This is a digital copy of a book that was preserved for generations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project to make the world's books discoverable online.
It has survived long enough for the copyright 10 expire and the book to enter the public domain. À public domain book is one that was never subject to copyright or whose legal copyright term has expired, Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books are our gateways lo the past, representing a wealih of history, culture and knowledge that's often difficult to discover.
Marks, notations and other marginalia present in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journey from the publisher to a library and finally to you.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the public and we are merely their eustodians, Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we have taken steps 10 prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying.
We also ask that you:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use these files for personal, non-commercial purposes.
+ Refrain from automated querving Do not send automated queries of any sort to Google’s system: If you are conducting research on machine translation, optical character recognition or other areas where access 10 a large amount of text is helpful, please contact us. We encourage the use of public domain materials for these purposes and may be able to help.
+ Maintain attribution The Google “watermark” you see on each file is essential for informing people about this project and helping them find additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it legal Whatever your use, remember that you are responsible for ensuring that what you are doing is legal. Do not assume that just because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other countries. Whether a book is still in copyright varies from country to couniry, and we can't offer guidance on whether any specific use of any specific book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner anywhere in the world. Copyright infringement liability can be quite severe.
About Google Book Search
Google’s mission is lo organize the world's information and 10 make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers discover the world’s books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full text of this book on the web athttp://books.google .com/|
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avec précaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en ligne
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression “appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre, Les livres libres de droit sont autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d'utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine. Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers. Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation des ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l’utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d’un livre varie d’un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier les ouvrages dont l’utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.
À propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse[http://bo0ks. google. com
ROMANIA
ROMANIA
RECUEIL TRIMESTRIEL CONSACRÉ A L'ÉTUDE DES LANGUES ET DES LITTÉRATURES ROMANES PUBLIÉ PAR
Pauz MEYER ET Gaston PARIS
Pur remenbrer des ancessurs Les diz e les faiz e les murs. Was.
21e ANNÉE. — 1892.
PARIS ÉMILE BOUILLON, LIBRAIRE- ÉDITEUR
67: RUE RICHELIEU, 67
A5 LA. JA“ 81 ‘808
A NOS LECTEURS
La Romania entre aujourd’hui dans sa vingt et unième année. C'est en 1872, en effet, que parut nôtre premier numéro.
Les deux directeurs y tenaient beaucôup. de place. Pendant les vingt années qui se sont écoulées depuis lors, ils ont consacré à leur œuvre de prédilection le meilleur de leur temps. A eux deux ils ont rédigé plus du quart de ces vingt volumes. Puissent les lecteurs n’avairpas été trop fatigués par la répétition constante de leurs noms! à
Il y a vingt ans, la France occupait dans le monde une posi- tion bien modeste, pour la science comme pour le reste, et elle en avait le sentiment peut-être exagéré. Les études romanes notamment, prises dans leur généralité, y intéressaient peu de personnes. L'étude plus spéciale de notre langue ct de notre littérature était poursuivie par un petit nombre d’érudits dont les travaux avaient peu d’action sur le grand public et n’en avaient aucune sur l’enseignement officiel. Trois chaires seu- lement, réparties entre le Collège de France, l'École des Chartes etl’École des Hautes Études, toutes trois, par conséquent, placées à Paris et en dehors de l'Université, représentaient en France certaines branches de la philologie romane. Au mème temps Y'Allemagne était considérablement en avance sur nous, tant par {la place qu'elle accerdait à l’enseignement historique des langues et des littératures neo-latines que par le nombre et l'importance des travaux qu'elle leur consacrait. Nous avons voulu que notre
pays devint à son tour un centre d’étude et de production pour Romania, XXL 1
A NOS LECTEURS $ poésies offriraient un rapport bien établi avec la littérature du moyen-âge.
Notre domaine, restreint de plus en plus à la période ancienne de ka philologie romane et spécialement de la philologie française, s’est, par certains côtés, singulièrement agrandi depuis vingt ans. A mesure que les découvertes vont se multipliant, l'horizon s’élargit et l'on voit mieux combien il reste encore à trouver. Des rapports imprévus s’établissent entre des œuvres qui sem- blaient isolées. L'analyse linguistique est parvenue à un point de perfection que l’on entrevoyait à peine lorsque nous avons com- mencé la Romania. On arrive peu à peu à dater de temps et de lieu, au moins approximativement, les compositions anonymes qui abondent dans notre ancienne littérature. On a pu récem- ment tenter, avec chance de succès, de dresser le tableau chronologique de la littérature française jusqu'au xiv* siècle : on n'y eût pas songé il y a vingt ans. Bientôt, à mesure que la langue de chaque auteur ou de chaque ouvrage sera en quelque sorte condensée en des glossaires spéciaux, on parviendra à grouper ensemble les écrits anonymes d’un même auteur. Notre champ d’études reste donc, pour ainsi dire, illimité. Mais, à côté des recherches originales, nous devons réserver une place suff- sante à l'examen des travaux d’autrui. Nous le disions dans notre programme de 1871 : « La critique des ouvrages qui paraïtront « dans le domaine de nos études sera une partie importante du « recueil. » Et cette partie devient de plus en plus considérable, à mesure que la philologie romane va se développant en tous les sens. Nous sommes inondés de livres, de périodiques, de dis- sertations pour le doctorat allemand (dont beaucoup pourraient sans dommage être présentées en manuscrit), de contributions à telle étude, de suppléments à telles recherches. C’est une marée montante qui menace de restreindre la part consacrée dans notre recueil aux études originales. On voudra bien nous excuser si trop souvent de bons livres n’ont pas le compte rendu qu'ils méritent, et si l'analyse de tel ou tel périodique est en
6 A NOS LECTEURS
retard. C’est que ce genre de travail ne peut être confié au premier venu. La critique exige une expérience et, s’il est permis de le dire, un tour de main, qui ne sont pas com- muns. Et puis les jeunes érudits de notre temps ne semblent pas avoir pour cet exercice salutaire le goût que nous mani- festions, lorsqu'en 1865 nous fondions la Revwe critique, De sorte que la partie bibliographique de la Romania reste en une grande mesure à notre charge. Depuis 1877 (VI, 316) nous avons donné, à la fin de la chronique, les titres des publications récentes, avec quelques mots d'appréciation. Peu à peu ces courtes annonces ont pris l'extension de brefs comptes rendus, contenant en certains cas, non pas seule- ment une appréciation sommaire, mais des critiques et des rectifications. C’est tout ce que nous pouvons faire pour suivre et résumer un mouvement scientifique qui croît sans cesse. Les conditions matérielles dans lesquelles se publie la Romania et nos occupations ne nous permettent pas d'augmenter l'étendue de nos volumes annuels. Nos lecteurs voudront bien nous savoir gré de nos efforts et nous excuser de ne point faire davantage.
LA LOI DE DARMESTETER EN PROVENÇAL 17 « action de partager » (qui n’est pas attesté en latin), est repre- senté par fartixo; 2° *cosetura, qui a donné, d’une part, cos- tura, cosdura, couture ; de l’autre, cosedura, action de coudre.
Enfin, un mot particulièrement intéressant est debitorem, anquel nous nous arrèrerons quelques instants avant de terminer. Il a pour représentant phonétique, conformément à la loi de Dar- mesteter, deutor ou deptor. Le nominatif correspondant “deutre, “detre ne se trouve pas; ses fonctions sont remplies par deveire (qui suppose un accusatif non attesté drcudor) et par deuteire, combinaison singulière de deutr et de dzvire. Ce nominatif dexire demande à étre expliqué : il est le type d’une série relati- vement sombreuse, où l'on peut signaler kcvire, creseire, enten- déire, fatcire, exc. Tous ces mots correspondent à des types en “it, 2 par suite soulèvent une difficulté phonétique : où le latin ne nous offre que débetor, le provençal réclame debétor. L'existence de cette forme s'explique non par un déplacement direct de l'accent, mais bien plutôt par une action règres- se du c2s règime. J'ai montré comment -émentum, étorem, etc., faisaient compagnie à imentum, ämen:um, itorem, itorem, etc. Les nominatifs -itor, -ätor, corres- pondant aux accusatifs -itorem, -ätorem, appelaient forcé men: la créaticn d'En nominatif -étor pour correspondre à Taccusatif -étorem:.
A. Tnowas.
Bu ms
NOTES
POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE LA LÉGENDE DE TROIE EN ITALIE ET EN ESPAGNE
I. GUIDO DELLE COLONNE ET -DARÈS
Guido, qui, dans son Historia destructionis Troie, cite toujours Darès et ne cite jamais Benoît, a-t-il connu l’Historia de excidio Troiz du Pseudo-Darès ? Dunger!, Joly?, Meister : l’affirment. Barth+ le nie. M. Gorra, dans son récent ouvrages, se range du côté des premiers. On peut être surpris qu’il n'ait pas vu que Greif 5 défend la même opinion, et par les mêmes raisons, c'est-à-dire en sc fondant sur deux passages, l’un du prologue et l’autre de l’épilogue du récit de Guido. Ces raisons ne sont pas irréfutables.
Ce qui est très caractéristique d’abord, c’est que ce récit en lui-même n'offre, par rapport à Benoît, aucune diver- gence où l’on puisse «econnaître l'influence directe de Darès7, dont le texte aurait pourtant souvent fourni à Guido l’occasion de contredire et de corriger les données du roman français.
1. Die Sage vom trojan. Krige, 1869, p. 63.
2. Benoit de Sainte-More et le Roman de Troie, 1870, Il, 477.
3. Dans l'introduction de son édition de Darès, p. XLIV.
4. Guido de Columna, Leipzig, 1877, P. 19.
. Testi inediti di storia trojana precduti da uno studio sulla leggenda trojana in ltalia, Torino, 1887, p. 137-142.
6. Die mittelalterlichen Bearbeitungen der Trojanersage, Marburg, 1886, P- 59-64.
7. Greif (p. 59) croit pouvoir en citer une; mais elle n'est qu'apparente. Après avoir parlé de Podalirius et de Machaon, Darès, chap. xuit dépeint le roi grec Merionem , rufum , mediocri slatura, corpore rotundo, virosum , pertinacem , crudelem, impatientem. Benoit le suit en faisant le portrait de Polidarius,
NOTES SUR L'HISTOIRE DE LA LÉGENDE DE TROIE 21
procédé suivi par Guido dans l’arrangement de son récit, et qui aussi n’a pas la même étendue dans les différentes éditions. Il n’y a nul doute que nous avons affaire À une glose qui du xxxi livre de Guido, où elle était À'sa place, a été transposée, par erreur, à la fin de l’Historia". C’est évidemment mal rai- sonner que de déduire de ce passage, visiblement interpolé, que Guido a connu le texte de Darès (il faudrait en dire autant alors de celui de Dictys), hypothèse qui est de tout point contredite par ce que nous avons de plus authentique de Guido : son récit même.
Il. UNE NOUVELLE VERSION ITALIENNE (Version F)
Le manuscrit 44-D-24 de la bibliothèque Corsini* est un volume du xv* siècle, en demi-reliure, contenant 137 feuillets écrits, in-folio, en papier, plus trois feuillets de garde, dont le second porte, au v°, les mots : Questo libro e di Giovanni dant e chontiene la storia di Troia. Che llachatta, lo renda. Questo lo [domando] in charita di Dio. La page est de 36 lignes en moyenne. Les rubriques sont en noir et se trouvent ajoutées à la marge gauche, plus large que la marge droite.
(Fol. 1) Qui chominca il libro della veragie storia di Troia.
Chome de ongni di le chose antiche chomunalmente siano messe in dementichanza per le chose nuove, perche paiano naturalmente piu diletrevole 2 udire, nondimeno alchune chose passate sono e furono di si grande isce- lenza € si notabile a richordare che per vechieza ne per morte non si possono dimentichare ne disfare, ne anchora per lungho spazio di tenpo nolle potrebe l'uomo al tutto dimentichare.
1. Par suite de ce déplacement, la souscription a dté augmentée de quelques paroles d'introduction , où il est dit que Guido a suivi en tou l'ou- vrage de Ditys, pro co quod ipse Dites perfectum et completums fecit, — paroles qui, pour le fond et pour la forme, ne sont certainement pas de Guido, ce qui n'empêche pourtant pas de regarder comme authentique le reste de la souscription.
2. Il est mentionné dans le Catalogus selectissime bibliothece À Rossii, cui premissum est commentariolum de cius vilu, Romæ, 1786, p. $, où il est dit : Hicc historia alia est ab ea Guidonis Judisis.
NOTES SUR L'HISTOIRE DE LA LÉGENDE DE TROIE 27
phrases E chome— si partiva sont un abrégé du texte de l'Historia (Ceffi, p. 54, 8—55, 9). Le monologue qui vient ensuite (Ai lassa !.…) manque dans Guido; il rappelle, malgré les différences, celui que Benoit prête à Médée (Roman, 1482-87), et ce qui suit est certainement emprunté à Benoit :
1496 Vient a son lit, si s'est assise. Mes gie quit, au mien escient, Que n'i serra pas longuement. Relieve s'en, n'i puet plus estre (f).
Avec la mention du gallo, notre texte rejoint l’Historia et la suit * en détaillant quelque peu le récit (y), mais sans se servir de celui de Benoît, jusqu’au moment où il parle des due grandi torchieti, qui, ne se trouvant pas dans Guido, proviennent de Benoi
1567 bien i voicient, Car dui cirge grant i ardoient (8).
Le passage de l’Historia, correspondant aux lignes suivantes, est (Ceffi, 56, 4 ss.) :
‘Tantosto si parti la vecchia. lasone e Medea, rimasi soli nella camera e fer- mate le porte, soli sederono in sul mirabile letto. Medea, aperti l5 suoï tresori, rase fuori una immmagine..…
Notre texte s’écarte donc beaucoup de l’Historia. Il est bien plus long, parce qu'il emprunte des détails au récit de Benoit (. 1586-1607) :
La mestre ensemble les lessa,
En altre chanbre s’en entra.
Jason parole tor premiers :
« Dame, gié sui li chevaliers
Qui vostre quites sans partie 1590 Serra toz les jorz de sa vie.
Vos prie & requier dolcement
1. Id le récit de Guido diffère de celui de Benoit, surtout dans les points suivants : 1° Médée ne cherche pas des yeux le lit où Jason se couche, puisque Jason a une chambre à part; 2° la servante ne dit pas à Médée de se coucher ; aussi celle-ci ne se couche-t-lle pas; 3° Médée reçoit Jason sous la porte de sa chambre et lui rend son salut aflectueux.
32 H. MORF
IT. LE ROMAN DE LANDOMATA
Le Roman de Landomata est compris dans le roman de Troie
en prose : c’en est la dernière partie, ajoutée immédiatement au récit de la mort d'Ulysse. Il en a été question ici même (XIV, 66 s. et 73), et M. Gorra en parle pp. 244-48 de ses Testi inediti. . On sait que Benoit connaît Landomata, fils d'Hector et d’Andromaque. Il le mentionne aux vers 15194 ss.; il en parle plus longuement vv. 29584 ss., où il dit que Achillidès, fils de Pirrus et d’Andromaque, aimait beaucoup son frère utérin :
29597 Au fil Hector ot tel amor Onc hons a autre n'ot greignor.
Tous deux étaient des chevaliers sans peur et sans reproche :
Par els refut puis lor ligniée
Tote alevée et essauciée ,
Et li cheitif, li exillié,
Hors de servaige et conseillié : 29615 Par ces dos lor vint li secors,
Dont il orent puis granz hanors,
Et les granz terres desertées,
Qui puis refurent d'els puplées.
29625 D'els nos porrions molt retreire, Mes des or voldrai a chief treire M'oeuvre : ne vos en.merveilliez ; Car molt sui las et traveilliez.
Il est évident que Benoit connaissait un récit selon lequel les deux fils d’Andromaque rétablissaient l'honneur de leur maison et lui rendaient le pays de Troie, qui devenait de nouveau floris- sant. Ce récit remonte à une tradition connue déjà par l’anti- quité (cf. Joly, Il, 415; Gorra, 247, n.)
Dans les six vers (29619-24) que j'ai omis ci-dessus, Benoit donne d’autres détails sur le récit auquel il entend faire allusion :
Par le fl Pyrrus solement, 29620 Achillides, le prou, le gent,
MAÎÏTRE PIERRE CUDRIFIN, HORLOGER,
ET LA VILLE DE ROMANS"
Ga22-1431)
Par un acte en date du 10 novembre 1422, les syndics de Romans chargèrent un certain Pierre Cudrifin, bourgeois de Fribourg qualifié de « magister horologiorum », de construire à Romans une horloge, à prix fait; le dit Cudrefin s’engageant à séjourner une année dans la ville, à partir du 6 janvier suivant, pour vaquer à ce travail. Cudrefin est le nom d’un village situé sur le lac de Neuchâtel, en une partie du canton de Vaud qui se trouve enclavée dans le canton de Fribourg. Je ne sais si notre horloger en était originaire. Ce qui est sûr, c'est que Cudrefin ou Cudrifin est le nom d’une famil e fribourgeoise dont plusieurs membres sont mentionnés en des documents du xv* siècle 2. Il ne parait pas que le délai d’un an ait sf à l’exé-
1. Les pièces d'après lesquelles cet article a été rédigé sont conservées aux archives de la Drôme dans la liasse cotée E 3652. Elles ont certainement été distraites des archives municipales de Romans, où il subsiste peut-être d'autres documents relatifs à la même affaire. L'auteur d'une très courte « note sur les cloches et l'horloge de Jaquemart, à Romans », publiée dans le Bulletin de la Socitté d'archéologie de la Drôme, IX (1875), 353 , ne les a pas connues.
2. Peterman Cudrefin, chancelier, de 1410 à 1415 et memore du Conseil de justice, fit écrire, en 1426, un manuscrit du Roman de vraye amour, poème en quatrains de vers alexandrins dont le début a été cité dans le Bulletin de Tinstitut national genevois, 1 (1853), 55. On peut voir sur Peterman Cudrefin, Berchtold, Histoire du canton de Fribourg, Il (1841), 250, 265; Daguet, Archives de la Société d'hisloire du canton de Fribourg, 11 (1856), 196- 201. — On connait aussi un Jacques Cudrifin, voir Berchtold, Hist. du cant. de Fribourg, 1, 291.
52 P. MEYER Il Or esmaginés quelle chiere Font ceulx qui vous ont soustenus Depuis vostre emprisse premiere *. 20 Je croy qu’i sont mort ou perdus, Car je ne voys nulle ne nus Qui de present de vous se mesle, Si non chetis et maletrus, 24 Dont c'est pour vous dure nouvelle.
IV Pour vous gages, il est conclus, Aiés la goute et La gravelle Et le coul taillé rasibus, Dont c’est pour vous dure nouvelle.
Paul Mever.
1. Les Bourguignons.
2. Le plus ancien exemple de ce mot, dans Littré, est tiré de Commines, mais il y en a dans Raynouard (Lex. rom., V, 36) un ex. tiré du traité d'arpentage de B. Boysset, par conséquent de 1405. On le trouve aussi dans l'un des mystères rouergats récemment décrits par M. Thomas (Ann. du Midi, IL, 415).
GASTER, Chrestomathie roumaine 119 développée ; mais, jusqu'ici, bien peu d'auteurs se sont appliqués à recueillir les formes du parler populaire dans les divers pays roumains. Le choix de l'Opincar de Jipescu pour la Valachie est excellent ; mais les textes macédo- niens, par exemple, ne nous inspirent qu'une confiance restreinte. Boiagi, qui écrivait en 1816, s'appliquait déjà à latiniser sa langue. Quant aux Mostre de Vangeliu Petrescu, nous avons déjà dit qu'elles ont été arrangées par Obédénare*. C'est également Obédénare qui a eu la part principale À la traduction macédonienne de L'Escriveta, et ce texte ne peut absolument pas être cité comme populaire.
Le glossaire qui termine l'ouvrage témoigne d’une patience éprouvée et rendra les plus grands services au lecteur étranger. On pourra seulement regretter que M. G. n'ait pas unifié l'orthographe en s'en tenant, comme le font aujourd'hui les auteurs moldaves, aux signes 4 et { pour représenter les deux voyelles de l'alphabet slavon qui manquent à l'alphabet latin. Il a fait sans doute un grand pas dans cette voie ; mais il admet encore, nous ne savons pourquoi, le signe d qui, en réalité, se confond avec f.
Si nous ajoutons que l'exécution matérielle de la Chrestomathie ne laisse rien à désirer et que le prix des deux volumes (22 fr. jo) est relativement modique, nous en aurons assez dit pour recommander l'œuvre de M. G. et témoigner de la haute estime que nous inspire son travail.
Émile Picor.
1. Remenie, XVIII, 1889, p. 168, note 5.
CHRONIQUE 129
— Nous avons reçu les prospectus de deux dictionnaires qui nous parais- sent de nature à être annoncés ici. L'un est un dictionnaire français-occitanien par M. L. Piat (en souscription chez MM. Hamelin frères, à Montpellier). L'ouvrage doit former deux volumes gr. in-8° d'environ 500 pages chacun. Le prix en est fixé à 24 francs. Si nous en jugeons par le prospectus, ce dictionnaire sera conçu selon une bonne méthode. — L'autre dictionnaire «st un Glossaire du pavs blaisois, « contenant les vocables, locutions, dictons « et proverbes de pays blaisois, même ceux des temps passés, qui ne sont « plus en usage aujourd'hui, précédé d'une étude sur l'orthographe et la pro- “ nonciation blaïsoises, et suivi d’un appendice donnant plusieurs spécimens « du langage blaisois », par Adrien Thibaut. (Prix 8 fr.)
— L'Armana prouvençau, parvenu actuellement à sa trente-huitième année, a eu une nombreuse progéniture. Il a paru en plusieurs villes du midi de la France des almanachs plus ou moins populaires rédigés en patois local, dont les uns n'ont eu qu'une existence éphémère, tandis que d'autres font preuve d'une réelle vitalité, Nous signalerons particulièrement l'un des plus récents, l'Almanuc patouës de l'Ariejo, publié à Foix chez Gadrat aîné, qui nous paraît mériter d'être signalé non seulement aux personnes qui s'occupent de nos patois, mais surtout à celles qui s'intéressent aux chants et aux contes popu- laires. C'est par excellence un almanach fait pour le peuple, car il ne coûte que 15 centimes, mais, comme il est dirigé par le savant et zlé archiviste de l'Ariège, que rien de ce qui touche son pays d'adoption ne laisse indifférent, il ne faut pas s'étonner s’il est de nature à plaire aux érudits. L'almanach de 1891 contenait des chansons déjà publiées dans le Bulletin de la Société arigæise, notamment dans le mémoire sur Massa, chansons, danses, ete., que nous avons annoncé en son temps (Rom., XVIII, 647), et quelques contes populaires ; celui de 1892, que nous venons de recevoir, contient plusieurs morceaux dignes d'attention. Nous citerons la chanson de noce et « la femme trop pressée de se marier », chants recucillis dans la haute vallée de l’Arièg de nouvelles versions de la mal maridado (tout à fait différentes de la pièce publiée sous le même titre dans D. Arbaud, Ch. pop. de Pro. 1, 148, et de toutes les maumariées que renferme le recueil de M. Rolland, 1, 79; II, 7 V. 3), des noces de l'alouctte et du pinson (ef. D. Arbaud, II, 189; Montel at Lambert, Chunts pop. du Langudor, 490 et 91, etc). Parmi les contes, notons (p. 51) celui de la souris qui se métamorphose en fille, veut épouser le soleil et finit par épouser un rat. C'est un conte qui a été très répandu de Inde à l'Occident, et sur lequel voy. Contes de Boon, pp. 259-60.
— Nous avons reçu de M. Nizier du Puitspelu les observations qui suivent , en réponse au compte rendu publié daus notre t. XX de son dictionnaire du patois Ivonnais. Nous les publions en y joignant en note les remarques que M. Philipon, auteur du compte rendu, nous a adressées À ce suj
« La Romania (XX, 306) contient, sur mon D) lu Pulois Ironnais. an travail de M. Philipon, suivi de remarques de M. P. Méver. Je “iens tout d'abord à remercier ces messieurs d'une courtoisie à laquelle j'ai
Roms. NX. 9
130 CHRONIQUE &të très sensible. Je désire ensuite rectifier quelques inexactitudes qui se sont glissées dans l'article d'ailleurs si compétent de M. Philipon.
« Bien entendu, je ne discute pas les idées générales. Je laisse de côté tout ce qui est du domaine des opinions pour m'en tenir exclusivement à la dis- cussion de quelques points de fait.
« Page 309, M. Ph. me reproche d'avoir vu le suffixe airo arius dans un certain nombre de noms de métiers, tels que amolairo, sefairo sectarium, et il y voit de préférence le correspondant du suffixe prov. aire ator, itor. Je crois qu'il a raison, mais lui-même a longtemps partagé mon erreur et n'a été éclairé que tout récemment. Dans la Revue des patois, 1, 280, il lisait beere bibarium, pinyro pectinarium, et, par la même formation, amokero de mola, marrero de marra, etc. etc. et dans la Revue de philologie, I, 38, saumer salinarios!. Qu'il ne me jette donc qu'une pierre légère !
« M. Ph. n'admet pas que, dans les verbes de la première conjugaison, la sifflante dure ait pu exercer une action sur le remplacement de a (ou de 6) par . Je ne puis que renvoyer aux exemples cités dans le Dictionnaire, p- xxx1. Ils sont assez nombreux pour ne pouvoir être tous expliqués par des types en iare, qu'il est toujours facile de supposer. Plusieurs d'entre eux, tout modernes, sont formés par apposition de suffixe : tracassf sur fracas, dehors sur borsa, cabossi sur bosse. Qu'est-ce à dire, sinon que, lorsque la voyelle finale était précédée de ss, elle s'est trouvée naturellement être { sur les lèvres du paysan?
« P. 310, M. Ph. conteste que, en vieux lyonn., « bref, au moins dans la majorité des exemples, ne se soit pas diphtongué en ie comme en français. J'avoue que cette anomalie m'a paru au moins aussi surprenante qu'à M. Ph., je dirais presque renversante, mais je ne puis cependant pas changer les exemples. Je ne puis pas faire que l'on n'ait pas Deu, ben, cel, fera, secho seclium, leve levat, pe, Pero Petrum, nebles nebulas, so seculum. Je laisse à M. Ph, le soin d'expliquer ces formes, faisant remarquer qu'après tout on peut voir dans pies (pedes), pieri, piera, liere (leger), qu'on trouve à côté, des influences françaises , tandis qu'on ne peut voir dans les autres formes des influences étrangères d'aucune sorte». M. Ph., négligeant son principe de ne pas sortir d'une seule commune, cite des textes de Mionnay
1. [En effet, j'ai eu le tort d'adopter, trop légèrement, la dérivation proposée par MN. du P. dans la première édition de son Trés bumble esai de phonétique lyonnaise, Les formes du vieux lyonnais m'ont éclairé, par la suite, sur la véritable étymologie des noms de métiers en éro. Quant à sun, il n'est pas à sa place ici; c'est Le latin salinarium, franç. saunier. — E. P.]
2. (Comment, d'aucune sorte? M. N. du P. aurait-il oublié qu'en provençal le main- tien de l'é sous sa forme latine est de régle : fél, selge, sgle, peïa, ete. ? Les formes diphtonguées étant de beaucoup les plus nombreuses dans les anciens textes lyonnais, #1 semble naturel de les considérer comme autochtones et d'attribuer les autres à une Hnfloence provençale. — E. P.]
CHRONIQUE 131 et de Miribel, mais il s'agit ic1 de textes lyonnais et non de textes bressans. — P. ji, sur o breflibre, je fais la même observation, laissant à mon cri- tique le soin d'expliquer les exemples où o ne s'est pas diphtongué».—P. 511, dernière ligne, M. Ph. me reproche de n'avoir pas « distingué entre le cas où le groupe cons. + c existait déjà en latin et celui où il n'est qu'un pro- duit roman ». Il remarque que, « dans le premier cas, € est traité comme initial et prend devant a le son chuintant sourd, tandis que, dans le second cas, il passe très régulièrement à la chuintante sonore : v. lyonn. empiment, pregier, erragivet, patois dyemengi, manjo, mangi. » M. Ph. n'a pas fait attention que l'auteur ayant considéré séparément le cas de chaque consonne devant c, il ne pouvait faire raisonnablement la distinction demandée que lorsqu'il avait des exemples à fournir dans les deux cas. Pour le groupe TC, DC, il ne possédait que des exemples de «en position romane : ablagi ablaticare, d'ablatum, ji judicare, fougi fodicare, ravi, radica. Encore y a-t-i un exemple qui dément la règle, praichi predicare, à moins que l'on suppose praichi refait sur précher. Pour le groupe RC, au contraire, l'auteur n'avait des exemples qu'en position latine : marchi mercatum, charchl circare, orchi arca. Comment aurait-on voulu qu'il fit la distinction ? — P. 312, M. Ph. écrit : « N. du P. dérive le parfait chanté cantavi d'un hypothétique cantivi : c'est bien invraisemblable en présence du v. lyonn. achitay, donnay. » Je ne sais si c'est invraisemblable, mais je crois bien que c'est certain. Je pensais avoir expliqué surabondamment qu’à Craponne à est exprimé par 4 : wnd venire, fit finitum. Donc chanté répond non au chantay des vieux textes de Lyon, mais au chanti (ime, ile, iron) de toutes nos communes rurales. Ce passé chanté se retrouve dans quantité de patois, et ne s'explique que par l'application à la première conjugaison du prétérit de laquatrimes. — P. 313, M. Ph. voit dans chuchi (Lyon), gouchi (Mormant),
1. [M faut que M. N. du P. m'ait bien mal compris pour me prêter l'étrange principe (à) qu'il me reproche d'avoir méconnu. Quoi qu'il en soit, M. N. du P. ne doit pas ignorer que la Bresse se prolongeait jusqu'aux portes mêmes de Lyon; dès lors, je ne m'explique pas qu'il me conteste le droit de comparer aux textes écrits dans cette ville, des textes appartenant à La partie du territoire bressan qui avoisinait immédiatement le Lyonnais, comme &’est précisément le cas pour les terriers de Miribel et de Mionnay. M. N. du P. considérerait-l la frontière bressanne comme une frontière linguistique ? — E. P.]
2. [Je pourrai me borner à demunder à M. N. du P. l'explication des exemples bien plus nombreux où 4 s'est diphtongué ; j'aime mieux lui faire remarquer que nous nous trouvons tout simplement en présence du phénomène bien conuu de la fusion des dia lectes Les uns dans les autres : le lyonnais tient le milieu entre le provençal où la diphrongaison n'est que l'exception et le français où cette diphtongaison est génê- male. —E. P.]
3. [L'hypothèse d'un type en iv n'est guère soutenable en présence des formes du +. Içonnais telles que dunict, maliel, parliet, lesquelles remontent visiblement à un type formé sur dedit; par la suite des temps ir (2 e) s'est réduit à i, suivant La règle, et l'on a eu des parfaits en . — Ce qui lève tous les doutes en faveur du type en ded é'est qu'il explique et La forme du vieux lyonnais ct celle du lyonnais moderne, tandis que le type en ivi ne convient qu'à cette d EP]
132 CHRONIQUE
goussi (Craponne) le même calcare, au lieu de calcare dans le premier cas, et de walkan dans les deux autres. M. Ph. a oublié que initial devant a devient bien cb dans le Lyonnais, mais jamais g *.
« Abenô, élever des oiseaux (ou des poussins) paraît à M. Ph. formé sur benna, mais le sens est absolument rebelle. Benna en lyonnais signifie un vaisseau de bois servant à recevoir de la vendange et non une cage à élever des poussins. Ce dernier objet se nomme créneau. En bas limousin beno n'a pas même le sens de cage en osier que lui donne M. Ph., mais celui de cor- beille pour le blé (Béronie). Abenô représente tout simplement « mener à bien » et non pas « élever sous une benne ». — Acuhi, mettre en monceau, est tiré par M. Ph. de collocare. Ce n'est pas possible. Collocare a, dans toutes les langues romanes, le sens de coucher, étendre, c'est-à-dire pré- cisément l'inverse d'amonceler. Le v. fr. euh signifiant monceau, quoi de plus naturel que de lire dans euchon, petit monceau, un diminutif de cuche* ? — Afard, faire sa toilette, caresser le pelage d'un animal, est relié par M. Ph. au prov. fra, torche. Cela semble trop subtil. 11 n'est pas vraisemblable qu'afara, brillant, lumineux, et ufaré, faire sa toilerte, aient la même origine. — Aivajo, race, est tiré par M. Ph. de habitati- cum, Impossible : habitaticum donne aitajo. M. Ph. aurait pu trouver dans le Dictionnaire, à l'errata, s. v. aiva, l'étymol. plus plausible de Thur- neysen (Keltoromanisches, p. 88), qui identifie le prov. aib, « Sitte, Benehmen, » avec le celt, aoibh, « a courteous, civil look; a cheerful countenance. » De qualité, disposition, mœurs, caractère, le mot a passé à qualité d'une espèce, puis à espèce 1. — Ambre, osier. M. Ph. a raison en ce qui concerne l'existence de La forme ambro. C'est même celle de la plupart de nos communes. J'avais eu le tort de me laisser abuser par là forme francisée, M. Ph. conteste donc avec a « au point de vue phonétique », mais il a tort de la contester « au point de vue historique ». Ambro vient d'amerium, qui est à
1. [Cette dualité de dérivation, à deux lieues de distance, est a priori bien surpre- nante. Pour ce qui est du passage de c initial à y devant a, M. N. du P. en cite 1 même divers exemples (85), dont il faut, ilest vrai, retrancher gl, rattaché à tort 4 calla, Aussi bien cette permutation n'est pas plus étonnante que le passage de qu'à g dans gas. — E. P.]
2. [Le v. franc, cuche, au sens de fur, ne se trouve, à ma con Rojuefort, qui le donne sans indication d'origine et en le faisant celche, eulehe, lesquelles supposent bien certainement un type formé sur collocare pris dans le sens primitif de disposer ensemble, réunir. Je ne fais donc pas de doute que le s. franc. eucke, si tant est qu'il existe bien réellement avec le sens qu'on lui donne, ne doive être rattaché à collocare, de même que le lyonnais uenchi, euchom, ete.
n de me parait pas démontrée, sens, Le rapprochement entre «a courteous, civil semble bien forcé, Je préfère m'en tenir à habita-
CHRONIQUE 133
Ameria comme Asius à Asia (voy. Geomgs s. we), Burgundius à Burgundia, Bavarius à Bavaria, ét même parius à Paros. Cf. encore pat. férsi, pêche, de persia (pour persica) ‘. — P. 214, bider, mesurer la distance du but à une boule, est identifié par M. Ph. avec but, fait sur but. IL faudrait expliquer : 19 comment # s'est changé en À (on n'a nulle part bité pour buté) ; 2° comment, contrairement à toutes les régles, le # nal de Ant est devenu d. D'ailleurs, comment ne pas identifier hider avec pider, qui a exacte ment le même sens dans la Suisse occidentale, et celui-ci avec le normand péter, mesurer ? — Bossi, que j'ai tiré de l'allem. busse, est tiré par M. Ph. du bas lat. bustea; mais Pusleu à donné hoiste ct non bosse», — Embaissi, ambaissi, certain nombre de fagots. Je vois avec satisfaction que M. Ph. a abandonné la traduction d'ambuissi par « vases », qu'il avait donnée dans la Romania (XII, 588) et qu'il accepte la mienne. Je n'ai pas le loisir de vérifier si, comme il le dit, la confusion entre am et em ne s'est vraiment jamais produite en lyonnais, ce qui rendrait en effet impossible une étymol. tirée de in-bastum. Je m'en rapporte pleinement à son érudition et, puis- qu'il paraît approuver l'étymol. ambactia, que j'avais d'abord proposée, je n'ai aucune raison de le contredire. — P. 315, l. $, M. Ph. pense que j'ai fait confusion avec indorses. Non pas. Imbiorses s'emploie dans la montagne, région de Riverie. — Fuiua. M. Ph. proteste contre l'étymol. fagina, ct veut qu'on s'en tienne à fâgina. Je ne puis que lui répondre ce que j'ai déjà répondu à M. Horning dans l’errata; que je n'ai proposé fagina que par l'impossibilité (du moins pour moi) d'expliquer le néo-prov. faguina. — Larmisa, ézard des cailloux, serait, d'après M. Ph. lacryma-+usia. Si personne n'y contredit, moi je veux bien. La forme s'adapte parfaitement. Mais quelle force d'imagination expliquera le rapprochement entre une larme ct un lérard? — Suivant M. Ph. picou serait le même que le vr. fr. frcol, undis que je le tirerais à tort de pedem coli. M. Ph. m'a mallu ou je me suis bien mal fait comprendre : j'ai précisément identifié picon avec fl, et di tiré ce dernier de pedem coli, ce qui convient comme forme, et ce que ï expliqué comme sens. — P. 516, pete! v. lyonn., matras, paraît à M. Ph. répondre à pistillum. Je l'ai dit tout au long et ne comprend pas l'obse vation 1.
« Ptongi, L'exemple donné par M. Ph. n'infirme nullement l'étymol. « naturaliste » que j'ai donnée. Pelougi, c'est d'abord là maladie (prtougi, médicamenter) ; puis l'ennui, la misère causée par la maladie : puis la misère,
2. (Le rattachement de umbro à l'hypothétique amerfum est insoutenable : amë- rium eût donné umier comme ministerium a donné mélier. —- E. P.] 2. [Non pas : bustea à donné bi comme * brustias a donné Le Brun, lieu-dit sur
le turritoire de Saint-Genis-les-Ollières, comme ambactia à donné umbaisi, ete. — E. P.] 3: [M N: du P. ne m'a pas compris : j'ai dit et je maintiens que le v. lyonnais pete
pur matras. CÉ. piston dans même ses. EP
pistillum signifie pilon ct qu'on à eu tort de le À patois de Saint-Genis-les-Ollie
134 CHRONIQUE
l'embarras en général. Quand j'étais petit et que je faisais des imprudences, ma mère ne faillait jamais à me dire : « Va, va, sois malade, puis c'est moi qui aurai la petougel »
« Poya, suivant M. Ph., « suppose un type podiatam. » Eh non! on aurait peyd ; or la forme est péya. C'est le même que le limousin poujo, nom de lieu et de personne, ct dont l'étym. podia est absolument sûre. Ne pas con- fondre péya avec la Poyat, nom de lieu, cette fois de podiata *.
« Vai, dit M. Ph., ne peut-être le latin vicus. » Je n'ai pas repoussé versus. J'ai exposé les deux hypothèses et les raisons qui militent en faveur de chacune d'elles. Le témoignage de mon absence de parti pris, c'est que j'ai moi-même cité le texte rappelé par M. Ph. Quant à sa preuve, tirée de sa prononciation de vé à Saint-Genis, elle n'est pas concluante, car dans presque tout le Lyonnais on dit vè et même ré (Dargoire). Mais comme vieus a donné Vieux (Ain), il y a lieu en effet de rapporter vai à versus.
« Je ne vois pas figurer, dans la liste des corrections de M. Ph., l'étymol. Trion Triguntium, qu'il repoussait pour la remplacer par Trivium, sans songer que v ne pouvait tomber devant j, et que, d'ailleurs, trivium a donné treyro, que M. Ph. expliquait bien à tort par trebiumi. J'en conclus qu'il a renoncé à son explication pour se rallier à la mienne +.
« Quant aux mots tirés par M. Ph. du patois de Saint-Genis et donnés comme manquants à mon Dictionnaire, je ferai observer : 1° que la commune de Saint-Genis n'est pas comprise dans le périmètre que je m'étais assigné; 29 qu'une grande partie des mots donnés par M. Ph. sont simplement des variantes de ceux que renferme le Dictionnaire, où même quelquefois les mêmes mots sous des orthographes différentes. S'acaforné est se cuforné ; alyan st aillar issu est aciver ; barbot est hérbot ; bartassada est bartasserie ; belôda est bas bicot est biro: byjola est bongeola ; sond le cage est soné lo carcot ; can-
1. [II n'y à pas eu confusion : à Saint-Claude et dans le Haut-Bugeÿ fou, écrit pare dois part, Sign montée, et se prononce aves l'accent sur lu. Je tiens de mon collègue, M. Blanc. déput en Savoie. Je persiste done à croire que le Iyonnai du P., dérive bien de podiata. Dodia aurait donné soit pure, Ari (limousin Jojo), soit fre,
3. Res. de philologie francaise, tome IL, page 40, ligne 1°* et par
3. Ree. des Patois, tome Îl, page 26.
42 rien ne se trouvant pas au L ais as à Le faire figurer dans la liste de mes observations. Quant à l'étymologie Trigancius, que M. N. du P. donne d'après le Paron Raverat, m2 discussion nous entrainerait trop loin. Je me Rornerat à <onstater que, contrairement à ce qu'on avance, La forme Trier, sans 5 finale, est fré- quente dans les teates lyonnais du xiv* siècle. D'autre part, le rapprochement avec Saint-Pons n'est pas conchunt, Poncium ayant donné en v. Ivonnais Poncef et non
. Pour ce Là chute du : devant , outre qu'on en pourrait citer plusieurs exempte, elle ke. plus surprenants que celle de à devant j. que MX dans fout. Auv en, il me suffit de le d'Enveet-Leir sil pourra Bitte, entre le Treo de uirs Hpproch,ments qui ne manquent pus
Rerap Se départeme: “ iyouna d'interèt, — E. P.]
CHRONIQUE 135 quiborlé est caquiborlé ; corjon est corgeon; cortacornilli est coustacornilli. Je ne continuerai pas cette énumération sans intérêt.
Sur les remarques de M. P. Meyer, je ne me permettrai qu'une ou deux observations. Je suis aux regrets de n'avoir pas connu son livre sur la légende d'Alexandre. Je ne l'ai pas consulté par ce qu'il m'avait été affirmé à tort que cet ouvrage concernait exclusivement l’Alexandre de l'Arsenal et du Museo civico de Venise. Il m'eût été en effet plus commode de me procurer l'ouvrage de M. P. M. que ceux de MM. Conrad Müller et Hermann Flechtner, Toute- fois je tiens à faire remarquer que j'ai cité les opinions de ces messieurs sans me les approprier, et que la seule affirmation que j'aie prise sous ma responsa- bilité est celle-ci : « Il est certain, en tous cas, que l'Alexandre appartient à une langue intermédiaire, comme notre dialecte, entre le provençal ct le français, » affirmation banale, mais, en définitive, exacte".
Relativement au reproche de ne pas avoir fait figurer au Dictionnaire tous les mots cités dans la Phonétique, tels que chis, chin, etc., je répondrai que j'ai cru devoir élaguer tous les mots qui se rapprochaient beaucoup du fran- ais et dont le sens ne pouvait faire doute. Mon ouvrage était déjà énorme.
Sur la question relative à chivra, chura, je dirai que le premier appartient aux environs de Lyon, et le second à Mornant et à toute la région monta- gneuse.
En somme, il me semble que M. P. Meyer ne me reproche guère, avec des inexactitudes de détail, que quelques défectuosités de classement ct de n'avoir pas indiqué suffisamment l'habitat de chaque forme, ce qui eût été bien facile, si j'avais pensé qu'il eût fallu y attacher autant d'importance. Je suis heureux encore de ne mériter que ces reproches, et j'ajoute que ces défec- tuosités disparaîtront facilement dans une seconde édition... que malkeu- reusement je ne ferai pas.
PUITSPELU,
— Livres annoncés sommairement :
Le cronache di Galvano Fiamma e li fonti della Galeugnana, par L.-A. FeRRAt. Roma, 1890, in-4°, 40 p. (extrait du Bulletino dello Istituto Storico Italiano, num. 10), — Travail bien fait sur un sujet intéressant.
Fom Gebrauche des Imperfecqun Futur im Romanischen, von A. Tonuer, Berlin, in-40, 12 p. (Situngsberichte de l'Académie de Berlin, 22 janv. 1890). — L'auteur, avec sa pénétration habituelle, distingue deux modes différents, en français littéraire moderne, de l'emploi du conditionnel (futur imparfait) dans le cas où il s'agit d'énoncer un évènement futur par rapport à un temps passé (le second de ces modes, qui avait été révoqué en doute, est établi par des exemples d'écrivains tout à fait contemporains, mais il est
3. [e Exacte » est beaucoup dire. La langue du fragment d'Alexumdre de Florence est, fe crois l'avoir démontré, celle du Dauphiné méridional, C'est uue Langue beaucoup plas provençale que française. — P. M.]
136 CHRONIQUE
certain que beaucoup s'en garderaient). 11 étudie ensuite de curieux emplois du conditionnel, notamment en espagnol et en portugais.
Passio sanctae Catherinae Alexandrinae metrica ; ce duobus libris manuscriptis edidit Hermannus VaRNHAGEN. Erlangen, 1891, in-49, 75 p. (invitation à une fête anniversaire d'Erlangen). — Poème en distiques, déjà imprimé d'après un manuscrit, et dont un second 2 permis d'améliorer le texte. 11 paraît être du xne siècle et suit la « vulgate » de la légende.
Un poëte inconnu de la société de François Villon. Le grant garde derrière, poème du xve siècle, publié avec Introduction, Glose et Index, suivi d'une ballade inédite de François Villon à sa dame, par W.-G.-G.-C. Bijvanck. Pari Champion, 1891, in-129, 61 p. — Dans sa spirituelle préface, M. B. avoue de bonne grâce qu'il n'a eu d'autre raison pour assigner son poète inconnu à la « société de François Villon » que le désir d'attirer l'attention sur le poëme qu'il public. En fait, ce poème, fort curieux et même remarquable, malgré son obscurité d'ensemble et de détails, paraît assez postérieur à Villon et non exempt de l'influence de Coquillart. La « glose » consiste en rapprochements avec des œuvres contemporaines. L'index explique ceux des mots ou des locutions difficiles que Le très savant éditeur a pu éclaircir. Il se trompe sur le sens de danger dans le Roman de la Rose, qui est préci- sément celui de « refus » que ce mot a dans le Grantgarde derrière. Allepez moy (1, 3) est, comme Haut le bois, le début et Le titre d'une danse et d'une chanson (Allegrz moy, douce plaisant brunette), ce qui modifie la ponctuation etle sens de la strophe. Ælle viendra, se Dieu plaist, au lendit (VII, 7) se rapporte à La erolte dont le poète prétend faire des reliques : on exposait en grande pompe, au lendit, les célèbres reliques de saint Denis (M. B. paraît rapporter ce vers à « la dame de Cliques » et note simplement « dicton populaire »).— En appendice M. B. imprime une jolie ballade dite, qu'il croit être en droit d'attribuer à Villon : il donnera les preuves à l'appui de cette opinion dans un prochain article de la Romama.
Das Martinsleben des Pean Gatineau. Bemerkungen über Quellen und Sprache, von Dr Werner SéDERHJELM. Helsingfors, 1491, in-4e, 48 p. (extrait des Commentationes variac in memoriam actorum CCL aunorum publiées par l'université de Helsingfors). — M. Sôderhjclm publicra prochainement dans son intégrité le long poème de Paien Gastinel sur la vie et les miracles de saint Martin dont l'abbé Bourassè n'a imprimé (et fort mal) que là première partie. Il nous donne ici par avance d'intéressantes remarques sur les sources et Là langue de cette œuvre remarquable, et l'édition de 330 vers du livre II, accompagnés du texte de Sulpice Sévère qui en est la source et de la rédaction en prose du xve siècle. Tout ce travail est fort satisfaisant, La légende relative à un marquis de Montferrant (2 9139-9290) à certainement trait au Montferrat. comme l'indique le nom de Boniface. La légende sur Dagobert (10096-10129) est empruntée au récit de l'évêque Ansoald de Poitiers (voy. Hist. pat. de Charlemagne, P 445). M. S. remarque que les rimes masculines sont à peu près toujours
CHRONIQUE 137
riches, les rimes féminines le sont rarement; mais dans la théorie du moyen âge la rime était riche (leonine) par le seul fait qu'elle était féminine, comprenant dès lors deux syllabes, Chrtau n'estal pas capitale (fr. chetel) plutôt que castellum ? (Dans ce cas la remarque sur ellum >> au est à rayer.) L'hypothèse d'une forme lee .< librum est ingénicuse, mais inac- ceptable : beire «2 beivre est dû à l'analogie verbale, et veritau répond non à veritabilem, mais à veritalem (a. fr. serilel), comme M. S. l'a supposé plus loin. La rime departie: demie ne prouve pas la réduction de iee à ie. Voil (veclum) : rewil (revolio) doit être compris vil : revueil. La remarque sur ñ et » est errone ; poinne est pugna, rivné est un mot savant où gu est purement graphique. On regrette de ne rien trouver sur la flexion.
Glossaire de la langue d'oil (xue-xive siècles), contenant les mots vieux-fran- çais hors d'usage, leur explication, leur étymologie et leur concordance avec le provençal ct l'italien. Ouvrage à l'usage des classes d'humanités et des étudiants, par le Dr A. Bos. Paris, Maisonneuve, 1891, in-Be, xvi- 466 pages. — Ce glossaire n'a pas un caractère rigoureusement scienti- fique, mais il rendra certainement des services. Le dépouillement est riche et repose sur une lecture personnelle : on s'en convainc en comparant aux derniers fascicules du Dictionnaire de M. Godefroy la partie correspon- dant, qui a été rédigée avant l'apparition de ces fascicules et qui ne leur cède guère par l'abondance des mots vraiment importants (lle en a même qui ne sont pas dans Godefrov). Les interprétations sont très sommaires et l'on pourrait souvent en contester la précision ou leur ajouter des exten- sions et des nuances; mais elles sont exactes dans leur majorité, Ce qui prête le plus à la critique, ce sont les étymologies que l'auteur a cru devoir joindre à sa nomenclature et à sa traduction. I fallait pour réussir, dans un domaine où il y a encore tant à faire, un outillage dont l'auteur ne disposait pas ; aussi aurait-il mieux fait, 4 notre avis, de s'abstenir d’une täche pour laquelle son érudition réelle et son intelligence remarquable- ment lucide n'étaient pas suffisantes. Nous aurions voulu qu'il remplaçät cette partie étymologique, qui tient une très grande place dans son volume Cet où il y a d'ailleurs quelques bonnes remarques ou suggestions), par un choix des locutions où figurent les mots enregistrés, ct que l'on ne com- prend pas encore quand on a le sens de chaque mot isolé. À défaut des exemples, qui sont systématiquement exclus, cela aurait beaucoup augmenté l'intérét comme l'utilité de ce glossaire, qui n’en reste pas moins méritoire et qui aura toujours l'honneur d'avoir ouvert une voie où il sera certainement suivi
Ucker die Sage von Ogier dem Dénen und die Entstchung der Clkvalerie Ogicr. Ein Beitrag qur Entwickelune des alffransésischen Helenipes, von Carl Vorerzscu. Halle, Niemeyer, 1891, in-8e, 127 p. — Excellent travail, riche en résultats nouveaux et certains. Il reste des doutes sur quelques points, et notamment sur le plus important de tous, l'origine du nom de
138 CHRONIQUE Danois (ou de Danemarce) donné à Oger : M. V. n'y voit qu'une invention de jongleur, sans aucune base historique, et le suppose introduit par l'auteur d’une version perdue des Enfances Ogier, lequel avait imité une version perdue d'Aspremont; tout cela est très contestable, surtout si l'on considère qu'Oger figure avec son surnom classique dans le Roland et le Plerinage. La confusion d'Oger avec le prince lombard Adelchis et la collo- cation de Castelfort en Toscane ne sont pas aussi bien établies que d'autres hypothèses. On peut encore se demander si le combat d'Oger contre Brehier est imité de celui d'Olivier contre Fierabras ou si ce n'est pas l'inverse, etc. Il y aurait aussi quelques données de fait à ajouter à celles qu'a rassemblées l'auteur, bien que son information soit en général aussi complète qu'exacte. On ne peut que souhaiter qu'il étende aux suites du poème publié par Barrois, comme il semble disposé à le faire, son investi- gation pénétrante et circonspecte,
Ricerche sulla leggenda di Uggeri il Danese in Francia, dal professore Rodolfo Revier. Torino, 1891, in-4, 73 p. (extrait des Memorie della R. Accademia di Torino, ser, 11, t. XLI). — Ce mémoire ne fait pas double emploi avec celui de M. Voretzch dont il vient d'être parlé. Passant rapide- ment sur les origines et le substratum historique de la légende d'Oger, M. R. s'attache surtout à étudier les divers poëmes français (ct franco” italiens} dans leur contenu et leurs rapports. Il a ainsi appelé l'attention sur plusieurs points qui n'avaient pas été encore regardés d'aussi près; il repousse d'ailleurs avec modestie la prétention de vouloir apporter « de grandes nouveautés » ; les matériaux dont il disposait étaient trop incom- plers. Nous signalerons surtout ce qu'il dit du poème décasyllabique rimé, autre que celui d'Adenet, qui a servi de base au poème en alexandrins du xive siècle, source du roman en prose, ct son analÿse de ces deux derniers. Les remarques sur la source des romances espagnoles sont aussi dignes de toute attention. P. 33, M. R. relève une inexactitude que j'aurais commise en disant qu'Alori était de Mayence, mais je ne parlais à l'endroit cité (Hist.
., p. 167) que du poème franco-italien. Il aurait dû faire remarquer
. 71)que le poème néerlandais ne contient pas encore les aventures d'Oger
en fucrie. Le passage du roman en prose cité (p. 62, n. 3) comme une interpo-
lation du prosateur est emprunté textuellement à Huon de Bordeaux. Le valet
de pique est encore aujourd'hui appelé Oger dans nos jeux de cartes (p. 2).
Dans les textes français que M. Renier a imprimés d'après les mss., on
peut faire quelques légères corrections ; ainsi p. 45, I, 5 (et 46, II, 6),
anierissoit, 1. amerrissoit; 46, 11, 7, et plusieurs autres fois ensui, L. eusin;
9, licoit, 1. Ioît, — G. P.
Lieutenant Gaëtan Hgco, La Ballade et ses dérivés : chant royal, chanson royale, serventois, pastourelle et sotte-chanson. Bruxelles, 1891, in-Bo, 41 p. (extrait des Annales de la Savisté d'archéologie de Bruxelles, vol. V). — Écrit d'amateur.
Le Dit de la Rose von Christine von Pisan… (von) Ferdinand HEUCKEUKAMP.
CHRONIQUE 139 Halle, 189, in-8e, 20 p. (cette brochure est une Finladungsschrift de M. H. à son Aniritis-Vorlesung sur « le refrain dans l'ancienne chanson populaire française », faite à Halle, le 22 octobre 1891). — L'édition du Dit de la Rose est faite d'après le ms. fr. 604, que M. H. croit unique; il en existe un second, le ms. fr. 12779, et M. Roy les a utilisés tous deux pour l'édition de ce petit poème qui fait partie du second volume des Œuvres poitiques de Christine (Societé des anciens texkes), qui va incessamment paraître : on ne voit pas bien l'utilité d'imprimer à part un ouvrage dont la publication prochaine était assurée dans un recueil général. L'édition est d'ailleurs bien faite, et les remarques qui précèdent le texte sont judicicuses.
Une représentation fgurée du lai d'Aristole, pat A. Héron. Rouen, Lestrit gant, in-4e, 14 p. et une planche. — Jolie sculpture sur bois du xve siècle, qui s'ajoute aux représentations du même sujet dont M. H. a donné ailleurs l'énumération (voy. Rom., XI, 139).
Untersuchung über deu Verfasser der alifranésischn Dichtung Willem von England. Von Rudolf MüLLER. Bonn, 1891, in-8e, 121 p. (diss. de docteur). — Ce travail, d'un élève de M. Forster, aboutit, comme le faisait prévoir ce que le maltre avait écrit sur ce sujet, à présenter comme indubitable l'identité du Chrestien, auteur de Guillaume d'Angleterre, et de Crestien de Troies. La démonstration s'étend à la phonétique, à la rime et au style; elle doit être complétée par une étude du vocabulaire ct de la phraséologie proprement dite. Elle parait faite avec soin ; toutefois, avant d'en regarder le résultat comme acquis, il convient d'attendre un examen contradictoire.
Ucher Consonanten-Assimilation im Franzësischen…. von Ferdinand GUTHEIM. Heidelberg, Siebert, 1891, in-8, 98 p. (thèse de docteur de Berne). — L'auteur de cette dissertation a choisi un sujet trop étendu pour ses forces et pour les éléments dont il disposait ; aussi n'a-t-il pu le traiter que super- ficiellement, malgré une intelligence incontestable et une connaissance assez étendue des travaux antérieurs. Il ne s'agissait, en ctfet, de rien de moins que de l'histoire phonétique de toutes les combinaisons de consonnes en français, M. G. aurait avec plus de profit approfondi un chapitre de cette histoire. 11 nous donne, en guise d'introduction, quelques idées générales sur l'assimilation, dont plusieurs sont assez contestables, et traite ensuite les différents groupes de consonnes, sans distinguer les dialectes ni même toujours (quoiqu'il y tâche) les mots héréditaires des mots empruntés : c'est ainsi qu'il veut nous prouver (p. 91) que mn donne mn avant la toniqueen citant dame, indemniser et solemnel (plus danz, dont l'a s'explique naturellement tout autrement). Son information n’est pas toujours suffi- sante ; ainsi, pour s devant une consonni n'a nullement étudié l'article de la Romania sur le livre de Kritz. 11 commet même des erreurs surpre- nantes, comme quand il tire directement (p. 83) frcindre de fremere, sans paraître soupçonner l'existence de friembre. Il tombe dans des confu- sions non moins singulières, comme à la p. 34, où il cite pêle-méle, pour prouver que sf donne 55, ostium uis, angustus (!) ungoissos et besta
140 CHRONIQUE bisse (lequel n'a pu venir, et encore, que de bestia); à la p. 69, où il range dpre parmi les mots savants à cause de la conservation de pr; à la p. 62, où l'histoire de -1gnum (et non -ignum) est faite sans aucun dis- cernemnt ; à la p. 74, où les conditions de la production de 3 après » ou / sont complètement méconnues (qu'est-ce que le lambda donné à la p. 49 pour étymologie à lande ?). Malgré ces graves défauts, le mémoire de M. G. n'est pas sans mérite; il groupe beaucoup de faits et les met parfois en bonne lumière ; il sera utile, et le serait encore plus si l’auteur y avait joint un index ou au moins une table,
Le Mystère de la Passion, texte du manuscrit de la bibliothèque d'Arras, publié par Jules-Marie RicaRD. Arras, imprimerie de la Société du Pas-de- Calais, gr. in-8, xxxvI-296 p. — Le mystère de la Passion d'Arras, signalé depuis longtemps, méritait d'être imprimé, comme étant sans doute antérieur à celui d'Arnoul Greban et ayant par conséquent une réelle importance dans l'histoire du drame religieux. Il comprend près de 25000 vers, et se fait remarquer, en général, par un style simple et une allure grave. M. Richard, en s'imposant le travail de cette longue publica- tion, s'est acquis la reconnaissance des savants, qui lui pardonneront sans peine les quelques preuves d'inexpérience pour lesquelles il demande lui- même l'indulgence avec beaucoup de bonne grâce. Une judicieuse intro- duction et un glossaire suffisant complètent ce volume vraiment méritoire.
Ucber die frangsischen Gralromane, von Richard Heizer. Wien, 1891, in-4°. 196 p. (Denkschr. der Kaïserl. Akademie, B. x, 111). — Nous nous bornons pour le moment à mentionner ce long et très important mémoire, où l'auteur applique à tous les romans français concernant le Graal sa critique à la fois hardie et minutieuse. Il renouvelle, sur tous les points qu'il aborde, l'état de la question ; c'est aux recherches futures de décider si les résultats qu'il obtient doivent tous être considérés comme acquis à la science.
Étude linguistique sur Jacques de Hemricourt et son époque, par Georges Dourreroxr. Bruxelles, in-8, 92 p. (extrait du tome XLV des Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par l'Académie royale de Belgique). — Les deux ouvrages de J. de Hemricourt (fin du xive s.) sont conservés dans un ms. du xve siècle qui présente un tel mélange de graphies françaises et locales que M. Doutrepont ne pouvait y trouver la base d’une étude vrai- ment complète du parler de Liège à cette époque. Il en a tiré tous les ren- scignements qu'ils pouvaient fournir et Les a complétés par l'étude de textes contemporains et du patois moderne. Il y a beaucoup de détails contes- tbles dans son travail, mais l'ensemble est louable et utile. On appréciera particulièrement l'esquisse des traits caractéristiques du wallon par laquelle il se termine.
Zur Geschichte der Hergmäre. Von Hermann Para, Berlin, Gaeriner, 1891, in-49, 22 p. (programme de Pâques du Friddrichs-Grmnasium). — M. Patig étudie les formes occidentales du conte du Cœur mangé, en le rapprochant des versions récemment recueillies dans l'Inde (voy. Romania, XVII, 456).
CHRONIQUE 141 Il pense, avec raison suivant moi, que cette histoire est venue d'Orient en Europe. Son classement des versions européennes, appuyé sur cette ide, dif- fère assez de celui que j'ai autrefois essayé (Hist. li. de la France, XXII, 377) ; il serait à examiner de près. L'auteur montre dans cetravail du savoir et de la pénétration; mais il se livre à des rapprochements étymologiques fort aventureux. — G. P.
Quietus in Romanischen, von Hermann Sucmier, 1891, in-8o, $ p. (pp. 71- 75 des Commentation?s Waælffinianue). — M. Suchier, frappé du double sort si différent de quietus quietare en roman (d'une part quetus quetare avec d caduc en français, d'autre part quitus quitare avec { stable en français), explique Les formes v. it. quito, hisp. quito, prov. quiti, fr. quite, it. quitare, hisp. quitar, prov. quitar, fr. quitier, par l'hypothèse que le mot, qui n'a cette forme que comme terme de droit, aurait passé par la bouche des Germains, d'où les Gallo-Romans du Nord l'auraient repris (les mots provençaux, italiens et hispaniques viendraient du fran- çais). Cette explication est fort ingénieuse, mais elle n'est pas sans difficultés et elle ne paraît pas nécessaire. D'une part, en effet, on ne voit pas comment le { de l'allemand quit n'aurait pas, étant isolé à la finale, été amolli plus tard, et il paraît peu vraisemblable que les Romans, ayant fourni aux Francs le terme de droit quetus, l'aient aussitôt repris avec la forme que lui donnaient ceux-ci; d'autre part, quoi qu'en dise M. S., il est difficile de séparer le traitement de quietare >> quitier de celui de pietatem >> pitié, et les deux cas doivent recevoir la même explication (quite avec son « final se dénonce comme un adjectif verbal tiré de quitier, voy. Rom., VIII, 448), et enfin regarder enquitume .: inquietudinem comme ayant subi l'influence de quite, qui a, comme M. S. le constate, un sens tout particulier, est un expédient peu satisfaisant, Pour moi, quietare comme terme de droit a gardé une forme différente de celle qu'avait prise quetus dans La langue courante, et quitier (comme d'ailleurs pitié) est entré plus récemment dans le parler vulgaire. Notons encore que M. S. reconnait le latin qu(i)escere dans le v. fr. queissir, dont il trouve un exemple dans la vie inédite de sainte Modwenne; mais je ne connais pas de cas analogues, et je regarderais plus volontiers queissir comme refait sur queï, d'après le même type (encore assez mal expliqué) que nous avons dans wercir, chancir, etc. I] ÿ a encore dans ces quelques pages plus d'une remarque neuve et pénétrante. G.P.
Le roman en prose de Tristan, le roman de Palamède ét la compilation de Rusticien de Pise. Analyse critique d'après les manuscrits de Paris par E. Loseri. Paris, Bouillon, 1891, in-$e xxvI-534 p. — Après avoir donné de l'im- mense roman de Tristan, qui avait jusqu'à présent rebuté les patiences les plus endurcies, une analyse admirablement consciencieuse, dans laquelle il suit les ambages souvent incohérentes et communique les variantes des diverses rédactions et sous-rédactions, M. Lôseth n'a pas trouvé qu'il en eût fait assez : il a donné en appendice l'analyse, d'après les manuscrits, du
142 CHRONIQUE roman de Palamède, il est vrai dans des proportions plus raccourcies, et celle de la compilation de Rusticien de Pise. Il a joint à cet énorme travail une courte et modeste introduction, et une table analytique des noms propres qui ne remplit pas moins de 96 colonnes et sur l'utilité de laquelle il n'est pas besoin d'insister. Il n'est pas possible d'imaginer un travail plus méritoire, plus désintéressé, qui profite plus à ceux qui s'en servent et qui récompense moins celui qui l'exécute : il ne lui permet même jamais de mettre en relief son intelligence et son jugement, et'il exige qu'il les exerce perpétuellement avec une attention toujours présente. La reconnaissance que tous les savants qui s'occupent de ces questions voueront certainement 4 M. Loseth sera due surtout à l'ennui dont il les dispense et qu'il a tout entier assumé. Grâce à lui, on va pouvoir se rendre compte de la place du ‘Tristan dans l'histoire des romans en prose et en soumettre à la critique qu'ils appellent les passages vraiment caractéristiques; c'est un véritable service rendu à un des chapitres les plus obscurs de notre histoire littéraire.
Le style de la Iprique courtoise en France aux XIIe et XII siècles, par Hyacinthe Biner. Paris, Bouillon, 1891, in-8, 108 fr. — Ce travail quelque peu mécanique peut avoir une certaine utilité, et les « conclusions » par lesquelles l'auteur termine ses dépouillements montrent qu'il est capable de réflexions judicieuses. Mais ce qui manque à son ouvrage pour avoir une véritable valeur, c'est d'une part la délimitation de ce qui est propre au style de la « lyrique courtoise » et à celui de la poésie française en général, et d'autre part la recherche des origines de ce style, notimment dans la lyrique provençale.
Philologische Abhandlungen Heinrich Schuvizer-Sidller qur Feier des fünfsigjäbrigen Jubiliums séiner Docententhätigkeit an der Zürcher Universität, geridmet von der L. Section der philosopbischen Facultät der Hochschule Zürich, Zürich, 1891, in-49, 79 p. — Des six mémoires que contient cette Fistschrifl, trois inté- ressent la philologie romane. P. 1-14, À. Tobler, Alrine Beitrâge qur fran- xésischen Grammatik ; ce sont deux études, faites avec la finesse d'analyse qu'on connait, sur des façons de parler familières du français moderne Gone, ans), un recueil d'exemples d' « association asyndétique de
us dessous, etc.), et un complément au
mémoire indiqué plus haut sur l'emploi du conditionnel. — P. 13-24,
W. Meyer-Lübke, Uéher à und à im Lateinischen. L'auteur cherche à trouver
les lois de la distribution en latin d'une même voyelle originaire entre à et
ü: il s'appuie souvent sur le roman ou y renvoie (où se trouve l'anc. fr.
busne :büccina?). P. 24-26. mamphur. Ce mot qu'on ne connaît que par
l'abréviateur de Festus a été assigné par M. Bugge (Rom. III, 154) comme smologie au fr. mandrin, M. M.-L, pense qu'il faut 1h
termes opposés » (de ci de là, de
mamphar, équivalant à manfar, et retrouve ce mot dans différents dia-
lectes italiens: mais manfar n° mandar, dont un dérivé qu'on ne trouve aucune trace de manda
ait que la forme osque d'un latin se continue dans le fr. mundrin. IL est ficheux num dans le bas-latin ni de
CHRONIQUE 143
manderin (au moins à notre connaissance) en ancien français ; mandrin n'apparaît qu'au xvie siècle. — P. 71-79, H. Morf, Tulti etre. M. Morf montre, de la façon la plus convaincante, que la forme originaire est futta re, où futta est un pluriel neutre, et présente des observations très intéres- santes sur l'emploi en roman du neutre sing. ou plur. d'adjectifs avec fonction « adnominale ».
Dictionnaire topographique du département de la Marne, comprenant les noms de lieux anciens et modernes, rédigé par M. Auguste LoNGxON. Paris, impr. nat. 1891. In-4, Lxxxvi-380 pages, — La collection des dictionnaires topographiques, inaugurée il y a trente ans par le dictionnaire d'Eure-et- Loir, et formant actuellement vingt et un volumes : vient de s'enrichir de deux dictionnaires parus presque en même temps, celui de la Drôme et celui de la Mare. Du premier, nous n'avons rien à dire : les observations qu'il pourrait nous suggérer nous feraient sortir du cadre des études propres à la Romania. jous signalons le second à l'attention de nos lecteurs, c'est parce que l'auteur a consacré la première partie de son introduction à un sujet qu'il possède à fond et qui intéresse de près la linguistique romane : l'étude des noms de lieux du département de la Marne considérés dans leurs origines. M. L. passe en revue: 1e les noms de lieux d'origine gauloise ; 26 ceux d'origine « gauloise ou gallo-romaine » (cetintitulé estun peu vague); 3° ceux d'origine romaine ; 4° ceux d'origine germanique ou gallo-franque ; 5° et 6° ceux d'origine romane (ordre civil et ordre ccclé- siastique) ; 7° ceux d'origine française. Dans cette très intéressante étude de la nomenclature toponymique du département de la Marne, M. L. (qui a sans doute ses raisons pour limiter ainsi ses recherches) ne prend en considération que les noms de communes. Il laisse de côté les localités qui n'ont pas leur maire et leur conseil municipal. Il est superflu de dire que l'étude de M. Longnon a une portée générale, puisque un grand nombre des noms de lieux qu'il étudie se retrouvent en d’autres départements.
Chronique d'Arthur de Richemont, connétable de France, duc de Bretagne (1393- 1458), par Guillaume GRuEz, publiée par la Société ‘de l'histoire de France, par Ach. LE VAVASSEUR. Paris, Renouard, 1890, in-8v, xc-313 pages. — Cette chronique, en très grande partie originale, a plus de valeur historigne que de mérite littéraire. Les diverses éditions qu’on en possé- dait sont des reproductions plus ou moins altérées de l'édition princeps donnée en 1622 par Th. Godefroy, ou même de la seconde édition, où le txte est arbitrairement modifié, donnée par le fils de celui-ci, Denys Godefroy. L'édition de M. Le Vavasseur présente un texte beaucoup plus correct, qui a été fourni essentiellement par un ms. de Nantes jusqu'ici non utilisé, L'éditeur établit d'une manière satisfaisante le classement des
r. Aisne, H.-Alpes, Aube, Calvados, Dordogne, Drôme, Eure, Hérault, Marne, Mayenne, Meurthe, Meuse, Morbihan, Moselle, H.-Rhin, Vienne, Yonne,
ureret-Loir, Gard, èvre, B.-Pyrénées,
144 CHRONIQUE divers mss.; il joint au texte un commentaire historique qui nous a paru bien conçu, et publie en appendice quelques documents qui complètent la chronique sur certains points. La préface est intéressante et traîte avec compétence de la vie de l'auteur et des questions diverses que soulève la chronique. Nous aurions voulu que l'éditeur eût donné plus de variantes et eût réparti entre deux séries de notes l'appareil critique et le commen- taire historique.
Beatrice nella vita e nella poesia del sæcolo XIII, studio di Isidoro DEL LUXGo, con appendice di documenti ed altre illustrazioni. Milano, Hoepfi, 1891. pet. in-Bo, 174 pages. — Cet élégant petit livre renferme d'abord une nouvelle édition revue ct corrigée d'un essai sur la Béatrice de Dante publié dans la Nuova Antolagia à l'occasion du sixième ‘centenaire de la mort de Béatrice (19 juin 1290), et un riche appendice de documents se rapportant à Folco Portinari ct en général au temps de la jeunesse de Dante. M. del L. n'émet point de théorie nouvelle au sujet de Béatrice ; il se borne à confirmer les idées admises par les gens de bon sens depuis Boceace, Il faut espérer que désormais on ne doutra plus de la réalité de la Béatrice de la Vita nuvru et de son identité avec la fille de Folco Portinari. Le premier des documents publié est précisément le testament de ce dernier (15 janv. 1287 anc. st.) où on lit cet article Cp 113): « em domine Bici etiam filie sue, et uxori domini Simonis de « Bardis, legavit de bonis suis libras .L. ad florenos. » A noter encore, parmi les documents, ceux qui se rapportent à la chevauchée de 1285, poi vant servir à faciliter l'intelligence d'un passage de la Pita nuora, et aussi les extraits des livres commerciaux des Bardi (1336-1337) d’où il résulte que ceux-ci étaient en relations d'affaires avec le père de Boccace.
Manet de paléxraphie. Recueil de fac: d'écriture du XIe au XVI siècle, mannerits latins et français accompagnés de transcriptions par Maurice
Picard, 1892 (nov. 1891), in-4e. — Ce recueil, qui forme un
utile supplément au Manuel du mème auteur, se compose de doure
planches phototypiques avec transcription en regard. Elles ont été fournies par des mss. à date certaine ou supposée telle, appartenant à peu près tous
à la Bibliothèque nationale. Il n'y a, à proprement parker, qu'un fac-similé
de ms. français (pl. V, n° 2, d'après le ms. Biblioth. nat. fr. 2092, de l'an
1317) 3 les autres spécimens français sont des chartes. Ce qui concerne la
pl. IL est à rec ilé de la dernière page du recueil des
sermons d'Eude de € final, qui à été publié ici-mêème
NIV, 390. se rapporte, non pas comme l'a cru M. P. au ms., mais à l'ou-
vrage. C'est le recueil de sermons qui à n 1219. et non le ms. qui
est postérieur.
+ BOUILLON
1 Protie frers, imprimeur.
LA CHASTELAINE DE VERGI
La Chastelaine de Vergi, poème charmant et délicat, un des joyaux de la littérature française du moyen âge, compost dans la seconde moitié du xu° siècle, a jusqu’à la fin du xvin siècle conservé sa vogue en France et à l'étranger, sous des formes multiples et souvent renouvelées. Aussi les manüscrits qui contiennent dans sa forme originale ce petit roman en vers, d’un auteur inconnu, sont-ils nombreux. Nous en connaissons 15, mais tous n’ont pas été utilisés pour cette édition", car tous sont loin d’avoir la même valeur au point de vue de l'établissement du texte primitif. Les manuscrits du xv* et du xvr siècle présentent en effet une rédaction souvent remaniée et rajeunie par les copistes qui, désireux d'offrir au public une lecture facilement compréhensible, remplacent des expressions anciennes par des mots nouveaux, et sont amenés par un premier changement de rime À modifier aussi un second vers. C'est ainsi que dans presque tous les manuscrits de cette époque, la dame de Vergi devient la dume du Vergier sous la plume de gens qui n’avaient jamais entendu parler de la châtellenie de Vergi en Bourgogne.
Nous avons donc systématiquement laissé de côté pour cette édition les manuscrits des xv° et xvi* siècles, ayant acquis la certitude, après les avoir étudiés et comparés aux autres, qu’ils ne pouvaient nous être d'aucune utilité, et nous n'avons conservé pour établir notre texte que les manuscrits du x et du xiv* siècle.
1. La première édition de la Chastelaine de Vergi a été donnée, en 1808, par Méon (Fabliaux et Conkes, t. IV, p. 296-326), d'après trois mss. de la Bibliothèque nationale : fr. 375 (anc. 6987), 837 (anc. 7218) et 25545 (anc. Notre-Dame 274 bis, antérieurement N. 2).
Bari, XXL. : 10
146 G. RAYNAUD
Ces manuscrits, au nombre de huit, qui ne sont pas susceptibles d’un classement rigoureux, sont désignés par les lettres suivantes :
A. — Paris, Bibl. nat. fr. 375 (anc. 6987), vélin, dessins coloriés, 1288, fol. 331 vo à 333 ve. — Incipit : De le castdaine de Vergi. — Explicit de la castelaine de Vergi. — Ce ms. utilisé par Méon à été décrit par Paulin Paris: et par d'autres; il est le seul qui soit daté d’une façon exacte. Il se rapproche parfois du ms. C, base de notre édition (vv. 517-518); mais il s'en éloigne souvent aussi (vv. 639-640, 859-860, etc.) et ne peut régulièrement consti- tuer avec lui une famille.
B. — Berlin, Bibliothèque royale, Hamilton 257, vélin, fin du xmme siècle, fol. 37e à 42 b. — L'incipit manque. — Explicit. — Ce ms. décrit par nous ?, offre des ressemblances intermittentes avec le ms. D et surtout le ms. G (uv. 517-520, 865-866); par contre, il s'en écarte aux vers 639-640 et 859-860. Nous en devons la copie à l'obligeance de M. Eugène Wolter, de Berlin.
C.— Paris, Bibl. nat. fr. 837 (anc. 7218), vélin, fin du xure siècle, fol. 65 à 11 a. — L'incipit manque. — A la fin : Explicit la chastelaine de Vergi. — Ce ms., utilisé par Méon et décrit par P. Paris 1, a servi de base à notre nouvelle édition. Voy. plus haut A.
D. — Paris, Bibl. nat. fr. 155$ (anc. 7595 +), vélin, xive siècle, fol. 82 vo à 96 vo. — Incipit : Cy commenche la chastellaine du Vergier. — Explicit Cy fine là chastellaine du Vergier. — Ce ms., que nous aurions négligé d'employer s'il n'appartenait au xive siècle, offre un texte rajeuni et très souvent fautif. Voy. plus haut B.
Æ. -- Paris, Bibl. nat. fr. 2136 (anc. 7973), vélin, miniatures, xive siècle, fol. 139 r° à 152 ve. — L'incipit manque. — Explicit la chastelaine de Vergi. — On remarque dans ce ms , qui a des airs de parenté assez étroite avec 4 et F (wv. 639-640, 765-766, 865-866), une lacune de 60 vers (vv. 415-474) de l'arrachement d'un feuillet.
— Paris, Bibl. nat. nouv. acq. fr. 4531, vélin, miniatures, com- mencement du xive siècle, fol. 88 b à 94 d. — Incipit: De la chastelainne de Vergy. — Explicit la chastelainne de Vergy. — Ce ms., nouvellement acquis par la Bibliothèque nationale, a été signalé par M. G. Paris +; il se rattache à plusieurs mss, du xvie siècle que nous avons laissés de côté, ‘et présente une particularité graphique intéressante : le e place en effet à la tonique aprés i ou oi un € adventice : lie pour li, article féminin (vv. 36, 290, 329,
1. Les manuscrits françois de la Bibliothèque du Roi, NT (1840), 188-238. 2. Romania, XII (1883), 209-229. 3 Les mss. fr, VI (1815), 404-416. 4. Romania, XIX (1890), 106, et Histoire littéraire, KXXI, 518; L. Delisle, Manuscrits latins et français ajoutés aux fonds des nouvelles ac
LA CHASTELAINE DE VERGI 147 569, 741), avoier pour avoir (v. 79), giese pour gise (v. 93), voier pour voir Ce: 252), giest pour gist (v. 838), liet pour lit (uv. 728, 730, 864, 874).
G.— Paris, Bibl. nat. Moreau 1719, copie du xvine siècle, fol. 221-250. — Incipit : Ci commence le conte de la chasteleine de Vergi. — L'explicit manque. — Cette copie d'un ms. de la fin du xure siècle ou du commencement du xive, appartenant au marquis de La Clayette !, a été faite pour Sainte- Palaye; elle représente un texte assez mauvais. Voy. plus haut B.
H. — Paris, Bibl. nat. fr. 25545 (anc. Notre Dame 274 bis, antérieure ment N. 2), vélin, xmne siècle, fol. 84 a à 89 c. — Incipit : Ci commence de la chastelaine de Vergi qui moru pour loialement amer son ami. — Explicit de la chustelaine, etc, (comme à l'incipit). — Ce ms. a servi de base principale au texte de Méon ; ses leçons sont généralement bonnes et ont quelques points communs avec E (wv. 399-400, 5 17-520).
Les manuscrits des xv* et xvie siècles que nous n’avons pas employés pour notre édition sont au nombre de sept : trois appartiennent à la Bibliothèque nationale, un à la bibliothèque de Valenciennes, un autre se trouve À Genève, un autre à Hambourg, un dernier à Oxford.
10, — Paris, Bibl. nat. fr. 780 (anc. 71883), papier, lin du xve siècle, fol. 97 re à 110 ve. — L'incipit manque. — Explicit le romant de la chastelaine du Vergier. — Ce ms., décrit par P. Paris*, mal relié autrefois, a d'assez nombreuses lacunes, une entre autres de 64 vers au commencement; il se rapproche d’une part.du ms. Æ et de l’autre du ms. fr. 2236 de la Bibl. nat. (ci-après 20), du ms. F (voy. plus haut) et du ms. de Genève (voyez plus bas 5e), avec lesquels il a une fin commune (4 vers ajoutés) ; il a aussi des points de contact avec le ms. d'Oxford (voy. plus bas 70).
20, — Paris, Bibl. nt. fr 2236 (anc. 8011 1), papier, xve siècle, fol. 71 ro à g2 re. — L'incipit manque. — Explicit : Ci finist le romans de la chatelaine de Vergi. — Ce ms., très proche parent du ms. de Hambourg (voyez plus bas 6), se rattache aussi aux mss. Æ, F'et au ms. fr. 780. Au vers 292, on
lit La leçon :
Com le chevalier de Cousi.
30.— Paris, Bibl. nat. fr. 15219 (anc. supplément fr. 738), papier, xvre siècle, fol. 77 r° à 93 re. — L'incipit manque. — Explicit la belle dame du Vergier chastellaine. — Ce ms., qui présente de mauvaises leçons et des
te La Bibliothèque nationale] pendant les années 1875-1891, inventaire alphabétique (891), partie I, p. 13-14.
1. Voy. P. Meyer, Notice sur deux anciens manuscrits français ayant appar- tenu au marquis de La Clawette, Noticss et extraits des manuscrits, XXNIIL, 15e partie, (1890), 9-87.
2. Les mis. fr, NI, 152-157.
LA CHASTELAINE DE VERGI 149 les wv. 930-938, ont une rédaction toute différente de celle des autres mss. La fin manque à partir du vers 942.
— Oxford, Bibliothèque Bodlcienne, ms. 445 (anc. F. 3. 19), papier, milieu ou fin du xve siècle, fol. 142 re à 158. — Incipit : Cy commence le rom- mant de la chastelaine du Vergy. — Explicit en vers :
Cy fine ung precieux rommans Qui est de deux loyaulx amans, C'est de la dame du Vergier Et d'un beau gentily chevalier.
Nous avons découvert ce ms. caché sous une faute de lecture au n° 2386 du catalogue de la Bodleienne de Bernard ! : « Romance de la chaste dame du Vergier. » Grâce à l'obligeance de MM. W. Macray ct Paul Meyer, nous pouvons le comparer aux autres manuscrits de la Chastelaine de Vergi et constater qu'il a quelques rapports avec le ms. D et surtout avec le ms. fr. 780 (vv. 953-954 passés). Ce ms. ajoute à la fin ces 4 vers :
Or prions pour les deux amans Et pour les autres bonnes gens, Que Dieu nous vueille tous aidier Et nous garde tous d'encombrier,
qu'il fait suivre des 4 vers d'explicit transcrits plus haut.
Il
L'analyse? de la Chastelaine de Vergi ne peut donner qu’une faible idée du charme de ce petit poème ; elle est toutefois néces- saire pour permettre de comparer avec l'original les imitations nombreuses qui en sont nées. La scène se passe en Bourgogne, alternativement au château de Vergi?, demeure de l’héroïne, et dans un château du duc de Bourgogne, très voisin du premier, sans doute le château d’Argilly+. Les personnages sont le duc et la duchesse de Bourgogne qui ne sont pas nommés, la
1. Catalogi lbrorum manuscripiorum Angliæ et Hiberne in unum collecti (Oxford, 1697).
2. Une analyse en a déjà été faite dans l'Histoire littéraire, XVIII (1835), 779-786.
3- Aujourd'hui Vergy, Côte d'Or, commune de Reulle, canton de Gevrey. — Sur le château de Vergy, voy. E. Petit, Histoire das ducs de Bourgogne de la race capétienne, 111 (1889), 2-4.
4. Aujourd’hui Côte-d'Or, canton de Nuits.
LA CHASTELAINE DE VERGI 151
qu’elle aimait et qui, connaissant seul leur secret, a seul pu le révéler. Elle se laisse aller ainsi à exhaler ses plaintes touchantes et meurt en croyant son amant coupable.
Le chevalier, inquiet de ne plus la voir, la cherche, la trouve enfin, et, devant le corps de sa maitresse, apprenant les propos perfides de la duchesse, il se tue, se punissant d’un crime qu'il n'avait pu empêcher. Le duc est prévenu de ce qui s’est passé : il accourt furieux de la conduite infime de la duchesse et la tuc. Bientôt, tourmenté par le remords, il se croise et part pour la Terre Sainte, où il prend l’habit de Templier : depuis on ne l'a plus revu.
Ainsi finit le roman de la Chastelaine de Vergi, « qui mourut pour loyaulment aimer son ami ». On peut s’en rendre compte par ce rapide résumé, l'intrigue de ce petit roman est des plus simples ; le style en est sobre et d’une langue facile. Mais ce dont il faut surtout louer le poète inconnu, c’est d’avoir su nuancer les caractères de ses personnages et exprimer excellemment leurs diverses passions, l’amour si profond, si tendre et si délicat de la châtelaine, l'attitude loyale et chevaleresque de son amant, la droiture, la noblesse et aussi, on peut bien le dire, la faiblesse du duc, enfin la jalousie féroce et vive, la haine implacable de la duchesse. Avec quel art cette femme obtient du duc le secret des deux amants! Comme elle varie ses moyens d'attaque en protestant de son amour pour son mari! Et dans les regrets de la châtelaine mourante, quelle finesse de pensée, quel sacrifice complet de sa personne, quelle ardeur de sentiments! Les auteurs modernes n’offrent rien de supérieur à ce délicieux roman, comme analyse du cœur humain et comme étude de psychologie amoureuse.
ll
Le côté littéraire n’est pas le seul intéressant dans la Chaste- laine de Vergi. Ce poème présente, en effet, un élément histo- rique, qui mérite d’être signalé : les personnages que nous y voyons figurer ont existé réellement, et les détails que nous connaissons de la vie de trois d’entre eux concordent, sauf en un ou deux points, avec les faits exposés dans le roman, qui devient ainsi un véritable roman & clef.
LA CHASTELAINE DE VERGI 155
Signalons aussi les rimes diroie et vraie (vv. 133-134), deloi et soi (v. 267-268); l’imparfait amot (v. 146), rimant avec pot, est d'ordinaire attribué au dialecte picard, ainsi que la persistance du { dans le participe mentit (v. 496).
IV
Si le roman de la Chastelaine de Vergi n’eût été que le récit plus ou moins poétique et plus ou moins dramatique d’une aventure bien connue à la cour de Bourgogne, sa vogue n'aurait guère survécu aux personnages qui y sont mis en scène. Mais l’histoire en elle-mème était si attachante, l’intérèt purement littéraire en était si grand que, pendant plus de deux siècles, la Chastelaine de Vergi fut lue et relue par plusieurs générations de lecteurs, heureux de trouver dans ce petit roman le charme et l'émotion, plutôt que la vérité historique.
Cette vogue, nous en avons la preuve dans les nombreux manuscrits qui, de la fin du xmr° siècle jusqu’au xvi° siècle, reproduisent le poème", et en remanient et modifient le texte au profit de lecteurs de plus en plus éloignés de l'original ; elle nous est aussi attestée par les allusions fréquentes que les écri- vains font à la châtelaine de Vergi et à son chevalier, comparés d’ordinaire aux autres couples d’amants fidèles: : le châtelain de Coucy et la dame de Fayel, Tristan et Yseut, etc.
Froissart place successivement la châtelaine de Vergi dans son Paradis d'amour :
I y sont Tristams et Yseus.… Et des dames y est Helainne Et de Vregi la chastelainne,
et dans sa Prison amoureuse :
Qu'en avint Tristan et Yseus Qui furent si vrai amoureus ; Le castellainne de Vregi ;
1. Voy. plus haut le paragraphe relatif aux manuscrits.
2. Fr. Michel dans ses Chansons du chdtelain de Coucy (1830; p. KXXII-XXXV), a réuni quelques exemples où figure la châtelaine de Vergi.
3. Œuvres de Froissart, Poésies, p. p. A. Scheler, 1 (1870), 30, 217.
LA CHASTELAINE DE VERGI 15 Et du Vergy la tresbelle assouvie Chastellaine, qui de riens n'ot envie Fors de cellui a qui avoit plevic Amour loyale ; Mais elle et lui orent souldée male 5 Par trop amer, car mort en jeurent pale : Si ont fait maint et en chambre et en sale A grant doulour * !
Martin Le Franc, dans son Champion des dames, ne se contente pas d’une citation; c’est une analyse tout entière qu’il donne de notre roman. Nous reproduisons les deux strophes, bien qu’elles aient déjà été publiées dans la Romania?, mais nous croyons utile de présenter un tableau d'ensemble des
allusions à la châtelaine de Vergi dans la littérature du moyen âge :
S
Que diray je du chevallier Seulement par le chienne duit Qui tant amoit couvertement Le temps et l'eure congnissoit, La chastelaine du Vergier ? Et n'avoit aultre saufconduit Fait on riens tant secretement Quant il y entroit ou yssoit. Que fausse Envye appertement Envie qui contrepensoit
Ne congnoisse, die et descelle ? Neantmains tout le fait accusa, Je l'ay apris, Dieu scet comment, Et congnut on que vraÿ estoit Entre envyeux rien ne se celle. Quant une mort les encusa.
Enfin dans une rédaction du Livre des secrels aux philosophes, que veut bien nous signaler M. G. Paris, et dont le ms. ? appar- tient à la fin du xv* siècle, nous voyons le sire de Coucy donné comme amant à la châtelaine de Vergi :
Ramembre toy, dit Tymeo à Placidès, de la femme au roy Pharaon qui se plaindy de Joseph et le fist emprisonner pour tant que il ne vouloit en sa compaigaie habiter, et du sire de Coucy, amy a la chastellaine de Vergy, contre La duchesse, et de plusieurs autres.
Outre ces passages d'écrivains des xiv® er xv° siècles, il nous faut mentionner une version en prose de la Chastelaine de Vergi,
1. Œuvres poétiques de Christine de Pisan, p. p. Maurice Roy pour la Saciété des anciens textes français, I (1891), 72. 2. T. XVI (1887), 403, d'après le ms. fr. 12476 de la Bibl. nat., fol. 71 c. 3- Bibl. nat. fr. 212, fol. 142 c. — Un autre ms. bien plus ancien (Bibl. nat. fr. 19958), déjà signalé comme tout différent du premier (Histoire litté- raire, XXX, 570), ne contient pas ce passage.
LA CHASTELAINE DE VERGI 167
Ce dient tuit, la Dieu merci : D'amer dame si souveraine,
Si avriez bien deservi 80 Se je bien i metoie paine.
D'avoir amie en si haut leu — Si estes, » fet el, « se devient: 64 Qu'en eussiez honor et preu, Mainte plus grant merveille avient
Que bien vous serroit tele amie. Et autele avendra encore.
— Ma dame, » fet il, « Je n'aimie 84 Dites moi se vous savez ore
Encore a ce mise m'entente. Se je vous ai m'amor donée,
68 — Par foi, » dist ele, « longue Qui sui haute dame honorée. » fatente Et cil respont isnel le pas : Vous porroit nuire, ce m'est vis : 88 « Ma dame, je ne le sai pas;
Si lo que vous soiez amis Ms je voudroie vostre amor En .1. haut leu, se vous veer Avoir par bien et par honor. 72 Que vous i soiez bien amez. » Més de cele amor Dieus me gart Cil respont : « Ma dame, par foi, 92 Qu'a moi n'a vous tort cele part Je ne sai mie bien por qoi Ou la honte mon seignor gise, Vous le dites ne que ce monte, Qu'a nul fuer ne a nule guise 76 Ne je ne sui ne duc ne conte N'en prendroie tel mesprison Que si hautement amer doie; 96 Com de fere tel desreson Ne je ne sui mie a .n. doie Si vilaine et si desloial
61 D et dieu m. — 62 4, C, E, G aucriez; D'aurez. — 63 D amour. — 64 B Qui. D et grant (preu manque). — 65 B, E, H Car. D Et bien vous venist de la moie. — 66 B Dame fet elle. D Ma dame fait il ie noseroie. — 67 D Car ie ny ay point mis. — 68 4, B, D, E, F fait ele, — 69 D ce mest auis; G a mon auis. — 72 D Que bien ame vous y soies. — 75 4, B, D, E, G Ce me dites ; F Cen dites. 4, B, E na quoi; D, Fne a quoy. — 76 B M D Car; E, F, G Que. 4, B, D, F, G ne rois ne c. D répète deux vers qui figurent déjà plus baut (v. 67-68) :
Et sy n'i ay point mis m'entente. — Par foi, » fait elle, « longue atente…
77 D, E, FQui.—78 Ejen. 4, Cnen. Genla voie. — 79 D, G Dauoir amor; F Dauoier amour. — 80 D-mectroie ma p. — 81 B, F Sire. E si estes. D elle se dieu mament. H se sauient; G sil auient. — 82 D Maint greingneur. grant manque dans B. — 84 F, G que vous sauez ore. D Sy me dictez se sauois ore. — 85 D Que. — 86 D sÿ haulte. D, E, F, G clamee. — 88 F ce ne sai ie pas. — 90 G bien et par mon amor. — g1 D Mes dieus de tel ar. ; E Mes dautre am. ihesus; F Et deus de cele am.; G Mes dieux de cele am. — 92 E Quamors ne nous tourt; F Qua moy ne vous tort; H Que ia aul or tour. D tourne tel p. — 94 À Quen; G A. 4, E ne en. — 95 D, E Ne feroie; G, H Ne prandroïe. D tele traison; F, H tel desraison. — 96 D Comment. 4 Comme de f. d. B, E, F, G, H Comme de f. traison. — 97 et manque dans E. G, H ne si.
174 G. RAYNAUD
Por l'angoisse qu'il se porchace, 324 Je ne sai que je doie dire Et li descent aval la face, Ne que je puisse devenir, Si qu'il en a le vis moillié. Més je voudroie mieus morir
312 Li dus n'en a pas le cuer lié, Que perdre ce que je perdroie, Qui pensse qu'il i a tel chose 328 Se le voir dit vous en avoie, Que reconnoistre ne li ose. Et il estoit de Li seu Lors dist li dus isnel le pas : Que l’eusse reconneu
316 « Bien voi que ne vous fier pas À jor qui fust a mon vivant! » En moi tant com vous devriez. 332 Lors dist li dus : « Je vous creant Cuidiez vous, se vous me disiez Seur le cors et l'ame de moi Votre conseil celéement, Et sor l'amor et sor la foi
320 Que jel deisse a nule gent ? Que je vous doi sor vostre hont- Je me leroie avant sanz faute [mage, Trere les denz l'un avant l'autre. 336 Que ja en trestout mon eage — Ha! fetcil, « por Dieu merci, N'en ert a creature née
[sire, Par moi novele racontée
309 H Pour la doulor. F con li p.; G qui sep. D, E Du courrous quil [D il] ne set quil face. — 309-310 intervertis dans F. — 310 À, D Si. E deuale. À jusquen. — 311 G Si que le vis en a m.; H Si que il ot le vis m. B Et quant li dus lot aguetie. D, E, F Quant li dus en tel point le voit, — 311-312 man- quent dans 4. — 312 D, E Et que si (D quainsi] parfont; F Et que si forment. D, E, Fsouspiroit. B Si en ot au cuer grant pitie; G Li dus le voit sen a pitie. — 313 À Li dus quide que soit; B, G Quil entent quil i a; D, £, F Lors (FSi] cuide quil ait. — 315 G Lors list. — 316 D vous ne vous f. — 317 À, E comme d. D, F, H deussies. — 318 vous mangue dans G. À, B se me disiez ; D, F, H se me deissiez; E se me dit mauiez. — 319. À, E, H priuement. — 320 B, D, F, G Que le d.— 321 D le me lauoie. B enceis s. f. — 322 D, E, H apres. F lune auant. B une auant autre. — j23, 4, B, G Ha [B He] sire fait dl merci sire; Æ, F Ha pour dieu fait il biau dous [F merci fait cil] sire; H Ha sire fait cis quest plains dire. — 325 4, E doie d. — 326 D iameroie. — 327 ie manque dans B; F gy p. — 328 B dire vos voloie; D dit ie vous au Æ Car se le voir vous en disoie. — 329 4 Que sil; B, C Quar sil. D delle s. F Et que il fust de lie s. — 330 D Que ie leusse, — 331 4, B, E, G, H À rien [E Pour riens; H Au jor] qui soit el mont [H en mon] viuant; F À nule rien qui fust v. D qui soit a mon vivant. D ajoute après ce vers :
Je mourroie sinschois avant. 332 F Et. D ajoute après ce vers : Et vous jur(e) par tel couvenant.
333 F sus. Det sur. G seur lame. — 334 F Et sus. iay receu, F de votre h.— 336 D a iour de mon zage. Dsera; G est. — 338 E Parole nule r. B, F, G parole r.
sus. — 335 D que 357 B, F, H iert:
LA CHASTELAINE DE VERGI
Ke samblant fet grant ne petit. » 340 Et dil en plorant li a dit : ire, jel vous dirai ainsi;
175 Lors li a toutes acontées
356 Ses venues et ses alées, Et la couvenance premiere,
J'aim vostre niece de Vergi, Et du petit chien la maniere.
Et ele moi, tant c'on puet plus. Lorsdist lidus : « Je vous requier 344 — Or me dites donc, »fet li dus, 360 Que a vostre terme premier
« Quant vous volez con vous en Vueilliezque vostre compainssoie
fcuevre, D'aler o vous en ceste voie, Savoit nus fors vous dui ceste Quar je vueil savoir sanz aloingne Loevre? » 364 Se ainsi va vostre besoingne : Et li chevaliers l respont : Si n'en savra ma niece rien. 348 « Nenil, creature del mont. » — Sire, » fet il, « je l’otroi bien,
Et dist li dus : « Ce n'avint 368 Mès qu'il ne vous griet ne anuit; fonques: Et sachiez bien g'irai anuit. » Comment i avenez vous donques, Et li dus dist qu'il i ira,
Ne comment savez lieu ne tens ? 352 — Par foi, sire, » fet cl, « par sens Que je vous dirai, sanz riens tere, Quant tant savez de nostreafere. »
Que ja ne li anuiera,
Ainz li sera solaz et geu. 372 Entr'aus ont devisé le leu
Ou assembleront tout a pis.
340 G lia dit en pl. — 341 Fie; G etie le. B de di. D Sire fait il ie vous diray. — 342 F du v. D laime v. n. pour vray. — 343 D quelle p. plus. — 344 B fet dont; E, H fait ce. — 345 B, G Quant si volez; E Se vous vole; F Puis que voler. B que len v. c.; D, G que on v. c.; E que vous en eroie; F que vous en c. — 346 4, D, E, Set nus fors; B Set ia nus fors. 4 ke vous. E ceste joie. — 349 À Et fait; D Lors dit. E il rauint. G Fait soi li duz ce ne puet estre. — 350 B, D Et [D Et mangue] comment y alles vous d. Ci aueniez v. d.; E à auenistes d.; F y alies v. d. G Comment pouez auec lui estre. G ajoute :
Et dist li dus : « Ce n'avint onc.
351 F Comment sauiez. B, D, G c. auer. — 352 4, E fait il sire ; B fet cil sire; D, F. G sire fet il. — 353 4, D, H le le. sanz mangue dans D. F sanz plus. C fere. — 354 tout mangue dans G. — 355 E racontes ; H racontees. — 356. À Leur v. et leur 2.; B, D, E, F Les (D Et les] v. et les a. — 359 F Cen dist, — 360 F Que vostre termine pr. — 361 D compaignon. — 362 B celle v.—363 4, B, E, G Que. B, D, E, Hesloingne. — 363-364 manquent dans F. — 365 D Et ma niepce nen saura rien, — 366 H Et cil respont. F distil. D, F, G ie le voil bien. — 367 E que ne. Dne nenuit; F ni anuit, — 368 A jou irai. D Sachiez que y iray enuit. — 369 E, F, H que il ira; Ge ï irai. — 370 4, B, E, FNe ia; D Et que ia. G Et ia ne li ennuie- rai. — 372 4, G Entre eus .n. deuisent ; E Aus .n. ont d. — 373 D, FOu il ass. a pie [D tout a p.].
LA CHASTELAINE DE VERGI 177
D'estre o vous sicomme ore isui Que ditIi ot a menterresse, Trestoz jors puis que je n'i fui. » Et mout li plest. Or voit il bien le redist : « Mon douz seignor, 428 Que cil ne li a mesfet rien
412 Mes douz amis, ma douce amor, De ce que il l'a mescreu.
Onques puis ne fu jor ne eure Ilueques s'est issi tenu Que ne m'anuiast la demeure ; Toute la nuit endementiers Més ore de riens ne me dueil, 432 Que la dame et li chevaliers 416 Car j'ai o moi ce que je vucil, Dedenz lachambre enr. Hit furent
Quant si estes sains et haitiez, Etsanz dormir ensemble jurent Et L trés bien venuz soiez! » Et cil dist: « Et vous bientrovéel» 436 Q'il n’est resons que nus recort
420 Tout oi li dus a l'entrée, Ne ne le die ne ne l'oie, Qui mout près d'aus apoiez fu ; * S'il n'atent 2 avoir tel joie Sa niece a la voiz bien connu, Que amors aus fins amanz done, Si bien, et a la contenance, 440 Quant sa peine reguerredone ; 424 Que il est or fors de doutance, Quar cil qui tel joie n'atent, Et si tient de ce la duchesse S'il l'ooit or, riens n'i entent
409 4, B si comme ie sui. D, F ouec vous si con or [Die] sui. i mangue dans G. E Destre auoeques vous en requoi. — 409-410 intervertis dans F. — 410 B Trestot lors puis; H Despuis lore. B ne {. F ne vous vi. À Car pieca auoec vous ne f; D Et plus souuent que ie ne dy; F Mout me tourne ore a grant anoi. — 411 F Celle. D, E li dist; H respont. G Et ele dist. — 413 E Onques ne fu ne; H Ains puis ne fu ne. — 414 D demouree. — 415 G Mais ore ne me duel de rien. — 415-474 manquent dans E (feuillet déchiré). — 4168, F, G Quant. D Quant ie tieng quanque ie veul. G quanque ie ain. — 417 4 Et vous estes. D Quant sy sains estes et chaities. — 418 À, F Que li. — 419 D Et vous soiez la ; H Cis dit et vous la. — 420 D Tout ce. — 421B Et; D Quar. 4 Dela cambre si pres estoit ; F, H Qui fasses pres dileuc estoit [H sestut]. — 422 G Et sa n. a la v. c. 4, F connoissoit; Ba connu. — 423 F Mout b. À counissance, — 424 À, D, G, H Que il est [D fut] tout hors. B Car il estoit hors, F Quor en est il hors. — 425 D Et ce tint. — 425-426 manquent dans F. — 425-430 manquent dans D. — 426 À Queli ot dit. — 427 F quor voit il bien. — 429 4. B, F, G dont il la [B, F a] m. — 430 F, HIlleuc. 4, G, H ainsi. F ensiques t. H maintenus. — 433 B, F, G ensemble f. D iurent. — 434 4, G Qui. B, F, Gen .i. liti. D furent. — 435 D Ent. i. et en t. — 436 D Que par r. ne p.r.; F Que nest r. q. le r. — 437 B, C Ne ne la. À Con le die ne que on loïe; D En cent ans dire ne le pour- roie ; F Ne nus ne lentende ne noie. —438 D Qui. a mangue dans D. À, B Sil pen atent auoir ; H Se il natent auoir.— 439 B, F, G, H Comme am. a f.— 440 F, H Quant lor p. lorg. 4, B,G lig.; D lor g. — 441 G Que cilque. Ben atent; Di. atent. — 441-446 manquent dans F. — 442 À Se il looit rien ne; B Sil loit pour nient ; D Sil est compter et rien ; G Sil oit ce et rien nen. Bis, XXL. 12
LA CHASTELAINE DE VERGI 179
484 Or cele dont il ert partiz, À cui il samble por la nuit Que failli ait a son deduit, Ne du jor ne se loe point. 488 Li chevaliers ert en tel point Et de penssée et de parole, Quant li dus l'ataint, si l’acole Et li a fet joie mout grant, 492 Puis li a dit : « Je vous creant Que tozjors mès vous amerai Ne jamès jor ne vous harrai,
Quar vous m'avez du tout voir Cait
496 Et ne m'avez de mot mentit.
Que cest conseil celer vous plaise, 500 Qu'amor perdroie et joie et aise
Et morroie sanz nule faute,
Se je savoie que nul autre
Ice savroit fors vous sanz plus. 504 — Orn'en parlez ja, » fet li dus ;
« Sachiez qu'il ert si bien celé
Que ja par moi n'en ert parlé. »
Ainsi s’en sont parlant venu
508 La dont il estoient meu. Et cel jor quant vint au mengier, Moustra li dus au chevalier Plus biausamblant qu'ainz n'avoit
— Sire, » fet cl, « vostre mercil ait, Mës por Dieu vous requier et pri 512 Dont tel corouz et tel deshait
484 4 De; D Est; E Fu. D, H ilest; E estoit. il manque dans G. — 485 D y semble que; Fil sembla. — 486 D Quelle aist failli. G Qui si tost faut pert son deduit. — 487 Bloer; D, H looit. — 488 4, E, H ch. en itel p. G en cel p. — 489 À Est de p. et de p. ; E Estoit et p. et p. — 492 4 Si; G Et. B Et dit li a. D tout maintenant. F Et li dit ie vous acreant. Après ce tvrs E ajoute :
Sur le cors et l'ame de moi Ek sur l'amor et sur La foi.
493 D A. t. — 494 4, B, D, E, G ne vous mescrerrai. — 495 4, B,E, F, G Que; D Car. F du tout voir mauer d. 4 maues voir dit de tout. — 496 B Et ne mauez de rien m. ; D Ce dont vous auoie en despit; G Et de rien ne maues m.; E, F, H Et la duchesse ma m.— 497 F, H faitil; F dist il. A, E, F, H pour dieu merci. D Mais la duchesse ma mentit. — 498 À Et. H Par amour, D Syre fait il pour dieu merchy ; Æ le vous requier et ie vous pri; F Et pour ses sainz vous quier et pri. — 499 E, G ce; H cel. — 500 D Ou ie. et manque dans B devant joie. G Quan or perdroie joie. — 501 D Jameroie mieul. — $o2 B que se. — $o3 D le seust. 4, E, H sauoit; B, F, G seust. — 504 D parles plus; F penses ia. H p. fait ce li dus. — 505 H mout bien c. — 506 D, E Que iames non sera p. — $o7 H Atant. D Puis sen sunt jouant venus. — 508 D Du lieu dont. F Au lieu dont il erent m. — 509 4, G Et œ iour. D Et puis quant ce vint au disner, — $11 À quen auoit fait; B quanc nauoit fet; D de la moitié; E, F, H quonques not fet. — 512 4, B Ettel; E, H Mais tel. D Nonques mais ne fu si haitie. Après ce vers D ajoute :
Que toux comptens et toux despis Lay pardonns a celle nuis,
180 G. RAYNAUD
En ot la duchoise sanz fable 520 Et lavé et bien festoié, Qu'ele se leva de la table Si l'est tantost alez veoir Et a fet samblant par faintise Et la fist sus son lit seoir,
516 Que maladie li soit prise Et à commandé que nului Alée est couchier en son lit 524 Ne remaingne leenz fors lui. Ou ele ot petit de delit. L'en fet tantost ce qu'il com- Et li dus, quant il ot mengié [mande.
513 H faille. D Et tel doeul oust la duchesse sans faille. — 514 D Que tantost se 1. G sen 1. — 515 D, E Et fist grant (D grant mg] s. ; G Et fet s. tot p. £. — 516 D leut souprinse. — 517-518 manquent dans À et C. — $17- 520 remplacés dans B par les vers suivants dont le dernier au moins est de trop :
21. vallet a de sa mesnie,
LI. de ceus ou el plus se fe ; Par cel [le] dire au duc Quant il ot, si n'en ot pas joie : Par cel l'a d'iluec envoié,
Etli dus quant il ot mengié
Et lavé et bien essuyé..…..
dans D par les suivants : En sa chambre s'ala gesir Et si se fist mout bien couvr(c}ir Comment) se malade forment fust, Ex bien voult que le duc le seust Que maladie lui fust prinse. Mais ce faisoit el(le) par faintise. Un vallet ust de sa mesgnie, Un de çoux ou [el] plus se fe : Pour ce dire au duc [el] l'envoie Afin quel (plus) certainement croie. Ex le due, quant il ust disné, Sy s'est de la table levé.
et dans G par les suivants, dont les quatre premiers se trouvent déjà dans D :
En sa chambre s'ala gesir Et se fist autresi covrir ‘ Com se forment malade fust, Et bien vout que li dus seust Que prise li fust maladie.
Un valet a de sa menie Pour ce dire au duc envoié. Et li dus, quant il ot mengié.
518 E, F mout poi de d. de manque dans H. — $20 À Et bien 1. et {.: E, F, H La gent deduit et f. — 521 Si manque dans G. À, E, F, H Si va la duch. v.; D Et est tantost alle sauoir. — 522 Æ Et va desus; H Et la fait sor; G Elle le fist. Bsor; F en. D Quelle maladie elle peust auoir. — 523 D, G EX si commande; H Puis a c.— 524 E Ne soit en la chambre que 525 4, G En; 8 On. 4, B ft errant; F fist errant; G fet aitant.
LA CHASTELAINE DE VERGI 181
Et li dus errant li demande — Ha, » fet li dus, « ma douce Comment cist maus li est venu famie, 528 Et que cæ est qu'ele a eu. Sachiez je n'en croiroie mie Ele respont : « Se Dieus me gart, Ne vous ne autre creature Je ne m'en donoie regart 544 Que onques por nule aventure Orains, quant au mengier m'assis, Avenist ce que vous me dites ; 532 Que greignor sens et plus d'avis Ainz sai bien qu'il en est toz N'eust en vous que je m'i vi, quites, Quant vous tenez plus chier celui N'onques ne penssa de ce fere, Que je vous ai dit qui porchace 548 Tant ai apris de son afere : 536 Qu'il a moi honte et despit face; Si ne m'en enquerez ja plus. » Et quant vi que plus biau sam- [blant Atant se part d'iluec li dus; Li feistes que de devant, Et ele remest mout penssive Si grant duel et si grant ire oi 552 Que jamès jor que ele vive 540 Qu'ilueques demourer ne poi. Unc eure a aise ne sera
526 4, B, G tantost E d.; D present li d. — 527 À cius; B cest; E ce; G él. F Dont cest mal li estoit v. — 528 B que a eu. F fu quelle out eu. — 529 E Sire fait el; G Et elle respont. — 530 D, H me. — 531 4, B, D, E, H Ores. 4, G mengier assis, — 532 E ne plus. C damis. — 533 4 Eust; C, E, G Nauer. B, D, E nc vi; G ni truis. Ce vers dans G est suivi de celui-ci :
Si ai eu si grauz ennuis.
534 D Qui tenez, — 535 F quil p.; G que p. D plus cache. — 536 Æ que a vous; H que a moi. D Que de moi son plaisir £; F, G Comment honte et despit vous f. — 538 D Vous lui faictes. D que par- deuant; B,C, F plus que d. E puisque d. ; G hui que d.— 539 H Si grant d.
B et tel ire en oi ; H si grant ire en ou. D le us tel doeul ut sy grant ire; G Si grant ire et tel duel en oi. — 540 À Que illoec; E Iluec plus; H Car illeuc. — 541 D Quil est ainsy demoure syre; F Ay dist li duz douce amie. — 542 4 Certes; D Certain ; E Sachiez. 4, E, Fie ne. — $44 À, B, D, F par n. — 545 C voust. — 546 B que toz en est quites. D Car je say bien quil en est q. — 547 À not pense. H Onques ne pensa a ce f. — 547-548 manquent dans F. — 549 À Si que ne men eng. plus; B Si ne vous enq. ia pl; D Et si ne men parlez nen plus; E Et seur ce ne menq. pl.; F Si ne men parler des or pl.; H Et si ne men eng. pl.— 550 À, B Atant dilec; H Atant sem part. 4, B se part. D A ce mot sest parti li dus. — 551 4, B, D, E, F Et cele. 4, B, D, G remaint; 4, E, F, H si p.; B plus p.; D toute p. — 552 E Quele iames. 4, B tant com el soit v.; D tant quelle soit v.; E tant com soit v.; G, H tant com el v. — $53 D, F, H Un iour; Æ Nule heure. 2 mangue dans G.
LA CHASTELAINE DE VERGI 185
Et de l'issue et de l'entrée Por itant, ce li est avis, 656 Li a la verité contée, Qu'il ne vout estre ses amis. Si qu'il ne Ka riens teu Si afferme tout son porpens Qu'il i ait oi ne veu. 676 Que, s’ele voit ne lieu ne tens Et quant la duchoise l'entent Qu'a la niece le duc parolt, 660 Que cil aime plus bassement Qu'ele li dira ausi tost, Qui de s’amor l'a escondite, Ne ja ne celera tel chose Morte se tient et a despite, 680 Ou felonie avra enclose. Mës ainc de ce samblant ne fist, Mës ainc en point n’en lieu n'en 664 Ainçois otroia et promist [vint Au duc a si celer ceste oevre Tant qu'a la Pentecouste vint Que se c'est qu'ele le descuevre, Qui après fu, a la premiere, Que il la pende a une hart. 684 Que li dus tint cort out pleniere, Si qu'il envoia par tout querre 668 Et si li est il ja mout tart Toutes les dames de la terre D'a celi parler qu'ele het Et sa niece tout premeraine Dès icele heure qu'ele set 688 Qui de Vergi ert chastelaine. Que ele est amie a celui Et quant la duchoise la vit, 672 Qui H fet et honte et anui Tantost toz li sans li fremist,
657 4, D Si quil ni a de [D de mangue]. t.; E, H Que nuler. ni at. — 658 4, D, E, H Quel ait; B Quil eust. — 659 D Quant. D ce entent; Bd. entent. — 660 4, D, E Que il. — 661 D Quant; E, Et. — 661-662 inter- vertis dans D. — 662 D, G A morte se tient et [D et a] despite. B se rent. — 663 4, H, ains; D, E, F, G onc. E, F, Hnen. — 664 4, B, D, E,F,H Aïos otria. À, B, D'tout; E, H mout; F bien. — 665 4 a descouurir; D, E de bien celer; Fa bien celer ; H celer si bien. 4, B, D cele. G ou eure. — 666 4, E Que sainsi est quel la desc.; B, H Que sil set quele len (H se] desc.; D Car se dentreux deux desc.; F Que sil auient quel le desc, — 667 F Que len. — 668 C, G Et se. H Si li estoit il. D estoit ia. — 669 4, D De celi parler; F Qua cele parle; H Da cele parler. B, E De parler a cele quel het. — 670 D Tres. D voit. = 671 À, E Quele estoit; B Que cele estoit. — 672 E Quil. 4, D, E, F, Gki a fet.— 673 H Pour tant celi estoit a. E se li est ore. — 674 B, F veut. — 676 E sauoit lieu ne tens. F Que sele vient en lieu nen t. — 677 G Que. D, G au duc. D puisse veoir. — 678 E assez tost. D Qui lui dira tout son plaisir. — 679 D Quer. — 680 D Quant. B soit; D y 2. H Ne plus vient en son cuer enclose. — 681 B Mes se en p. ne ne l. nen v.; F Mes onc en p. nen 1. nen v.; G Mes en 1. nen p. nen v.; H Maisains en Î. nen p. nenv. 4 vient.— 682 4, C, D,E, F, HTant que; BEt quant; 4, B vient. — 683 D Qua prins sa part. Bet la pr.; G toute la pr. À, E, F Que ce fu la feste premiere. — 684 D Les beles dames. G, H sa. F Les dames de toute sa terre. — 687 D Sa niepce vint la pr.; E Sa niece toute pr.; GEX s. n. vint toute premiere. — 688 D du vergier: F du vergi. E fu ch.; G estoit ch. — 690 F le cors, D Le coeur eu ventre.
LA CHASTELAINE DE VERGI 189
Estre morte o lui me fust mieus Et a celui qui a son tort
Que vivre si que de mes ieus M'a trahie et livrée a mort
Ne le veisse nule foiz. Doinst honor, et je li pardon ; 808 Hal fine amor, est ce donc droiz 828 Ne ma mort n'est se douce non,
Que il a ainsi descouvert Ce m'est avis, quant de lui vient ;
Nostre conseil, dont il me pert? Et quant de s’amor me sovient,
Qu'a m'amor otroier li dis Por lui morir ne m'est pas paine. » 812 Et bien en couvenant li mis
Que a cele eure me perdroit 832 À tant se tut la chastelaine
Que nostre amor descovreroit. Fors qu'ele dist en souspirant
Et quant j'ai avant perdu lui, « Douz amis, a Dieu vous com- 816 Ne puis après itel anui, [mant! »
Que sanz lui por qui je me dueil A cest mot de ses braz s'estraint,
Ne puis vivre ne je ne vueil; 836 Li cuers |i faut, li vis li taint :
De ma vie ne me plest point, Angoisseusement s'est pasmée, 820 Ainz pri Dieu que la mor me Et gist pale et descolorée
[doinst, En mi le lit, morte sanz vie.
Et que, tout ausi vraiement 840 Mès ses amis ne le set mie,
Com je ai amé leaument Qui se deduisoit en la sale
Celui qui ce m'a porchacié, À la carole et dansse et bale ; 824 Ait de l'ame de moi pitié, Mës ne li plest riens qu'il i voie,
805 4, B, D, E, G, H Questre. D sy me. F Morte o lui vousisse estre m. — 808 E He. G est il. — 809 B Que il iert; F Que cil a; G Qui lia. — Bio D Nostre amour. À tout en apert. — 812 G au couuenant. — 813 D Qua icele. — 815 B ie auant perdi L — 816 D un tel .; F si grant a. G viure apres tel ennui. B Ne pris gueres nul tel ami. — 817 D Quer sanz lui ; H Sans celui. À por coi. F Viure sanz li pour qui me d. — 817-818 manguent dans G. — 818 B Ne quier viure; D Plus viure ainsy; F Ne ie ne quier. — 821 E ainsi. B Et tot ausi veroiement. — 822 4, B, E, F, G Commc iai [B lai]. D Que ie lamoie 1.;, H Com iai ame bien 1. G vraiement. — 823 À ma ce p. — 824 E Ait hui dieus de mame p.; G Ait de la moie ame p. — 827 G car ie li p.— 828 À De ma mort nest; D La mort ne mest. À se doute non; B se de li non ; G se douceur non. — 829 À Si. — 829-834 manquent dans D. — 830 G que. — 831 B Pour qui. H met. — 832 E sestent. — 833 B Mes. H a dit. — 835 B, H A ces mos. D de ses beaulx bras. — 837 E Sest angousseusement ; H Angoissement est. G pense, — 838 D La g. F morte et d. — 839 D Desur. B pales. v. Aprés ce vers B ajoute un vers isolé :
Amours l’out morte et maubaillie. 840 G ne cœ. — 841 D deduit en my. — 842 E Aus quaroles; G Où il carole. 4, D, E, F, H ou d. et mangue devant bale dans E, G. — 843 D chose quil v.4, B, E, F que il v.
LA CHASTELAINE DE VERGI 193
Et par cest example doit l'en Et li celers en toz poins vaut. 952 S'amor celer par si grant sen 96 Qui si le fait, ne crient assaut
C'on ait toz jors en remembrance Des faus felons enquerreors,
Que li descouvrirs riens n'avance Qui enquierent autrui amors.
952 D Celer samour ; F Samour garder. E en si bon sen. — 953 D Quens . en ait; E Con dit; G Quan oit. H Que on ait t. r. — 954 À Que li racon- ters; D Quer 1. d.; E Que li recorders; F Que li ramembrer. H Con ne la perde par tel mescheance. Après ce vers H ajoute :
Que li descouvrirs rien ne vaut.
955 D lieux vaut. Après ce vers H ajoute :
En tous estas, soit bas, soit haut.
956 À Qui tout cou fait ; B Qui ce fet bien; D, H Queinsi le fait; E Et qui ce f. G lasaut. — 958 4, B, E, H dautrui amours; D contre amoureux. Après ce vers D ajoute :
Pour ce prion par bon memoire
Ycellui Dieu qui maint en gloire
Qu'il vuille lez deux amans maitre
Au jour du jugement a (sa) destre. Amen |
F ajoute : Cest fablel ci endroit deffine. Or prion 2 Dieu qui ne fine Qu'il ait de lor ames merci EX des nostres tout autresi, nl G gjoute :
Pour nuire, c'antre preu m'i ont, Naisance aufs] leiaus amans font Dont un vers trop courtoisement D'un son (ms. seul) poitevin les reprent.
200 A. NEUBAUER ET P. MEYER
segon 9 esteron 2$ res is
sir2 aisi 31 bregues 15 soplegues 16 test 39 sopleigues 16 son 17 prosest 40 Jugieus 21 ses 19 laissarai 42 lengas 37 salvet 47 aiso $7, 207 cors 63, 76 senbor 47 bacinas 92 metas 83 cent 48 . frances 328 digas 95 siutat 73 Los 339
Je dois faire remarquer qu’il n’y a point de consonnes redou- blées dans le texte; j'ai écrit laissaraï, parce que c’est l’usage le plus ordinaire, mais le texte donne Jaisarai. Si l’on examine ces exemples, au point de vue de l’étymologie, on reconnaîtra que partout ls reproduit une s latine, sauf dans cent (centum), aisi, aiso (eccehic, eccehoc), et dans tengas, metas, digas, cors, où s répond au #s du latin (finale -atis, curtes). On va voir que plus ordinairement, c’est le tsadé qui est employé en ce dernier cas.
Maintenant passons au tsadé.
INITIAL INTÉRIEUR FINAL
rt 41, 227 plassa 32 mandamenz 4 civada 103 balansa, 29 Lx 25, 29 celier 105 berdonansa 30 genolhont 25 cels 115 acerta 77 comlaz 48 serviren 115 aiso 160, 205 mialhr 66, 381 ciutadans 132 Fransa 324 cortx 68 cervel 159 Jrances 326 garni 87 50 204, 262, 379 messier 341 samit 88 cel 360, 395 carnacier 342 perdix 142 celava 393 dinatz 200
MENT 207
sent 208
totx 231
ex 234, 260
Dans les exemples des deux premières colonnes, le tsadé représente à peu près constamment un c latin. A l’initiale, la
1. C'est ainsi encore que j'écris marrity avec deux r au v. 308, bien que dans le texte ce mot n'ait qu'un seul resch, tout comme marits (maritos) du v. précédent.
LE ROMAN PROVENÇAL D'ESTHER
ANR PAT MOTO RUN DE MNND 23 NB AINNN JU UD RDV FTP AND Jin wrS RONUN NATIVE TINTIN D NOYHRDNT NEDIER FN NÔNTANE Ne DNA RUN D DÉS ND JE WONRE NT RTINDEUNN JID PAND JIN UND 3 0 415 wuoTa vrawNT NOR que qu ND quan NINTAND DIE NITO VID PEN NTNEUN JD MIDNT DNS Ve MoN UN PO JU wom
ARDIT PA NTNE JTE ne wn0abn 9x 2N 0 wnp 1 wormn we vx b Din DT nn HI DIE ANMANENPON IN TND pre end où np * RMPNO war UD On D pt pe wa NVE JU NES 323 RONA NO LI 3 NE RUND JL JULIIR Ne NV2 IN FN EINA NO NO NLTOINO pose p vor px Drame Dr) RO Ju VÙ DD 2TOUN DTA 1n Ra an 10 qe part) 9 To WNVIONP IVEMN NO'D JE WIDN RTONT IN POTOT 9 fNrDND OMANDN DATA ND 90 JD WSDNMPUN K YSDNIND 1N REIN NO Nb D Yan INA UND M por ED VTT RININA UD QUE JD VU CMP ANINPNT MST 97 sb mb TRI 2 7 m VO ND 7 AIMTNR EN BINA DINO D DITINOT VO JD TON AND DUNTRENP D [2 WRNIKD Ve
215 Fort era tota de bon aire, 408Mes non avia paire ni maire, Mes un sieu coxin germa L'avia presa a sa ma. Veron agesta damairela
© 412Qe era vèrges e piuzela.
De faiso fon mot polida, Mas un pauc fon escolorida ; Desobre totas fon plus bela. 416Prezeron La, van s'en amb el. Anc[non] fon 1022 tant lausada, En nom dal rei fon espozada. Lo temps non vuelh que vos des- [nembre : 420 Ela fon preza en derembre Al tems que cas la neu el glas E a tot om lo solas plas Car am conpania pot jazer, 424L'un cors am l'autre pren plarer. Qÿ vol molber adoncs la qcira; Non qe[ijra ges de gran verqeira, Ni non la bata ni la feira 428 E 2 nengun non fassa feira ; Mantenga La, sie blanca © neira, Entro aqel temps qe pon la neira,
E tot estiu sol se mantenga, 432Tro qe l'uvem o Lo freg venga. Ester fon mesa enfre cambras. Peseron Ihi de musc e d'ambra ; Feson Ihi far bons onhemens 436E lavamenz e escuramens. Abanz que lo rei la coronessa
« Q tant gent es ensenhada ? — Senber, aiso non me demandes ; 444« E farias ben qe comandesses
LE ROMAN PROVENÇAL D’ESTHER 225
au printemps parait venir originairement de la fausse lettre d'Aristote à Alexandre qui a été traduite en vers et en prose, tant en français qu’en pro- vençal. Voir, par exemple, la version provençale en vers publiée par M. Suchier, Denkmaler provenzalischer Literatur und Sprache, 1, 208, 209; cf. pour le texte latin, ibid., 478, 479.
432 Raynouard, sous fvemn (III, 577) n'a pas enregistré la forme uuern, actuellement conservée dans les Alpes, mais dont on a des exemples anciens dans des textes de la Provence, notamment dans le Nouveau Testament du ms. B. N. 2425 (par ex. Jo. x, 22). Gros Hiver, quartier de la commune de Chateau-Ville-vieille, arr. de Briançon, est appelé Grossum huvernum dans un document de 1373 (Roman, Dit. 1op. des H. Alpes).
434 Peseron Ihi est douteux : le second mot peut-être Li, lit.
435 Onhemens est une restitution conjecturale. Littéralement transcrit, le texte porte apagoims.
436 Raynouard (I, 532) enregistre le verbe escurar, mais non le subst. éscuramen, qui toutefois est relevé dans le dictionnaire de Mistral.
437 Que lo, lis. quel.
440 Délicada, corr. délgada?
444 Vers trop long et obscur ; corr. comandes ?
448 Le texte donne littéralement à srbalias. La correction d'i en 0 est insi- gnifiante : il n'y a qu'à substituer un vav à un yod, et ces deux lettres se ressemblent, mais cercarias (ou cercarias) me laisse beaucoup de doute.
GLOSSAIRE : acampar 367. ast, em- 143 (note). acertar, acerta 77. astas 99. actdr}s 285. avol 283. airat 247. aire, de bon — 407. Bacinas 92. aitina 53 (note), 83. Dadas, de- 386, 448. alonx 26 (note). baile 80, 113. amaestrat 275 balansa, estre en- 29. amanovit 290 (note). balansar 220 (note). amatinar, $ — 109. berlas 111 (note). amb 23, 136, 416, am 136, 140, an 12. beure $3, beua 108, begron 157, begut anar, auxiliaire, 168, 234, 365. 215. asomat 7. biors 64 (note).
1. Je ne juge pas utile de donner le sens des mots ici relévés en ordre alphabétique, tous ceux qui présentent quelque difficulté ayant été expliqués dans les notes.
Romania, XXI. 15
226 A. NEUBAUER ET P. MEYER
Bolia ou bolida ? 102 (note). borages 146 (note).
braias, portar las- 310 (note). brea 306.
broët 139 (note).
brufols 145 (note).
burs 71 (note).
Caber, caupron 74. cabrit 137.
cabrols 145.
cambries majors 183 (note). camelina, salsa — 140 (note).
carre 284.
co 95 (note). codons 155 (note).
collir, colgron ? 229 (note). condela? 405 (note).
copde 360.
cort, lot — 212.
pola 229.
coginat 102 (note).
creissons 111 (note). crenilhar, crenilba 284 (note).
Damaixela 411 (note). decbar 166.
denfre 402 (note). denomnar, denomnet 46. desautit 206, 264.
desnembrar, desnenbre? 419 (note).
desportar, se desporta 188. dissaple 345.
donxela 367, 394.
Ebraic 288.
gas 224, 238.
eguessa 261 (note). encanonadas ? 154 (note).
encaras, voy. mal encaras. encortinar, encortineron 110. enfantina 384.
enfre 433.
enrabiat 171.
entort, pour entorn, 98. entremes 147.
enubriar 168, 172.
envidar, envidet 164.
envit 289.
eruga 136 (note).
escolorida 414.
escondre, escondia 380. escorre, escorregut 56 (note). escudela 191.
escuramens 436 (note). espelh penre — 298 (note). estalvar, s'estaluet 35. éstenir 232 (note).
estiu 431.
Faiso 413. féira, far — 428 (note). Jeraos ? 194.
front, aver — 334 (note). “feixans, voy. gas.
Gabar, gabet 175 (note). gai, gaias 309. galias 7r.
gals feixans 147. ganren 39.
gelaria 138 (note). genolbonz, de — 25. glas 421.
glexades 117. gramages 277. gratonia 137 (note).
Hart 131 (note). Irnela 405.
Jogador ? 319. Jostas 64.
LE ROMAN PROVENÇAL D’ESTHER
juruert 146 (note).
Lai 187 (note). Hivreias 72 (note).
Lops 138 (note).
Mageslat 11 (note).
mal encaras 195 (note).
malenconi 241.
marritz 308.
mentretant? 248 (note).
mesquenela 404.
messier 341 (note).
méleus 293.
moisalas 90 (note).
morre 378 (note).
mortairols 133 (note).
mostarda 136.
mOUEr, MOVON 121, 174, MOC 395, mo= £ron 401, mogui 236.
mujols 138 (note).
mur, MUXA 227.
Neira 430 (note). neulas 153 (note).
Onbemens ? 435 (note). orre 303, orra 199. ort 190.
Pairols 97. parliers 282.
past 144.
Pastura 103 (note). pevilhons 89. Pébrada 137.
pes, peyas 237. peras 155.
Piment 153.
Piuxea 412.
bolit, polida 413 (note). polpra 88.
ponba, metre- 213.
227
borestat (podestat?) 47 (note). brosest ? 40 (note).
Reclos 125 (note). redier, en — 151 (note). régiment 13.
regirat 248.
renomar, renomada 313. resposta 233.
riola 230.
ris 151.
riseas 318 (note).
roman, subst. 38; em — 290. romieu 82.
Salvazinas 100.
samit 88.
selas traucadas 92.
seter, sec 130.
simple 109.
sonar, sonet 183.
sosjornar, sosjornessa 438, sosjornada 439.
soplegar, soplegues 16.
sumac 151 (note).
Tabussar 187 (note). tal 303 (note), 370? talbat 292.
tartas 147.
teira 129.
Leunes ? 318 (note).
toxa 417.
trompa 17, trompas 121.
Uvern 432 (note).
Van, vana 170. verqueira 426.
veslidura 202.
vilonia 243 (note). vont 398, von 111, 188.
CHRISTINE DE PISAN AND J. MAUNDEVILLE 231
Vi le saint sepalcre et baisay Et La un pou me reposa
Je regarday comme il est fait AA demi compas, et de fait Le häuk et lé le mesuraÿ Et encore la mesure ay. » (vv. 1261 f.)
« Et poez savoir qe, quant homme est 2 Jerusalern, fait le primer pilrinage à l'esglise seint Sepalchre, q'est a dehors de La cité. Dedeins celle esglise en my lieu y ad un tabernacle, auxi comme une petite maisoun.…. et est st tabernacle fait en fourme de demy compas. Et en cco tabernacle, a la de partie, est ly sepulere nostre Seignur. Et contient de long le taberacle piez et de large. v. piez; et si ad le tabernacle .xj. piez de haut, Et n'i ad pas long temps qe ly sépulcre estoit tot descovert, si qe l'em poait toucher et baiser, Mes, pur ceo qe chescun qi y aloit se penoit de prendre de La iere ou piece ou poudre, pur ceo l'ad ly soudan fait emmurer, si qe homme ne poct toucher. » (Maundeville, ed. Warner, p. 38.)
Note that while Maundeville states that the Holy Sepulchre is inaccessible, Christine claims to have entered and kissed it. It will be observed that she again more than once in the course of her narrative prides herself on having done or seen things, which Maundeville says were especially difficult to do or sec, she, of course, being supernaturally aided by the Sybil who was her guide.
Christine next sees the site of Troy :
La fu Troie,
La cité de si grant renon;
Or n'y vois se ruine non,
Mais encor y pairent les raurs
Selon la mer haulz, longs et durs. (vv. 1296 #.)
EX pluis hal, vers le chief de cest bracz de meer[sc. de scint George], devers la grant meer soloit estre la cité de Troie sur la rive del eawe, en mult beau lieu et plain; mês la cité y piert poy, pur ceo q'il y ad si grant temps qe cl fuist destruite, » (Maund., p. 8.) She then comes to Cairo and the Nile : Vi après la cité du Kaire, Qui plus est grant qu'autres deux paire; Vi le Nil qui croist et descroist, - Vi le champ ou le basme croist, Vi comment Babiloine siet
CHRISTINE DE PISAN AND J. MAUNDEVILLE 233
Homme qui ne porte son vivre
Sus chameux, nous tôut a delivre
Y passasmes sanz fin ne s0ÿ
Et sanz denier porter sus sy",
Ne nous y travaillasmes moult. (wv. 1331 .)
They ascend the mount and visit the monastery and church of Saint Catherine, which Christine had made a special point ot seeing (cf. vv. 1305-11) :
Et si montasmes sus le mont Où il a moult belle abbaïe Close, qu'el ne soit envaïe De serpentine ou male beste.
La ot mainte lampe et maint cierge;
Si baisay le chief de la Vierge,
Et du propre abbé de l'uile oz
Qui yst de ses precieux os. (vv. 1342 M.)
Et est ly mont de Sinay appellez le desert Syne.… La y ad une abbeïe des moignes bien fermez et tres bien encloscez as portz de fer pur paour des beistes sauvages. La est l'esglise seint Katerine, ou il y ad mult des lampes ardantr… Et ly prelait des moignes moustre les religes as pelrins, et d’un instrument d'argent il frote l'os. Et si en ist un poy d’oile auxi come un suour.… Et de ceo il donne un poy as pelrins; qar il nen ist mie grant quantité, Et il moustre la teste seint Katerine. (M., p. 30.)
Passing on towards the East, unharmed by the crocodiles, dragons, bears, lions, unicorns, elephants, etc. they meet (all of which are mentioned by M., pp. 98, 147), they come to the a Isle de Cathay * », with its wonderful riches, of which Maun- deville gives a long description :
Toute passasmes Tartarie, Et la grant terre de Surie, Etla riche isle de Cathay Ou vi moult, mais riens n'achetay,
1. €: they had no need of money to hire interpreters.
2. It appears that this expression « isle de Cathay » is peculiar to Maundeville, who, as M° Warner remarks (p. xxVIn) « makes islands of almost every country he names, not excluding even Cathay. » The fact that Christine de Pisan employs the same expression is in itself almost proof positive that she made use of Maundeville's book.
CHRISTINE DE PISAN AND J. MAUNDEVILLE 235
all of which are familiar to readers of Maundeville, she comes to the « gode folk of the Yle of Bragman », i. e. the Brahmans : Je fus ou regne de Brachine, Ou les gens sont bons par nature Et ne font pechié ne laïdure. (vv. 1424 ff.)
Outre ceste isle y a une grant isle et bone ct pleintevouse, ou il y a des bons gentz et loialx et de bone vie solonc lour creaunce et de bone fo... ils sount pleins de toutes vertues, et si fyent vices et toutz malices et toutz pecchez.… Et appelle homme celle isle l'ile de Bragmey. (M., p. 144.)
Next Christine sees the four rivers which flow out of the Terrestrial Paradise :
Vi les quatre fleuves qui viennent De paradis terrestre et tiennent
Grant pais et terre foison :
Le noble fleuve de Phison
Court par Inde, en lui sont trouvées
Precieuses et esprouvées
Pierres tout par la region:
Et puis le fleuve de Gion
Court par Ethiope et Egipte,
Armenie grant et petite;
“Tygris ne tient mendre pais,
Car par Persie court lais.
Ne Euffrates mains ne possede :
Armenie, Persic et Mede
Tient, ses flos me furent monstrez. (vv. 1429 Æ.)
Et el plus haut lieu de Paradys el droit my lieu est la fountaigne, q jette les ii. fluvies qi courrent par diverses terrez. Dount li primer ad a noun Phison ou Ganges, c'est tout un, et court par my Ynde ou Emlac; en la quelle rivere y ad molt des preciouses pierres... et molt de gravell d'or. Et l'autre rivere ad a noun Nilus ou Gyon, qi vayt par Ethiope et puis par Egipte. Et l'autre ad a noun Tygris, qi court par Assirie et par Armenie la grande. Ex l'autre ad a noun Eufrate, qi court auxi par Mede, par Armenie t par Persye. (M, p. 150.)
She then proceeds to enumerate the high mountains of the earth, among which she saw : (1) Les grans montaignes d'Armenie Ou l'arche Noë bien garnie S'arresta après le deluge ;
CHRISTINE DE PISAN AND J. MAUNDEVILLÉ 239 plusours [devindrent] sourdez pur la noise del eawe…. si qe nul mortel ne poet approcher (M., p. 151.)
Si est Paradis enclos tout entour d'un mur... et n'y ad qe un entré, q'est close de feu ardant, si qe nuls hommes mortels ne purroient entrer. CG, p. 150.)
At this point Christine’s obligations to Maundeville abruptly terminate, her journey being no longer over the regions of earth, but through the firmament of heaven, whence, like Dante:, she looks down with contempt upon this world, which she sees lying at her feet :
Comme une petite pelote, Aussi ronde q'une balote (wv. 1699-1700).
{ Paget ToyNBEr.
t. Cf. Par, XXI, 134: Vidi questo globo Tal, ch' io soisi del suo vil sembiante,
NOUVELLES RECHERCHES SUR LE ROUMAIN DE L'ISTRIE 245 hixdä; pitsor, m.-roum. fäitior (de kitior). Deux mots font exception à cette règle : Hliept (à côté de pieptu, Maior.) (pectus), faptir (pecten). En meglen aussi, ce sont pré- cisément ces mots qui ne se conforment pas à la règle générale. Voy. Vlacho-Meglen, p. 16.
ProNOM, page 75.
Pron. pers. abs. conj. abs. conj. Sg. N. jo 30 tu tu Acc. mire me tire: te D. a mie mii atsle ti PLN. noi noi voi voi Acc. noi ne voi ve D. ani ne a voi ve Sg.N. yem. je m. pa f. pa f. Acc. ye lo Ja la = wo D. a lui ii ae li PLN. yei y pale Jgale Acc. yei hi pale le
D. alor Hi lor alor Bi lor
Pron. réfléchi abs. sire; conj. D. Acc. se. On traduit « lui- même » par äns.
Pron. rel. Agarle, kparça; pl. kçarlii, kçarle tie indécl.
Pron. interrog. fiire, qui; tie, que, ; Hiela t$e-i bur e kontenät, celui qui est bon, est content. Hire terit-aw sgara? Qui est venu hier soir ? {je va tfäïta om ? Que veut cet homme ?
Pron. poss. Les formes de M. G. sont justes, excepté le pl. fém. meli, telï, au lieu de male, tale. Il faut ajouter se, sça; pl. si, sçale, son. La périphrase au moyen de Jui est aussi très usitée. Au lieu de meli, etc., on peut aussi dire ameli. Voy. morceau 1 : ameli libri, amçale kjarte; morc. 11 : asé fi, td5ta se fili; morc. mn : ku téela se miligar.
Le pron. poss. peut précéder le subst. sans article ou suivre le subst. avec l’article. On peut donc dire : me frpate ou froa- tele meu, mon frère; mçale surdr ou surdrile mgale, mes sœurs; sor(a] sa ou a lui sora, ou enfin sora lu tiela, sa sœur.
Pron. dém. Sg. m. f. Häïta; pl. m. tiäïtla, f. tiäfle; # m. Bela, £. ta; pl. m. ticia, f tiçale.
NOUVELLES RECHERCHES SUR LE ROUMAIN DE L'ISTRIE Passons en revue les temps :
Inf. fase Gér. fatiendo. Part. passé 1) fakut 2) fakaugait.
Prés. foak.
Imp. fakavçata.
Fut. 1 vor foatie Cond. 1 rças foatie Fut. 11 vof foit fgatie Cond. 11 rças foët foate. Subij. fut. fakur.
Parf. (Impf., Passé déf., Plus-pf.) faküit-am. Plus-pf. fahauçait-am.
249
Les nombreux verbes en gaï n'ont qu’un seul part. passé; par conséquent, ils manquent aussi du plus-que-parfait, c’est ce qui a causé cette confusion entre le parfait et le plus-que-
parfait.
Passif. — On préfère la formation du passif avec f, être, à
celle avec le verbe réfléchi. Ind. prés. Fi, esse
Impératif f Imparfait fyçata
säm
äs fiyén Subj. fut. Jusér à, ei subj. fiye fiyéts Part. passé 1) foit sän, àsmo 2) foçait äte
äs
Vya, habere Présent am É Imparfait vçaia
ai Part. passé 1) vut gare, aw, a 2) vçait arén aréts
garu
SUBSTANTIF
I. masculins en #:
Sing. qan-u PL. gani-i an lup-u lup-i loup brek-u breki chien bork-u borti-i porc
Frug-u Hrug-i rabot
250 r G. WEIGAND tidu xd
soldgat-u soldgats-i milifar-u millgarriri hga-lu hgalti vitse-lu vitseli-i libru Bibri pedukliu peduklii
Î. masculins en e: frpate-le fryats-i fole-le fol
II. féminins en a (ga) : Roasça, hgasa; kgase-le vgakga, voaka ; vake-le a; tilele
sor-a ; suräre-le
ça, Stçawu ; Hçale-le IV. fém.ence:
muliçare, muliçara; muliçare-le
blote, ploïa ; ploïe-le V. neutres :
brats-u ; e-le
Suflet-u ; e-le
bäkfat-u ; e-le ou ts-i
pitiér-u; e-le
Jok-u ; uri-urle
värhu; uri-urle
mur soldat millier cheval veau livre .« pou
frère outre, ventre
maison vache jour sœur étoile
femme pluie
bras
âme péché pied
feu montagne
On forme le gén. et dat. par /u; le voc. est semblable au
nom. avec l’article.
PRÉPOSITIONS
än Trst, à Trieste.
a koasça, Rgasa, à la maison. za géspodar,, chez, pour le père. la prewtu, chez le curé.
pre ga, à cheval ; hontenät pre ye, content de lui.
256
Yuwya hatsgala dn tielpate vrun sol- dfat, uliidala-l. Tiuda ramfas-ow morts de Talipanï. ipaple pani foït-am An Tpalle, pok me lasÿat-auw kpasa. Foët am a hgasça kvarnÿar zile. Foët-au pore dem qan; mes-am yo la Pola än lukru Basparski za prislufi vrun kraïtsr za pomoë kpasa, neka mal leko pritivesku. Poklpa mi a pispalt tipatie, ke neka viru hpasa, ke je mire murfa dnsurfa. 3 fahit-me-aw änsuréa dupga ku sora lu ma molhiba. Hi vut-am in fl, murit- a, Mi polla mi a-dpat Domenu o fille, pokia un AIT 5 poklra inkça o fille. gatu mu din Ge pure, Finin.
Paris, mars 1891.
G. WEIGAND
Où ils attrapaient un soldat en ville, ils le tuaient. Beaucoup en restèrent morts (tués) par les Italiens. Je fus sept ans en Italie, alors ils me lais- sèrent à la maison. Je restai chez moi quarante jours. Cela fut une mauvaise année; j'allai à Pola pour les tra- vaux du gouvernement , pour gagner quelques kreutzers, pour aider la famille, afin qu'ils vécussent plus aisé ment. Puis mon père écrivit de venir à la maison, parce qu'il pouvait me marier, Et'après il me ft marier à la sœur de ma belle-mère. J'eus un fils, il mourut, alors Dieu me donna une fille, puis un fils, puis encore une fille. Je ne sais pas autre chose à raconter. Finissons !
Gustave WEIGaxD.
MÉLANGES
VALBETON DANS GIRART DE ROUSSILLON
On n’a pas encore pu identifier d’une façon certaine le lieu de Valbeton que la légende épique désigne comme l’un des champs de bataille où se rencontrèrent Girart de Roussillon et Charles le Chauve. D’après la Vie latine de Girart de Roussillon!, Valbelon serait situé entre Vézelay et Pierre-Perthuis, sur les bords d’une rivière nommée Arsen, qui, d’après cette vie latine, ne serait autre que la Cure. « Je n'ai pas réussi, dit M. P. a Meyer, à trouver de texte purement historique sur ce Vau- « beton. Ce n’était sans doute pas un lieu imaginaire... La « détermination géographique de ce cours d'eau (4rsen) dépend « naturellement de la détermination de Vaubeton?. »
Partant des données topographiques indiquées par la Vie latine, j'ai recherché si entre Vézelay et Pierre-Perthuis, il ne restait rien qui rappelât le souvenir de la lutte et le nom attribué au lieu de combat.
De premières indications aux archives municipales de Vézelay. me firent découvrir, dans un terrier 3 de l’hospice de cette ville, la mention de certains biens sis au « climat+ de Vaubouton », du finage de Saint-Père-sous-Vézelay. L’atlas cadastral de cette
1. Romania, VII, 202, $ 147.
2. Girart de Roussillon, chanson de geste traduite pour la première fois, p- 67; note.
3 Terrier datant de la première moitié de ce siècle.
4. « Climat » est en Bourgogne un nom désignant ce qu'on appelle plus communément ailleurs « lieu dit » et l'on en constate l'emploi vers le nord- ouest jusqu'à Moret (Seine-et-Marne). C'est à peu près ce qu'on appelle chantier au sud de Paris, canton en Lorraine, pie en Franche-Comté, quartier en Dauphiné, friage où frige en Normandie et jusqu'à Jersey.
Romuris, XXL 17
262
MÉLANGES
quêtes. Dans cette pièce, comme dans la seconde pièce anglo- normande, on remarquera la personnification de danx Nœl, sire Nous, qui s’est conservée jusqu’à nos jours dans la figure, chère aux enfants, du « Bonhomme Noël ».
Letabundus Exullet fdelis chorus : Alleluia | Regem regum Intacte profundit thorus : Res miranda! Angelus consilii Nalus est de virgine, Sol de stella, Sol occasum nesciens, Stella semper rutilans, Semper clara.
Sicut sidus radium,
Neque mater flio Fit corrupla. Cedrus alla Libani Conformatur byssopo Valle nostra: Verbum ens Alissimi
Corporali passum est Carne sumpla.
Lsaias cecinit,
Synagaga meminit ;
Nunguam lamen desinit Esse caca ;
24
Ori parra : La cerveise nos chantera Allduia ! Qui que en beit, Se tele seit com estre deit, Res miranda!
Bevez quant l'avez en poing :
Bien est droit, car mout est loing Sol de stella;
Bevez bien e bevez bel :
Ef vos vendra del tonel Semper clara.
Bevez bel e bevez bien,
Vos le vostre e jo le mien, Pari forma.
De ço seit bien porven :
Qui auques la tient al fu, Fit corrupla.
Se riches genz font lor bruit,
Faisons nos nostre deduit Valle nostra;
Beneit seit le bon veisin
Qui nos done pain e vin, Carne sumpta !
E la dame de l'ostal,
Qui nos fait chiere real !
Ja ne puisse elle par mal Esse cul
2 cerueyse nos chauntera — 4 Qui que aukes en beyt — 5 Si tel
: doit — 7 poin — 8 Ben, mut — 11 11 — 16 soit — 17 Qui que 2. le -19 Riches g. funt L. brut — 20 Fesom nus — 21 Valla — 22 Beneyt li — 23 dune payn — 25 de la maison — 26 Ki nus fait chere —
PIERRE DE BEAUVAIS 263
Si non suis vatibus, Mout nos done volentiers Credat vel gentilibus Bons beivres e bons mangiers; Sibyllinis versibus Mieuz vaut que autres moilliers He predicta. 32 He predicla. Infeix, propera : Or bevons al derain Crede vel vetera; Par meitiez € par plein, Cur damnaberis, Que ne seions demain Gens misera ? Gens misera. Natum considera Nostre tone ne vuit, Quem docet littera : Car pleine est de bon fruit, Lpsum genuit E si ert tote nuit Puerpera. 40 Pucrpera. Amen. Amen. G. P.
LA TRADUCTION DE LA LÉGENDE LATINE DU VOYAGE DE CHARLEMAGNE À CONSTANTINOPLE
PAR PIERRE DE BEAUVAIS
P. Meyer à fait connaître, dans sa notice sur le ms. de La Clayette (Not. et Extr. des mss., t. XXXIIL, 1° p., p. 9-48), les différents ouvrages en prose et en vers composés, dans Île premier quart du xin* siècle, par un certain Pierre; Pierre ne nous a pas transmis son surnom, mais comme nous le voyons établi à Beauvais, protégé par l’évêque de Beauvais et plus tard par son frère Robert de Dreux, célébrant un saint (Germer) à peu près spécial à Beauvais, nous pouvons, pour le désigner plus clairement, l'appeler sans inconvénient Pierre de Beauvais. Je veux seulement ajouter un détail à la notice de P. Meyer. Le ms. B. N. fr. 2168 contient le commence- ment (les feuillets qui faisaient suite ont été arrachés) de
1. S'il ne prend pas lui-même ce surnom, c'est sans doute qu'il n'avait pas quitté sa ville natale; il en résulterait que ses écrits doivent nous représenter exactement le langage parlé à Beauvais au commencement du xrme siècle.
29 Mut nus d. volenters — 30 beiueres, mangers — 31 Meur waut, muliers — 33 bewom al dereyn — 34 meitez, pleyn — 35 Que nus ne sepm demayn — 37 Ne nostre tonel wis ne fut — 38 Kar plein, frut — 39 tut anuit.
COMPTES RENDUS
Romanische Bibliothek, herausgegeben von Dr. Wendelin FŒRSTER, Professor der romanischen Philologie an der Universität Bonn. Halle, Niemeyer, 1888-1892, in-12.
1. Christian von Troyes, Cligès. Textausgabe mit Einleitung und Glossar, herausgegeben von W. FœŒRsTER, 1888, xx1-215 p.
II. Die beiden ersten Bücher der Makkabäer. Eine altfranzôsische Ueber- setrung aus dem 13. Jahrhundert. Mit Einleitung, Anmerkungen und Glossar zum ersten Male herausgegeben von Dr. Ewald GæœrLicn, 1888, 1-130 p.
I. Aliprovenzalische Marienklage des XII1. Jahrbunderts. Nach allen bekann- ten Handschriften herausgegeben von Dr W. Musnacxe, 1890, 1-65 p.
IV. Wistasse le Moine. Altfranzæsischer Abenteuerroman des XIII. Jahrhun- derts. Nach der einzigen Pariser Handschrift von neuem herausgegeben von Wendelin F&RSTER und Johann Trosr, 1891, xxx1-88 p.
V. Kristin von Troyes, Yuain (der Lowenritter). Neue verbesserte Textausgabe mit Einleitung und Glossar herausgegeben von W. FŒRSTER, 1891, XXIV-187 p.
VI. Das Adamsspiel, Anglonormannisches Gedicht des XII. Jahrhunderts, mit einem Anhaog, Die fünfrcbn Zeichen des jüngstem Gerichts, herausgege- ben von Dr Karl GRass, 1891, vInr-174 p.
VII. Bertran von Born, herausgegeben von Albert Srimmrnc, 1892, vrir-
247 P.
VIIL. Ille und Galeron, von Walker von Arras. Altfranzôsischer Abenteuer- roman des XII. Jahrbunderts, nach der cinzigen Pariser Handschrift heraus- gegcben von Wendelin Fœrsrer, 1891, XLVIU-244 p.
Nous avons signalé, quand elle a commencé à paraître, la Romanische Bibliothe dirigée par M. Forster (voy. Rom., XVIII, 340); elle s'est rapi- dement enrichie et compte maintenant huit volumes. Beaucoup d’autres sont annoncés, et, quand on connalt la prodigicuse activité du directeur, on peut croire qu'ils ne tarderont pas à paraître. Il faut penser cependant qu'il y a eu des mécomptes ou des changements d'idée : la couverture du 3e fascicule annonce comme devant former les nes IV-XI huit ouvrages, dont trois seu- lement ont paru, formant les nos V, VII et VIII; en revanche les nos III et
E. FoRESTIË, P. de Lunel, dit Cavalier Lunel 305 tion des registres des frères Bonis, s'en est parfaitement rendu compte, et il a fait revoir les épreuves de son travail par plusieurs philologues compétents, M. Chabaneau, M. À. Jeanroy et l'auteur du présent compte-rendu. Mais on conçoit qu'un travail fait dans ces conditions ne peut pas présenter beaucoup d'unité. Ainsi il arrive parfois que la traduction n'est pas conforme au texte adopté. Par exemple, dans l'ensenhanien, an v. 9. M. F. traduit «un matin » quand le texte porte, conformément au ms., per un cami. C'est qu'en réalité il a traduit en adoptant la correction de Bartsch per un mati. Si M. F. accep- tait cette correction (à mon avis fort probable) il devait l'introduire dans le texte, Or il ne la donne ni dans le texte ni dans les notes. J'appellerai sur- tout l'attention sur le sirventés composé 4 l'occasion de la peste de 1348, qu est imprimé pp. 66-69. Ce sirventés était resté inédit, vraisemblablement parce que M. Bartsch l'a omis à l'article de sa table des troubadours qui conceme Lunel (Grundriss, p. 160, n° 289). Le texte en est très difficile à établir, l'écriture étant par places usée et tachée. Les taches viennent de ce qu'on a employé, À une époque que je ne saurais déterminer, pour faire revivre les par- ties effacées, un réactif qui a augmenté le dommage. Je suis, je l'avoue, en une certaine mesure responsable du texte que donne l'édition. J'avais, en effet, revu sur le manuscrit, avec un soin tout particulier l'épreuve que m'avait communiquée M. Forestié. Toutefois, soit que l'imprimeur se soit embrouillé dans les corrections dont l'épreuve était criblée, soit que certaines fautes m'aient échappé, il est certain que le texte de l'édition contient encore beau- coup d'erreurs, que je vais rectifier, grâce à une nouvelle collation du ms., et aussi en faisant usage d'une copie que j'ai prise de cette pièce il y a plus de vingt ans, à une époque où mes yeux étaient meilleurs qu'aujourd'hui, et qui s'est retrouvée sous ma main tout récemment. V. 2, gran, lis. grans (as sujet). V. 4, Qu'es il faut Ques (qui). V. 11, sagraments, ls. sagramens. V. 13,gran, lis. grans (plur. rég.). V. 21-2, Mays a mon trop que Dieus a rasemr- blatx, Trop que sson oy a parlar la vertatz. Ces vers n'ont aucun sens, et la traduction que propose M. F. ne soutient pas l'examen. Lisez : Mays amon trop que Dieus (corr. Dieu) terras e blatz | Trop que sson oÿ, e par be la vertaix. V. 23, laishams, lis. laishan ; le sens. du reste, exige la 3e pers. et non la 1e. V. 24, praubes, is. paubres. V. 28, feunia, li. folia. V. 29, auria, j'ai lu autre- trefois ais, qu'exige le sens ; je ne le lis plus aussi bien maintenant, mais sûrement il n'y a pas auria. V. 30, dégran, lis. dégra. V. 35, guoquols, lis. guoguols ; ce mot que M. F. traduit, probablement au hasard, par « viveurs », doit signifier « présomptueux! ». V. 37, an, lis. am (avec). V.42, Lo rey, lis. Le reys. V. 45, valhan, lis. valbam. V. 47, el drect els temps caretios, lis, e dreitz en temps careslios. V. 48, partit, lis. partisos. V. 50, foys de goig, lis. fons de
1. Guopue, en ancien français exprime l'idée d’une joie bruyante « Estre en ses gogues » est traduit dans Cotgrave par « to be frolick, lusty, lively, wanton ». Le sens de présomptueux apparalt dans gopuelu « proud, cocket, scomiul.…. vainglorious » (Cotgrave).
Bomenis, LA. 20
J. PICHON ET G. VICAIRE,
Texte de MM. Pichon et Vicaire.
Pour dessaler tous potages sans y metre ne oster, prennés une nappe blanche et mettés sus vostre pot, et la tournés souvent, et tirés arriere le pot du feu.
Pour oster l'arsseure de tous po= tages, prenés un pou de levain et le liés en un drapel, et metés ou pot, et ne l'i lessiés gueires.
Bouture de grosse char, c'est porc, buef, mouton. Cuit en eauc et sel, et mengier aux auls blans ou vers, ou au vers, ou au verjus, se elle est freiche, et, sallée, à la moustarde,
Le viandier de Taillevent 309
Texte du Vatican.
Pour dessaler toutes manieres de po- taiges qui seroient trot sallez, sans ÿ rien mettre ne oster, prenez une nappe bien blanche et la mettez sur vostre pot et la retournez souvent, et com- vient Hraire Le pot loing du feu.
Pour oster l'arsure d'un pot que l’on dit aour *, prenez ung pou de levain et le liez en ung drappelt blanc, el gellex dedans le pot, et ne l'y laissiez guaires demourer.
Boutture de grosse chair si est beuf, porc et mouton cuit en eaue et en sel. Et se mengue le beuf aux aulx vertz en esté, blans en yuer, et le porc et le mou- ton aussi à bonne sausse vert où il n'y ait point de vin, se La chair est freische, et, se elle est sallée, à la moustarde.
Nous croyons que ces citations suffisent pour mettre en évidence et hors de toute contestation la supériorité du texte du Vatican. Il n'en faut pas moins savoir beaucoup de gré à MM. Pichon ct Vicaire du service de pre- mier ordre qu'ils viennent de rendre à l'histoire littéraire et ausssi à la phi- lologie française par leur publication. Les étrangers prétendent, non sans malice, que nous avons joui de tout temps, en cuisine, d’une suprématie moins disputée que dans les autres domaines où notre action a pu s'exercer. Or, le Viandier de Guillaume Tirel ou, comme disaient nos pères, le Taille- vent, car le sobriquet du queux, dont l'œuvre si populaire servit de modèle pendant des siècles à toutes nos Cuisinières bourgeoises, était devenu un nom commun, le Taillevent est Le monument le plus antique et le plus vénérable de cette suprématie.
Siméon Luce.
1. Brûlure, goût de brûlé, adj. ou subst, formé sur le verbe aourser, brâler, s'attacher au fond du pot, en parlant des aliments, Le dict, de M. Godefroy a plusieurs exemples de ce verbe, mais n'enregistre pas aour.
PÉRIODIQUES 35 bomme compétent. Dans ces pièces M. C. aurait dù numéroter les vers où an moins les couplets:. Il est inexact de dire que « les manuscrits des vies des saints en prose française sont peu nombreux » (p. 249). Les travaux que j'ai publiés sur ce sujet, et auxquels veut bien renvoyer M. C., prouvent le contraire, et je suis loin d'avoir cité tous les mss. de ces recucils que je connais. La prière Sainte vraie croix aourée, publiée p. 255, se rencontre souvent dans les livres d'heures. Elle avait déjà été imprimée peu de temps auparavant dans La Revue des langues romanes, 4° série, Ill, 370. — P. 263, A. Fourès, Les jeux des enfants en Lauraguais. P. 281, A. Fourès, Voucabulari anatoumic e de la malautios en Lauragués. — P. 290. J. Brissaud, Chant de mates de l'Agenais. — P. 296. A. Blanc, À propos de l'expélition en Sardaigne de Guil= laume II, vicomte de Nartonne. Cet article contient des extraits de comptes (x410) tirés des archives de Narbonne, qui sont peut-être les plus belles archives municipales du Midi de la France. On y remarque plusieurs exemples du passage d's à r et inversement. — P. 307. Castets, « I fiore » et ses cri- tiques. » M. C. essaye encore de soutenir que Dante pourrait être l'auteur de cette série de sonnets sur le Roman de la Rose.
P. M.
GIORNALE STORICO DELLA LETTERATURA ITALIANA, n@œ 43-4 (t. XV, 8e année, 1890). — P. 1. G. Volpi, La vita e le rime di Simone Serdini detto il Saviogxo. Travail approfondi, suivi d'un appendice bibliographique et d'un choix de morceaux inédits. — P. 79. F. Macn-Leone, La politica di Giovanni Boceacio. Malgré les efforts de l'auteur, les idées politiques de Boccace n'appa- raissent pas clairement, Elles ne semblent pas, en tout cas, avoir cu beaucoup d'originalité. — P. 111. G. Rua, Intorno alle « Piacevoli nolti » dello Straparola (premier article). L'auteur donne de curieux renseignements sur les diffé. rences considérables que présentent entre elles les premières éditions des Piacevoli notti; montre qu’en certains cas Straparola a reproduit des narrations qui couraient dans le peuple, qu'en d'autres il a simplement mis à profit des recueils écrits, par exemple, celui de Morlini, ce qui n'est pas une vue entièrement nouvelle; insiste sur les énigmes que Straparola introduit dans ses contes. — P. 152. E. Pércopo, Laudi e devogioni della citlà di Aquila. Guite). — P. 180, R. Kæhler, Mustragioni comparative ad aleune novelle di Gigvanni Sercambi (suite). Ces illustragioni se rapportent à trois nouvelles seulement. Pourquoi les morceler en aussi menus fragments? — P. 183. V. Rossi, Di una rimatrice e di un rimatore del sec. XV. Girolama Corsi Ramos &
1. Je remarque que la chanson pieuse de la p. 245 :
Bien emploie son cuer et s0n corage
Qui bien vos sert, douce vierge Marie... est faite sur les rimes de la pièce d'Hugues de Beraé : Bernart, di moi Fouquet qu'on tient a sage, imprimée dans la Romania, XVIII, 557, qui se trouve aussi dans Le chan sonnier de Modène.
LA PREMIÈRE PERSONNE DU PLURIEL
EN FRANÇAIS
1
Parlant de la désinence française -ons, en regard des désinences latines -amus, -émus, -imus, Diez indique que la réduc- tion de trois désinences à une seule, commune à tous les verbes, n’a rien qui puisse surprendre; puis il continue en ces termes! :
On peut, il est vrai, s'étonner ici de voir la voyelle o, qui est absolument étrangère au latin, régner exclusivement en français. Le franç. s0mes — lat. sumus, en vertu de son emploi très fréquent, aurait-il ici servi de type? Des dialectes de la partie orientale du domaine n'ont pas donné accès à cet o devenu dominant ailleurs : ainsi le wallon, où stopan, par exemple, répond au franç. éoupons, slopen au franç. éloupions (imparf. ind.). Pour des exemples d'autres régions, voy. Schnakenburg, p. 68. On trouve au contraire en ita- lien des traces de om pour am : ainsi dans le dialecte de Reggio le prés. ind. purièm, le subj. purlomm — portiamo.
Diez ajoute en note :
Delius s'exprime sur notre question de la manière suivante : « L'énigme « s'explique par les terminaisons abrégées am (ams), em (ems) et im (ims), où « la nasalisation, lorsqu'elle s'y est introduite, a pu troubler les trois « voyelles et les fondre dans je son sourd b ou u, om ou um. Comme, « d'après les règles de la phonétique, un u latin atone tombe purement et « simplement en français, sans aucune compensation, à ce point de vue aussi « chantomes ne semble pas formé directement de cantamus, mais allongé « de chantons où chantoms. »
Le maitre ne se prononce pas entre les deux alternatives. L'explication proposée par Diez a été reprise et développée par
1. Grammatik, I (3* éd.), 226; trad. française, II, 207. minis, XXL. 2
LES FRAGMENTS
DE LA TRADOCTION NÉERLANT.
De toutes les Himératures du moyen ie, celle des Pays-Bas est la seule. semble-t-il, qui ait possédé une traduction du grand cycle des Lorrains. Certe traduction est perdue dans son ensemble, mais nous possédons une suite de fragments impor tants (en tout environ 10.000 vers), d'autant plus intéres- sants qu'ils donnent, pour une partie du cycle, une rilaction spéciale, qui ne correspond à aucun poème français conservé,
On sait, en effet, que quelques manuscrits de là geste donnent, pour faire suite au prologue (Here) et aux deux grands poèmes centraux (Garin, Girkri), des continuation qui reprennent le récit à partir de la mort de Fromondin, frappé par Girbert *. Ces suites se divisent en deux groupes, selon que le fils de Girbert, qui continue la lutte contre les Bordelais, s'appelle Anseïs ou Yon. Laissant de côté les r&its du premier groupe, nous pouvons classer dans le second deux rédactions françaises : 1° un poème faisant suite À Girkvri, dans le manus- crit de la Bibliothèque Nationale, français, 1622; 2° un récit en prose de Philippe de V'igneulle. Or, les fragments néerlan- dais appartiennent, en grande partie, à une continuation dans laquelle le héros s'appelait Yon; ils nous offrent les débris d'un long récit qui forme la troisième version du second groupe, récit que nous essayerons de reconstituer d'abord et que nous comparerons ensuite aux rédactions françaises.
1. Voir G. Paris, Manuel, 1,6 25, sur le plan général du cycle, et Bonnar- dot, Romania, II, 260, pour là distribution des poèmes dans les différents manuscrits.
TRADUCTION NÉERLANDAISE DES LORRAINS 377
des Bordelais, au Nord et au Midi; cette guerre est interrom- pue par une trêve qui dure dix-sept ans (fol. 306 r°); une nou- velle guerre éclate, dans laquelle Raoul de Cambrai joue le rôle principal‘; néanmoins, la paix se conclut; les Lorrains et les Bordelais réconciliés sont reçus à Gironville par Ludie, femme d’Hernaut et sœur de Fromondin; à la chasse, Yon, injurié par le fils aîné de Ludie, frappe ce dernier; l'enfant va se plaindre à sa mère; celle-ci, qui n’a jamais pu pardonner à Girbert la mort de son frère, exhorte son fils à venger à la fois les griefs de la famille de sa mère et les siens propres en tuant Girbert; « l'enfes l’entant » et frappe Girbert mortellement, après quoi il s'enfuit; Yon jure de venger la mort de son père (fol. 314c):
« Hé] Girbert pere, com grant desconvenue |
Qui vous a mort joie nos a tolue;
Ja Deu ne place ne la Virge absolue
Que j'aie amie, ne pucele, ne drue,
Tant que li aie larme dou cors tolue,
Lou chief tranchié a l'espée esmolue. »
L'été suivant, Yon est couronné roi de Gascogne ; le poète ajoute (f. 3144):
Yons fu prouz et chevaliers manbrez, Bien tint sa terre environ et en lez,
Vers les prodommes fu paisible et souez, Vers les felons fiers com lyons crestez. Mais de son pere ne fut paz oubliez: Puis fat par lui li flz H(ernaut] matez. Grant fut la guerre, jamais tel ne vairez ; Garins ses freres l'aidait, c'est veritez, Mout s’antramerent li dui frere senez.
Col. 315 a) Li rois prist fame de mout grant richetez; Garins sis freres fut apres oisserez : Li rois d'Espaigne, qui riches iert assez, Sa belle fille li donna de ses grez, Monglanne tint qui est riche citez.
1. C'est l'épisode publié par MM. Meyer et Longnon dans leur édition de Raoul de Cambrai, p. 297-320.
‘TRADUCTION NÉERLANDAISE DES LORRAÎNS 399 naître, dans ce récit altéré, limpératrice Judith et le rattacher à ce person- nage? D'autant plus que l'autorité historique qu'il avait sous les yeux pouvait difhalement le mettre sur la bonne voie. Nous avons vu qu'il suit Sigebert Cou Vincent qui copie Sigebert) pour l'histoire des contemporains et suc- can de Charlemagne ; or, Sigebert dit simplement ceci (Perte, Monum.
VI, 338) : 2° 832 Imperalor uxorem suam Judith, quasi causam malorum, abdicavil.…. 2° 834 Ludouvieus imperalor relaxalus, arma, imperium et usorem recipit.… (Vincent ne dit rien de plus). Dans ces sèches notices, l'accusation d'adultère, le seul point de contact entre La légende et l'histoire, manque. Notre auteur, qui certainement n'a pas consulté les historiens contempo- rains, n'a pu conclure de ces passages qu'une chose : c'est que Judith fut pendant quelque temps répudiée par son mari, comme causant des troubles dans l'État; il n'a pu les rapprocher du récit déjà si altéré de l'impératrice condamnée au supplic à la suite d'une fausse accusation d'adultère et en tirer le récit tout divergent des malheurs de Judith comme jeune fille, qui se trouve dans Yon.
424 MÉLANGES 4 Et dient tuit j'ai mespris Et de l'anel qui fu mis en traîne, Et mais a bon droit i fu mis, Que par l'anel fu faite la saisine 8 Par que je suis entrepris
M. Wallenskôld a surtout tenu compte, dans sa restitution critique, du texte de MT, dont la leçon, il est vrai, peut être acceptée pour les vers 1-4 (elle est au vers 2 appuyée par celle de C qui est d'une famille différente); mais pour la dernière partie de la strophe, l'accord plus ou moins complet de O et de C, apparentés de beaucoup moins près que M et-T, permet de retrouver la bonne leçon : nous lirions au vers 6, avec O et C: mais a bon droit i fu mis; cette reprise, faisant pendant au v. 4 (maïs mout a bon droit le fis) serait assez dans le style brusque et impérieux de l’auteur. Au vers 8 nous lirions avec C : dont je sui mors et traïx au lieu de la leçon de MT, qui est une platitude, et de celle de O, qui n’en diffère guère.
Il reste au vers 3 une grave difficulté : la leçon coverture de saus confirmée par l'accord de tous les mss. (car c’est elle qui se cache sans doute sous celles de O et de C) doit être celle de l'original, et elle est inintelligible; il serait facile de présenter à cœ sujet des conjectures, mais elles demeureraient nécessairement sans fondement ; il y a là probablement quelque allusion à une pièce perdue, allusion dont il faut nous résigner À ne point pénétrer le sens tant que la pièce en question ne sera pas retrouvée.
A. JEANroY.
4 mout a bon droit le fs M; mais a mit boin droit le fis T; mais li pluxor ont mespris C. — 5 de son anel ke ie mix en terainne C. — 6 dont li miens cors fu trahi MT; car a boun droit i fut mis C. — 7 Quar par celui £. £ LS. MT. — 8 donc ie sui si (si omis dans T) maubailliz; dont ie seux mors et traîs C.
1. Comme le remarque M. P. Meyer (Rom., XIX, 14), cette pièce est exactement sur le rythme de la chanson de B. de Born : Ges de disnar. Conon de Béthune a poussé limitation jusqu'à reproduire, à très peu chose près, et en les répartissant dans deux séries de couplets, les rimes de son modèle (dans La pièce provençale is, au, ana; ir, er, aine dans les deux pre- miers couplets de la pièce française, sous, is, ine, dans lès deux derniers).
24 Il est probuble aussi que #rui,, à La rime, aura été amené par fraîne, du vers prévient, et que tout le vers aura êté refait sur ce mot.
432 MÉLANGES
de Carlo del Nero, en ferxa rima, a 433 vers, wndis que le poème d’Alain Chartier, en huitains, n’en a que 368. Le poète italien, naturellement, a supprimé les allusions à Oton de Grandson et à Guillaume de Machaut.
Voici, pour donner une idée de la traduction de del Nero, les premiers et les derniers vers du poème :
Infra duo sonni, appresso mezza note, L'ora ch'amore i veri amanti desta,
Ch la pit gente a riposo & ridotte,
Sendo nel letto, e non con molta festa, Uno amoroso dolente ascoltai,
Che par ben ch'abbia la puce alla testa,
Ch'a un si consigliava de’suoi guai; Eson coleati insieme in un sol leo.
Io, a udir, l'orecchio lor prestai.
‘Un che non dorme, ama di cor perfetto. E’non husava il compagno svegliare, Credendo dorma, e nol’abbia a dispetto.
E'molte volte principiô il parlare;
E il non dormente, qual se si sentissi, Comincid coll'amante a ragionare.
Dissegli : Tu credevi ch'io dormissi; Cid vo’ben far, nè di gracchiar mi curo; Parlar dovevi avanti al letto gissi
1. Après minuit entre deux sommes, Lorsqu'Amours les amans reveille, En ce pays cy ou nous sommes, Pensoye ou lict ainsi qu'on veille Quant on à la puce en l'oreille; Si escoutoye deux amoureux Dont l'un 4 l'autre se conseille Du mal dont il est douloureux.
Deux gisoient en une couche,
Dont l'ung veilloit qui fort amoit,
Mais dès long temps n'ouvroit la bouche En pensant que l'autre dormoit.
Puis ouy je qu'il le nommoit,
Et huchoit pour mettre a raison,
Dont l'autre forment le blasmoit.
Et disoit : Il n'est pas saison.
LA QUISTIONE D'AMORE DE CARLO DEL NERO 433
Poi venne l'alba e finÿ' lor parlare, Non so sed & si furno adormentati,
Credo di sl; e cid ragion mi pare.
E io, ch'il terzo ero de'svegliati, Dormi tanto alsi che'fu gran giorno ; Quando ch'i'mi svegliai, eron levati.
Non so che di lor fussi, o ove andorno. E io mi messi in cuor di recitare Cid ch’avian ditto, e che d'amor parlorno.
Fatto l’ho come l'ho saputo fare :
Se non & bene, iscusimi ignoranza, E priego sia corretto il mio parlare, Quant id non ne ricolsi altra sustanzar,
Arthur PIAGET.
1. Ainsi l'aube du jour creva, Et les compaignons se dormirent. N'oncques nul d'eulx ne se leva ‘Tant qu'huit heures lever les firent. Si mis en escript ce qu'ils dirent Pour mieulx estre de leur butin; Et l'ont nommé œeulx qui le virent Le Débat reveille-matin.
COMPTES RENDUS
Origines et sources du Roman de la Rose. Thèse pour le doctorat présentée à la Faculté des lettres de Paris par ERNEST LANGLOIS, Paris, E. Thorin, 1890. In-8, vrri-203 pages. (Cinquante-huitième fasci- cule de la Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome).
De tous les poèmes français du moyen âge, le Roman de la Rose est celui qui a joui de la réputation la plus longue et la plus ininterrompue, mais aussi * celui peut-être dont l'étude soulève les questions les plus complexes et les plus ardues; on ne peut donc que féliciter M. Ernest Langlois d'avoir pris pour sujet de thèse cette œuvre plus admirée que connue. Composé à la fin de la première grande période du moyen Age, ce poème en résume toute la science dans sa seconde partie , et montre, dans sa première, quelques-unes des inspirations nouvelles où puisent maintenant nos trouvères. Art d'aimer dans la pensée de Guillaume de Lorris, tableau satirique de la société et encyclopédie de la science contemporaine sous la plume de Jean de Meun, le Roman de la Rose est à la fois une œuvre originale et d'imitation, dont il importait une fois pour toutes de faire la genèse et de rechercher les origines et les sources. Voulant donner une édition critique de ce poème, M. E. L. a été naturellement — je devrais dire nécessairement — amené à aborder cette étude difficile, et, grâce à sa grande connaissance du moyen âge, il a su la mener à bonne fin.
Son travail se divise en deux parties, comme le roman lui-même; la pre- mière est consacrée à l'œuvre de Guillaume de Lorris, la seconde à celle de Jean de Meun; et dans chacune il a suivi une méthode différente, consé- quence forcée de la manière différente dont les deux poètes ont traité leurs sources. Guillaume s'est plus inspiré des poètes qui l'ont précédé qu'il ne les a servilement suivis; Jean de Meun, lui, traduit le plus souvent et imite fidèlement les auteurs qu'il prend pour guides; il n'y avait donc qu'à signa- ler ses emprunts; pour Guillaume de Lorris, le travail était tout autre; il fallait rechercher, non seulement ce qu'il doit à ses modèles, mais encore la transformation qu'il a fait subir aux motifs poétiques que ceux-ci lui ont fournis.
Le sujet du Roman de la Rose, comme le dit fort bien M. E. L., est l'art d'aimer et d'être aimé; comment un pareil sujet a-t-il pénétré dans la litéra- ture du moyen âge? À quelle époque y apparaît-il d'abord? M. E. L. admet
E. ROUSSELOT, Le Patois de Cellefrouin. 439
naissance les autres maîtres dont il a suivi les leçons, et il est visible que, parmi ces savants auxquels il reconnaît devoir beaucoup, M. Gilliéron occupe une place d'honneur. Il s'en faut toutefois que l'étude sur le patois de Celle- frouin procède purement et simplement de l'étude sur le patois de Vionnaz. On y trouve une note personnelle, et fort intense. Elle n'est nulle part plus accentuée que dans les préliminaires et, en particulier, dans la critique des documents oraux (p. 160 et suiv.), critique pleine de finesse et de pénétra- tion. À signaler également toute la troisième partie (p. 317) sur les modi- fications du fonds nouveau du patois. Dans tout cela, il n'y a qu'à s'incliner devant la puissance d'observation de l'auteur et à admirer son talent d'expo- sition. La conclusion, qui n'a que six pages, soulève une question de la plus haute importance, que la linguistique et la philosophie associées auront sans doute bien de la peine à résoudre péremptoirement. Quel est le principe de l'évolution phonétique ? Faut-il le chercher dans l'indolence des organes qui exécutent mal les ordres du cerveau, ou dans le cerveau même ? M. l'abbé R. penche vers la seconde explication et s'arrête à « l'hypothèse d'une sorte d'anémie, d'un affaiblissement graduel ct transitoire des centres nerveux qui aboutissent aux muscles, siège de l'évolution ».
Je ne suivrai pas M. l'abbé R. dans ces régions élevées : je ne m'en sens ni la compétence ni le goût. Il me tarde d'arriver à ce qui est « ma droite balle », comme dit Montaigne, aux pages 181-316, où se trouve exposée la phonétique des consonnes, puis celle des voyelles. Le plan ne me paraît pas très heureux : je ne parle pas, bien entendu, de l’ordre respectif des con- sonnes et des voyelles, qui n'a aucune importance, mais de l'ordre intérieur dans chacune des deux sections. Pour les consonnes, M. R. établit les di sions suivantes : L. Articulations conservées depuis l'époque latine; II. Chan- gements d’articulations; IIL. Simplification des consonnes doubles; IV. Changements de sonorité; V. Chute de consonnes; VI. Vocalisation des consonnes; VII. Formation de consonnes nouvelles, Assurément, il a des raisons pour agir ainsi, ct il les indique. Mais j'estime que ce qui devait les primer toutes, c'est la nécessité de raccorder toutes les études de patois locaux aux études générales de phonétique romane et, par suite, d'adopter le plan classique de M. Ascoli, dans ses Sagyi ladini, En adoptant ce plan, M. l'abbé R. n'aurait pas pu csquiver, comme il l'a fait, certaines questions importantes, celle de l'accent, par exemple, sur laquelle on est étonné de ne pas trouver, dans l'étude phonétique, un paragraphe spécial. Ce défaut de plan et ceue lacune grave n'empêchent pas l'étude de M. l'abbé R. d'être un travail de grande valeur, dont le détail est traité dans un excellent esprit phi- lologique : l'auteur sait à propos ou blisser ou s'appesantir sur tel où tel point, selon que le terrain le demande. C'est plaisir de le suivre dans ses déductions ingénieuses quand il se livre à quelque digression étymologique, par exemple à propos de chu « pourquoi », où il montre cliirement (p. 207) que cet adverbe est simplement la seconde syllabe du verbe ch'eha « chercher», sor- tie de phrases comme « K4 chcha ana & eu? que chercher allit-il, pourquoi
442 COMPTES RENDUS
«niche à chien », n'ont pas le même radical que le français croupe, s'accrougér, et c'est bien gratuitement que M. l'abbé R. suppose à ces mots « un radical avec un seul p, krupe, comme au germanique stuppula, éouble ». D'abord je crois que le fr. éfouble vient du lat. *stupila (au lieu de stipula) ct non de l'allemand ; puis, en ce qui concerne s'agrous les formes franche- ment méridionales données par Mistral (agrous, prouve, agrus, etc.) ne sont pas favorables à l'hypothèse d'un p intervocalique, même simple. Mistral indique comme étymologie curbare, que je ne voudrais pas cautionner.
P. 21. « Fer conbuja un' barik, rendre une barrique étanche. » Il aurait été bon de remarquer que le mot combuger figure dans tous les dictionnaires français, y compris celui de l’Académie, et que le français l'a probablement emprunté aux patois du sud-ouest.
P. 212-223. « Lodefes, hameau de la commune de Vaux, à côté de Lode- Jens (Cartul. de Vaux). » Cette double forme n'a pas la valeur que M. l'abbé R. lui attribue. Defes représente le lat. defensum, comme dans la même région pes — pensum; defens est une forme calquée sur le latin littéraire comme penser sur pensare : il ne s'agit pas ici de l'" caduc du provençal.
P. 225. « C'est dans cette position que se trouve la seule labiale sur laquelle nous possédons un renseignement. Nous trouvons cette phrase [dans le censier de Cellefrouin] : P. Aymes .vij. sol. deu chambo qui est. Le copiste s'est oublié puisqu'il a effacé deu chambo qui est pour restituer la bonne leçon de maynamento, etc. Il a voulu dire : du champ. Mais pourquoi ce b? Un à final se serait assourdi, Aurait-il voulu écrire un p très aflaibli et presque indistinct? » Je crois que le copiste a voulu dire non pas du champ, mais du Chambon, en bas lat. cambonem , mot qui parait signifier « champ cultivé», qui est peut être d'origine celtique et où, en tout cas, le b est primitif. D'où il suit que les observations de M. l'abbé R. s'en vont à vau l'eau.
P. 230-253. M. l'abbé R. déploie beaucoup d'ingéniosité pour se persuader que l'adjectif Ait dans des phrases comme : ou batri son Hit per « il battrait son père lui-même », À né pd un” Hit poum « je n'ai pas une seule pomme », vient de*eccu-iste. Malgré l'appui apporté à cette étymologie par une forme kilo, signalée à la p. 249 dans le patois de Bagnols (Puy-de-Dôme), elle soulève encore bien des difficultés, ét j'avoue que je demeure provisoirement incrédule.
P. 311. L'explication de l'ancien français mon par minus est ingénieuse, mais bien peu vraisemblable ; sa signification n'est pas la même, il me semble, que celle du cellefrouinais man ou men.
P. 310-312. Une des sources de l'en de Cellefrouin ne me paraît pas indi- quée avec assez de netteté. « Il en est de même de en suivi d'une gutturale ou d'une palatale : linguam, kng; cingulam, snlh; linteolum, leuso; tenui, fngui; *venui, vengui; *prenui, prengui; et dans les mots sui- vants: sentio, sn; sentire, senti; *deintus, den; sine, sn; auxquels il faut ajouterle german. skella, éhenl; enfin in (i) donne aussi en: nutrimen, nouren. » L'énoncé de tous ses cas se réduit à ceci : l'en actuel se trouve partout où il ÿ a eu antérieurement in (5). Reste à montrer les sources diverses de cet
450 COMPTES RENDUS
système d'exactitude À outrance est décevant. Car en typographie, La division des mots est nécessairement très nette, tandis que dans les mss. il est sou- vent bien difficile de savoir si deux mots sont séparés ou réunis. Il ne faut pas demander à la typographie ce que peut seul nous donner un fac-similé.
J'ai dit que les corrections proposées par M. O. étaient, en général, fort bonnes, mais il en a laissé à faire. Voici quelques observations qui portent sur le texte et sur la traduction. Je me borne aux corrections qui intéressent le sens, négligeant celles, beaucoup plus nombreuses, et, en général, plus faciles que l'on pourrait tenter pour remettre les vers faux sur leurs pieds, ce genre de restitutions ne pouvant être entrepris sans une étude préalable de La versification du poème qui allongerait démesurément ce compte rendu. V. 6$ Oë lui la ramist lote la terre. M. O. a bien vu qu’il n'y avait aucun sens à tirer de là et il a traduit d'après le contexte : « Should carry her away with him from the land, » ce qui évidemment n'a aucun rapport avec Le vers précité. Je corrigerais O4 lui ara tote la terre, « With er (not bim) he will have the whole land, » ce qui s'accorde parfaitement avec le contexte. V. 181, lire SE non pur moine reûler. NV. 215, vosire, corr. nostre ; c'est le même cas qu'aux vers 144-5 où M. O. a bien reconnu qu'il fallait le possessif de la première personne et non celui de la seconde. V. 238-9, cor. Quant li reis out [la] sojorné | CAu}lant [come] li vint a gré. V. 263 Host iuang (en rime avec pas), v. 1917 dost iuaus (en rime avec Finglas). Le sens est sûrement « très vite ». M. O. conjecture au v. 263 qu'inang est pour ésnaus, ce qui n'est pas admissible, mais il propose aussi, à la note du v. 1917, vias, qui se trouve employé de même (4ost vias) au v. 2802. Cette seconde conjecture est la bonne, mais je ne puis m'empêcher de penser qu'ivas n'est peut-être point une faute, car en catalan on trouve aussi fras pour tias. Je sais bien que M. Mussaña, dans le glossaire qu'il a joint aux Sept sayes, dit qu'irus est originairement une fausse lecture de cas, mais j'avoue que cette hypothèse m'a toujours paru peu vraisemblable. V. 385, Pur se rendre le coleit, cor. rckndre; ce mot est mal traduit par « submit », c'est le latin redimere, cf. La vie de saint Edouard, vv. 542, 557, où du reste la traduction de M. Luard, «to despoil », n'est pas exacte, et Guill. le Maréchal v. 1722. Le vers tout entier signifie « par ce qu'il voulait lui faire payer rançon ». V. 395, Que il quite s'en purreit partir. La rime est en er; il faut donc substituer abr à partir. V. 595, Ne sai s'il iert delicere num, est mal traduit par « 1 know not if he was liberated fn ». Serait-ce nun que M. O. aurait rendu par « then »? Il faut corriger [u] mun, « or not ». V. 416, point, corr. fn! ; c'est du reste ainsi que M. O. a compris. V. 429, Cor. Gnt a val € [gen] a pe Vs ja nert remansus | Ne larrunt en nule manvre ; le premier vers doit être comigé Ke ja por els] n'ert remansuz, et le sens n'est pas du tout « That never would they be left behind », mais « That it will never remain Case) for (on account of) them ». Cet emploi du verbe remaindre est bien connu; par es. Gill. le Mar., v. 11102 : Ne remeist jus for nul asvir | Se ble viande ert troëve | Quel ne fust tantost achatés. V. 698, Dés que vus serre
454 COMPTES KENDUS
et aussi des notes ajoutées parle copiste ou par le traducteur #. M. U. n'a pas su bien distinguer ces deux genres d'additions, et souvent il a rejeté en note des morceaux qui, omis primitivement par le copiste et ensuite rétablis par lui en marge avec renvoi, devaient prendre place dans le texte. Il n'a pas non plus toujours vu à quel endroit devait se placer l'addition.
M. Ulrich dit dans son « introduction » que la valeur de la traduction ainsi que de l'extrait (l'extrait, c'est le texte Latin de Philippe) est nulle, S'il en est réellement ainsi, il ne fallait pas faire la publication. Mais je crois qu'entre les mains d’un éditeur consciencieux et instruit, les morceaux que renferme le ms. add. 17920 auraient pu donner matière à une édition intéressante et en somme facile à mener à bien. Ce n'est malheureusement pas la première fois que M. Ulrich s'acquitte d'une manière insuffisante des tâches qu'il s'impose. P. M.
1. J'ai donné quelques spécimens de ces notes dans mon rapport de 1866.
2. M. U. imprime ordinairement (mais non toujours) en italiques, on ne sait pourquoi (car il ne donne à cet égard aucune information au lecteur), les additions marginales du ms. qu'il fait passer dans le texte,
PÉRIODIQUES
ZerrscHRIFT FOR ROMANISCHE PHILOLOGIE, XVI (1892), 1-2. — P. 1. G. Voretzsch, der Reinhart Fuchs Heinrichs des Glichezare und der Romans de Renart (An). [Ce consciencieux travail semble clore définitivement les discus- sions sur les rapports entre le Reinbart Fuchs de Henri le Glichezare et la com- pilation des branches du Roman de Renart. M. V. a divisé son étude en deux parties : 1° les épisodes du R. F. correspondent-ils à des branches que nous possédons ou ont-ils eu pour prototypes des branches plus anciennes et disparues ? 20 L'ordre des aventures dans le poème allemand était-il celui de l'original ou estl l'œuvre du traducteur ? Pour conclure sur la première thèse, M. V. à fait un examen minutieux de chacune des vingt-quatre aven- tures qui composent le R. F. Quand elles correspondent visiblement à des branches du R. de R., il dresse d'abord un tableau comparatif du morceau allemand et du morceau français qui indique ce qu'il y a en plus ou en moins dans l'un et dans l'autre; puis il discute point par point les différences. Le résultat auquel il aboutit est des plus intéressants ; il nous renseigne non seu- lement sur le poëme allemand, mais aussi sur la formation de la compilation française. Ce n'est la plupart du temps, en effet, que le squelette de la rédac- tion française que nous donne le R. F.; celle-ci est un remaniement ou plu- tôt le dernier terme d’une série de remaniements opérés entre l’époque où a écrit le Glichezare et celle où ont été copiés les manuscrits français en notre possession, c'est-à-dire entre la fin du xue siècle et le xive siècle. Le texte allemand se rapproche beaucoup moins des récits des branches que des allu- sions éparses dans le R. de R. et comprises dans les diverses confessions où le goupil rappelle tous les tours qu'il a joués ; c'est par elles surtout que nous pouvons remonter à l'état le plus ancien de ce que les trouveurs ont appelé l'estoire du Renart, Non moins utile est la contribution qu'apporte cette étude à la connaissance des rapports des branches entre elles. L'histoire en particu- lier des branches relatives aux épisodes du Jugement et du Lion malade était encore obscure, malgré les recherches de Knorr et de Martin ; elle nous appa- rait plus claire maintenant, et nous saisissons mieux ce que chacune ren- ferme d'archaïque et de moderne. Bref, sur les 24 aventures du R. F., 15, suivant M. V. — nous verrons tout à l'heure que ce nombre doit être porté à 16 — ont leurs parallèles dans le R. de R. Parmi les autres, deux sont certai- nement de l'invention du Glichezare, la XXIIe (envoi de l'éléphant sur la
L'IMAGE DU MONDE
RÉDACTION DU MS. HARLEY 4333
Le ms. du Musée Britannique Harley 4333, duquel j'ai déjà tiré deux morceaux précieux, le dit du Chancelier Philippe (Rom., 1, 210) et une rédaction particulière du Chastie-musart (XV, 603), renferme un texte de l’mage du Monde qui se distingue de tous les manuscrits connus du même ouvrage (et l’on en connaît environ 70) par un long et curieux prologue qui ne se rencontre point ailleurs. Ce qu’il y a de plus intéressant dans ce prologue, c’est la fin (vv. 637 et suiv.) où l’auteur nous apprend qu'il a dédié son poème, en premier lieu 4 Robert d'Artois, frère de saint Louis, et en second lieu à l’évèque de Metz, Jacques, frère de Mathieu II duc de Lorraine. On sait que Robert d'Artois fut tué à la bataille de Mansourah, le 8 février 1250. Quant à Jacques, son épiscopat dura de janvier 1239 au 24 octobre 1260, date de sa mort.
Les termes de cette dédicace demandent à être pesés. L'auteur, qu'il ne faut plus à hésiter à appeler Gautier de Metz, selon la rubrique du ms. de Du Cange, récemment retrouvé à Cheltenham ', nous dit qu’il donna * d’abord son poème à Robert d’Artois, puis qu’il fit le second envoi (Lo secont mex) à l'évèque de Metz. Il faut donc exclure l’idée que le poème muni du pro-
1. Voy. Romania, XXI, 299. En décrivant , dans les Notices et extraits des mss., ce ms. jusque-là considéré comme perdu, j'ai dit par erreur qu'il conte- nait la première rédaction. En réalité, c'est la seconde qu'il renferme. Ce qui m'a trompé, c'est qu'il se termine par la conclusion propre à la première rédaction.
2. L'auteur parle à la première personne ; dona (v. 643) est la forme lor- raine qui répond à donai.
Romania. XXL, si
482 P. MEYER
logue que nous offre le ms. Harléien serait dédié à la fois à Robert d’Artois et à l’évêque de Metz. Dédier simulranément un livre à deux personnes d'un rang aussi différent eût été inconvenant. Gautier veut dire évidemment qu’il a successive- ment dédié son œuvre au frère du roi de France et à l’évêque de Metz. Et comme en fait nous avons deux rédactions de l'Image du Monde, V'une datée de 1246", l’autre de 1248*, il ne me paraît pas douteux que la première rédaction — celle qui a été de beaucoup la plus répandue — a été présentée à Robert, et la seconde à l’évêque de Metz.
Cette conclusion, qui a, au point de vue historique, une évidente importance, se heurte à l’idée généralement admise, selon laquelle la seconde rédaction de l'Image du Monde serait l'œuvre d’un simple copiste, qui aurait interpolé en certains endroits et raccourci en d’autres la première édition. Je dois dire que cette opinion, produite fort légèrement par V. Le Clerc, dans son article de l'Histoire littéraire sur l'Image du Monde, m’a toujours paru insoutenable ou du moins très faiblement soute- nue. Voici comme Le Clerc exprime sa pensée (Hist. dit, XXII, 324) :
Cette rédaction ainsi défigurée, et que précède ordinairement une table rimée des chapitres, nous paraît l'œuvre d'un copiste messin qui avait du loi- sir et surtout un grand amour des contes : il n'en trouvait pas assez dans le poème primitif, et, pour en ajouter beaucoup d'autres, le moindre prétexte lui a sufñ. On a vu que l'ancienne composition n'est pas exempte de ce désordre : la description du phénix, les merveilles de Virgile, que donnent tous les manuscrits, sont peut-être de trop longs épisodes ; mais on y garde au moins quelque mesure, Il n'y en a plus dans la nouvelle forme. L'auteur avait nommé Charlemagne, saint Paul, saint Brandan et décrit quelques animau: L'interpolateur ajoute aussitôt de longs détails sur Charlemagne, où il est fait mention de l'église de Saint-Estève et de l’abbaye de Saint-Arnoul de Metz; les voyages un peu moins longs de saint Paul, puis sans aucune autre transition que ces mots qu'on retrouve, ainsi qu’une certaine partie des addi- tions, dans le ms. 7989 * (fol. 115 ve) :
Ms ci de saint Pol nos tairons Et de saint Brandan conterons,
12 1246 nouveau style; voir ci-après, p. 504. 2. 1248 nouveau style (9 mars 1247); voir ci-après, p. 498.
L'IMAGE DU MONDE 487 Bien s'antent qui sa langue tient 128 Autres se chastie de lui. 104 Fors qant de Dieu parler convient. * Sexultez sole oste dolor (sic) Fox est qui n'entent son pooir, Et confors tout tote paor.
Qex il est et q'il puet valoir.
Li hom q'a soi meïsme plait 108 À Deu et a monde desplait.
* En mal sofrir doïes entendre
+ Qui de cest monde a meins de [eure,
* Cil est de plus haute nature.
L'enviex senble que li biens
*Purgement des biens Deu aten- C'om done autrui soit li siens Lare. [biens. Conpaiz a bon entendement * Qui de science se sorcuide 112 Est cil qui volentiers aprent. 136 *De sapience son sens vuide ; “N'est mie mors qui bien raconte, “Qui plus en digneté s'alieve, *Ne cil povres qui sen senz dote. *Qant ele li faut plus li grieve. * Qui plus s'umelie entre sages * Porpenz est clers de verité, 116 * Plus i aprent de bons usages. 140 * Car qant li hom s’a porpensé “N'aies cure de rason rendre + De dire chose q'il ne doit, * Fors cex qu'a toi quierent apren- * Tantost conest et aparçoit dre. (4) * La verité de son afaire + Petite maisons a po terre, 144 * Que sa folie li fait faire. 120 * Mendre dolor et maindre guerre. * Li fox vuet toz jors desprisier Plus liez doies estre de taire + Ce dontil ne ce sceit aidier. .J. mal que d'un bien a retraire. * Qui la chose blasme ne prise * Iriez te garde de pechier, 148 * Angois q'il en ait rien aprise, 124 * Au feble t'espargne a vengier. * Nuns ne l'en doitcroire derien, * Li sages hom ne li decreit * Caril n'en seit ne mal ne bien.— “Ne revelent paz lor secreit. *Porce volons id prover Qui ne se chastie d'autrui 152 * Et rasenablement mostrer
103-128 Cf. 2174, fol. 38 d; 25343, fol. 41 b; Musée Brit. Roy. 20. À. I, fol. 48 vo, etc. Ces vers sont précédés dans ces mss. des vers Tholomeus j. rois gentils, qu'on retrouvera plus loin dans le ms. Harl. au fol. 38 ç. Ces dits de Ptolémée sont bien certainement tirés des Dicta philosophorum, ouvrage latin traduit de l'arabe, qui, depuis le xuure siècle, a pénétré par des traductions en diverses littératures du moyen âge. Je cite les passages utilisés par l'auteur de l'Image du Monde, d'après le ms. Bibl. nat. lat. 6652 (fol. 58-9), restituant entre [ ] quelques mots oubliés, à l'aide du ms. du Musée Britan- nique addit. 16906 (fol. 49). On pourra lire la version espagnole de ces pas- sages dans les Mittheilungen aus dem Eskurial de H. Knust (Bibliothèque du Litterarische Verein de Stuttgart, tome 141), pp. 317 et suiv. La version de Gautier de Metz est fort libre et contient diverses maximes qui manquent dans le latin, ou du moins dans les textes que j'ai à ma portée : « Dinit : Convenit sapienti quod de Deo erubescentiam habeat, nec in alio quam in eo plurimum meditetur. — Et dixit : Sapiens est qui in Dei eloquentia statuit et roborat linguam suam (ww. 103-4) et insipiens est qui non agnoscit etiam
L’IMAGE DU MONDE 491 De vesteüres d'or molt chieres 368 Richement, et fist amener
332 Et chaucement a riches pieres, De Rome ilueques les columpnes Corone riche, et cort adèz De marbre q'ancor i sont bones. Molt grant des barons loiget prèr. Main et soir on mostier estoit Tenprez en boivre et en mengier; 372 Et a matines relevoit.
336 As autres jors a son mengier Vers povres fu, humles toz dis, Avoit de qatre mès adès; De son regne et d'autre païs; Sanz lo rost qui venoit après. Par tot lor fesoit molt de biens. Volentiers menjoit veneson, 376 Puis q'il les seûst crestiens,
340 Et au mengier li lisoit on La pecune lor envoioit.
Les hystores des anciens Les rois Sarrazins q'il savoit, Don volentiers oioit les biens. Qui crestiens avoient s0z ex, Pou li avenoit nule fois 380 Il recevoit l'amor de cex, 344 Boivre au mengier plus de Q'as crestiens qui soz eax fussent fois; Feïssent plus d’amor q'il puissent. En esté, puis disner, menjoit Tant ot de biens en Charlemene Pomes et une fois bevoit, 384 Que nuns lo vos diroit a peine. Puis reposoit une hore ou dous. Qant il vit que prèz de mort fu 348 Par nuit ce relevoit toz sols Et q'il defailloit de vertu, Trois fois ou quatre; a l'esvillier Si manda son fil Loeïs Toz bestenz fasoit apasier. 388 Et les barons de lor païs, Bien fu parlans, voisox et sages, Evesgez, duz et cuens palaiz :
352 Et si sot de plusors lengages : (b) A Aiz lor dist en son palais Greu et latin si bien parloit Et amonesta par amor (c)
Q'en latin Deu adès oroit. 392 Q'a son fil portassent honor Les ars liberaus molt ama Et li feïssent fealté.
356 Et toz jors s'i estudia. Petis et granz a demandé Del cours des estoiles savoit, C'il lor plesoit que de son fil Que sor totes riens li plasoit. 396 Feïst empereor, et cil Par nuit s’en relevoit sovent De part Deu l'otroient joiant.
360 Por encerchier lor errement, La dimenche après maintenant Car tex science affiert a roi, Com empereres s’atorna,
En sa chambre escrivoit par soi 400 A la maistre eglise en ala Tables, livres de sutils sens, Q'il meïsme fondée avoit;
364 Qant il en pooit avoir tens. Desus lo maistre auteil tot droit Sainte eglise ama dès s'enfance, Fist metre .j. nueve corone.
A toz clers porta reverence. 404 Qant orei out, si arasone L'eglise d'Aiz fist aorner Son fil et ammoneste molt
336 Ibid, xxv. — 350 Le texte est peu clair; voici le latin : « …statim litigantes introducere jussi, et, velut pro tibunali sederet, lite cognita, sen- tentiam dixit » (ch. xxv). — 351 Ibid, Xxv. — 365 Ibid, XXVI. — 373 Ibid. xxvn. 383 Ibid., xxx, — 385 Thegan, Vita Ludovici pit, ch. V1.
L'IMAGE DU MONDE 495
*Delatin est trais et formez ; Li secons gel