dis, monsieur, comme on doit dire ; fo de truèjos qu'ouon opèlo, il fait ce qu'on appelle des truies, il laisse maladroitement des vides en labourant. Si, comme le dit Noël dans son dictionnaire latin le mot porca avait cette signification, cette phrase se rendrait ainsi en latin : facit porcas, ut aiunt.
Que signifie encore où, dans : ocoud*s un mestiè que se gôgno pas giyre, c'est un métier oh l'on ne gagne pas beaucoup.
Si l'on ^'étonnait de l'emploi si fréquent et quasi abusif de que en patois, nous ferions remarquer qu'en français, surtout dans le vieux français, l'emploi de que n'est guère moins fréquent , et qu'il est quelquefois difficile à expliquer, comme dans les phrases suivantes : Si j'étais que de vous, tournure académique du XVII* siècle , pour dire si j'étds à votre place ; les dix ans gue j'ai vécu ; c'est à vous que je parle ; c'est là que je veux en venir.
Que ne s'emploie pas , comme en français, dans le comparatif d'égalité ; on emploie I côumo, comme, locution anglaise et allemande : es to nègre c&umo lou cremdl, il est aussi ! noir que la crémaillère. Côumo s'emploie encore dans le comparatif d'infériorité avec I négation ; lou mie^ deddl es pas to poulit côumo lou tieû , mon dé à coudre n'est pas I aussi joli que le tien.
I CHAPITRE XI.
I BSS ÉTTHOLOeiBS; DKS MOTS RACIRBS.
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Puisque le patois, aussi bien que le breton, est le survivant du gaulois ou celtique, et que par suite il est aussi ancien ou même plus ancien que le latin classique , qui succéda au latin rustique ou patois latin, nous aurions tort de bire venir la plupart de ses mots du latin de Rome. Pour qu'une langue dérive d'une autre, il faut que celle-ci ait persisté ; or nous n'avons aucune preuve que le latin rustique soit plus ancien que le celtique ; le contraire paraît démontré par l'histoire , puisque les Celtes ou Gaulois sont plus anciens comme peuple que les Romains et les Latins. Si nous citons fréquemment
ZLIl
les mots latins, italiens, espagnols, etc., semblables aux nôtres, c'est pour montrer la parent de toutes ces langues. Néanmoins comme le christianisme à son berceau, après la l&i hébraïque s'est servi spécialement, en Europe, du grec et du latin, les termes de la h religieuse nous viennent de cette double source ; il en est de môme des quelques mo^ scientifiques ou littéraires introduits dans le patois par l'intermédiaire du français. Sei lement à l'exemple de l'italien et de l'espagnol nous n'avons pas maintenu les let caractéristiques du grec, telles qneph, th, y dont les savants seuls connaissent la raisoi parce que le patois est un idiome simple et populaire et que son orthographe doit m le même caractère de simplicité. Maint novateur a proposé pour la langue française môme réforme afin de rendre la connaissance de l'orthographe plus accessible au vulgaii Mais l'Académie et les bons écrivains ont toujours repoussé ces innovations afin de coi server à la langue nationale ses titres d'honneur , la livrée scientifique et la dignité conviennent à l'instrument officiel et littéraire d'un grand peuple. Les caractères étymol giques sont, dit un auteur, « les titres de noblesse d'un mot : il a des ancêtres, origine respectable; il n'est point un aventurier, ni le fils d'une aventure {i). » Le pat ne pouvant prétendre à une brillante destinée, son honneur consiste dans son ancieDQ( et dans la conservation de ses vieux termes que le moyen âge avait latinisés , tels frappa, frâpo, collier de laine laissé aux brebis que l'on tond, rispa, Hspo, pelle à ft fraus, fraU, terre inculte couverte de broussailles, etc. parce que le latin était la lanj de tous les hommes de plume, et qui, conservés au sein des campagnes, ont surréca toutes les invasions, à toutes les révolutions, et à la langue même du peuple roi.
Mais non seulement pour qu'un mot puisse dériver d'un autre appartenant à une lat étrangère, il faut que cette langue ait préexisté, ou du moins coexisté, et que dans cas le peuple de la première ait reçu du peuple de la seconde ce qui lui manquait fait de doctrine, d'art, de science, de culture, mais encore il faut qu'il y ait entre mots racines et les mots dérivés ou empruntés un double rapport, un lapport de si et un rapport de son ou d'orthographe. C'est ainsi qu'on est autorisé à rapporter à langue grecque le mot français chirurgien et à dire qu'il est formé du mot x"/»» °^""» îpyov, ouvrage, travail, parce que la spécialité du chirurgien consiste h faire sur les coJ malades des opérations qui exigent une grande dextérité de la main.
Il faut remarquer que le patois dans la dérivation et la formation des mots prèi en général les consonnes douces aux consonnes fortes, et que selon les lieux on mute le l avec le r et réciproquement. C'est ainsi que cap formera cobtissét, cob\ cohessôno ; duc, dugonèl ; bruc, brugâs ; qu'on dit également celièys et cerièys, ceriaîj àulo et ôuro, marmite ; que par conséquent pour avoir l'explication ou la racine de Y\ pression biaritrCf il faut décomposer le mot et lire bi a litre, vin (vendu) par lil que couydejâ est le môme que couyr^'â, coudoyer, parce qu'en certains lieux le d mis pour le r ; ({M'oûotejà est une variante de olotejâ, voltiger, parce que où est la varii montagnarde de ol.
Le patois a en lui-môme la plupart des racines de ses mots. Le défaut de connaisse ou de réflexion empêche de le reconnaître. Prenons un exemple. Le mot tessôu si( pourceau, jeune cochon ; mais ce mot est un diminutif par sa forme et par l'idée exprime ; il dérive de tays qui veut dire blaireau et qui se dit en italien lasso, espagnol t^'on, et en latin, d'après Noël, ta^o, taisson, blaireau ; or, Quicherat dans son dictionnaire, ne mentionne pas taxo, donne, comme mot gaulois, taxoninu», taisson, de blaireau, et taûoea, autre mot gaulois, qui, d'après saint Isidore, signifie 11 Du rapprochement de tous ces mots nous sommes en droit de conclure 4° que le patois tessôu, et ses semblables tassa en italien , tejon en espagnol , taxo en latin gaulois et dérivent de tays qui d'ailleurs pouvait avoir des variantes, aujourd'hui perdi 2<> que tessôu, a signifié, par catachrèse, jeune cochon, c'est à dire un pourceau n'a encore que la taille du taisson, et cette dernière signification doit être très anciel puisque taxea, dérivé de taxo, signifiait anciennement lard ou graisse de porc.
(1; L'abbé Postel.
tttii
Afin de ne pas tomber dans dos méprises tcgrettables, il faut bien faire attention au
ïDs des mots et à leur nature. M. Granier de Cassagnac nous paraît s'être mépris à
>pos du verbe patois /".... en lui attribuant la signification de itre, et surtout en croyant
reconnaître dans d'anciennes inscriptions, telles que colle-ci qui est une invocation à
ipiler : die Grabotie, futu fos, qu'il traduit : dieu Grabovius, fous-toi favorable, et cette
re.Ferfa Marlia, fuiuto faner, qu'il rend ainsi : Ferfa Martia, foutez-vous favorable!!
fest-ce pas le cas de dire qu'une telle traduction est beaucoup trop libre ? Mais la
lure du verbe f.... qui est actif ou pronominal ne permot pas de le confondre avec un
ïthe essentiellement neutre. De plus le parfait fui et le futur futurus du verbe latin
suffisaient pour montrer à l'auteur que dans les inscriptions susdites futu et fututo
sont autre chose que l'impératif depuis longtemps inusité d'un verbe qui signifiait être
auquel le latin esse a emprunté deux temps, comme il est arrivé plus d'une fois pour
verbes irréguliers du latin et du grec qui ont pris leur temps de plusieurs primitifs
férenfs.
FIN BB L INTRODUCTION.
24 mai 487S.
k.
DICTIONNAIRE
PATOTS-FRANCAiS
3
A
AC
A, première lettre de Talphabet. L'a est beaucoup plus fréquent dans le patois du sad-est, sud et sud-ouest du département que dans le langage du centre et du nord où il est remplacé par Vo et assez souvent, au nord, par Ve, comme dans les mots campdno, compôno, cloche ; bldnco, blônco, blanche ; franc, fronc , franc ; aymd, oymâ, eymd, aimer. Dans cer- taines localités même du midi on dit également abari, ohori ; afrabd, ofrobd ; abise, obise. Il faut donc chercher par o les mots qu'on ne trouverait pas par la lettre a.
ABARIGNE, v. bbl^sso.
ABARISCO, V. oBOLfsco.
ABASTI, V. n. arch Suffire. (R. esp. bastar, it. bastare, du bret. basta, m. s.)
ABATAILLÂ, M. comme dbbâtre.
ABATAILLIYRE, V. DBBOTÈYRB.
ABACTI, comme ESTOBONf. ABÉ, comme obûrb.
ABÈ, V. OBÂT.
ABELÂN, V. OHELÔifC. ABELANIÈYRO, v. oOgloniètro. ABELANO, v. oûglôno. ABEOURÀ, V. OBiEÛRÀ.
ABÉOURE, V. BIKÛRÀ6E.
ABLAYÂ, V. a. Gâter, mal faire un ouvrage. Vill. V. gostJL ; donna. — Abîmer, meurtrir, défigurer. V. oblosiJL. — Ravager. V. ofrob.L
X.BOU, JLboul, gâbou. Mont, adj. des SI g. Mauvais. (V. lang. avals, m. s. celt. aball, dé- faut.)
Prov. Que o un jour de bou
Lous 0 pas toutes gdbous.
< Qui a un jour bon ne les a pas tous mau- vais. » — Apre, mauvais au goût.
ABROUQUÂ, V. roma; boulqdâ.
AC. Beaucoup de noms propres se terminent par ac dans les pays de la langue d'oc et môme
AFF
en Bretagne. A c/i et ac en celtique signifient lieu, habitation.
AC, s. m. Arôte, barbe de l'épi du blé, de certaines graminées. Plus usité au pi. V. ats.
ÂGHO, contracté p. ogacho. Regarde, prends garde. V. ogochà. Au pi. ochas p. ogochas. Âcho de toumbd pas, prends garde de tomber, à ne pas tomber. — Âcho que s'emploi souvent dans la menace : dcho que se loy béne, gare si je viens.
AGISELÂ, v. a. et pr. Aiguiser en forme de ciseau. S'user d'un côté obliquement de ma- nière à former comme un ciseau. S.-Sem. (R. cisèl.)
ACISELi.T,iDO , part. Aiguisé ou usé en forme de ciseau. Aquél gabén es aciseldt, pot pas pus fdyre ; ce soc est usé en ciseau à la pointe , il ne peut plus servir. S.-Sern.
i, AGLO , ËCLO , s. f. Aigle , m. oiseau de proie. (Esp. aguila, it. et lat. aquila^ m. s.) — Gros oiseau de proie en général, comme jean-le-blanc. V. patrb-blônc.
2. ÂCLO, ACLÔU, V. ÈGLO.
ACTE, ÂTB, s. m. Acte, titre. Poraûlo d'h^u- nèste houôme bal un die , parole d'honnête homme vaut un acte.
ADHOURTA, v. bxhourtJL.
ADOBAR, v. a. arch. Arranger, réparer, i?. V.
ODOUi, \.
ADÔNX, conj. arch. Alors.
ADOUBIÈ, V. OUNGHÙRO.
ADÔUS, V. DôusB.
ADOUTA, v. a. Adopter. V. odoupta. — Doter.
AFFAILLOUQUi, v. bstobonI.
AFALENA, v. bsfolbna.
AFÈYT,-o, adj. Affable, avenant, complai- sant, aimable ; galant. (Lat. àffectus, affection.)
AFFANAYRE, s. m. arch. Ce mot signifie pro- bablement hôtelier, qui loge chevaux et mulets et les affourage. Mill. (Lat. fenum, foin.)
7
AIL — t —
AFOCHÔU, V. oDri6l.
AFOLAR, V. a. Gâter, dégrader. Arch. R. V.
OFROBÂ.
AFRANQUI, V. a. arch. Affranchir, délivrer.
AFRO, s. f. Affre, effroi, grande frayeur, fris- son de la peur. Obère d*âfro, avoir pour. Vertige causé par la peur. (Grec y^oiÇ, angl. fright , celt. f/rm, m. s.)
AGACIS, T. oGOcfs; borrlgo.
AGANXS, s. m. Marécage. S.-Sem, (R. du lat. aqua, eau.) V. sognàs.
AGAXTÂ, V. a. Prendre, saisir, empoigner. Agantà de peys, prendre du poisson. L'ay pla agantât, je l'ai bien saisi. Belm. — v. pr. se prendre, s'empoigner.
ÂGE, s. m. Âge. Quône âgeo ? quel âge a-t-il, a-t-elle ? Un houôme d'an grond âge, un homme d'un grand âge, très âgé. (Grec atwv, lat. œtum, V. fr. aage, m. s.)
AGLENÂ (S'), V. pr. S'abriter, se serrer con- tre. Vill.
AGRASÂ (S*), V. pr. Se répandre, se multiplier. Las canillos se sou agrasâdos peys aûbres, les chenilles se sont multipliées et répandues sur les arbres. Belm. (Lat. aggrejari, se réunir en troupes.)
AGRATOUXr (S'), v. ocrouchouhï (s').
1. AGRE, s. m. Air natal, instinct qui ramène dans son pays un animal déplacé ou xendu. Sègre l'âgre, suivre cet instinct. (Lat. aer, air.) V. AYRE. — Air, physionomie, air de famille, traits de ressemblance. Counôuysse qualqu'ûn o l'àgre, reconnaître quelqu'un aux traits de famille.
2. ÂGRE, s. m. Levier de bois. V. obùs. — Orgueil. On appelle ainsi en français une cale, c'est-à-dire, une pierre ou autre corps dur qui sert de point d'appui à un levier pour sou- lever ou déplacer un fardeau.
3. ÂGRE, 0, adj. Aigre, acide, d'un goftt pi- quant et désagréable. Bi âgre, vin aigre. Oquél lach es âgre, ce lait a aigri. (Lat. acris, it. acre, m. s.)*-Cru, infertile en parlant de la terre. VilL V. ARRE. — Cassant en parlant du fer ou de tout autre métal qui devrait être ductile. V. éxcrb.
AGRETUDO, àygrodûro, s. f. Aigreur; qualité de ce qui est aigre ou cause des aigreurs. (Lat. acritudo, it. agrezza, m. s.) Jonq.
AGROULÔUS,-o, AYGROLÔus,-o, adj. Aigret, aigrelet, un peu aigre, un peu acide. S.-Sern. V. ogrelét.
AH ! interj. Ah !
ÂILLO, oR.iiLLE, Monta, s. f. Ail des vignes, des blés, dont les bulbiles donnent mauvais goût au pain.
AMB
AILLÙRS, adv. néol. Ailleurs. La véritable expression paloise est endicolox mat. — d'ail- LL'RS, d'ailleurs. On dit mieux satqdbla, soqcblâ.
AIR, V. ÈB, ÈRT, ÂVRE.
AJOUCADÔU, V. jouc.
AJOUQUÂ (S'), V. jocQCA (se).
AL, s. m. Ail. (Lat. allium, it. aglio, m. s.) Semend d'als, planter des ails ou des aulx. Ûno grôno d'al, une gousse d'ail, un caïeu du bulbe. Sentis os al, cela sent l'ail. Ûno sôupo o Val, une bourdine, un bouillon à l'ail. Lou^ als soxis bous côuntro lous bèrps, les ails sont bons contre les vers. — Croc, dent canine des chiens. Lou mostis môustro loitë als, le mâtin montre les crocs. Les dents canines du porc et du sanglier s'appellent broches en français.
ÂLAGÂ, V. BOULQCA.
ALAYÂT, V. LOYÂT.
ALBÂR, V. OÛBART.
ALBRE, v.^ AÛBRB. ALBRESPIC, v. AÛBESPfc. ALEBÂXDRO, v. lobando.
ÂLFO, V. TAFO.
ALFOYÇÔUS, ALrATç6iJs,-o, adj. Sans façon, mal élevé, mal appris ; indiscret, effronté. In- supportable. Larz. S.'A. (R. foyçôu.)
ÂLO, s. f. Aile. (R. lat. et it. ala, m. s.) Robolà los âlos, ne battre plus que d'une aile, avoir perdu beaucoup de sa santé, de sa fortune. Bâtre de Vdlo, battre de l'aile, être usé, fatigué ; être mal dans ses affaires. — L'âlo de lo cosquéto, la visière de la casquette, et non pas Vaile, — Los âlos del copèl, les ailes ou les bords du cha- peau. — Ûno âlo deginèst, un rameau de genél. — Fo pas ûno âlo de ben, il n'y a pas un souffle d'air. V. blsco.
ALO-BLÔNC, V. piNSART.
ALOPÉN, s. m. Appentis (pr. apeinti), petit toit en forme d'auvent appuyé contre un mur. Petite construction en appentis appuyée contre une plus grande. (R. lat. alapendens, aile pen- dante.)
ALT-EN-PLÔUND (D'), adv. De haut en bas, entièrement. Peyr. (R. lat. altus, haut. V. plound)
ÂLTRE, V. AUTRE.
ALZÉXO, V. LESfiNO. AMANADÔU, V. escolossôu. AMARGÂNT, v. omâr.
AMARi, s. m. Gaiilet croisette, espèce de gaillet ou caille-lait qui croît dans les haies et
les pros. AMARRÈL, s. m. Bouquet d'arbres fourré ;
touffe do plantes. V. omorèl.
AMBLIJR,-o, adj. et s. Hâbleur ; charlatan : bavard. S,'Sern, (R. esp. hablar, parler.)
APË -
i.MBRE, LAMBRB, S. m. Ambre , substance résineuse très odorante. Sent pas Vâmbre, il ne fleure pas comme baume. Fi côumo Vâmbre, côumo un Idmbre, fin comme Tambre : se dit d'un homme fin, rusé. Par une plus grande extension de sens, on dit en pat. d'un tranchant bien affilé : côupo côumo U7i lâmbre, il coupe bien. S.-Sern.
AMERMA, V. BERMA.
AMERMAMÉN, s. m. arch. Diminution, déchet. Mill.
AMIGRÂ, V. EMI6RA.
ÂMO, ÂRMo. arch. s. f. Âme, esprit de Thomme. Y obiô pas cap d'âmo, il n'y avait personne. Fèslo d'ârmos, féto d'âmes, la commémorai son des morts. (Lat. et it. anima, m. s.) — N. Àrmo s'est dit pour âmo, jusqu'au commencement de ce siècle. On le trouve dans Peyrot et les re- cueils de cantiques du XVIII® siècle. Il y a encore des vieillards qui disent àrmo pour âmo. Le r a été introduit pour donner plus de poids à la première syllabe, comme dans borquét, baquet, borlét, valet.
AMOUNTAT, ADO, adj. Courbé, voûté on par- lant des personnes. Villn. V. croucût.
AMOURÂYRE, v. omollàtrb.
AMPLE, G, adj. Ample, large , grand. (Lat. amplus, it. ampio, m. s.) — s. m. Large, ampleur. Donné Vâmple os un chobâl, lâcher les rênes à un cheval.
ANCRO, s. f. Encre pour écrire. Ay pas ges d*inero dins la tinéto, je n'ai point d'encre dans l'encrier. — Ancre de vaisseau.
ÀNFLE, V. ÔNFLB.
Ange, v. injo.
ANGUÈRI p. ANÈRi , ONÈRB, d'ond. Villn.
ANIÀT, AlflGAT, v. OlflCAT.
ANIMA MÉA (AL'), adv. Bien, selon son désir, parfaitement. Se dit d'un habit bien fait, d'une pièce bien placée. S.-Sernin.
ANJO, s. m. et f. JLnge, Aub, m. Ange, pur esprit. Dim. ongèl, axoèl,ongelôu, anjôto, M. s. m. Petit ange. On los dnjos, avec les anges. Ànjo buforèl, enfant de chœur. (Lat. angélus, it. Qngelo, esp. angel, m. s.)
ANNOAL, s. m. arch. Fondation pieuse en faveur des défunts. Mill.
ANTICRÉSO (A L'), adv. Médiocrement, sans beaucoup d'art ni de soin. Acô's fach a Vanli- créso, c'est médiocrement travaillé, c'est fait grossièrement. S.-Sem.
Antre, v. autre.
AOU..., v. Au... APESSA, V. PS86À.
3 - AllL
Api, lapi, /?. s. m. Céleri, plante potagère qu'on butte en automne pour la faire blanchir. ColsâVâpi, butter le céleri. (Lat. apii^m, it. appio, esp apiOy m. s.)
APIMPA, v. pimpa.
APOP, prép. Après. Arch. Mill.
APUNTZA p. OPOUNCDA.
APÛO p. puô.
ARBIÈ, s. m. Sorbier des oiseaux. Behn. —
y. OÛBORIBIÈ.
ARC, s. m. Arc. (Lat. arcus, it. arco, m. s.) — Arceau, arc-en-ciel.
D'oquél arc que pores dins l'âyre nibouWus.
ARCANÈL, V. ftCLO.
ARC-BOUTAN, s. m. Arc-boutant. On appelle ainsi un contre-fort en maçonnerie, une pièce de bois, de fer qui sert de contre-fort, et même le pied-de-biche ou tige de fer qui fixe le pre- mier battant fermé d'une porte cochère.
ARCÈLI, s. m. Lavignon, coquillage de mer, bivalve, bon à manger. S. -.4. (Lat. arceZ/a, petite boîte.)
ARCIÏIBÔXC, ORCHIBÂNC, ARCniBANG, BONCAL,
Sall.-C. s. m. BÔNCo, bonqléto, Entr. s. f. Coffre long et souvent à dossier qui sert de siège sous In manteau de la cheminée. Varchibânc est chez les bons paysans le siège d'honneur. Mais ce meuble vénérable de nos austères aïeux disparaît aujourd'hui pour faire place à quelques chaises mal empaillées. — Coffre long servant de siège à côté de la table de la cuisine. — Banc à dossier.
ARCIÈ p. ociÈ. ARCIÈYRA p. ociÈYRÂ.
ARCO, s. f. Arche. Grande caisse oii l'on serre les grains ou autres provisions. Dans ce sens on l'appelle MiGiÈ sur la Montagne. (Lat. it. et esp. arca, arche, caisse.)
ARE, V. HOLÉ.
ARENLAY (D'), adv. Dorénavant, désormais (R. p. dedro en lay.)
AREPÛDRE, V. HOLEPUDfiNT.
ARGËLO, V. ORGIÔLO. ARGELOUS, V. orgiolôos.
ARICÔT, V. OLICODÔT.
ARIÈ NÈGRE. Sorbier alizier. V. olbcriè. ARIÈ RÔUGE. Sorbier allouchier. V. dreli^.
ARIO, V. OLfiGRO ; DRÊLO.
ARIÔLO, s. f. Espèce de sonnette de mulet. M. . ARISQUA, V. a. arch. Embellir, parer, donner des appas. (V. 1. arésc, appât.) ARJOL, V. oRjouÔL. ARLEÔN, V. GROB&i,
ARP -4
ARHATIÊRO , s. f. Sorcière, devineresse. Villn. (R. drmo, âme, et tira, qui évoque les âmes.) V. souRCiÈYRO.
ÂRMË, ASME, s. m. POULSIÈYRO, GUÈLSO. MUl.
f. Asthme, m. maladie des organes de la respi- ration qui rend celle-ci fréquente et pénible. Obûre d'arme, être asthmatique. Lo guèlso l'es- tàuffo, l'asthme Tétouffe. (Gr. adOfia, respira- tion pénible ; le 3^ mot vient de poulsâ ; le 4* est une onomatopée du bruit de la respiration d'une personne essoufflée.)
4. ÂRMO, s. f. Arme, tout intrument destiné à attaquer ou à se défendre. Obûre lou pouort d'ârmos, avoir un permis de chasse. (Esp.it. et lat. arma, angl. et bret. arrriy m. s.)
2. ÂRMOy s. f. Âme. C'est déjà un archaïsme.
V. ÀMO.
ARNO, s. f. Teigne, f. On désigne sous ces noms plusieurs espèces d'insectes, surtout du genre dermeste, dont les larves rousses et ve- lues dévorent les pelleteries, les fourrures, les tissus de laine, et môme les viandes salées comme la larve du dermestes lardariiis. L. En certains lieux ou appelle plus spécialement drnos les insectes qui dévorent les comestibles, et t/gnbs (v. ce mot) les larves qui rongent les peaux et les tissus de laine. (B. lat. ama, ver, arnatiM, dévoré des vers.) — Fig. Personne qui fatigue par ses importunités. Quôno drno qu'oqui p. que y o oqui, quel importun I quelle importune que voilà ! quelle personne insup- portable. — Parasite, écornifleur.
ÂRO, adv. Maintenant, à présent. Àro s'ogis, il s'agit maintenant, il faut à présent. Opé dro ! Ah ! pour le coup ! IXdro en lay, dorénavant, désormais. V. irbnlàt (d').
ARÔ, adj. des 2 g. Nigaud, imbécile. Que ii08 arô ! que tu es nigaud. S.-A.
AR0BÂS8ËS, s. m. pi. Crochets en bois qu'on met sur le bat des bétes de somme pour porter des fardeaux. C'est le pluriel d'AROBJLsx. M,
AROBÂSTfSBROFÛs. Broq. s. m. Arceau, appa- reil ayant la forme d'un arc et que Ton met sur la barde des bêtes de somme pour empêcher la compression des flancs. (RR. Le 4^' mot est pour dlos bast, les ailes du bât ; le 2^ est pour sèlo fust, les bâtons de la selle, de la barde.)
ARONLlY (D'), V. arbnlat (d')
ARPXDO, s. f Griffade. V. orpado, orpIl, — Travail de peu de durée, mais fait avec ardeur. Cam.
iRPO, s. f. dim. orpéto f. orpilloû, m. Griffe d'animal. Ârpo de cat^ griffe de chat. Lous or pillons de l'obéillo, les pattes de l'abeillR. (Grec ipim, grappin, esp. zarpa, griffe.) — Main cro-
— ASË
chue, main armée d'ongles longs ; patte. Pouot pas téne los drpos^ se dit d*un petit enfant qui veut tout saisir. V. orpoteja. — N. On dit en français harpe pour patte de chien.
ÂRRE, o, adj. Rude, vif en parlant du temps. V. éncrb. Rude, âpre augoût en parlant des fruits sauvages. — Cru, sablonneux, stérile en parlant de la terre. Torrénc drre, terre crue, terrain stérile. Larz.
ARREMAÛSI (S'), v. pr. S'arrêter pour paître après avoirvagué. Se dit des troupeaux. S.-Sem.
i.RRI ! Cri qu'on adresse aux ânes pour les faire marcher. V. il
iRROS, s. f. pi. Arrhes, gage d'un marché, d'une convention.
ARROUYNA, v. rouyna.
ARROUNA (S'), V. pr. Se ruiner. — Se meur- trir, s'abîmer. Belm,
ÂRSE, ÀRSi, s. m. ARSo, f. Soif ardente. (Lat. arsv^y brûlé.)
ARSÔUILLO, s. m. Soûlard, soûlaud, qui est souvent dans le vin, et cherche souvent que- relle.
ARÙS p. ALÛS, V'. OLÛS.
ARRUSSÀ, V. a. Remuer avec un levier. V. OLussÀ. — Fig. Peiner, se fatiguer. V. trixâ.
ASÀDO, s. f. Anée, charge d'âne.
* ASCLO, BSTÈLo, s. f. Bûche de bois fendu pour le feu. Qqf. le mot âsclo désigne une grosse bûche. (Bret. asklenden, copeau; celt. astell, ais, planche ; lat. astula, petit ais. )Bonddtcéumo ûno dsclo, ivre-mort, qui ne peut pas se tenir debout pas plus qu'une bûche. Cddo pic soun dsclo, chaque coup frappé (fait) sa bûche.
i . ASE, s. m. Ane. Dim. osbnoû. Ânon, petit âne. Augm. osBifis. Gros âne. (Sax. ass, bret. azen, lat. asinus, it. asino, m. s.) Cet animal, qu'on a tort de mépriser et de maltraiter, est la ressource des pauvres gens et des petits propriétaires, surtout dans les pays accidentés et montagneux. Comme il est très commun dans notre Rouer- gue , il a donné lieu à un grand nombre de comparaisons, de dictons et de proverbes, et son nom a pris une foule de significations, comme on peut le voir à la suite de cet article.
— Fig. Ignorant, bête. Sios un dse, tu es un igno- rant, tu es un âne.
Âse de notûro Que sap pas lesl soun escritûro,
se dit de celui qui ne sait pas lire son écriture. On dit par ironie de l'âne que gàgno lo cibâdo « il gagne l'avoine » lorsqu'il se roule à terre, sans doute pour se gratter le dos qui lui dé- mange. — Prov. Fosès de be os un dse et bous pogoré on des pets, faites du bien à un âne et il
ASË
- 8 -
ATS
vous payera d'ingratitude (avec des pets). — Fo mal lobd Ion cap o Vase quond Vo nègre, à laver la tête d'un âne on perd sa lessive : on perd son temps et sa peine à vouloir instruire un homme stupide ou corriger un incorrigible. — Prov. Ase de coumûno es toujôur mal bostdt.
L'âne de la communauté Est toujours le plus mal bâté.
Prov. Y 0 fôrço dses o lo fièyro que se sémblou, il y a plus d'un âne à la foire qui s'ap- pelle Martin : se dit pour répondre à ceux qui se trompent sur l'équivoque d'un nom. — Fa lou repis de Vdse, faire le repas de la bre- bis, c'est-à-dire, sans boire. — Fa de Vdse, faire l'âne pour avoir du chardon, c'est à -dire, faire l'imbécile pour attraper quelque chose. — Bromd côumo un dse, crier fort, gueuler en pleurant comme font les petits enfants. — Mountâ quaûqn'ûn sus l'dse ou li fa courre l'dsf, c'est obliger le mari qui a été battu par sa femme à monter sur un âne la figure tournée vors la queue, et lui faire un charivari distingué.
1 ÂSE, s. m. Estomac du cochon. — Fig. Estomac de Thomme. Ocouô te forô pas mal o l'àse, cola ne te fera pas mal à l'estomac, c'esl- à dire, tu n'en goûteras pas. — L'ouon sap pas ce qu'o dins l'dse, on ne sait pas ce qu'il tient, quels sont ses desseins, ses vues, ses pensées, ses sentiments.
3. ASE, s. m. Meule de moulin à huile qui, tournant circulairement et posée do champ , fait l'office de pilon.
4. ÂSE, s. m. Chardon aimé des ânes. Il y en a plusieurs espèces, entre autres le chardon porte-laine, le chardon penché, le chardon à petites fleurs, etc.
5. ÀSË, s. m. sàûmo, Mont. f. Muron des ronces rampantes des champs, des bords et des clairières des bois. Ce fruit, de couleur bleuiitre, est plus petit et meilleur que le muron des grosses ronces et des haies. Dans la Mon- tagne le mot dse désigne le muron de ces der- nières. V. OHéuHO. — Framboise.
6. ASE. Chabot, petit poisson de rivière à tête aplatie. V. cip-bernat. — Têtard. V. cap-grocôs.
7. ASE, XOUN, QUILLÉT, GORBOYRÔU , S. m.
Moyette, petite meule ronde qu'on fait dans les champs avec la javelle de l'orge ou de l'avoine. Le mot gorboyrôu désigne le plus souvent une moyette faite avec des gerbes liées. V. crousèl. 8. ASE, CODÉS , coDÈRS , S.-Beauz, codrès, ^p. s. m. Traverse mobile de bois percée d'un trou à chaque bout et dont on se sert pour maintenir les côtés ou ridelles d'un char chargé. Unecùaîne de fer ou un rameau tordu servent
au mémo usage et portent plus spécialement le nom de codés, V. ce mot.
9. ASE, s. m. Coin de bois qu'on met sous la clef des arcs-boutaiits de l'araire pour relever et serrer le sep contre le bas de la flèche.
10. ASE, s. m. Espèce de trépied qui s'élève à la hauteur des épaules ou environ et dont on se sert pour charger un fardeau sur les épaules.
i\. ASE, s. m. As au jeu de cartes. Àse de curs, as de cœur.
ASES, s. m. pi. Balles du blé, débris d'épis. Cal replqud oquéles dses, il faut rebattre ces épis.
ASIIOURTA. V. BXHOURTA.
ASIE, ÈYRO, s. m. et f. Auier, ânière, celui, celle qui conduit des ânes.
ASME, V. ARME.
ASOURBA , V. a. Emousser. Lou poumiè asôurbo un boun tal, le bois do pommier émousse un bon tranchant. S.-Seiti.
ASPICÔU, V. Bspicôu.
ASPO, s. f. Happe, ligature ou crampon de fer qui sert à lier ou à rajuster deux pièces de bois, etc. Rire coum'un*dspo , rire beaucoup. — Petite lame de fer qui sert de ferrure à un sabot de paysan. (Sax. hasp, crochet, b. lat. aspa, croc.)
ASPRE, V. bIspre.
ASSIÈGE, V. sifeGB, \,
ASTE, s. m. Broche. (Lat. haHa, lance, la broche étant une sorte do lance.) Mmd Vdste, tourner la broche.
Prov. Que bfro Ydste Re noun tàste ; Que lou méno L'enteméno.
« Que celui qui tourne trop vite la broche ne goûte pas le rôti ; que celui qui la tourne dou- cement (qui la conduit) entame le rôti. » Ce pro- verbe n'a d'autre but que de donner une leçon sur la manière de tourner la broche.
Astre, s. m. Astre. (Lat. astrurn, m. s.) ATAHuT, V. OTOHÛr ; touat.
ATE, V. ACTE.
ATS, ÂTSES, S.-Sern. s. m. pi. pôulsbs, f. et m. pi. pôuLZES, péussos, Séc. f. pi. bextûx, s. m. BEXTÈLO, Cari. s. f. Vanniires, balles et débris du blé vanné. Le mot als désigne plus spéciale- ment les arêtes elles balles des épis. Les autres mots désignent tous les débris. Préne de tobdt côumo un bioUde pôussos, prendre beaucoup de tabac. (Lat. acus, aceris^ m. s.) Il est probable
AUB
- « -
AUS
que le singulier de ce mol ats est ac qui, en cel- tique, veut dire pointe ,, aiguillon, car le pluriel de tous les noms communs en ac sonne comme ats à Voreille pour la finale : estoumâc, estoumâts ; mais il est impossible de le vérifier faute d'ou- vrages patois, et parce que le singulier de ats n'est point usité. Les autres termes se rappro- chent du lat. pultis, poussière, et de ventus, vent, ce qui est réduit en poussière, ce que le
vent emporte.
ATUDA, V. a. Éteindre. Atudà lou fioc, lo condèlo, lo caûs, éteindre le feu, la chandelle, la chaux. M. V. bscontî .
aC, interj. p. appeler, v. mamo.
AOBESPÎC, gObespic, albresp(c , S.-Sern. BORTAS-BLÔNC. S. m. Aubépiue, aubépin, épine- blanche, buisson blanc, arbrisseau épineux des haies, ainsi appelé parce que l'écorce et le feuillage sont d'un vert gai, et par opposition au prunellier ou buisson noir qui a l'écorce noire et le feuillage d'un vert sombre. (Lat. alba spina, épine blanche ; le 3° mot signifie arbre épineux.) [pèlos,
Boun, respôund lou cirous en fretén sos per- Un aouhespic, bodàoud, pot fa que d'onsonèlos.
(Pbyr.)
AOBO, s. f. Aube, premières lueurs du jour. On dit aussi primaObo. [Ui. alba, blanche.) — Aube, robe blanche d'église.
AÛBOBIT, aObabic, M. regourtiol , beli-
GAS R. s. m. BELIGÂSSO, BLIGASSB, BIRGASSO, Est,
bidalbo, S.-Sern, s. f. Clématite, clematis m- talba, L. vulg. vigne blanche, à cause de ses longs rameaux sarmenteux. de ses fleurs et aigrettes plumeuses blanches ; herbe aux gueux parce que les gueux se servent de son écorce vésicante pour se faire des plaies ouopérerune forte rubéfaction sur quelque membre et exploi- ter ainsi la charité publique. (R. lat. mtvi alba, vigne blanche, la plupart des autres mots vien- nent de beligo, espèce d'osier.)-roumft(i dms un beligâs, s'empêtrer dans une affaire épineuse ou ruineuse. La justesse de cette expression vient de la difficulté qu'il y a à se tirer d'un fourré de cette plante ordinairement mêlée à des ronces et à des buissons, ce que désigne aussi le mot
beligâs.
AÛBRE, Ubre, S.-Sern. aurb, VilL Mont. s. m. Arbre. (Lat. arbor, m. s.)Loc6mbo de Vaubre, la tige, le tronc, le pied de l'arbre, et non la jambe. Toumbâ un aûbre, abattre un arbre. Vaûbrede lo cômbo touôrso, l'arbre au pied torlu, la vigne. —Uaûbredel Causse. On appelle ainsi, sur le causse de Rodez, un pied de cornouiller mile situé sur le plateau de Cadayrac, au milieu
d'un camp romain. Cet arbre au pied multiple paraît très vieux, et l'espèce en est très raro dans notre pays. — Prov. Quand un aûbre es toumbât, tout li courris o las brôncos, quand une personne éprouve une disgrâce , un re- vers, tous les malheurs l'accablent, tout le monde l'attaque.
AÛBRE DES COPELÔUS. bounét de copblô, ciBODiLLO, s. f. Larz. Fusain, vulg. bonnet de prêtre, petit arbuste à baies roses, lobées comme une barrette, à écorce d'une odeur désa- gréable.
AÛBRE-DRÉCH, s. m. Arbre fourchu, espèce
de jeu qui consiste à se tenir dans la verticale
la tète en bas. les pieds en haut. V. condeléto.
aCBRIFÔN, aCbrifèl, Villn. aûrifol, aCei-
FLOx, S,'A. qqf. embrôul , s. m. Renoncule
des champs, plante à feuilles découpées, à
fleurs jaunes, commune dans les blés et dont
la graine verruqueuse et munie de crochets"
porte les noms d'embrôul, regognéu. V. ce mot.
(En lat. auri folium, feuille d'or par allusion à
la couleur jaune des pétales. Il est à remarquer
que Linnée a donné le surnom d'auricomus,
chevelure d'or, à une espèce voisine, moins
commune, dont le jaune est plus vif et que
doivent désigner les mêmes noms patois.) Y.
EHBRÔuL en son lieu.
AÛCO, s. f. Oie. Dim. oOquéto. Oison, petit de l'oie. Un troupèl d*aûcos, une bande d'oies. (B. lat. auca, it. oca, m. s.) V. gâbrb.
Prov. Per Sent-Mortf VaUco ol toupi, B4rro toun bi, Coubido toun besi.
« A la Saint-Martin (4 \ novembre) mets roie au pot (pour en conserver la viande dans la graisse), coule ton vin, et invite ton voism. >
AONO, s. f. Aune, mesure de longueur rem- placée aujourd'hui par le mètre dont elle diffé- rait peu. (Lat. ulna, m. s.)
AÛO p. LLO. Mont.
AÛPILLÔU, V. goOpillôu.
AÛRAGE, V. ourIge.
AÛRE, aOrôl p. aObre, oObrôu.
aCREJA, V. oCrejà.
AÛRO, s. f. Air, souffle, vent. Fo d'auro, u fait du vent. Aûro bâsso, vent d'ouest. Autq rôusso, vent d'est, vent solaire qui brûle etroui- sit les plantes. L'aûro couôrno dins lo chimineyo, le vent mugit dans la cheminée. (Lat. et n aura, vent doux, brise.) ^ , . r<
AUS, s. m. Toison, laine d une brebis, t» bribe ail» , une forte toison. Béndre lom cM».
AYO —
vendre les toisons. (R. b. lat. atissu^s, m. s. lat. kapgus, touffe de laine.)
AOS, adj. Autres. Bous aûs, vous autres. Mot lang.
AÛSÉL, Y. oOcÈL.
AÛSÉRI , s. m. Peur , frayeur. Fa aûsèri , faire peur. S. -A.
AOSSO, V. GORRfc. •
AOSSOPRÉN, s. m. Orgueil, cale qui soutient Teffort d'un levier. Se dit surtout dans une grande opération, lorsque on fait levier avec une barre, un soliveau, pour hausser un plan- cher, etc. (R. Ce mot signifie hausse et prend.) Belm.
AOTRE, g, JIltre, o, Esp. JL^vtrb, o. Mont, adj. Autre. (Lat. aller, m. s.) Autres cops, autre- fois. D'autre temSy anciennement, autrefois. De tems os autre, de temps en temps. Lous autres dous, les deux autres. Lov^ autres cent, les cent autres. Remarquez qu'en français il faut toujours mettre l'adjectif numéral avant autres pour éviter une locution patoise. — s. Lous us et lomaûtres, les uns et les autres. — Les mots autre, laûtro s'emploient familièrement ou par mépris pour désigner une personne. Es bengût Vautre ? \ nn tel est-il venu ? On comprend par les cir- \ eoDstances de qui il peut être question.
AVEJÂYRE, s. m. arch. Avis. M'es av^'âyre, il m'est avis, il me semble.
AVKNADÔR, s. m. Chasseur. Arch. MilL (Lat. %tnaior, m. s.)
AVENI, V. n. Avenir, advenir, arriver. (Lat. Qdtmire, m. s.) Arch,
AVÔLS, adj. Mauvais. AvdZ$ pdsses, mauvais pas. Arch, R. — Insipide, sot; méchant. Miil,
AY ! OY ! inlerj. Aïe I marque la douleur, la surprise. (R. grec aî, hélas !)
\. ÀYCE, ço, adj. Mauvais au goût ; se dit des fruits, des aliments. (Lat. acidiis, aigre.) — Fa- tiguant, insupportable, d'une humeur massa- crante. Que sios âyce I que tu es insupportable I
S. ÂYCE, s. m. Malaise, dégoût. 0 d'àyce, il a du malaise.
AYDÂL, s. m. Lieu, endroit, espace. En sèt ou guets aydâls, en sept ou huit endroits. Vill. Ce mot est p. ovrâl.
AYDE p. 6ÀTRE. Âyde may p. gâyre may.
AYGARÂDO, s. f. Abondance, vin trop mouillé, trop étendu d'eau. (R. dygo,)
AyGO , AYo , s. f. Eau. (Lat. aqua , it. acqua, esp. agua, m. s ) Àygo benesldo, segnâdo, eau bénite. Âyo boulldo, bouillon clair, sans jardinage. Dound Vâyo, ondoyer. — Toumbd ^àyo, uriner, faire les petits besoins. — Bal pas féyo que bieû, il ne vaut pas le pain qu'il
7 — AYR
mange. — Prov. Âygo mouôrto fo missent rieû, « eau morte fait mauvais ruisseau, » c'est-à-dire qu'un enfant sournois n'annonce rien de bon. — Prov. Ocouâ's bâtre Viyo ombé un bostôu, c'est battre l'eau en vain, c'est peine perdue. — Prov. Cal pas dire : d'oquésto âyo noun bieûrây, il ne faut pas dire : fontaine, je ne boirai pas de ton eau ; je ne ferai jamais cela, cela ne m'arrivera jamais.
Vdyo souort delsen de so mdyre Per oui pus luèn negd soun pàyre.
« L'eau sort du sein de sa mère (la terre) pour aller plus loin noyer son père (le soleil, dans l'Océan). » Telle était la croyance des anciens conservée môme chez nos poètes des XVIP et XVIIP siècles, J.-B. Rousseau et L. Racine. Le premier dit en parlant du soleil qu*il va ra- nimer dans l'onde ses feux amortis. Le second : Tu viens du sein de l'onde
IyGO de MERLÙSSO. Trempis,m. eau 4aDS laquelle on a fait tremper la morue.
AYGO-FOUÔRT, s. m. Eau-forte, ou acide ni- trique.
Aygo POXADO. Eau panée dans laquelle on a fait tremper du pain pour la rendre inoffen* sive.
AYGORDÉN, ayordén, ayardë^, M. s. f. Eau- de-vie, alcool étendu d'eau. (R. Ce mot signifie eau ardente, en esp. agua ardiente.)
AYGO-SAL, ayo-sal, s. f. Eau de-sel, eau saturée de sel qu'on boit et dont on frictionne les contusions pour remettre le sanq en circu- lation et hâter la guérison.
AYGO-SEGNADIÈ, V. BBXEDixift.
AYGRODÛRO, v. agrbtûdo.
AYGROLÔUS, V. AGROULÔUS.
r ÂYRE, ÈR, ÈRT, s. m. Air, le fluide atmos- phérique qui entoure la terre et est nécessaire à la vie de tous les êtres matériels animés. Dounas-li d'èrt, donnez-lui de l'air. Se dit lors- qu'une personne est tombée en syncope ; se dit aussi de certaines choses, plantes, futaille qu'on met en perce, appartement qui était fermé. (Lat. aer, it. aria, aère, m. s.) — Vent, air agité. Fo pas ges d'èrt, fo pas ûno bûsco d'èrt, il ne fait pas d'air, il n'y a pas le moindre souille. — Es- pace, vide des airs.
Eh! qu'un n'es pas l'esfréy de la pÀouro golfno Quond bey plonàdins Vàyre un aussèl de ropino 1
(Peyr.)
2. ÂYRE, AGRB, s. m. Air natal, instinct du pays. L'dyre del pois Votlro, l'air natal l'attire. V.
ÂGRE, \,
BAC
— 8 —
BAL
3. AYRE, AYNE, Mont, s. m. Airelle, f. fruit du sous-arbrisseau de ce nom, airelle myrtille, vulg. cousinet, qui croît dans les bois montueux et dont les baies d'un noir bleuâtre sont bonnes à manger. Les mêmes noms désignent le végé- tal.
ÀYRO, V. souoL.
AYS, I FusouôL, FcsoL, ichJLl,' ICHAOU, S.'A, s. m. Essieu. L'ays s'es coupât, Tessieu s'est cassé. (R. Le premier et les derniers mots se rapportent au lat. axis, ital. asse, m. s. le se- cond et le 3® au lat. fustis^ fuseau.)
1. i.YSE, s. m. Espace, large, place. OyH mônquo pas d'âyse, ici il y a de la place, il y a beaucoup d'espace. — Aise,f. commodité, bien- être, aisance Cerquâ sous âyses, chercher ses aises. Fosès o bouôstre âyse, faites à votre aise, ne vous pressez pas. Bay-t'éno toun oysbt, dim. va-t-en à ton aise , tout doucement. Es o som dyse, il est dans l'aisance.
â. ÂYSE, adj. des 2 g. Aise, content. Nesou bièn'âyse, j'en suis bien aise.
AYSS. . ., V. OYSS...
lYSSE p. AYCB.
B
B, deuxième lettre de l'alphabet. Dans le patois du Rouergue cette lettre a pris la place du V.
BA, pron. Le, cola. Ba fardy, je le ferai. Belm. Ce mot vient du Tarn. V. ou.
BABIL, v. bob/l.
BABILLÙN, s. m. Babil. Yill. V. bobIl.
BÂBO, s. f. Bave, salive, qui tombe de la bouche. Bave, humeur visqueuse qui marque la trace de certains animaux, limaces, escargots. (R. it. esp. bava, m. s.)
BABÔT, BABÔTO, V. bobôto.
BABOURÔU, V. bobourJLl. BACAYRÂLS, bacayrials, v. bocoybiôls. BACÈL, V. botodôoyro. * BACELÂ, V. a. Battre le linge (qu'on lave) avec la batte. S.-A. BACHÈL, V. brossèl.
BACO, s. f. Vache. Bdco de lach, vache à lait. Bdco prens , vache pleine. Un brdbe porél de bâcos, une paire de belles vaches. (Lat. it. vacca, m. s.) — Prov. De cent en cent onslo bdco tôurno bromd o Vestdple, « tous les cent ans la vache beugle de nouveau à l'étable, » c'est-à-dire que les maladies et les vices héréditaires reparais- sent après plusieurs générations.
Bdco cardlno, Traûcddo pel l'esquino,
Moulzùdo pelfroun, Deblno qu'es ac6, lurôun. Vill.
C'est une espèce d'énigme par laquelle on désigne une barrique, qui, en effet, porte au dos le trou de la bonde et qu'on trait par-devant en tirant du vin. — Bande de blé qui reste à moissonner. — Asphodèle, plante. V. orouôdo. — Plusieurs insectes portent aussi le nom de bdco comme la femelle du cerf-volant, le capri- corne héros , le morime lugubre , etc. — PI.
Maquereaux, taches rouges ou rousses qui viennent aux jambes quand on se chauffe trop.
BÀDA, s. f. Guet, sentinelle. Fa la bâda, faire le guet. Arch. Mill.
BADAÛDÂ, V. n. Badauder, baguenauder, bayer aux corneilles, regarder niaisement. .S. -.4.
BADÈ, V. bodoruc.
BADOBÈC, s. m. Bâillon. Parole, action qui jette dans l'étonnement , qui rend stupéfait. (R. bodd, bâiller, et bèc.)
Oquél perpàous per iou fouguèt un badobèe.
(Pbyr.)
BADOMÔ, badohân, s. m. Empan, l'espace compris entre l'extrémité du pouce et celle da petit doigt dans leur plus grand écartement. [R. bodd, mo.)
BAGNÂ, V. BOGNÂ.
BAGNE, s. m. Bagne. On dit mieux golèros.
BÂGO, s. f. Bague, anneau qu'on met au doigt. (Lat. bacca, anneau de chaîne.) — Ganse. V.
BOGUÉTO.
BAH ! BiTO ! interj. Bah ! allons-done iBalo- mé\ allons-donc.
BAliVp. BEPr, BAN, V. BBN, i.
1. BAL, s. m. Bal.
Prov. Mounfno, fénno de bal,
Paû de besougno et lo fou mal.
« Singe, femme de bal (font) peu de besogne et la font mal. »
Oqu6 bous fo piètat, gens qu'hobités los bilos, Bous cal pendén l'hibèr joc, tàoulo ou bal.
(Pbyr.)
2. BAL, s. m. Bail, contrat. Bal o ferme, bail à ferme.
3. BAL. Il vaut ; 3« personne de bolé. — Prov. Bal may un que sap que cent que eèrquou , il vaut mieux un qui sait que cent qui cherchent.
BÀN
-»-
BAR
BALiS, 8. m. Balasse, f. espèce de matelas fait de balles d'avoine. S, -A.
BÂLCO, BAÛCO, BOÛQUINO, | BOUÔSO, BÔSO, S.-A.
poill£nco, polIngo, Mont. jouxquIno, coutèlo, s. f. GHoOsÈL, RoûsiL, S. Dd. Paille de marais. Oq désigne sous ces noms plusieurs espèces de plantes de la famille des cypéracées, qui crois- sent dans les lieux humides et dont ou se sort pour empailler les chaises. Xes plus commu- nément employées à cet usage sont la massctte ou roseau de la passion, et les laiches, surtout la laiche à vessie, carex vesicaria, L.{R. Los premiers mots doivent avoir une origine gau- loise ou celtique. Le 6® ot le 1^ viennent de pâillo ; le 8* de jounc dont il est le diminutif ; le9«de coutèlQX désigne ce qui a la forme d'une lame, une feuille lancéolée ; les derniers si- gnifient roseau.) Les septpi^imiers mots servent aussi à designer les graminées à tige dure que les animaux ne mangent point et qui croissent dansles bois, les lieux secs, etc. On dira d'une mauvaise qualité de foin : ocouô 's pas que de poillénco,
BÂLDRO, BAÛDRO, M, bràOdo, S,-Sern. bôul- DBO , S. f. Barbe , crotte , boue liquide ou délayée; gâchis, margouillis. (Lat. volutabrum, bourbier.)
BÂLMA, s. f. Grotte, creux dans un rocher. Arch. Mill. Y. baOmo.
BALMAT, Ido, arch. Creusé. V. BoO31.iT.
BALO, s. f. Balle à jouer. Balle pour los ar- mes à feu. — Balle de farine, de marchandises, etc. — Fig. Ocô foré bôstro halo, cela fera votre affaire.
Tdlo ou tdlo forô miliôur qu'iou bou6stro halo.
(From.)
« Telle ou telle (servante) fera mieux que moi votre affaire. »
BALS, Y. Biûs.
BÂLSË, s. f. Bûcher d'émondes, de menu bois. Conq.
BALSIÈYRO, v. gorbièyro.'
Ban, s. m. Force, élan. V. box. — Côté. Dey dons bauB, des deux côtés. M. — Bain.
BANS, pi. Bans. V. onôuncios.
BANCO, s. f. Table improvisée dans les rues oa sur les places pour les m:irchands étalagis- tes. — Grand banc. V. archib6xc. — Banque.
BANDÂRRI, s. m. SoCllard ; mauvais sujet. (R. bondâ.)
BAnDO, s. f. Bande, lanière d'un tissu. — Bande, troupe. Ùno bàndo de houlurs , une bande de voleurs. — Lavande. V. lobAndo.
BÀNO, s. f. Corne. V. bô«o. — Banne, toile qui couvre une carriole, un auvent de boutique.
— Courte-pointe, couvre-pieds. V. courto-
PÔUNCHO.
BARATZO p. BOL.UO.
BÂRBO, s. f. Barbe, le poil du menton. (Lat. it. barha, m. s.) 0 ûno hârbo côumo un houe, il a une barbe très forte. — Bdrho de pdillo, rien. Ouo tout fricossdty et dro hdrbo de pdillo, il a tout dévoré, et maintenant il n'a rien.
Prov. Ouond popiès pdrlou Bdrhos tàyssou.
« Quand une chose est prouvée par des papiers, des actes, des titres, les barbes, c'est-à-dire, les hommes graves sont réduits au silence. » — Menton , bas du visage. Obère ûno bdrho de gach, avoir le menton en galoche. — Fraise , barbe du coq. — Chevelu, radicelles des plan- tes. — Bec de l'anche, conduit par lequel la farine tombe du moulin dans la huche.
BARBOBOUYSSÂT, v. londCs.
BARBO-DE-GiCH, s. et adj. Qui a le menton en galoche, c'est-à-dire, pointu et relevé, par allusion au jabot du geai.
BARBO-RÔUS,-so , s. et adj. Qui a la barbe rousse.
Prov. De barho-rôusso et co courti
Gardo-ti.
« Garde-toi de l'homme qui a la barbe rousse et du chien courtaud. » La première partie déco proverbe est fondée sur un préjugé. Comme la couleur rousse du poil du menton est rare chez nous et que la tradition l'attribue au traître Judas, on en a conclu qu'elle était l'indice d'un mauvais naturel. On ignore que les Francs et autres tribus celtiques, dont les roux descen- dants habitent l'Angleterre, la Belgique et la Bretagne, avaient les cheveux de cette cou- leur qui n'est autre chose qu'un indice d'ori- gine.
BARBO-RÔUS , BARBO-ROUSSËT, couol-rôus,
Nauc. couol-roussét, fafa-rôus, Mill. pipach- RÔUCH, C pipat-roussét , papo-roussét, VilU s. m. Rouge-gorge, petit-oiseau du genre fau- vette, qui a la gorge rouge, ce qui lui a fait donner tous les noms susdits ou le mot bdrho signifie gorge, et les mots pdpo pour pipdch, fdfo pour fa fié veulent dire jabot.
BARBOUTI, V. BORBODTf. BARCÈL p. BARSÈL, V. BROSSfiL.
BÂRCO, Noû, Mont. s. f. nobiôl, Peyrl. s. m. Barque, nacelle, petit bateau, bac, bachot, ba- tolet, pour passer une rivière. (RR. celt. barga, lat. et it. barca, m. s. Les 'deux autres mots se rapportent au grec vocOo-, lat. nawis, navire.)
8
BAR
— 40 —
BAR
BARDABÉLO p. bartibèlo, s. f. Girouette. Métré la bardabèlo sut clouquiè, mettre la gi- rouette sur le clocher. S,-Sern.
4. BÂRDO, BORDfTfo, bostIno, bàrdèlo, S.-.4. s. f. Barde, bardelle, bÂtine, bastine , bât fait de grosses toiles piquées et bourrées, et de plus flexible, ce qui distingue la barde du biU pro- prement dit. (B. lat. barda, it. barda, bardella,
m. s.) V. BAST.
2. bArDO, s. f. Barde, tranche de lard dont on barde une volaille ou autre pièce de viande. Y cal métré ûno brdbo bdrdo^ il faut y mettre une bonne barde.
BARDOT, V. BORDÔT.
BARE, boraû, borôu, s. m. Ver blanc. On appelle ainsi les larves d'une foule d*insecles. Les unes, comme celles des capricornes et de toute la famille des longicornes, celles des cé- toines, des trichies, des lucanes, des buprestes et d'une grande partie de la famille des serri- cornes, vivent dans le bois vert ou sec et y creusent pendant plusieurs années de longues galeries ; les autres comme celles du prione, de Toryctès nasicorno, vivent dans le tan et le bois pourri ; d'autres , celles des hannetons, vivent dans la terre ; d'autres encore, celles des stercoraires, dans les excréments des animaux, dans les matières en décomposition ; d'autres enfin se logent sous la peau des bêtes à corne près de l'épine dorsale, dans le rectum des bêtes de somma, dans la tête des bêtes à laine, auxquelles elles causent quelquefois le tournis. V. COLÛT. (RR. Les premiers mots rappellent le gallois barue, grand mangeur, grec |3o/3aÇ«v, dé- vorer.) Le bois de pin est un des plus attaqués par les vers blancs qui le rongent longtemps encore après qu'il a été coupé. Dans les maisons surtout oh ce bois sert de charpente on entend dans le silence des nuits les coups de dent ré- guliers de ces larves qui font un bruit sinistre. — BÂRB et BORÔu désignent aussi la petite tu- meur produite par les vers blancs qui se logent près de l'épine dorsale des bêtes à corne. — BORÔU, dim. désigne aussi les artisons ou peti- tes larves qui percent le bois. V. quissôu.
BARÉOS, V. BALS.
BXRGOS , HOCHÔUTROS , SalL'-C. porûssos , Réq. iMPRfHos, Belm. s. f. pi. barjo, s. f. bar- GUB, B0R60DÔU, Entr, cobolét, s. m. coboléts, pi. Ség. Broie, broyé outillote, instrument dont on se sert pour achever de maquer le chanvre et le lin, pour séparer le chanvre des chène- vottes, après qu'on l'a broyé avec la maque. V. MACHOS. La maque difTèredo la broie ou til- lote en ce que les lames sont dentées ou plus
grossières que dans latillote. Du reste, le mot bdrgos désigne ces deux sortes d'instruments selon les pays, et dans plusieurs localités où on ne connaît que la maque on l'appelle aussi bdrgos. Sémblo un porél de bdrgos, se dit de celui qui a la démarche lourde et l'allure gauche (RR. Le 4«', le 6«, le 6«etle7«mots doivent avoir la même racine que le fr. broie, en sax. brake, broyer le chanvre ; en celt. brog ou broj veut dire celui qui brise. Par métathèse de r on a dit bdrgos, borjd, pour éviter l'équivoque avec brdgos, brogd. Le 2* mot qu'il faut rappro- cher de l'ital. maciulla, m. s. vient de mocha; le 3* de pord p. pold, ôter l'écorce ; le 4« de prim, primo, mince, d'oîi imprimd , rendre mince comme un fil. Les derniers mots signi- fient chevalet, la broie étant une espèce de chevalet reposant sur quatre pieds.)
BÂRGUES, V MACHOS.
BARJO, s. f. Broie. — Blague, babil.
BARLHAFIÈ, adj. des 2 genres. Hâbleur dé- plaisant, bavard impoli ; brise-raison. S.-Ser,
BÂRO, s. f. Gros vers blanc, spécialement larve de la courtilière qui dévore les pommes de terre dans les pays chauds.
BARRA, V. a. Fermer. V. borrJL. — v. n. Venir. Réq, — Passer. Barrds ald, passez-là. S.-Sem,
BARRÉTO, s. f. Barrette. — Bonnet de femme. S.-Aw.
4. BARRI, s. m. Faubourg. Presque toutes nos villes et nos bourgs ont un quartier appelé bdrri. (R. Anciennement le mot bdrri ou bàri, b. lat. tara, barum, barium, désignait l'enceinte d'une ville ou d'un bourg. Cette enceinte ou clôture était une espèce de barricade faite son- vent avec des solives ou des barres. Par exleo" sion le même mot désigna aussi le fossé d'en- ceinte, d'où les significations suivantes.)
2. BARRI, pountJLl, Est, s. m. Fossé pour provigner. Long provin placé sur une muraille ou auprès.
BARRIAL, V. BORRicôu.
BARRIÂNO, V. coscoBÈL.
BÀRRO, s. f. Barre, barre de bois, de fer, barreau. Gros bAton, rondin. Lo bdrro del pour- tdly la barre de la porte cochère, avec laquelle on bâcle la porte. (R. it. esp. port, barra, m. s. du celt. barr, m. s. bret. bar, branche , b. lat. tarra , lat. vacerra, pieu, poteau.) — Ténêlo bdrro, tenir ferme une détermination. On dit aussi téne lou cun. — Réde côumo ûno bârro, raide comme une barre de fer, au propre et au fîg. — Barre d'un tribunal. — Ligne, trait de plume. — PI. Barres, jeu des écoliers. Fdyreo bdrros, jouer aux barres.
Sas
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BAT
BARROM£RCÂT, s. m. Crépide à feuilles de pissenlit, plante chicoracée aimée des lapins. YilL
BART, s. m. Terre argileuse le plus souvent rougeâtre dont les briquetiers et les tuiliers font les briques et les tuiles, dont les potiers font les vases de terre et dont on se sert en guise de mortier dans certaines constructions. — Boue grasse et gluante.
Prov. Quond ploQ per Sent-Medàrd
Crdnto jours de plèjo ou de bart, Se Sent-Bornobè Li c6upo pas lou pè.
€ Quand il pleut à la Saint-Médard (8 juin), on a quarante jours de pluie ou de boue, si Saint-Barnabe {W juin) ne coupe le pied à la pluie, n'arrête la pluie. »
«
BARTASSÂDO, s. f. Ronceraie ; fourré de ronces , de buissons. S.-Sem. V. Boaris. BARTASSIÈ, V. poudas.
BÀRTO, BORTOCRiNO, GINSSTADO, GINESTIÈTRO,
S. f. Genetière, terrain couvert de genêts et de broussailles. Bortourino désigne une jeune ge- netière. (RR. Les premiers mots se rapprochent du gr. pidrroc, buisson ; les autres viennent de ginèst.)
BARUTÈL, s. m. Bluteau pour passer la farine. Arch. MilL
{, BAS,- so, adj. Bas, abaissé. En bas, en bas. — s. m. Lou de bas, l'en bas, le bas, le rez- de-chaussée .
2. BAS, s. m. Fosse pour enterrer un mort. Fa lou bas, creuser la fosse. Anciennement et dans le bas lat. ras signifiait caveau funéraire, sépulcre de pierre ou de marbre. Dans un re- gistre des archives de Millau de U78, on trouve far lo tas, faire la tombe. Af.
BASANO, s. f. Basane, peau, cuir du ventre. S.-Sern, — Bedeine, gros ventre. Cam. V. panso.
BASCARA, V. posGOLi.
BASCARADO, V. poscolJLdo.
BASCO, s. f. Basque, f. pan d'un habit. V. waÈL, 1 .
BASE, s. m. Vase. Lo\as bases socrâts, les vases sacrés. (R. du lat. vas, m. s.)
1. BXSSIO, càsso, Esl. s. f. Casse, grande coupe à long manche dont on se sert pour la manipulation du vin. (RR. Le 1" mot se rap- proche du lat. vas, tasis, vase, et le 2® du lat. cassis, casque.)
2. BÀSSIO, bJLsso» MonL s. f. Grande auge creusée ordinairement dans un tronc d'arbre et placée près d'une fontaine pour servir de lavoir et d'abreuvoir. loumbit dins lo bdssio, elle
tomba dans l'auge de la fontaine, dans le bassin de la fontaine.
BASSOCULO, s. f. Bascule, appareil de pe- sage employé surtout aux octrois. — Bascule, instrument de serrurier, qui, avec l'aide du trépan ou vilebrequin, sert à forer le fer doux.
BAST, s. m. Bât, espèce de selle de bois garnie de cuir, munie de quatre crochets laté- raux et destinée aux bêtes de somme. Barde bourrée et maintenue dans une courbe inflexi- ble par dos arceaux de bois. Ce sont les clitellœ des Latins. (It. et esp. basto, m. s. gr. |3«<rràÇ«v, porter.)
BASTAR, V. n. arch. Suffire. MilL (Esp. bastar, it. baslare, bret. basta, m. s.)
BÂSTARDIÈYRO, s. f. Voiture destinée au transportdes enfants trouvés. — Femme chargée de conduire ou de visiter les enfants trouvés. S -Sern. (R. bastdrd, v. bostIrd.)
* BASTE, adv. Tantmieux ; plaise à Dieu. Cet adverbe fort commode et d'un fréquent usage n'a pas d'équivalent en français. Il marque le plus souvent le désir, la satisfaction, et correspond à«je désire que, j'en suis bien aise, puisse-t-il en être ainsi, plaise à Dieu. » Bdsteque béngo, plaise à Dieu qu'il vienne. Bâste que loy seguèsso onât, plût à Dieu que j'y fusse allé.
BASTÉNTO, s. f. Bâtisse ; construction. Vill,
BASTIdA, s. f. Bâtiment, maison. Bastide, maison de campagne. C'est ainsi qu'on appelle encore aujourd'hui les maisons de campagne à Marseille. Bastille de campagne, espèce de for- tification. (R. du celt. bai^t, fort, château.)— N. Au treizième siècle on appelait encore bastida une ville nouvellement bâtie. C'est ainsi que notre Villefranche était appelée la Bastida de Villa-Franca. Plusieurs villes et localités ont conservé ce nom dans le midi de la France.
BASTIÈ, s. m. Bâtier, celui qui fait des bâts. S.'A. (R. basL)
BASTO, bonIsto, s. f. Benne, baste,f. espèce de panier qu'on met au nombre de deux sur les bêtes de somme pour porter des fruits ou autre chose.
BATEA, BOTBA, V. n. Battre, palpiter. On dira de quelqu'un qui tombe mort et ne bouge plus : loumbèt et boteèt pas plus, il tomba raide mort. S.'Sern. (R. v. batrb.)
BATEDÔU, V. BOTODOUYRO.
BAT-EN-BAT (DE), adv. A deux battants, en- tièrement. Los pouôrtos èrou dubèrtos de bat-en- bât, les portes étaient ouvertes à* deux battants. — Pêle-mêle, en désordre. Se dit des meubles.
BATICÔL, V. BOLDÔNO.
BATI-COUÉT, v. bato-cocéto.
BAU
— <* —
BAV
BATIRME, s. m. arch. Baptême. V. botéme.
* BATO, s. f. La corne du pied des ruminants et autres animaux. Pord lo bdfo, parer la corne comme fait le marcchal-forrant quand il forre un animal. Birâ los butos, périr, mourir : se dit surtout des animaux. — N. Le mot français batte ne peut s'employer dans ce sens ; il veut dire battoir, botodôuyro, — Bride, bande de cuir, qu'on met aux sabots pour qu'ils ne bles- sent pas le dessus du pied. Une chanson popu- laire dit : Cinq soûs de bâtos oys esclouôps, cinq sous de brides aux sabots.
BATO! BATo-MÉ ! interj. Bah ! allons-donc!
BATOBUROO! v. lo!
BATO-COUÉTO, bacho-couéto, botodouyro,
C. COUETO-LÈBO, S. f. COUETO-LEBÉT, BATI-COCÉT,
S. m. Bergeronnette, gentil oiseau qui au repos hoche la queue , ce qui lui a fait donner ses divers noms patois qui signifient « qui bat de la queue, qui lève la queue. » Il y a plusieurs espè- ces de bergeronnettes. V. rocsséto, postourélo.
BASTODIA! V. cda!
BÂTOU, BATouL, adj. m. Couvi, gâté. Uoû bitou, œuf couvi. (R. bated , parce que dans l'œuf couvi quand la matière est desséchée elle bat contre les parois do la coque.) — Borgne. Poché, contu.sionné en parlant d'un œil. Uèl bâ- tout, œil borgne, œil poché.
BÂTRE, V. a. Battre, frapper, donner des coups. Cal pas bâtre lou bestial, il ne faut pas battre les animaux. (Vieux lat. batuere, it. bat- tere, m. s.) — v. n. Battre le blé. Obènpas botût encâro, nous n'avons pas encore battu le blé. — Battre, faire du bruit, comme un contre- vent agité par le vent. — Palpiter. Toumbèt et botètpas, il tomba raide mort. — v. pr. Se battre.
BAÛCH, BAUGE, -o adj. Fou, folle. — Toqué, extravagant. Plaisant, bouffon, facétieux. Brise- tout, très étourdi. (Celt. bauch, farce.) On ap- pelle pa de baûgeo le pain fait avec les raclures de diverses pûtes.
BAÛCO, V. BALCO.
BACDRO, v. bIldro.
BAUGE, V. baOch.
BAÛGERIÔ, V. boOgièyro ; fodûn.
BAÛJO, V. goOdufo.
Baume, s. m. Baume, résine odorante qui découle de certains arbres. Ocouô sent pas o baume, cela ne fleure pas comme baume. — Baume des jardins ou menthe-coq ou balsa- mile, plante aromatique cultivée dans les jar- dins. — Parfum, bonne odeur. [bèrto . . . De mille et mille flours lo compdgno es cou- Qu'un bdoume pcr lou nas! qu'un regàl per lo (Pbyr.) [blsto I
BAOmO, I DAfjNo, gaOno, Mont. dim. boSméto, s. f. Grotte, creux pratiqué naturellement ou arlificieliement sous un rocher, dans un rocher. Le 1^'inot est gaulois. — Creux d'arbre. Camp. Y. bou6rg.no. — y if. ravin. V. bolat. — De là les noms propres Labaume, Baumel, Baumelou, Balmefrésol, etc. — La Sainte-Baume est une grotte de la montagne de ce nom (Var), ob sainte Marie-Madeleine passa les trente trois dernières années de sa vie dans la prière et la contemplation, et oîi elle mourut. C'est encore aujourd'hui un lieu de pèlerinage.
BACS, obaûs, PcyrL bals, bxbèls, S,'Bauz, BARÈûs, s. m. Abîme, grande excavation natu- relle comme celles qu'on trouve sur les pla- teaux calcaires, dans les terrains calcaires. Lou baûs de Botiozôiiîs, l'abîme deBozouls, près de la grande route de Rode2 à Espalion. (Lat. vorago, gouffre , et abyssns , abîme.) — Exca- vation circulaire ou ovale qui forme coname une petite oasis dans les terrainscalcaires. V. côuxco. — Escarpement, pente abrupte.
BAUZIA, s. f. Fraude, artifice. Pernegu frau ni per nuguna bauzia d'alcuna persona , par aucune fraude ni par aucun artifice d'aucune personne. Arch. R. 1257.
BAY, impératif du v. onJI. Va. Bays-y, vas-j. Bay-Vén, va-t'en. — 2° pers. pi. du prés, de l'indicatif. Oun bay ? oU allez-vous ?
BAY-ET-BÉ, s. et adv. Va-et-vient Fo pas que bay-et'bé, il ne fait qu'aller et venir. C'est un va-et-vient continuel.
BAYADÙRO, V. emboyodûro.
BAYDÂ p. BOVLLA.
1. bIYLE, s. m. Huissier. Embouyâ lou bâyle, envoyer l'huissier, faire citer par huis- sier. (V. fr. bailli, officier de justice; intendant d'un gouverneur de province chargé de porter ses ordres ; en bas lat. bailus, lat. bajulus, porteur.)
2. BÂYLE, BOYLOD s. m. Marguillier chargé de porter un cierge à la procession du Saint- Sacrement.
BAYNÉp. BAT. Va. V. onA. BAYSIÈYRO, V. BOLSifeYno. BAYSSILIÈYRO, v. boysselièyro.
1. BAYSSO, m6lo, S.'À. s. f. Baisse, fléchis- sement dans les prix des denrées, etc.
2. BAYSSO, oB.iYSso, Sév. s. f. Coudrier, cou- dre, noisetier sauvage. De là les noms propres- Vayssb, Vayssieb, Vayssièrb, etc. — Gaule, ba- guette de coudre dont on se sert pour les ouvra- ges de vannerie. De poulidos bâyssos, de belles baguettes de coudrier. V. bridôule.
BAÎSSO-BLÔXCO, y. drbliè.
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- <*^
ËBa
i. BE, s. m. Bien. (Lat. bonuin,m, n.) Loin tes droguiste môunde, les biens de ce monde, les richesses.
Prov. Que perd soun be
Perd soun se.
< Qui perd son bien perd son sens, sa raison. » — Que creys en bes, creys en pessoméns, qui croît en biens, croît en soucis.
2. BE, V. n. Devenir. Doiin may Vouon lou fiàtOy dounpus didple be, plus on le flatte, plus il deyient intraitable. (R. Ce mot est p. benl.)
BE ! (ET), interj. Et bien ! Et be n'est pas fran- çais, et on doit l'éviter quand on parle fran- çais.
BEAT, V. BIAT.
BEBÉNDO,s.f. Bouillon mêlé avec du vin. —
SrA.
BÈC, s. m. Bec, bouche des oiseaux. (R. C'est un mot celt. qui se retrouve dans le bret. dans le sax. be(ûc), Peyrot dit en parlant de l'hiron- delle qui bâtit son nid :
0 lou tourna bosti hesès couci trobàîUo, Per loutji quond bendrô so pichdto morméillo, Cèrcolous moteriàls tout diguén so cons6u : Soun bèc es tout ol cop lo tfplo et lou moçôu.
— Fig. Bouche, langue d'une personne. Obûre boun bèc, avoir le bec bien effilé, la repartie vive et prompte. Possd lo plôumo pel bèc, passer la plume par le bec à quelqu'un, lui damor le pion, le priver adroitement ou par ruse d'une chose sur laquelle il comptait.
BECA, V. BRQUJl.
BECADO, pbibJIdo. C. s. f. Becquée. Dounâ lo 6ecddo, donner la becquée aux petits oiseaux.
BECASSO, s. f. Bdcasse, oiseau à long bec.
BEC-GROUÔS, V. SENiNE.
BÈCO, s. f. Bégueule. Nigaude.
BECOSSEJA, V. n. et a. Becqueter.
BECOSSE, s. m. Bécasseau, petite bécasse.
BECOSSIXÉTO , becossino-d'ayo , poulbto- bato, s.f. QDiouL-pouYRfi, VUl. S. m. Chcvalier guignette, espèce d'échassier à pieds rouges qui fréquente le bord des étangs et des ruisseaux.
BECOSSINO, GOBRÉTo, Rp. s. f. Bécassine, espèeede petite bécasse dont le cri ressemble au bêlement de la chèvre ; de là son nom de cohréio,
* 1. BECÛT, DO, adj. Qui a la lèvre supérieure proéminente et avançant plus que l'inférieure.
V. EBBÈFIB.
2- -- V. césb; pourcût. BEDA, comme bbla.
BEDAYNE, s. m. Bédane ou bec d'âne (pr. bé- ^n$), espèce de ciàeau coupé en biseau comme
le museau de l'âne, et qui sert à creuser des mortaises.
BEDEIA, V. SIRMENTÂ.
BEDÉL, BUDÈL, S.-.4. s. m. Veau. Lo bdeo o fach un bedH. La vache a fait un veau. (R. it. titello, lat. titulus, m. s. esp. bedel, bedeau d'université.) — Boyau. V. bcdèl — Fig. Ebou- lement d'un mur sur un point seulement. Oquélo porét 0 fach un bedèl, ce mur s'est éboulé ou écroulé en un endroit.
BEDELA, BUDKLi, S.-A. V. n. Vêler, mettre bas en parlant de la vache.
* BEDELADO, bodblIoo, S.-A, s. f. So dit des veaux d'une vache quand elle en fait deux.
BEDELÉTO, s. f . Petite génisse.
* BEDELIÈ, 6, Mill. s. m. Gard eur de veaux. Marchand de veaux.
BEDÈLO, BUDfeLo, S.-.4. s. f. Génisse , jeune vaoho qui n'a pas encore porté. (R. bedH.)
BEDELÔU, BUDBLÔu, S.-.l. s. m. Petit veau. (R. bedèl.)
BEDÉXO, s. f. Bedaine, panse, ventre. Se cou- fia lo bedéno, se gonfler la panse, so bourrer. Peyr. V. ponôuillo.
BEDIJA, V. SIRXENTÀ. BEDIS, V. OBEDISSIÈ.
BEDfsSO. V. BELfsso.
BEDÔS, V. RfisE.
BÈDRE, o, adj. Apf3, rude. Bi bèdre, vin âpre. — Résistant, raide, infléchible en parlant du bois. Es trouop bèdre per se plegd, il est trop raide pour plier. — Dur, diiTlin'le à tailler, on parlant delà pierre qui éclate sous la pointe ou qui se refuse à la taille. — Dur, rude, raide , revôche en parlant du caractère. Ouncorotdri bèdre, il a un caractère revôche.
BEFACH, bkfat. s. m. Bienfait. V. biènpâch.
BÈFI,-o, adj. Qui a une lèvre trop longue. V. BMBÈPiE. — Étourdi, écervelé. Conq.
BEGNA, V. BOGNA.
BEGOULA0,-do, adj. Bègue, très bègue. V.
BLES.
* BEGÔUYS, BOBÔUYS, bobouïs, Lart, boub/s, BOUïssB, Entr, | GocBfs, gouôbi , BouôBi, Mont. TiMÔu, ViU, s. m. Montant de l'échelle ou corps d'une charette, d'un char, c'est chacune des deux grosses pièces latérales qui dans les charrettes se terminent par le brancard ou limon.
*BEG(!jDO, dim. bbgudéto, s. f. Un coup de vin, rafraîchissement. Uoqui oqui y o ûno be- gûdo, de là là il y a une traite assez longue pour avoir besoin de boire un coup.
Càdo costognéto, So begudéto.
BKL
-U-
BKL
« Chaque marron rôti demande son petit coup de vin. »
BÈGUE, y. BLBs.
BEGUE JÂ, y. n. Bégayer, être bègue.
BBGUINÀT, ADO. adj. Habillé comme une béguine ; drôlement accoutré.
BËGUINO, s. f. Béguin, sorte de capuchon que portaient les anciennes béguines. Coiiïe de religieuse. Bonnet de petit enfant. Perdre la begulno, perdre le bonnet, et au iîg. perdre la tôte. — Béguine, sorte de religieuse. Fille dé- vote. V. BIÂTO.
BEILLÂ, V. n. Veiller, travailler pendant la nuit. Passer les soirées d'hiver à travailler ou à causer. — Veiller, ôtre un peu hors de l'eau en parlant d'un rocher, ou d'une peau qui ne plonge pas entièrement dans le confit. — v. a. Veiller quelqu'un, un malade. Épier, guetter.
BEILLAdO, s. f. Veillée.
ProY. Per Nouostro-Dàmo de setémbre Beillddos os oténdre.
t Les veillées commencent bientôt après Notre-Dame de septembre (le 8 de ce mois). »
Per Nouostro-Dâmo de mars Beillâdos o parts.
«A Notre-Dame de mars (25, fête de TAnnon- ciation) les veillées sont mises de côté. »
BEILLÂYRE, o, adj. et s. Qui aime la veillée, qui veille longuement. Celui qui veille un ma- lade ; qui épie, qui guette.
BEILLÂYRO, BEiLLOYROuÔLO, s. f. Colchique d'automne, vulg. veilleuse, fleur d'un blanc in- carnat, commune dans les prés en automne. — V. pourcbl6o,2. — Safran multifide, autre fleur semblable à la précédente, mais plus rare et ne fleurissant pas avant le 5 octobre. On en trouve dans la commune de Bertholène , ou nous l'avons récoltée.
BÉILLO, s. f. Veille, le jour précédent.
BEILLÔUSO, s. f. Veilleuse, lampion pour éclairer.
BEJÂT, s. m. Enfant gâté, capricieux, dérai- sonnable. Larz. (R, besàt,)
BËJÉTO, BÉJO, V. GOUGNfiTO.
BEJOUNi.RI,-o, adj. Visionnaire ; fantasque, qui a des goûts capricieux ; qui a envie de tout ce qu'il voit. V. bbejôus.
\. BËL,-o, adj. Beau. Bel tems, beau temps. Bel jour, beau jour. (R. it. et esp. bello, m. s. lat. 6e//u«, joli.) — Plus souvent grand, de belle taille. S'es fach bel, il a grandi. Sios pus bel qu*ieû, tues plus grand que moi. —Il s'emploie souvent après la préposition o, a, comme en français dans Texpression à bellw dents, 0 bel
brossai, à bras le corps, en saisissant entièie- ment le corps. 0 bèlos polddos, par pelletées.
0 bès (pour bèls) plonpôuns, par poignées. 0 hh boucis, par morceaux. — Il s'emploie encore pour former les termes d'alliance. Bèl-fil, beau- fils. Bèlo-mdyre, belle-mère. Notons que dans la vieille langue française le mot beau ou biau, accolé aux noms de parenté, signifiait cher, bien-aimé. — En bel mièch, au beau milieu.— adv. Beau. 0 bel fdyre et bel dire, il a beau faire et beau dire. — Plus. Jour lou bel dorrUdet jours, le plus dernier des jours. — s. m. Beat temps. — L*arc-en-ciel, comme si l'on voulait dire le beau phénomène par excellence.
Prov. Lou bel moli,
Plèjo oldesporti ; Lou bel de lo serido Met lou bouyè o l'orido.
« L'arc-en-ciel du matin présage la pluie ponr l'heure du goûter ; l'arc-en-ciel du soir met le bouvier au labour. » V. èclo.
2. BEL, s. m. arch. Bêlement. V. bialobék.
BELA, biolJL, Mill. briolI, bbd.!, beca, Moni. oubllI, S,'A. V. n. Bôler, crier en parlant des brebis et des chèvres. (R. esp. balar, it. belare, lat. balare, m. s.) V. guella en son lieu. — Fig. V. a. Désirer ardemment, soupirer après. Biolà iino plaçd cdumo los fédos lo «a/, convoiter une place comme les brebis désirent du sel.
BELÉCH, V. libOs.
BELEJÂ, V. LiEûssi.
BELÈOU , adv. Peut-ôtre. Sans doute. Ojpé belèou, oui sans doute.
BELÉSOS, s. f. pi. Illusion. Fa de belésos, faire illusion. Se fa de belésos, se faire illusion. Pej^.
BELÉT,-o, adj. Grandelet, un peu grand. (R- bel, dont il est le diminutif.)
BELÉTOS (FA.) Aller , marcher doucement. Nant,
BÉL-FIL, s. m. Beau-fils, gendre.
BÈL-FRÂYRE, s. m. Beau-frère.
BELIGi.S,-so, V. aObobIt.
* BELIGO, s. f. Vieille brebis. V. oiacHO.
Omb*un tros de beligo o rescôt preporàdo Forcfssou lou gresi<S, bôurrou lo pipochido, Et, loutossôucoumôul, orrôusou lou budèl 0 lo sentit de Jan ombé de bi noubèl.
(Bald.)
BELISSO, BiLfsso, bbrïsso, Ség. bidIsso, Moi^i- oBEoisso, Bicisso, Peyrl. s. m. obbdissiè, | abio<s, abarIgnb, S.'À. s. m. Osier, saule, toutes les espèces d'osiers et de saules peu élevés qui croissent sur les cours d'eau.
BEN
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BEN
Un fort rdabe soubén troboilldt per Tourétge Pel lo ratgeo des bens, soufris may de dou-
[mitge . Qa'uQO fèplo bicdsso ou qu'un aûbre mens (Bald.) [gros.
— Plion, pléyon, brin d'osîer. Unplonpôun de belissos, une poignée, une petite botte d'osiers, de plions.
BÈLO-FILLO. s. f. Bolle-fille, bru.
BÈLO-MÀYRE, s. f. Belle-mère.
BELÔU, s. m. Velours. Uno bèsto de belôu, une reste de velours. (R. it. velluto, b. lat. velti- tant, m. s. lat. villosus, velu.)
BELOUTAT, âdo, adj. velouté, doux au tact eomme le velours.
BÈL-PAyRE, s. m. Beau-père.
BÈLTAT, bèoutJIt, s. f. Beauté.
Lo beltât d'ùno fillo OcouiS lo morldo pas : — Ocouo li nouos pas, Sou dlsou los poulldos.
€ La beauté d'une fille ne la fait pas marier : -*Eile ne lui nuit pas, disent les belles. »
BELUGA, BBLUGUBji, v. n. Bluetter, jeter des binettes. Etinceler, jeter des étincelles. Briller, scintiller.
BELZENÂ, BBSBNA, V. n. Haleter, être essou- fié, avoir la respiration pressée. (R. it. bolso,
poussif.) V. PONTOTSSA.
1. BEN, BAX, M. s. m. Bain. Ben de pès^ pédi- inve.bain de pieds.
2. BEN, s. m. Vent, air agité. (R. it. vento, esp. vienio, lat. ventum, m. s.) Fo un ben que téumbo, il fait un vent qui vous renverse. Lou ben n'es paspesedyre ni coésdyre, le vent ne favo- rise ni la pêche ni la chasse. — Grond ben pi- ehouôto plèjo, grand vent, petite pluie. — Ben bas, ben de Bourdèous, vent du sud-ouest. — Ben blonc, vent d'est qui dessèche et blanchit les moissons. V. soulédbe. — Ben de Cebénos, vent d'est-sud-est. — Ben nègre, vent du sud-ouest ou du nord-ouest, selon les lieux. — Ben mouol, vent d'ouest, vent de la pluie. Belm. V. bbspirJIl.
BENA, V. n. Vener, mortifier la viande, la garder quelque temps ou la battre pour qu'elle soit plus tendre. Cal doyssâ benâ oquélo car, il faut laisser vener ou mortifier celte viande. — Faisander, qui se dit dans le même sens pour le gibier à plume et à poil.
BBNÀT, ADO, part. Vené, mortifié ; faisandé.
BENCl, bbkzI, Mont, v. a. Harasser, accabler de fatigue. (Lat. vincere, vaincre.)
BENCIT, fDo, part. Harassé, accablé de fati- gue.
BÉNCRE, BBNQuf, V. a. Vaincre, l'emporter.
(R. du lat. tincere^ m. s.)
BENCÙR, s. m. Vainqueur.
BE.NDÀ, BONDA, BANDA, M. V. a. Bander, ser- rer avec un bandage, avec un bandeau. — Em- battre, mettre une bande circulaire de fer aune roue de véhicule.
BENDÂGE, BOMDiGB, bandJLgb, if. s. m. Ban- dage.
BENDAPLE, o, adj. Vendable, qui peut se vendre.
BENDEGNÂ, v. bkndkmia.
BËNDE6NÀYRË, v. bbndbmiatbe.
BENDÉ6N0, v. BBNDfimo.
BËNDÉL, bendèO, bakdèO, bondèl, s. m. Ban- deau, bande qu'où met sur le front y sur los yeux.
BENDEMIÂ, BBifDBGNÂ, Marc, bbndignI, Ville. V. a. et n. Vendanger, faire la récolte du raisin. Pus tard l'ouon bendémio, millôu es lou bl, plus tard on vendange, meilleur est le vin. (Lat. ven- demiare, it vendemmiare, esp. vendimiar, m. s.)
BËNDEMli YRË, o, bbndbgnayre, o, Marc. etc., s. m et f. Vendangeur, euse.
BENDÉMIO, BBNDfiGNO, Marc, bend/gi^o, Ville. s. f. Vendange. (Lat. vendemia, m. s.) 0 bendé^ mios, aux vendanges, à l'époque des vendanges. En